Salut à toutes et à tous !
Aujourd’hui je vais vous parler d’un projet un peu particulier, Boras vous l’avait chuchoté dans l’article sur Borali.
Chercher le Graal
Lors de mes recherches sur les possibles matières qui pourraient être utilisées pour nos futures noragis, je suis tombé sur une « perle » (comme dit bobo) : un jeune français qui a décidé de se lancer dans la fabrication de tissus héritages. Il a monté sa boite, il a acheté de vieux métiers à tisser et en se faisant aider par d’anciens salariés du textile, il a appris à réparer et à faire revivre ces superbes machineries complexes. Il en tire le meilleur pour proposer des tissus vraiment magnifiques.
L’histoire est belle, il a en plus décidé se d’installer dans une région qui avait été dévastée par le départ des tisserands et filatures il y a quelques décennies… et il s’avère que c’est la région d’où je viens, ça me touche donc peut-être un peu plus !
Je l’ai donc contacté en lui demandant si il pouvait avoir un tissu qui pourrait s’approcher de ce qu’on souhaitait pour faire des noragis. Je lui ai donné des détails, quelques photos, et il m’a proposé un tissu qu’il venait de tester, donc pas encore sur le marché. Ni une ni deux, je lui en ai acheté quelques mètres pour pouvoir tester !
Il s’agit d’un sergé de coton indigo / indigo, mais la chaîne et la trame ont une teinte très légèrement différente, ce qui en fait un tissu plus lumineux et moins terne que si tous les fils avaient été identiques.
Quand j’ai déballé le rouleau, j’avais déjà les mains pleines d’indigo… c’était très bon signe ! Je n’ai malheureusement pas de photos de ça car c’est très très dur à bien rendre en photo… dommage !
L’idée première était de faire une noragi avec ce tissu brut (mais lavé… et vu comme il dégorge, il valait mieux !), j’en voulais une à ma taille, et comme j’aime les cols contrastés, je me suis dit que ça pourrait être très intéressant d’utiliser le même tissu mais de lui faire subir un délavage artificiel, ça permettait ainsi d’avoir la même teinte d’indigo, mais plus claire, donc j’étais sûr que les 2 mis côte à côte allaient rendre super bien !
Expériences et tests
Je me suis alors lancé dans des expérimentations quelques peu chimiques… Évidemment je n’ai pas les capacités des industriels, j’ai quand même fait des recherches pour essayer de trouver un moyen écologique de le faire, mais je n’ai rien trouvé… il a donc fallu passer par l’eau de javel.
J’ai découpé des petits échantillons de tissu et je les ai trempés dans des bains avec différentes teneurs en eau de javel (bien sûr mélangée à l’eau, la javel seule aurait bouffé le tissu, d’ailleurs il est recommandé de ne pas mettre plus de 50% de javel). J’ai en premier fait des tests avec la même teneur en javel mais avec des temps différents, et ensuite avec des dilutions différentes, et je me suis fait un petit « tableau » de délavages.
Ayant trouvé le bon dosage, j’ai donc découpé mes pièces de col et les ai délavées, j’ai ensuite monté la noragi entièrement et c’est celle que vous avez pu voir ci-dessus et là :
Allons plus loin
Mais l’idée avec Boras était de faire quelque chose de différent, de cool, de marquant et de très visuel. Une noragi unique qui nous permettrait de faire de supers shootings et de montrer la vision qu’on a et qu’on aura de Borali. On en a pas mal discuté et l’idée de faire une noragi « bleached » nous est venue naturellement quand on a bien regardé les échantillons que j’avais fait. Mais on en voulait plus, et de concert on est arrivé à s’inspirer de vêtements héritages qui étaient peints à la main – pour diverses raisons, les militaires qui indiquaient leur régiment ou des messages particuliers, les samouraïs qui pouvaient avoir des inscriptions sur leurs vêtements, ou les groupes pour leur merch… comme un étendard montrant notre vision de l’héritage ! Et pour ça, l’idée de peindre le logo est venue.
