J’avoue volontiers que les sapes ne sont pas vraiment une priorité en ce moment. Je suis bien trop occupé à mourir de chaud, ou à redouter l’heure fatidique où il faudra ressortir. Affronter le soleil, ou peut-être pire encore : le hall aux immenses vitres — mon petit four personnel, attenant à mon appartement. Parfait pour une cuisson à l’étouffée. Heureusement, quand je suis plongé dans le noir chez moi, j’ai droit à une délicieuse chaleur tournante. Merci au ventilateur qui me permet d’écrire ces lignes ailleurs que sous la douche. Mais abrégeons, avec le seul conseil raisonnable de la journée : mieux vaut investir dans une bonne clim portable que dans une fringue (importable). Le jeu de mots est offert.
Petite sélection (mais de très bon goût) des soldes été 2025
Il fait trop chaud pour penser aux fringues, mais aussi pour s’en tenir à un plan structuré et scolaire. Alors je te propose plutôt quelques divagations.
Car, après tout, j’ai fait comme tout le monde pour établir cette petite liste de trucs cool, si généreusement dévoilée ci-dessous : je me suis promené de site en site. De ces e-shops familiers aux recoins moins fréquentés. Bien que j’essaye toujours de ne pas trop faire le tri par marques, car j’ai mes préférences, ceux qui lisent nos sélections ne devraient pas être dépaysés. Pour faire simple : des trucs un peu trop chers, désormais « accessibles », souvent fabriqués au Japon.
Auralee, c’est toujours aussi bien
Justement, commençons par une évidence : j’aime Auralee, et tu devrais aimer aussi, si tu es en retard. Quel plaisir de voir une marque avec une hype aussi forte ne pas jeter au feu tout ce qui faisait son intérêt quand personne n’en parlait encore. Pas d’enshittification ici. Toujours de très belles matières originales. Une approche casual effortless, du soft tailoring coloré, des coupes amples à la japonaise pensées pour les corps occidentaux.
Chez Sportivo, un costume en laine à carreaux, motif qui me rappelle un ensemble de la collection hiver 2021 que je prends toujours plaisir à porter. Enfin, que le pantalon. J’aurais aimé, à l’époque, avoir la présence d’esprit de chercher la veste.
Et puis, un anorak. Une interprétation luxueuse du sportswear qui ne fait pas semblant d’être technique. Je trouve la teinte de violet superbe. Très bien pour l’averse passagère, quand tu sors du métro. Ou plutôt pour les jours venteux.
Des accessoires
Less is more.Ou, pour le dire à ma manière : enlève donc ce foulard de labrador et ces lunettes teintées option cataracte si tu ne veux pas ressembler à ce mec sur Insta (très drôle, soulignons-le) qui porte une doudoune Arpenteur et un bonnet dans tous les contextes pour incarner le Parisien trentenaire qui aime la mode. L’escalade, les clubs de running. Et, plus généralement, tout ce qui coûte une blinde pour rien.
Si je ne suis pas de l’école borassienne, l’idée n’est pas non plus de se débarrasser de tout accessoire. Seulement, j’aime d’autant plus la préciosité quand elle est fonctionnelle.
Et voilà comment on en vient aux casquettes. Petite obsession personnelle du moment. Toujours chez Sportivo : un modèle en coton bouclé de la marque de bonneterie japonaise FilMelange. Une matière que je trouve particulièrement réconfortante en été. Cableâmi, autre marque japonaise reconnaissable à son goût immodéré pour les mots-valises, s’occupe, de son côté, de t’aider à traverser l’hiver avec du gros velours côtelé. Et si tu veux jouer à « Qui est le plus gros weeb ? », je te conseille Kijima Takayuki, notamment en seconde main, directement au Japon.
Et encore des accessoires
Pour rester dans l’accessoire : je me suis récemment offert un sac Porter Yoshida, trouvé à vraiment pas cher sur Vinted (voilà le vrai bon plan de l’article). Et j’ai vu la lumière. Le nylon, inspiré de la matière des premiers modèles de bombers MA-1, a vraiment quelque chose de singulier.
