Nouvel opus de notre série Pépites de Friperie où l’on met à l’honneur de belles trouvailles achetées en seconde main. Et aujourd’hui, je vais surement diviser au sein de l’auditoire puisque l’on va parler d’une marque qui fait fureur depuis longtemps chez les séniors: Mephisto. Et si la marque a des modèles plutôt mode, là, j’ai trouvé une paire plus inattendue chez Emmaüs. En effet, à la croisée des chemins entre sneakers et chaussures de sécurité, le tout équipé de la technologie Air-Jet, voici de quoi booster une tenue.
Ou au moins nourrir les discussions avec tes potes ou tes collègues.
Méphisto, la marque de chaussures confortables qui respirent, reine chez les séniors
Je vais être très clair avec toi. Avant d’écrire cet article, mes connaissances sur la marque se résumaient au cliché que l’on a tous en tête: Mephisto, c’est de la pompe de vieux.
Et si comme je le disais en introduction, il existe un modèle, les Rainbow, qui a la cote dans l’univers du style heritage, le reste… Je n’avais que des chaussures loin de mes préoccupations à l’esprit.
Mais voilà, je voulais te fournir un papier un minimum intéressant et au final, je me suis régalé. Le chausseur français a une histoire riche, qui ne date pas d’hier!
L’aventure commence en 1965 quand Martin Michaeli lance Mephisto avec comme promesse de faire les chaussures les plus confortables au monde.
Les choses vont aller très vite pour l’entrepreneur français puisque la marque est rapidement distribuée à l’international de l’Allemagne aux États-Unis et même jusqu’à la Chine et la Russie à la fin des années 90. Le chausseur français compte aujourd’hui plus de 800 boutiques en nom propre dont pas moins de 80 en Chine (2015). Mephisto produirait plus de 20 000 paires à la journée, entre son usine de Moselle et le Portugal.
Michaeli est un visionnaire, lui qui disait vouloir « faire des chaussures modernes mais pas à la mode« aura été l’un des, si ce n’est le premier à proposer des chaussures casual à la frontière de la chaussure de sport. C’est en 1975 que sort le modèle Raglers, une révolution pour l’époque et qui est aujourd’hui une chaussure tendance renommée Originals Rainbow.
Et s’il est vrai que l’écrasante majorité de l’offre de la marque ne concerne pas les amateurs et amatrices de mode heritage que nous sommes, il y a quelques pépites ici et là. En bientôt 60 ans d’histoire, avec une équipe de 30 personnes sur la R&D et le produit, on en sort des références.
Mais avant de voir ce modèle déniché chez Emmaüs, une dernière anecdote.
Martin Michaeli est un peu le boss de l’entrepreneuriat de la mode françaises.
En effet, on a vu les chiffres, il se place dans le top chausseurs européens en matière de distribution avec 62 pays. Et bonus, l’entreprise est toujours gérée par sa famille.
Il a également déposé plusieurs brevets.
Mephisto remportera le prix des meilleures chaussures de France pas moins de 3 fois. Et Michaeli fut également nommé chevalier de la légion d’honneur en 2000 par Jacques Chirac.
Et ouais, ça paie de prendre soin des pieds des gens!
Enfant illégitime d’une chaussure de sécurité et d’une sneakers à 7€
Après une tentative infructueuse sur le modèle Rainbow, il aura finalement fallu un rapide passage chez Emmaüs à Brest pour enfin finir avec des Mephisto aux pieds.
J’adore écumer les ressourceries et autres magasins solidaires quand je suis en vadrouille hors de Paris. Il y a toujours un truc sympa à dénicher.
Et alors que je venais de me dégoter un pull à col polo vintage made in France, je pensais ma pêche finie. Surtout que les chaussures, j’en trouve rarement à mon pied.
Mais là, contre tout attente, une paire noire a directement capté mon œil. Alors, vestige de mes années à l’usine ou non, je suis souvent attiré par les chaussures de sécurité.
Sans jamais parvenir à en faire un truc « mode ».
Et c’est pourtant cette allure de chaussures ouvrières qui m’a fait les sortir de l’étagère.
Noires déjà, la couleur que je préfère pour mes chaussures.
Et puis cette ligne quoi! On dirait la fusion d’une chaussure de sécurité donc, et d’une sneakers type tennis comme les Reebok Club C 85.
En plus, le gros « Air-Jet » à l’intérieur résonne dans la tête du gamin fan de Nike Air que j’étais. Il n’en fallait pas moins pour les passer aux pieds.
Confort absolu, je comprends mieux pourquoi nos aînés en raffolent. Au point de me dire que j’allais maintenant regarder un peu ce que fait le chausseur français!
Enfin bref, passons au stylisme, c’est encore aux pieds que sa ligne de sneakers de sécurité prend toute son ampleur!
(pour l’histoire au complet, tu peux aller sur le site de la marque)
Comment porter des Mephisto sans avoir les cheveux blanc ni être retraité
La réponse est toujours la même: en s’amusant avec ses fringues.
J’ai trouvé la paire marrante, elle m’a couté mois cher qu’un Perrier en terrasse à Paris, le reste c’est du kiff.
Au final, c’est simplement des chaussures en cuir noir. Ni plus ni moins ce qu’il y a de plus polyvalent. Et comme en plus, leur forme est très proche d’une sneakers, tout est plus plus facile.
Alors pour cet article, pas de fioritures, je les porte dans une tenue classique d’été. Chemisette hawaïenne vintage coupe oversize, short en molleton jaune bien ample.
Le petite débardeur blanc cassé pour faire le liant et on a une tenue qui roule.
En revanche, je porte quand même des chaussures estampillées grand-père, noires qui plus est. Il faut donc envoyer la sauce sur les couleurs et motifs.
La chemise à manches courtes est vraiment très ample et son motif rouge orangé fort. Surtout sur trame noire. Le short jaune pastel, répond à la couleur la plus discrète du motif et permet donc de faire le lien tout en apportant ce qu’il faut de contraste.
Les chaussettes blanches avec des chaussures noires, c’est un grand classique. Surtout en short où c’est quasiment toujours le bon réflexe à avoir!
Et puis, ce combo très sport souligne bien ses allures de sneakers vintage. On verra à l’usage mais je pense qu’une autre couleur aurait cassé ce coté là.
Et cette fusion sneakers / chaussures de sécurité aurait fini en godillots de papy coincé en maison de retraite!
D’où l’importance de soigner les détails et de pousser à fond un délire quand on prend un risque stylistique. En effet, c’est comme quand on arrive un peu trop fort dans un virage. Plutôt que freiner et partir en tête à queue, mieux vaut accélérer et tenir la trajectoire*.
*un conseil signé Boras Loeb
La seconde main, la bonne excuse pour s’amuser avec ses vêtements
Pour conclure, je vais répéter le mantra de ce site: amuse-toi avec tes vêtements.
Et la seconde main sera toujours un bon moyen de se lâcher et tenter des trucs. Quand on débourse quelques euros seulement, on peut plus facilement prendre des risques. Surtout à nos débuts dans ce cheminement qu’est la construction d’un style.
Beaucoup trouveront cette paire « moche », ça me coûte de l’écrire, mais notre œil est habitué à ce que nous rabâchent les pubs et comptes Instagram jour après jour.
Chiner en seconde et en friperie te permet de diminuer l’impact de ces courants « de masse ». Non pas qu’ils soient mauvais, mais si tu veux être créatif et libre dans ton style, il faut jongler avec ces 2 mondes.
Et c’est là qu’on prend le plus de plaisir.
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