Tsuriami-ki, ou loopwheeler, sont les noms donnés aux machines à tricoter circulaires utilisées au début du XXe siècle pour produire jersey et molletons de coton. Leur principe est simple : les fils sont acheminés uniquement par l’effet de la gravité, bobines suspendues au-dessus d’un tricot qui se forme lentement en « tube ». Résultat : une matière dense, aérée, qui ne se déforme pas, car jamais mise sous tension durant le tricotage. Le tricot circulaire permet également d’obtenir des vêtements sans coutures latérales, « d’une seule pièce », plus durables et plus confortables à porter.
Un t-shirt loopwheel pas cher ?
Le problème, et cela ne devrait pas te surprendre, c’est que ces machines sont à la fois lentes et peu pratiques : un mètre de tissu à l’heure, et une machine dédiée pour chaque taille de vêtement. Sans surprise, les ateliers qui les utilisent encore aujourd’hui — remplacées dès les années 50 par des machines bien plus performantes — se comptent sur les doigts d’une main. Et comptent parmi leurs clients les plus belles marques de la galaxie workwear, notamment japonaises. L’attrait du loopwheel est donc à rapprocher de celui du selvedge chez les puristes du denim. La lenteur du monde d’avant. Et la qualité aussi.

Et comme pour le denim selvedge, il y a bien souvent une antithèse entre loopwheel et petits prix. Ou en tout cas, de bonnes raisons de rester vigilant. Par exemple, Bronson MFG, marque chinoise qui fabrique un workwear (d’un excellent rapport qualité/prix, il faut l’admettre), utilise le mot loopwheel de façon… légère. Pour rester poli. Elle se sert en réalité de machines modernes conçues pour imiter le rendu loopwheel. On devrait plutôt parler ici de tricot « tubulaire ». Je pense aussi à certaines marques qui pratiquent le loopwheel « à moitié », en utilisant du tissu loopwheel pour en faire des pièces construites comme n’importe quel t-shirt classique, avec coutures latérales.
Muji Labo printemps / été 2025 : washi, soie, lin et pièces en coton loopwheel abordables
Muji Labo est la ligne « créa » lancée en 2005 par l’enseigne japonaise minimaliste, bien implantée en France, notamment à Paris et à Lyon. Longtemps réservée au marché japonais, elle a fait son retour chez nous à l’hiver 2024 avec une collection mettant à l’honneur des pièces de meilleure facture : matières naturelles comme le cachemire et la laine, coupes plus travaillées et moins classiques. Et des prix un cran au-dessus de ceux de la gamme standard. Cette approche plus « premium » permet à Muji de se distinguer d’un Uniqlo, dont les collections mode (Uniqlo U, Uniqlo C) restent globalement dans la même gamme de prix que les basiques habituels.

La nouvelle collection Muji Labo printemps-été 2025 marque une fois encore sa différence, notamment par la qualité des matières utilisées. On y retrouve des mélanges de soie et de lin, du papier japonais (washi), du ramie (fibre libérienne aux caractéristiques proches du chanvre). Et surtout, une vraie surprise cette saison : l’introduction de pièces en coton loopwheel. T-shirts à manches courtes et longues, gilets à capuches.





La marque était déjà souvent recommandée pour ses t-shirts tubulaires, pensés comme sous-vêtements. Mais à 27,95 euros en promotion au moment où j’écris ces lignes, l’offre loopwheel de Muji Labo devient tout simplement la plus intéressante. Mais comment est-ce que la marque japonaise fait pour proposer des tarifs aussi bas ?
Certainement pas en faisant fabriquer chez Merz B. Schawnen en Allemagne ou au Japon chez Toki, MocT (Shinnaigai Textile Ltd) ou Satoshi Suzuki, fondateur de LOOPWHEELER (marque déposée qui a donné le mot… loopwheel). Mais en Chine où l’on peut trouver des machines de la même « famille » que les Tsuriami-ki : les machines à tricoter américaines Tompkins. Encore plus rares (de fabrication antérieure aux machines loopwheel, et qui n’ont été que très peu médiatisées) et plus difficiles à faire fonctionner, le savoir-faire requis disparaissant avec le temps. Si les Tsuriami-ki tricotent de haut en bas, les machines Tompkins tricotent de bas en haut :
Si l’on ne peut pas vraiment parler de loopwheel dans le sens commun du terme, le principe est le même. La fabrication chinoise permet ici à Muji de réduire les coûts et de proposer un produit qui n’a pas d’équivalence sur le marché.
La collection Muji Labo SS25 est uniquement disponible en ligne et en boutique parisienne au Muji Francs-Bourgeois.