Depuis quelques temps déjà, j’essaie de valoriser les marques françaises, particulièrement quand elles jouent le jeu du Made in France. On en a discuté récemment avec l’interview de Christophe Lépine d’ailleurs. Si les choses commencent à évoluer à doucement, pour être proche du fondateur de Maison Cornichon, c’est toujours une position difficile à tenir. Dès lors, un peu de chauvinisme n’a jamais fait de mal mais ce n’est pas le seul facteur qui a motivé cet article sur le caban Frenchaholic.
En effet, voilà bientôt deux ans que je reçois des demandes sur le manteau de marin. Comment bien porter le caban ? Pourquoi ne me voit-on pas plus souvent avec ce classique du vestiaire masculin ? Et j’en passe.
Ce à quoi j’ai toujours la même réponse : faute de temps et de budget. Les gars, je ne peux pas tout acheter pour nourrir mes articles et travaillant à coté, je ne peux pas traiter tous les sujets.
Pourtant le caban est surement la pièce que j’ai le plus portée au milieu des années 2000, lorsque je débutais. Alors quand il y a quelques semaines, les MP sur Insta se sont multipliés pour me demander mon avis sur celui Asphalte, j’ai saisi l’occasion. Je discutais depuis des mois avec Vincent le fondateur de Frenchaholic alors je lui ai proposé de faire un truc ensembles.
La suite dans l’article.
(oui c’est évident que ça n’allait pas être ailleurs je sais)
Le caban made in France Frenchaholic
Les grandes lignes de l’histoire du caban
Alors comme je le dis souvent, je préfère donner vie aux vêtements plutôt que les raconter. Cependant, la minute culture ne fait jamais de mal.
De notoriété publique, le caban, comme beaucoup de manteaux, trouve ses origines dans l’univers militaire. On a tous en tête des photos d’archive de soldats de la Royal Navy (puis de la US Navy) avec cette pièce courte de laine épaisse bleue marine au boutonnage croisé et col relevé.
En googlant un peu, tu réalises vite que c’est un peu plus vieux que cela.
Dans les diverses versions, j’aime bien celle qui lie la naissance du caban à une histoire de piraterie au XVème siècle.
En effet, aux abords des cotes nord africaines, les navigateurs européens avaient à composer avec la compagnie des pirates barabesques. Ces joyeux amoureux de la mer et du racket arboraient des sortes de grosses capes en laine épaisse appelées « qaba » en arabe.
Ce qui donna le nom français après une traduction de la traduction sicilienne « cabbanu« . Il existe une autre version avec les marins portugais et le Gabon, mais je préfère celle-ci !
En revanche, peu d’info sur comment nous sommes passés de la cape de laine brute à un manteau croisé. Surement les siècles et les passages de port en port ont vu le vêtement se développer.
D’ailleurs, en anglais, on parle de peacoat et le mot lui, trouve son origine du néerlandais, attention le prononciation, « Pijjekker » désignant un manteau en laine grossière. Google traduction m’apporte pas vraiment de confirmation. L’autre serait qu’il viendrait de P-jacket pour Pilot.
Enfin, voilà dans les grandes lignes l’histoire du caban qui finira par tomber dans le civil comme beaucoup de pièces militaires. Le schéma est simple : armée => marché aux puces / friperie => mis en lumière par une sous-culture => succès populaire => repris par des designers.
Bonus : le double boutonnage du caban permet d’adapter le sens de fermeture selon le sens du vent. Pas bête hein !
Pourquoi parler du Caban Frenchaholic : ma rencontre avec Vincent
Je te le disais en intro, c’est un alignement d’astéroïdes qui a entrainé cet article.
Au-delà de vos demandes, j’étais moi aussi sous le feu des publicités de la marque de bitume français. Toujours agréable quand tu lances le dernier track produit par DJ Premier de manger 20 secondes non skippable de propagande d’un caban au col trop grand.
Anecdote marrante mais regarde un peu par toi-même les différentes marques à avoir sortie un caban cette année. Replonge dans leur compte Instagram et regarde leurs différents prototypes. Un truc devrait te sauter aux yeux !
Bref, tout ça pour te dire qu’une fois l’envie d’écrire un article sur le caban en tête, j’ai pensé très vite à Frenchaholic.