Le making
Mais pour ça, il fallait délaver une noragi. On a fait des calculs savants de quantité d’eau de javel et de temps de trempage pour arriver à nos fins. Bon dans les faits, on s’est bien planté et il a fallu replonger les pièces bien plus longtemps que prévu… je n’avais pas pris en compte la quantité de tissu par rapport à la quantité d’eau et d’eau de javel…
J’ai donc à la base découpé les pièces dans le fameux tissu, puis on est allé passer un week-end chez les parents de Boras. Eh oui ! pour passer plusieurs pièces de tissu dans la javel, il faut faire ça dehors et dans un récipient assez grand pour recevoir à plat les différentes pièces qui composent la noragi !
Le lendemain, on s’est rendu compte que le délavage n’était pas aussi poussé qu’on le voulait, on a donc re-trempé et re-rincé toutes les pièces ! Heureusement il a fait beau temps et ça a pu sécher dans la journée… ce qui nous a permis d’ajouter le petit plus : le logo peint dans le dos !
Mais en séchant, le soleil passait parfois à travers les arbres et touchait le tissu… et l’équation est simple (et sans appel) : eau de javel + soleil = ça jaunit !
On s’est retrouvé avec des traces sur le tissu, on avait donc des parties légèrement jaunies par rapport au reste… Au début ça me chagrinait un peu car j’avais peur que le rendu final soit étrange. Mais une fois la noragi montée, je l’ai relavée (en machine) parce que l’odeur de la javel était tenace, et finalement ça a viré les traces jaunies, mais le tissu était tout de même un petit peu plus délavé à ces endroits ! Au final on a un effet bleach vintage bien cool ! (qui l’eût cru !)
Les joies du DIY !
Customisation
J’avais préparé un gabarit en papier pour pouvoir placer le logo parfaitement sur le dos. On a d’abord fait quelques tests sur des chutes de tissu que j’avais prévu à cet effet. Une fois sûrs de nous (enfin presque^^), on s’est lancé dans la customisation.
On aurait pu peindre très franchement et avoir un logo ultra clean et bien « rempli », mais en fait le tissu réagissait super bien aux coups de pinceaux à l’arrache, on a donc décidé de lui donner un côté destroy, ce qui va très bien avec le tissu qui a été (artificiellement certes) maltraité !
Le montage de la veste noragi
Ensuite il a fallu rapporter tous ces morceaux de tissu chez moi et monter la noragi ! Je n’ai pas de photos de ces étapes car elles sont proches de celles déjà montrées sur le blog. Mais voici quelques photos de la noragi finie et lavée.
Bonus – la noragi Borali bleached portée
Maintenant, voyons cette fameuse noragi portée ! Mais pour ça, je laisse la parole à Boras (ben oui c’est lui qui la porte ^^)
Je ne m’incruste pas pour te faire un pavé sur la tenue, tu vas retrouver tout ce qui fait notre esthétique street heritage : du denim qui a vécu, du size-up, de la work boots et du tee blanc (parce que c’est la vie hein Luca ).
Julien te l’a expliqué, Borali, c’est avant tout un tas d’idées que l’on a et que l’on essaie de tester dès que l’on peut (nous n’avons pas toujours le temps, la capacité technique, le matos, le budget, malgré le système D).
Pour te développer un peu l’histoire de cette noragi, tout a dû se faire vite. En août dernier, je bossais avec la team Bonne Gueule sur le shooting de leur Japan Line de septembre 2018. J’avais le stylisme à faire pour plusieurs pièces dont un jean avec un toile « low tension » bien hairy. J’ai testé plusieurs noragi de ma collection mais c’est le proto de notre noragi Borali neppy 100% soie qui avait le rendu le plus subtil avec. C’était une manière de nous mettre un « coup de pied au cul » aussi, on allait montrer une de nos pièces à grande échelle, il nous fallait une vitrine, quelque chose où nous présenter.
C’est comme cela qu’est né notre site à page unique où chacun peut s’inscrire à la Newsletter : borali.fr
On avait le contenu et le temps que pour une seule page, il fallait quelque chose d’impactant visuellement et qui assoit notre esthétique. On te passe le brainstorming dans son ensemble, c’est parti dans tous les sens. Dis-toi que si j’avais eu les talents techniques et manuels de Julien, je me serais lancé dans une noragi Bleu / Blanc / Rouge. J’avais en tête une photo de dos, façon samouraï avec le soleil levant mais version street avec la capitale en background et cette noragi qui aurait été un patchwork de tissus vintage / vieillis à nos couleurs françaises.
