Un lundi sur deux, la rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Numéro spécial « sors de chez toi » cette semaine. Au programme : des fringues qui ont l’air cool de loin, et peut-être pas de près. Et d’autres qui sont banales en photo, et vraiment bien mieux sur soi.
L’upcycling par objectfromnothing, que du beau ?
On commence avec une toute petite marque que je viens de découvrir, peut-être une heure avant d’écrire ces lignes. Je ne vais donc pas me prétendre expert à son sujet, mais seulement mettre sur la table un propos qui semble en accord avec ce que l’on aime : du style, de l’artisanat, et de l’upcycling.
Sans te faire l’affront de te présenter le principe du surcyclage, il est important de mentionner ce point quant on parle d’objectfromnothing. Plus qu’une préoccupation écologique ou un argument marketing assez peu original, on peut ici parler d’approche créative pour ce projet naissant fondé à Los Angeles. Un concept qui n’est pas nouveau : créer du neuf avec du vieux. Et préférablement des matières solides qui auront pris une belle patine au cours de leurs vies antérieures.
Logiquement, le denim s’est imposé comme une évidence. Du très classique jusqu’ici. Ce qui suit l’est un peu moins. Les deux designers derrière objectfromnothing créent, entre autres, des vestes à partir de pantalons. Et il n’est pas nécessaire de travailler dans le secteur pour comprendre immédiatement le problème : il n’y a pas assez de largeur sur un pantalon pour réaliser le patronage. Utiliser trois jeans est ainsi nécessaire pour une seule veste. Et quelques grosses coutures bien visibles, au passage.
Si je suis dubitatif quant au processus et à la viabilité du produit fini (quid du confort ? De la rigidité ?), c’est visuellement très cool. En assumant à fond le coté « rafistolage » de l’upcyling, la marque parvient à des résultats à mi-chemin entre la pièce de créateur et la veste traditionnelle en boro. Fringues conceptuelles ou véritable proposition pertinente ? Je te laisse te faire ton propre avis sur la question, je trouve en tout cas que ces créations ont beaucoup de charme.
Une troisième collection exclusive de The Clasik pour Land of Tommorrow
On passe par la case actualité avec une collaboration japonaise qui ne risque pas de concerner tout le monde. Tout cela se passe loin de chez nous, implique une petite marque obscure et une boutique indépendante à la fois. Et tu commences à connaitre la recette, ce n’est pas donné. Avec tous ces ingrédients réunis, il fallait donc évidemment que je te montre tout ça.
Peu de chance que tu sois déjà familier avec The Clasik, jeune label de Ken Tanaka, designer qui a notamment fait ses armes au sein de la ligne masculine japonaise Margaret Howell. Lancée par une première collection printemps / été 2020, c’est une marque prometteuse dans un style que j’apprécie personnellement. Une conception très contemporaine de l’élégance avec du soft-tailoring qui puise dans le registre du workwear . Une esthétique que l’on retrouve chez Old Joe, École de Pensée… La liste est longue !
Quant à Land of Tomorrow, c’est une boutique de luxe à Tokyo qui se pense comme une galerie d’art. Exprimant la volonté de choisir uniquement des vêtements qui ne perdraient (théoriquement) pas de leur superbe si on coupait leurs étiquettes, avec du Dries Van Noten ou du Lemaire au rayon homme. Sans extrapoler sur ce discours officiel, cette troisième collection exclusive de The Clasik pour la boutique m’a mis une petite claque.
Tissu « Sportex vintage » Dormeuil (du sportswear développé dans les années 20 !), manteau long en tweed de chez Fox brothers, cachemire deadstock Joshua Ellis… Des matières rares, luxueuses et heritage associées à des silhouettes contemporaines casual. Le mix parfait. Évidemment, ce n’est disponible qu’en boutique. À regarder de loin !
L’anniversaire du discret empire 45R
Il peut être assez étonnant de percevoir 45rpm, ou 45r aujourd’hui, comme une marque de niche ou qui resterait à découvrir. Car celle-ci existe depuis les années 70 et possède une vraie fanbase, contrairement à la grande majorité des choses dont on peut parler ensemble. De même, on ne peut pas vraiment dire qu’elle se fasse discrète avec trois (!) belles boutiques à Paris.