Je n’avais pas envie de construire l’édito autour d’une pièce vintage, le drap est bien souvent trop lourd et épais. Je savais que la marque française préparait un lancement et qu’elle faisait tout Made in France. Ça se tenait pour la ligne éditoriale.
D’autant plus qu’avec Vincent, son fondateur, on échangeait de temps en temps sur Instagram depuis quelques mois. J’avais pu avoir un tee-shirt à tester mais que j’avais égaré cet été.
(manque de professionnalisme, qui a pensé ça tout haut ?)
Franchement le tee est vraiment chouette, on aura l’occasion d’en parler plus tard. Dès lors, je me dis qu’il peut être cool d’utiliser son caban à venir pour mon édito.
Un petit inbox et il me répond qu’il est chaud, qu’on peut se voir sur Paris car il arrive de Bretagne d’ici quelques jours.
(oui un breton qui fait des cabans, c’est plus crédible niveau marketing hein haha)
Dans mon fief du 18ème, on passe 2h à discuter de son parcours et de comment il voit son projet, qu’il mène depuis 2013 (avec une activité du coté de Hong Kong). Je fais face à un passionné, sympa, qui partage ses galères et succès.
Ça me plait.
Je teste le caban. Honnêtement, la taille M me fit vraiment bien et j’ai déjà mes tenues qui « pop » dans mon esprit.
Important, Vincent suit mon blog et l’aventure Borasification. Il tient à participer financièrement à cet édito qui est aussi pour lui un plus pour mettre en valeur son travail.
Et cela valorise le mien.
Comme disait plus froidement un regretté philosophe du 92 : « c’est donnant donnant ».
Pour finir, je suis ravi de cette synergie. Nous sommes deux petits avec des univers différents mais une vision des choses proche alors avançons!
Zoom sur le caban Frenchaholic
À chaque fois que tu vois un vêtement à vendre, il y a tout un travail en amont. Plus ou moins long selon les marques.
Vincent, c’est plus d’un an de développement pour ce caban. Il aurait même dû sortir l’hiver dernier mais peu convaincu devant le col trop grand, il a préféré décalé la sortie et retravailler dessus.
Là où d’autres sortent leurs produits quand même et lacent des V2 l’année d’après. Ou l’art de faire payer à ses clients des produits en demie-teinte.
Tu connais mon point de vue.
Donc pour revenir sur ce caban, il est court avec un col généreux mais pas trop, une coupe plutôt droit et des poches en biais. 4 boutons, le caban français dans les grandes lignes.
Vincent est parti sur un drap de laine de 450g au m2, ce qui est un poids plutôt intermédiaire. Perso, je trouve cela plus judicieux dans nos modes de vie et climats actuels. Le manteau qui pèse un âne mort, c’est chouette sur le papier mais c’est limite niveau amplitude thermique et confort. Je l’ai testé avec un petit pull en laine et une écharpe par 5 degrés le matin tôt, pas de soucis.
J’oubliais la matière est déperlante, c’est un caban quand même !
Ce drap de laine, ce qui va être intéressant, c’est qu’il vient de chez Jules Tournier, le spécialiste français de la laine et labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant. Cependant, il ne s’agit pas simplement d’aller chercher un nom, le bleu c’est vite chiant comme couleur je trouve. Mais en ce penchant un peu (ne te cogne pas dans l’écran, c’est une image), on voit des reflets plus clairs, comme le ferait une toile indigo.
Ça a son petit effet et c’est difficile à rendre en photo.
Cette texture est en partie due à son pourcentage de laine recyclée (quelque chose comme 30% à partir des chutes de l’entreprise elle-même). Et ça ne gratte pas. Je l’ai porté trois jours complets dans le Perche, RAS.
Enfin, matière française et confection également.
Alors si le Made in France n’est pas toujours synonyme de super qualité, quand on cite Hervier Production pour de la pièce à manches … On tape dans le haut du panier. J’ai connu cet atelier il y a 10 ans quand javais trouvé certaines pièces Bleu de Paname x Comme des garçons.
Mis bout à bout, tu as un vêtement qui a une promesse qui va plus loin qu’un caban bien fait pour l’hiver. Je ne suis jamais à l’aise quand il s’agit de parler éthique et écologie avec des productions neuves mais ici, la vêtement est confectionné entre deux lieux en France, pas au fin fond de l’Europe de l’Est.
Tu peux retrouver l’ensemble des informations techniques et tarifaires sur la page Ulule de ce lancement.
