Chaque Top 10 est l’occasion de retrouver une sélection de pièces conseillées par la communauté Borasification (et un peu la rédaction). Cette liste est non exhaustive et constitue une série de coups de cœur qui t’aiguilleront, pour toi aussi trouver les vêtements et chaussures qui te feront vibrer. NB : article mis à jour le 28 décembre 2023
Deuxième pilier du style gorpcore aux côtés de la doudoune, la veste en polaire (fleece jacket) est à l’honneur aujourd’hui. Une énième pièce tombée dans la désuétude qui à l’instar du pantalon en velours connaît un impressionnant retour en grâce dans la mode contemporaine. Mouvement « ugly fashion » et goût pour l’ironie, mode cyclique, tendance au leisurewear à l’américaine et sacrosainte recherche de confort… Si de nombreuses raisons peuvent expliquer l’omniprésence de la polaire sur le marché, il faut admettre qu’elle a aujourd’hui pris une ampleur « mode » inédite. Une bonne raison de t’aider à faire le tri !
Inventée par l’éminent fondateur de Patagonia, Yvon Chouinard, dans les années 70 avec l’aide précieuse de Malden Mills (qui deviendra plus tard Polartec), la veste en polaire est une pièce utilitaire originellement pensée comme une alternative plus performante au pull en laine en tant que midlayer pour la pratique du sport en extérieur. Cherchant à se rapprocher visuellement au mieux de la peau de mouton, qu’on appelle également fleece en anglais, Patagonia parvient à perfectionner une matière dite pile (tissu à poils tel que le velours) en polyester qui surpasse les propriétés naturelles de la laine. Légère, hydrophobe, et chaude. Une véritable révolution à une époque où la culture outdoor gagne en popularité et où les premières solutions synthétiques convaincantes apparaissent.
Une dizaine de fleece jackets à porter un peu partout cet hiver
Tu comprendras donc qu’il est difficile d’appréhender la fleece jacket, caractérisée par son polyester, comme toutes les autres pièces qui sont traitées dans nos sélections. Car j’ai plutôt l’habitude de te conseiller des vêtements fabriqués dans de très belles matières, laissant préférablement de coté les marques qui piochent un peu trop dans les dérivés de l’industrie du pétrole (à quelques exceptions près !). Sans rentrer dans un débat qui ne concernerait que les préférences ou les croyances personnelles, la question de l’impact sur l’environnement subsiste. Chaque lavage en machine libérant dans la nature des quantités de microparticules de plastique. Et quand Patagonia t’invite à ne pas acheter de fleece jackets (ou au moins de les choisir en polyester recyclé), tu te doutes bien qu’il y a encore des progrès à faire.
Cela ne veut pas dire pour autant que toutes les « polaires » du marché sont identiques et que l’on serait condamné à accepter la nature de la pièce pour la porter. Il existe aujourd’hui un tas de marques qui reviennent aux origines de ce vêtement qui se voulait sans prise de tête pour en faire une fringue luxueuse un peu fragile. Mélanges avec de l’alpaga, du mohair, du cachemire… Les plus décadents trouveront leur bonheur pour sortir les poubelles (ou randonner) sans jamais trahir leurs idéaux. C’est évidemment beaucoup plus cher, mais est-ce nécessaire de le préciser ?
1. Urbanité ne rime pas avec ennui chez Universal Works et Kestin
Pour débuter cette sélection, je ne souhaite pas organiser les choses dans une logique fidèle à l’ordre « historique ». Le tour du père de la fleece jacket viendra un tout petit peu plus tard. Commencer avec deux options « urbaines » qui s’éloignent du modèle classique me plait en effet davantage. En omettant la fast fashion (même japonaise, ça ne compte pas), quelques marques proposent des fringues en polaire accessibles, citadines, mais pas chiantes.
Si Universal Works n’est pas souvent citée dans nos articles, il faut admettre que son offre en matière de fleece est assez impressionnante. Vestes de travail, cardigans, liners, hoodies… tu pourras trouver ici de la polaire qui vient apporter de la texture, mettant en relief des motifs bien sentis à des prix abordables. Monsieur Cam en propose une belle sélection (et n’oublie pas le code partenaire « boras » pour la petite réduction). Dans la gamme du dessus, je pense à Kestin et à son classique cardigan « Neist » reconduit chaque saison.
2. Later Project : opter pour une polaire en matière recyclée
Il sera évidemment question de Patagonia un peu plus tard dans la liste, mais je préfère d’abord mettre un coup de projecteur sur une marque amie : Later. Et pas seulement car ils ont eu la gentillesse d’accueillir Borali dans leur pop-up store de décembre. Ils proposent en effet, en plus d’être sympas, des vêtements accessibles et cool en suivant une ligne de conduite exemplaire : créer uniquement à partir de matières recyclées. Une approche louable qui n’est pas seulement un argument de vente marketing qui se suffirait à lui même, au contraire de toutes ces marques « éco-responsables » qui font passer les mots avant le style. Un univers que je te laisse découvrir. (Et pense au code BORASXLATER, si jamais !)
