On continue les grands écarts d’univers sur Borasification. Nicolas te parlait hier du sublime du dernier lookbook Visvim, moi d’une marque streetwear américaine bien établie. Et un peu délaissée par les « passionnés » de mode. Moi le premier. Pourtant, au détour d’une visite dans un grand magasin que je ne fais jamais, je tombe sur un short en velours, ample, dans une nuance d’olive superbe. Un vrai coup de coeur. La marque? Obey… et ouais!
Stop au bashing des marques streetwear créa
La dernière décennie a vu des clans se former dans le petit milieu de la sape. Sans être exhaustif, on a pu voir des noms marketing apparaître comme hypebeast, streetwear ou encore hype.
Soit on adore, soit on déteste et ces derniers aiment le conspuer. En invoquant souvent un rapport qualité prix grotesque. Tout ça pour mieux vendre des vêtements à l’esthétique chiante comme la mort.
Qui est le méchant de l’histoire?
Aucun à mon sens, tout n’est qu’une question de point de vue.
Moi, j’aime à penser qu’on s’en fout des étiquettes et que l’on peut trouver des trucs cool partout.
Oui, les marques de streetwear plus créas comme Supreme, Stüssy, Noah & co sont un peu chères, du moins sur certains produits. Mais le propos créatif est génial et on vibre si l’on prend le temps d’ouvrir ses chakras stylistiques.
Obey est pour moi un bon cran en dessous de ces labels streetwear / skatewear là, mais j’ai été chahuté.
Et c’est cool d’être touché par un produit que tu croises à l’improviste.
Obey, du street art à la mode
En plus, Obey a tout même une place de choix dans l’histoire de la street culture. Et qui commence bien avant le vêtement.
En effet, tout commence en 1970 à Charleston aux États-Unis et la naissance de Shepard Fairey. Tu l’auras compris, c’est le fondateur d’Obey mais il faudra attendre 2001 pour la création de la marque.
Shepard est un ado des années 80. Il vit l’explosion de la street culture, en sera même un acteur. Il se passionne pour le graffiti et le skate et, dès 14 ans, commence à apposer ses illustrations sur des planches et des t-shirts.
Influencé par des artistes comme Andy Warhol ou le russe Alexandre Rodtchenko, le jeune illustrateur se lance dans des études d’art et de graphisme.
À la fin des années 80, l’aventure commence réellement avec une « opération » de collage sauvage avec ses potes de la Rhode Island School of Design. La bande va recouvrir les murs de New York (puis d’autres villes) de milliers de stickers d’une illustration qui sent bon la France.
Bon ça, c’est l’angle chauvin de la chose! En fait, l’illustration représente André le Géant, un catcheur français immense:
Cette campagne est vue comme l’une des premières et plus virales campagnes de street art.
Toute l’œuvre de Shepard Fairey veut porter un message et un certain sens. Avec des sujets comme le racisme, la guerre, et plus généralement une vision anti-système intrinsèque au street art originel.
Son nom, Obey, en est l’incarnation. Il le tire d’un film de John Carpenter, They Live, où le cinéaste explore des thématiques comme la puissance des médias et le contrôle des populations. Dans ce film, les extraterrestres l’utilisent dans des messages subliminaux:
L’artiste explose dans les années 90 jusqu’à la création d’Obey, comme une continuité de son travail sur la scène street/skate, mais aussi un nouveau médium pour diffuser son message.
Il faudrait plus que quelques lignes pour bien comprendre son œuvre, iconique pour la grande majorité, surfaite pour d’autres (le malheur du pionnier devenu trop mainstream).
L’art de rue est toujours au centre du travail d’Obey, et une grande partie des bénéfices générés par la marque sert à soutenir la promotion du street art, mais aussi plusieurs causes humanitaires, restant fidèle à sa vision de départ.
Malgré tout, la marque a été dans l’œil du cyclone sur les questions d’éthique, comme une bonne partie du secteur au début des années 2010, mais elle a su réagir en mettant en place un meilleur contrôle de ses process et diverses certifications.
Chacun aura son avis sur le bonhomme, mais une chose est sûre, il y a plus de travail, d’engagement et de créativité chez Obey que chez les marques que les pubs Instagram et Youtube nous rabâchent à longueur de journée.
Velours+volume, le combo idéal pour un short?
Alors rentrons maintenant dans le vif du sujet. Les gribouillis et les autocollants c’est cool, mais on va voir ce qu’a dans le ventre ce short.
Et bien, je ne vais pas en faire des caisses.