Maintenant, place à mon job : le stylisme !
Comment porter un caban bleu marine
Il n’y a pas vraiment de marche à suivre pour choisir et porter un caban alors je n’ai pas construit ce billet comme un tuto. En effet, un caban bleu marine, court, c’est au final un blouson qui aurait fait un bébé à un manteau.
Il a la praticité et le dynamisme d’une pièce de laine courte avec l’élégance et la prestance qu’apportent un pardessus.
Donc plutôt que de partager des conseils listés, j’ai préféré te proposer deux tenues où il y aura matière à dire et développer.
Une première plutôt sage, la seconde plus aventureuse.
Porter le caban dans une tenue classique, élégante et intemporelle
Sage mais pas chiant, c’est tout l’enjeu quand on se lance sur un style « classique ».
(pour ce que vaut l’expression en stylisme)
À l’heure où il faut que tout entre dans des cases ou groupes, je ne saurais te dire si c’est du casual chic mais c’est très « français ». Sans aller jusqu’à parler parler de French Ivy, faute de chaussettes blanches, c’est une tenue dans les codes que l’on a tous croisée un jour dans la rue.
Enfin presque tous.
L’association du caban de la marine avec un pull en laine col rond, un jean et une paire de mocassins, c’est la tenue de père de famille.
Tout ce que je ne suis et ne tiens pas à être paradoxalement.
Pourtant, je pense qu’inconsciemment, cette tenue m’a été inspirée par un papa qui fait son petit bonhomme de chemin sur Instagram.
(styledepapa si tu n’as pas suivi !)
Il est un bon exemple de cette French touch façon L’étiquette où blazer vintage, jeans Levi’s 501 délavés et mocassins Weston se côtoient. Sans le petit coté modeux qu’on peut parfois avoir à en faire trop.
On y ajoute mes couleurs et ce qui traine dans mon vestiaire puis tout ça dans le mixeur.
De fait, on part sur un pull en laine, toujours col rond, mais dans un jaune safran doux pour éviter le bloc sombre quand on ouvre le caban. L’écharpe, une vintage de mamie dans un tartan classique permet de protéger le cou et d’ajouter là aussi une nuance de couleur quand le manteau est fermé.
Pour le jean, je suis resté sur un gros délavage à la Levi’s (qui sont plus des stone wash que des bleach d’ailleurs mais autre sujet). C’est un A.P.C New standard qui a plus de 10 ans. Size-up comme toujours mais porté plus haut qu’à l’accoutumé.
Oui nous sommes sur la tenue sage, keep ya pants up !
Enfin, je termine sur des mocassins dits penny loafers de la marque Hardrige dans un coloris marron des plus classiques. Bémol sur les chaussettes qui ont mal réagi à la lumière de ce soleil couchant. Elle sont d’un bleu nuit qui devait les garder discrètes.
Cette tenue est une piste de réflexion pour trouver l’inspiration pour porter un caban. Tu peux aisément remplacer le jean par un chino, la couleur du pull ou encore échanger les mocassins contre une paire de brogues par exemple. Et bien sûr, porter un pull à col roulé en laine grosses mailles avec un caban, c’est le combo incontournable !
Tu n’as plus qu’à composer !
Porter un caban dans le style street heritage
Maintenant place au style street heritage et un peu plus de créativité !
Mon AVC et le Covid ont complètement foutu en l’air tout un pan de mon style que je comptais te montrer avant l’été. Cloué à domicile, je suis resté en jean large et sweat loose.
Enfin, c’est loin à présent, il refait déjà froid et l’on peut ressortir le layering et tout ce qui va avec l’automne.
Évoqué en intro, j’ai beaucoup porté le caban dans ma vie. C’est un vêtement d’hiver que je trouve idéal niveau silhouette pour mon gabarit. N’étant pas bien grand, sa longueur permet de rester sur une silhouette bien dynamique, même avec un pantalon ample.
C’est ce que j’ai souhaité te prouver avec cette composition.
L’autre point est de pousser un peu ce délire « streetzzatura » / « street tayloring« en mélangeant un peu les les genres. Sans prétention et sans être pris à la gorge par les règles sartorial.
Quitte à bruler les yeux de passionné(e)s du genre !