3. Harmony pour une polaire street-chic abordable
Un grand nombre de marques évoluent dans une même famille esthétique très en vogue aujourd’hui : ce que l’on pourrait appeler le « street-chic ». Pour ne pas faire grimper la facture trop haut, je me suis arrêté sur une marque française qui ne me parle pourtant pas vraiment : Harmony. Car son modèle « Simeo » est une réussite dans le genre : colorways choisis avec goût, zip en métal, matière anglaise et fabrication au Portugal. Bon, ce n’est pas une veste.
Si ton budget est (sensiblement) plus élevé, tu peux faire un tour chez Aimé Leon Dore ou Drake’s. La marque britannique propose notamment des polaires en laine Casentino, une laine à bouloches qui vient calmer n’importe quel vêtement un peu trop précieux. Chez ALD, du made in China et pas un gramme de laine. Quand on aime on ferme (parfois) les yeux.
4. Daniel Simmons, c’est plus qu’une énième marque d’influenceur
J’aime bien ce que fait Daniel Simmons, malgré mes réticences naturelles à suivre ce genre de figure un peu « trop populaire ». Et forcément un peu lisse par nature. Je trouve qu’il maitrise très bien sa silhouette (beaucoup de volume et de longueur en bas, des coupes boxy en haut) et que c’est un bon exemple à suivre pour apprendre à bien équilibrer les volumes quand on veut se mettre à l’ampleur. Lancée très récemment, la marque qui porte son nom est dans la droite lignée de ce qu’il propose au quotidien. C’est à mon sens trop cher, mais il faut admettre que c’est vraiment bien maitrisé. Ci-dessous sa polaire dans un mélange laine / plastique à porter avec un pantalon de jogging oversize.
5. BonneGueule et son blouson polaire boxy
Toujours dans cette démarche de ne pas penser « label », mais plutôt « produit », je voulais souligner une sortie très convaincante par une marque qui n’est plus à présenter dans le paysage de la mode française : BonneGueule. La polaire « Sutri » se rapproche esthétiquement des modèles outdoor classiques, avec sa poche (légèrement) contrastante. Mais elle fait la différence par sa coupe : bien courte et ample comme il faut. On obtient alors un blouson en fleece plutôt qu’une polaire longue et couvrante, une approche très urbaine qui fonctionne bien. Et comme toujours, l’accent est mis sur les matières avec 70% de laine française dans la composition.
6. L’indétronable polaire Patagonia. Ou pas ?
Avec ce dernier design qui vient titiller les références du genre, entrons dans la section gorpcore du top. Et difficile de ne pas au moins mentionner ici les modèles de chez Patagonia, notamment la gamme « Rétro » qui s’appuie sur le revival d’une esthétique vintage particulièrement appréciée aujourd’hui. Deux modèles se détachent en particulier. La « Rétro fleece pile » avec ses manches raglan, hommage épuré au modèle originel des années 70. Et la « Rétro X », avec la fameuse poche poitrine.
Ce n’est pas pour autant une marque que je te conseillerais les yeux fermés pour ses produits « mode » (sa gamme sport est plus intéressante). Car l’offre de qualité est pléthorique si tu fouilles un peu. En alternative « minimaliste », j’ai en tête la valeur sûre Norse Projects. La marque japonaise Manastach pour un style outdoor encore plus marqué. Et American Trench pour du made in USA et des matières naturelles.
7. Différents degrés de gorpcore avec And Wander et Snow Peak
Si nous ne parlons jamais de technicité pure sur le média, la fleece jacket est d’abord une pièce conçue pour le sport. Mais comment faire du fonctionnel sans sacrifier l’attrait visuel (ou en faire trop) au passage ? La réponse est habituelle et attendue : regarder du coté du Japon. Le pays dont la culture mode s’est complètement accaparée la polaire, déclinée dans tous les registres imaginables.
Pour rester dans le thème, je citerais And Wander comme une marque qui s’empare du langage de la performance pour mieux faire du style. J’aime particulièrement la « High loft » en Polartec, le niveau supérieur de la fleece en polyester, pour ses empiècements et autres détails typiques. Plus minimalistes et moins clivantes, les fleece jackets de Snow Peak sont de fait plus faciles à porter au quotidien. Une bonne manière d’intégrer du technique sans le crier sur tous les toits.