Ce même truc paradoxalement luxueux qu’on retrouve chez Prada ou Stone Island, deux marques qui ont ennobli cette matière textile artificielle qui « imite » la soie en substituant à la souffrance animale les joies de l’industrie pétrolière.
St Germain solde un petit porte carte, si tu n’es pas en faveur du cuir.
Et pour tous les autres : Laperruque ! Voilà, tout est dit. Va donc faire un tour sur le site. C’est, encore une fois, le meilleur moment pour découvrir le travail de nos artisans maroquiniers préférés. Ou pour compléter sa collection.
Repose ce t-shirt blanc
L’été, on s’ennuie vite. Un t-shirt, un pantalon, une paire de chaussures pas trop lourde. Peut-être un sac. Ou cinq trucs inutiles en plus, dans un layering absurde aux justifications kamouloxiennes, si tu veux faire l’intéressant sur Insta. Mais tout le monde n’a pas la chance d’être micro-influenceur spé pique-assiette. Dans la vraie vie, il faut faire autrement.
Acheter des fringues intéressantes, par exemple, est une bonne idée. Même un simple tee en coton-lin, dans une belle couleur (attention, elle est technique).
En parlant de ça : commence par oublier le blanc. Je sais que Daniel Simmons fait une tenue avec trois pièces, dont un t-shirt immaculé, et que tu peux vite avoir l’impression que c’est une bonne idée. Je sais que Tim Dessaint a quitté son rôle de RP Uniqlo U autoproclamé pour lancer son propre modèle. Je sais que toutes les marques te font croire au mythe du basique intemporel.
Mais moi, je ne vois que des mecs qui n’ont pas terminé de s’habiller. N’importe quelle couleur bien sentie fera l’affaire à la place. Un beige (comme le coton non teint dit natural) est la meilleure alternative si tu n’as pas envie de te prendre la tête.
La fête de la matière
Bien sûr, l’idée n’est pas non plus d’acheter tout le nuancier Good On (ou Uniqlo, selon ton degré de distinction sociale). J’ai dit « fringues intéressantes ». Il faut varier les coupes et les matières. C’est plus facile avec les chemises. Et encore davantage avec les chemisettes.
Our Legacy et Mfpen sont deux recommandations faciles, à nouveau chez St Germain. Chez la première, j’aime particulièrement le modèle « Above », après avoir longtemps défendu la coupe très (souvent trop) oversize « Borrowed BD ».
Mfpen propose des choses généralement plus sobres. L’idée n’est pas tant de participer au grand retour du style Y2K que de détourner subtilement le vestiaire typique du mec (dépressif) qui travaille en costume dans un open space. Une chemise à rayures de banquier, mais bien boxy et ornée d’un détail en crochet. Des couleurs délavées, passées.
Un motif floral dans un jacquard transparent, au service d’une forme qui incarnait autrefois le comble du ringard : cette petite chemisette « de travail », à col classique, aujourd’hui revisitée chez Auralee, Kaptain Sunshine, Aton, et tant d’autres marques qui se sont détournées du très préférable (à mon humble avis)camp collar estival.
En vrac
C’est le moment où je lâche un peu l’affaire avec un melting pot final : des pièces venues d’un peu partout, qui m’ont simplement accroché l’œil. Peut-être que toi aussi, tu t’y attarderas.
Il est question d’un cardigan ajouré en papier de chez Document, marque coréenne chère à mon cœur (bien qu’encore absente de mon vestiaire). D’un détour par Atelier SolarShop, pour faire coucou à Jan Jan, et repartir finalement avec du Yoko Sakamoto — coup de cœur récent, cette fois concrétisé. Et puis, il y a un pull MHL, pourquoi pas ? Je te laisse découvrir le reste.
Le mot de la fin
Il sera pour Monsieur Cam. Enfin, pas vraiment. C’est toujours moi au clavier. Mais je ne pouvais pas terminer sans t’encourager à faire un tour virtuel à Metz, armé du code « boras » pour glaner une rare réduction supplémentaire sur une paire de Paraboot, une pièce Merz B. Schwanen, ou toute autre fringue issue de la galaxie workwear et heritage proposée par le petit shop partenaire du média :