(Mes excuses dans ce cas haha)
Un caban structure une silhouette en donnant de la stature au haut de la tenue. Il apporte cette touche d’élégance aussi, comme le ferait un blazer croisé alors j’ai eu envie de sortie une cravate et une BD shirt oxford. Pour ne pas sombrer dans le lookbook raté de Drake’s, j’ai opté pour un gilet de dockers d’une très ancienne collection Engineered Garments.
Le tout un peu débraillé pour aller avec le cargo bien volumineux à la taille.
Pour conclure la tenue, une massive paire de chaussures fait main mais sans tomber dans le workwear. J’ai donc pris ces Penny Loafers de Yuketen, elles ont une ligne élégante mais un volume bien brute.
Tu me diras ce que tu en penses, mais je trouve que cette tenue traduit bien la grande polyvalence d’un caban court.
Si tu cherches des idées pour porter le tiens, tu peux là encore lire entre les lignes. C’est une pièce que tu peux associer à un pantalon fatigue ou cargo sans faire militaire en permission. Il te suffit de le coupler avec une chemise ou même un hoodie et une paire de sneakers. Les options sont assez vastes, il te faut tester.
Ce qu’il faut retenir
Ce sous-titre digne d’un manuel scolaire, je m’en veux presque !
Mais c’est pratique et ça m’évite de mettre trop de liens pendant la lecture.
Alors, si tu cherches des conseils sur comment porter le caban bleu marine :
- ne peut pas mettre la pression, il est très polyvalent
- il apporte une touche d’élégance
- comme un coté un peu « badass »
- il convient à des styles classiques
- comme la combinaison pull en laine col rond (+ chemise)
- avec un jean délavé façon Levi’s 501 clair
- mais aussi avec un jean brut ou un chino beige
- que tu aimes les coupes semi-slim ou droites
- aux pieds mocassins, derby, brogues, boots ou sneakers blanches
- pas de risque
- bonus : ose la couleur sur le pull !
- MAIS TU PEUX ALLER PLUS LOIN
- et là, tu peux t’amuser
- en le mariant à un pantalon fatigue ou cargo
- couleur olive ou même kaki
- en haut du layering avec des gilet et sweat épais
- ou encore la chemise col boutonné et cravate !
- enfin aux pieds, du workwear ou de la sneakers, tant que les couleurs suivent
- voilà
- et oui, tu peux relever le col de ton caban
- ce n’est pas un polo 😉
Et si tu n’as pas encore de caban bleu et que celui de Frenchaholic t’a plu, voici ce qu’il faut retenir :
- déjà c’est un drap de laine bleu marine
- de chez les français de Jules Tournier
- labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant
- avec des reflets légèrement indigo
- qu’il doit en partie à ses 30% de laine recyclés
- issue des chute des productions de Jules Tournier
- le drap est épais mais trop : 450g au m2
- ça évite la pièce chape de plomb
- et tu n’auras pas froid avec un bon pull et écharpe même à 0
- (il est déperlant en plus)
- Il est confectionné en France
- chez Hervier
- atelier dont on ne présente plus les faits d’armes
- les finissions sont celles qu’on attend
- (relis l’article si tu veux les retrouver)
- un manteau à faible empreinte carbone au final
- alors
- si tu veux te procurer le beau caban
- il est en précommande jusqu’au 10 décembre
- à 470€ au lieu de 550€
- le lien pour le découvrir est ici
- et j’allais oublié, l’objectif est déjà atteint
- Les livraisons commenceront fin décembre jusqu’au 15 janvier
Voilà, après deux ans, j’ai enfin livré cet article sur le caban, un classique du vestiaire masculin. Je dis « masculin » mais je suis persuadé que ce caban Fenchaholic, en petite taille, pourrait aussi allé à une nana porté un peu oversized !
Tu l’auras compris, je n’ai pas cherché à faire un comparatif avec la sortie Asphalte. D’une je ne l’ai pas eu entre les mains et de deux, je ne crois pas en les articles de test. Visuellement, je préfère la proposition de Frenchaholic. Il est mieux fini et le design est plus fin.
Enfin, je tenais à mettre en avant le parti pris de ce dernier, à savoir travailler avec des entreprises françaises. Jules Tournier et Hervier sont réputés pour leur excellence, ce n’est pas simplement faire du Made in France bon marché comme il est possible de faire.
Et ça, cela vaut bien une centaine d’euros en plus quand on peut se les permettre.
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