8. The North Face Purple Label, le volume à la japonaise
Une philosophie partagée par les marques du vaste catalogue Goldwin, dont The North Face Purple Label. Une ligne japonaise qui n’a pas grand chose en commun avec la branche principale américaine, poussant très loin une esthétique maison à mi-chemin entre le skatewear et le gorpcore. Traduction : du volume partout, des pièces hybrides et créatives, des matières techniques de pointe. Avec les « Wool Boa Field Cardigan » et « Field Coat », une polaire que l’on aurait allongée pour en faire un manteau de fortune, la marque parvient à toujours proposer de la performance malgré des silhouettes très modeuses plus communes en mégalopole qu’a la montagne. Voir aussi : nanamica. Mais est-ce nécessaire de le préciser ?
9. Needles pour du sportswear rétro et excentrique
J’espère que tu apprécies un minimum les papillons, symbole de la marque japanese americana Needles. Un imprimé qu’il faudra plus que jamais assumer en portant les pièces de la collaboration avec Beams, le géant du retail originaire du quartier d’Harajuku. Si c’est un peu trop pour toi, sache que la marque a également décliné sa classique « track jacket » dans une version polaire plus « sobre ». Un pont parfaitement cohérent entre sportswear vintage et technologie outdoor de pointe du siècle dernier.
Dans le même genre, regarde ce qui se fait chez Stüssy et Wacko Maria si tu n’as pas peur de la crise d’épilepsie (en particulier les imprimés animaliers, parfaits pour s’intégrer en société). Et si tu aimes les choses plus simples, mais pas chiantes pour autant, voici une petite sélection de track jackets revisitées qui font dans la subtilité :
10. Un regard suffit pour convaincre avec Kapital
La brèche est ouverte. Plus rien ne devrait te choquer maintenant. Je peux enfin te montrer des polaires de chez Kapital, ce qui aurait pu facilement justifier l’écriture d’un top 5. Une marque qui n’a souvent que faire de la fonction de base de la fleece jacket, préférant se servir de sa superficie en relief pour nous abreuver de motifs un peu perchés. Ici, pas de matières d’exception ni de jargon technique pour initié. Ce n’est pas le propos. À vrai dire, ce ne sont pas des vestes qui ont besoin d’un texte de deux mille mots pour convaincre. Un imprimé « Vierge Marie », c’est déjà bien suffisant.
Dans le même esprit, je ne peux que te conseiller de t’intéresser à la marque indienne Karu Research. Techniques artisanales et fringues faites à la main, motifs venus d’ailleurs, matières recherchées… Un label prometteur à surveiller de très près.
mrporter.com
11. Une polaire minimaliste à la japonaise dans une belle matière
Reposons nos yeux un instant avec l’incontournable étape « fringues toutes simples et trop chères » que j’aime tant. Si je t’ai montré jusqu’alors une poignée de polaires en matières naturelles, rien n’est au niveau des compositions proposées ici par Markaware et MocT. Des labels que tu devrais maintenant connaître ! Dans le cas contraire, tu devrais lire notre format « Revue de Mode ». C’est intéressant et on dit que le mec qui se charge de la rédaction est vraiment sympa…
Comme d’habitude, Markaware pousse les curseurs à fond avec un 100% alpaga et des bordures de poches en cuir de daim. On commence à s’éloigner pas mal de la polaire Uniqlo que tu balances dans ta machine à laver sans réfléchir. Un peu plus « modeste », le blouson de chez MocT se contente d’un 50% alpaga, 37% coton et 13% laine. Cela reste bien difficile à égaler. Un peu plus près de chez nous, tu peux à nouveau compter sur Arpenteur et sa « Contour Jacket » dans un mélange de laine, de mohair et de nylon brossé.
12. Le style heritage par orSlow, la polaire parfaite ?
J’aimerais terminer cette sélection en revenant aux bases de la polaire avec orSlow. Un label, évidemment japonais, qui sait revenir à l’essence des choses. Proposant des vêtements qui ne sont pas tape-à-l’oeil, qui se font pour la plupart assez discrets dans une tenue. Une marque qui s’illustre bien dans le concept de « basiques bien faits ». Un denim bien coupé et au délavage subtil. Une work jacket parfaitement bien dosée qui ne tombe pas dans les travers de l’imitation ou de la reproduction. Ou une polaire résolument heritage qui ne ressemble pourtant à rien d’autre sur le marché.
Un mélange polyester et acrylic, un beau zip, un col montant et des empiècements en velours. Une coupe confortable, des manches raglan. Assez de mots pour décrire une fleece jacket toute en simplicité, mais qui ne s’efface jamais vraiment.
Le mot de la fin
Voilà pour la polaire ! Si tu souhaites explorer davantage le beau monde des fringues techniques portées hors des sentiers de randonnée, je te conseille notre sélection sur les doudounes ainsi que sur les chaussures de pluie. Et sinon on parle de beaucoup d’autres choses aussi.