C’est l’été, il fait chaud, je veux du volume et du style. Néanmoins, pour que je consomme neuf, il faut que ça envoie et que je ne trouve pas la pièce en seconde main ou en bidouillant un vieux pantalon.
Ce short Obey, modèle easy relax corduroy, coche toutes les cases.
Déjà, sa matière et sa couleur attrapent direct le regard. Si tu n’es pas encore habitué, sache que le velours est une matière très cool aussi l’été, avec un grammage plus léger.
Et quand j’ai tiré le M du portant et que j’ai vu son volume, j’ai souri. En effet, il est difficile en général de trouver un volume sympa sans avoir besoin de prendre bien grand à la taille. Là, marque streetwear oblige, on respire. Chose non négligeable avec nos été infernaux.
Enfin, je l’ai déjà lavé 3 fois et porté plus d’une dizaine de fois, il n’a pas bougé.
Logique tu me diras mais je préfère le souligner, le streetwear n’est pas que de la fast fashion bien marketée.
Silhouette oversize et vibe streetwear 90’s pour ce short en velours
Voyons maintenant la bête en action et honnêtement, c’est vraiment le short à porter sans prise de tête. Pour l’édito, j’ai shooté la tenue que je trouvais la plus aboutie avec, mais avec un simple t-shirt blanc et des Vans, ça tue tout autant.
Chemise hawaïenne en soie bien large
Cette tenue a été shootée par 34 degrés, dans un Paris étouffant à souhait.
Alors comme je peux me le permettre, c’est débardeur bien large sans aucune hésitation (sous les 30 degrés, on la joue plus slim). Et avec une chemise hawaïenne bien oversize, on n’est pas mal.
Je l’ai choisie jaune passée à motif crème. Associée au marcel blanc, elle fait le lien avec le short en velours. Les couleurs se marient bien, sans parler de jeu de textures.
Short en velours et Paraboot Thiers: vieux avant l’âge
Le velours comme les Paraboot ont en commun d’être souvent associés à nos aînés aux cheveux blancs.
Ce n’est pas faux mais dans la vie comme dans le design, tout n’est pas binaire.
Et s’il y a bien un combo que je trouve moderne, ce sont des pièces en velours portées avec des pompes à semelles commando.
Dans notre tenue du jour, le fait de porter ce modèle Thiers avec un short bien ample, ça élimine tout rapprochement.
Quand bien même, ça serait presque un compliment. Après tout, les seniors privilégient le confort, et le style n’est pas si souvent absent.
On pimente le tout avec une casquette rouge et des bijoux
Bien que la tenue soit déjà bien singulière par ses couleurs et ses volumes, j’avais besoin d’accessoires.
Influence lointaine de street culture, gêne navajo oublié, je ne sais pas, mais j’aime les bijoux et avoir la tête coiffée.
Par un chapeau, les cheveux, c’est moins ça!
Alors ici, je suis parti sur une casquette rouge stone wash. Je voulais une couleur qui contraste complètement avec le reste de la tenue, plus neutre.
Puis, sans être indispensable, j’ai ajouté un collier en tissus tressés, lui aussi rouge. Bien que ça soit facultatif, ce genre de détail change une tenue du tout au tout.
Enfin, pour terminer dans mes petits rappels de rouge blingo-discrets, je termine sur un bracelet en tissu et une montre au cadran rose. D’autant plus que le rose a longtemps été considéré comme un rouge.
Pour le reste, ce sont mes bijoux habituels en argent, japonais et vintage. Bagues, bracelets, chaînes, le tout en argent. Parce que plus on est de fous, plus on rit.
Oh, j’allais oublier de glisser un petit mot sur la sacoche Laperruque en faux python. Encore une fois, je l’utilise comme une épice dans ma tenue.
Et parce ce qu’elle est pratique pour mon téléphone et mes cartes en été.
Pense seconde main aussi pour les marques streetwear
Pour conclure cet article dédié à ce short Obey, je vais terminer comme j’ai commencé, avec un petit mot sur le streetwear.
En effet, même si tu ne te sens pas proche de ces marques, garde un oeil dessus. Elles sont créatives, naviguent entre les univers et ont la liberté de leur sous-culture.
Et franchement, en seconde main, je préfère prendre un polo Obey avec des rayures sympas qu’un truc neuf sans relief mais éthico-survendu.
Je t’assure que le plaisir s’en trouve décuplé et ton style grandi.
Ah j’oubliais, je l’ai trouvé en soldes chez Spectrum, Citadium et le e-shop Obey.
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