Julien m’a vite réveillé ! Mais c’est comme cela que sont arrivées les deux idées : le délavage et l’étendard.
La technique a été expliquée plus haut.
Pour le logo, c’est un clin d’œil à plusieurs cultures qui nous inspirent (les groupes de métal comme de Hip Hop ont souvent un Logo sur leurs cuirs / tees / cap ou blousons comme un symbole de ralliement, le reste Julien l’a évoqué) et ce logo, on l’aime et fait partie de notre ADN naissant, c’était une manière de le mettre en scène sur le futur site.
La noragi est la première pièce du vestiaire Borali que l’on a déjà en tête et que l’on développera petit à petit. C’est aussi pour cela que l’on prend notre temps, on ne compte pas faire une sortie à la va vite et basta. On tient à créer des pièces autour de la silhouette que l’on défend sur Borasification. Les prochaines semaines seront riches en nouveautés.
Revenons au shooting !
A défaut de ma scénographie parisienne, on s’est retrouvé en pleine nature, entre océan et désert de pierres. Ces photos, tu les découvres aujourd’hui, c’est donc qu’elles n’ont pas servi au lancement de notre site. Et elles n’ont pas été faites pour. On verra comment évolue notre projet mais à date, faire des photos dans des destinations « paradisiaques » ou des mises en scène alambiquées, ça ne nous parle pas. Le blog s’est toujours inscrit dans un stylisme poussé, des pièces fortes, peu courantes dans le vestiaire classique masculin, mais qui appartiennent toujours au quotidien. On fera pareil avec Borali, on ne prendra pas l’avion juste pour un shoot, j’aime l’idée que l’on ne shootera que là où la vie nous mènera. Et puis, notre budget dirait « non » de toute façon haha
La fin de 2018 allait être intense pour moi, entre mon taf où c’est le gros rush jusqu’à décembre, l’achat de l’appart, le blog à tenir et Borali à lancer, j’étais clairement en bout de course. J’ai pris quelques jours pour échapper à tout ça. C’est dans le Sud-Ouest que je suis parti me vider la tête et rejoindre la personne qui m’a donné l’envie de me lancer dans des projets plus concrets. Et sans qui j’aurais surement arrêté le blog, sans même commencer le label. J’avais la noragi Borali avec moi pour lui montrer. C’est comme ça que l’on a shooté ici et là avec.
Les photos dans le désert des Las Bardenas Reales ont un coté édito, c’était aussi une façon d’immortaliser une journée passée dans ce lieu vraiment hors du commun (et hors saison, tu ne croises pas grand monde, tu te sens privilégié). Quand le soleil tombe, la fraîcheur revient, les moustiques avec et te couvrir devient nécessaire. Le moment pour passer du temps dehors avec Oslo et faire quelques photos.
C’était aussi un moyen de s’essayer à la mise en scène (sommaire). La nature comme la rue font partie de nos inspirations et il est rare d’être face à un paysage aussi brute.
Le dernier soir et la dernière balade avant le retour sur Paris pour notre premier Première Vision, le ciel s’était couvert et le vent soufflait sur les dunes, je voyais Laure marcher entre les herbes, il y a avait comme un air de remake landais de la photographie de Gladiator. Je lui ai proposé de passer la noragi et on s’est amusés.
On y reviendra dans un prochaine article, une noragi peut être portée par une femme. La mienne est bien sûr largement trop grande pour son gabarit, les S ou XS pourront fitter les nanas qui veulent s’y essayer. Et personnellement, ça me fait kiffer d’imaginer nos noragis finir sur toutes les épaules.
Une dernière série, parce que l’océan, ça reste majestueux.
Modèles : Oslo & Laure – Merci pour tout, tu as été précieuse.
Je repasse la main à Julien, à bientôt !
Nous avons fait le tour de ce test sur la création d’une noragi bleached. Le prochain article vous présentera notre projet up-cycling avec nos colliers, on vous préviendra via notre newsletter (la première est imminente) et sur Instagram.
A très bientôt !