Pourtant, on est très loin de la hype qui entoure d’autres labels qui partagent des inclinations esthétiques similaires. Quand Kapital se rapproche des quatre cent mille followers sur instagram, 45R se contente de son modeste score à cinq chiffres. Une présence en ligne relativement discrète qui ferait presque passer la marque pour un acteur mineur. Et qui explique donc en partie mon choix de l’intégrer à cette sélection.
Car elle en vaut la peine. Personne d’autre ne fait les choses comme 45R, surtout d’une manière aussi constante et pérenne. Célébrant son quarante-cinquième anniversaire cette année, la marque japonaise propose des fringues uniques fabriquées selon des méthodes artisanales, expérimentant avec de l’indigo naturel, poussant une certaine vision de l’americana. Des vêtements les plus simplistes aux pièces d’exception, ici rien n’est jamais vraiment banal.
Et si tout ne se vaut pas non plus et que certains choix sont clivants (comme des finitions main invisibles au commun des mortels qui gonflent l’addition), il est difficile de ne pas rester admiratif devant cette philosophie sans compromis qui met l’attention au détail au premier plan. Si tu as l’occasion de rentrer dans l’une des boutiques parisiennes, je ne peux que t’encourager à faire un tour, toucher, essayer. Ce ne sont pas des vêtements qui sont calibrés pour être vendus en ligne, surtout quand on connait le talent des japonais en matières de sites internets.
Zara nous fait une Visvim avec la nouvelle collection capsule Ader Error
Oui, je sais ce que tu es en train de te dire. Mais il était difficilement envisageable de parler à nouveau de Zara dans les brèves de mode après mon article sur la récente collaboration avec le label indépendant Studio Nicholson. Alors je me sers honteusement de cet espace privilégié pour en remettre une couche. Et écrire un titre provocateur au passage.
Pour ma défense, il me semble que l’on reste ici dans le thème sous-jacent de la revue de la semaine avec du denim rapiécé, des fringues qui ont l’air reconstruites et de beaux volumes. Une deuxième collaboration avec le label streetwear coréen Ader Error, surement l’un des plus connus à l’international, qui voit Zara taper une fois encore dans le mille.
Certaines pièces nous amènent en effet directement en terrain connu, et les silhouettes comme le stylisme sont à des années-lumières de l’idée qu’on se fait de la fast-fashion en temps normal. Soyons clairs, c’est parfois du Visvim like. Jean retapé à base de sashiko et de patchwork et pulls classiques à torsades qui semblent avoir été recousus un peu aléatoirement s’affichent aux cotés de choses bien plus streetwear dans l’âme.
Un ensemble hétéroclite qui fonctionne plutôt bien, et qui surtout montre comment le géant de la mode pas chère cherche aujourd’hui à transformer son image de marque. Enchainant les collaborations avec des labels pointus et des collections premium, Zara fait monter les prix, améliore (un peu) ses compositions, et tente de toucher un public qui lui a toujours tourné le dos. Maintenant, il faudrait que la qualité suive à tous les coups. Et peut-être que le rythme des sorties se calme un peu.
Du made in Korea à Paris avec See Fan
Peut-on survivre sur le marché actuel en tant que boutique de vêtements dénuée de site internet ? Sans vendre à l’étranger ? Sans même un vrai compte Instagram à son nom ? En tout cas, See Fan n’a pas peur de ne pas faire comme les autres. Une petite boutique parisienne singulière qui n’a pas attendu cet article pour exister dans son petit recoin du Marais.
Cette dernière recommandation shopping sera donc très brève. Je n’ai en réalité pas grand chose à te montrer. Tout ce que je veux bien te dire, c’est que ce sujet implique encore une fois un déplacement, une démarche plus poussée qu’une recherche Google. Au 11 rue Pastourelle, 75003 Paris, plus précisément. Tu trouveras la-bas une belle sélection de marques coréennes, comme Uniform Bridge dont j’ai déjà pu te parler plusieurs fois. Ou Dré, le projet personnel du gérant. Même sans LV2 coréen, il te reste toujours les images et les prix à convertir en euros.
Si tu veux suivre un peu l’actualité de la marque du shop ou simplement essayer de gagner quelques informations supplémentaire depuis chez toi, je te laisse le compte instagram de son fondateur juste ici. En attendant, la mode c’est toujours mieux en vrai (bon, pas tout le temps chez Zara).
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à lundi prochain !