Retour au charbon après une petite pause sur le blog qui m’a permis d’avancer sur d’autres projets. Borali et le « Boras Shop » pour ne pas les citer. Et puis cette chaleur purée, j’ai passé mes journées en caleçon alors parler de vêtement … Je pense que ça n’était pas le sujet qui, toi comme moi, nous animait le plus. Quoiqu’il en soit, nous voilà partis pour un nouvel article « Seconde lecture » où je te propose une interprétation stylistique du blazer croisé en seersucker Bonne Gueule sorti l’été dernier. Pièce qui n’a pas eu un succès retentissant, fait rare avec la marque casual chic française, j’ai eu envie de jouer avec. J’ai proposé à Benoît de l’emprunter le temps d’un weekend pour préparer ce papier.
Alors, style sartorial mis à part, comment porter un blazer croisé sans aller dans la casual chic, le sprezzatura ou encore le French Ivy ?
Disclamer : le shoot a été fait l’été dernier, faute de temps, je n’ai pu publier l’article avant. J’ai traité les photos et me suis rendu compte qu’une partie était floue donc inexploitable. Dans le lot, la partie où le blazer est porté avec un seul bouton fermé … la fameuse règle ! Donc amateurs de sartorial si vous passez par là, vous pouvez sortir les fourches haha
Porter un blazer croisé dans un style street heritage, c’est possible
Tu te doutes bien que je ne comptais pas te pondre un article sur le sujet avec l’historique du croisé, son rôle dans l’humanité et comment le choisir et le porter selon la météo ! Ce n’est pas ce que j’aime écrire et je serais bien peu crédible et pertinent. Je vois trop de blogs et médias traiter de sujets qu’ils ne maitrisent pas pour gagner de l’audience et s’accaparer un « pôle position googlelienne » sur tel ou tel mot clé.
En revanche, essayer de prendre une pièce d’un registre loin du mien et tenter d’en faire quelque chose de singulier. Là, on papote.
Et ce blazer croisé Bonne Gueule, j’avais envie qu’il se frotte à l’univers street heritage que l’on développe ici.
Associer le blazer croisé à une chemise hawaïenne
Ce blazer croisé, de ce que j’ai pu observer et lire ici et là, est plutôt « atypique » pour le genre. Un point important et qui a inspiré tous l’article : il est court. On est loin de l’image plutôt classique (vieillotte ?) que je me faisais de la pièce. Dès lors, je l’ai vu comme moderne, plutôt dynamique dans la coupe, où je pourrai aller chercher des silhouettes comme je les aime.
À mes yeux, le croisé est une veste habillée et qui renvoie à un haut degré d’élégance. En complet ou non, c’est la chemise à grand col qui vient naturellement le seconder. C’est donc là qu’il me fallait casser les codes à grand coup de mart … euh chemise hawaïenne !
L’été, je n’ai pas envie d’un truc qui me recouvre le cou, même avec un blazer croisé. Ici le fameux open collar (col ouvert ou requin en français) de la chemisette vient se plaquer sur le bas des épaules et se loge sans broncher sous les revers en pointe du blazer. Les Portuguese Flannel sont plutôt courtes et boxy, ce qui était idéal pour la longueur mesurée de la veste.
De plus, l’imprimé de la chemise manches courtes tranche complètement avec le coloris bleu marine profond du blazer. Que cela soit par la couleur, un mélange de jaune, beige et vert clair, comme par le motif. Il faut dire que des petites paillotes et palmiers, c’est le grand écart stylistique.
Enfin, la chemisette est en viscose, c’est très léger et au fond, c’est cohérent avec une veste en seersucker au-dessous. Elle froisse un peu, comme le blazer au final. De quoi être débraillé avec une relative élégance !
Contraster la tenue en volume et en univers
La chemisette à motif était une première étape, mais associée à un semi-slim et l’on restait dans un style casual chic avec un peu de peps. Il fallait donc trancher.
Tout part du constat initial sur le blazer : il est court et plutôt ajusté.
Je l’ai pris en taille 50 et porté ouvert, on récupère un peu d’aisance. Avec une épaule napolitaine plus naturelle, il devient visuellement plus boxy.
Pas forcément flagrant sur les photos mais c’est ce qui m’a permis d’associer un blazer croisé à un pantalon cargo.
Et quand je parle de cargo pants, je parle d’une vraie pièce avec du volume, pas un de ces collants à poches plaquées que l’on peut trouver chez le Pantalon par exemple.
Ici c’est un easy pants Orslow, une édition spéciale pour le shop Kafka. Beaucoup de volume aux cuisses et une coupe tapered mais pas trop.
S’il est vrai que je n’ai pas de grosses cuisses, je pense toutefois que tu vois un peu la place qu’il y a. La ligne de jambe n’en demeure pas moins racée avec un vrai propos « 3D ». Autrement dit, la pièce s’apprécie en mouvement et sous tous les angles.
Cet hiver, je le portais déjà avec un croisé en laine ici. Je lui trouve beaucoup plus de punch dans une tenue estivale. Et là, le blazer est beaucoup plus court, cela permet une silhouette bien agressive.
Celle où le haut prend bien les épaules, s’évase légèrement mais reste court sur le buste, avec un pantalon qui va apporter beaucoup de volume en bas.
(une silhouette que j’ai développée avec les défilés Dsquared du milieu 2000 #FW06àjamais)
Là, nous sommes en plein style street héritage puisque la tenue navigue entre les courants, avec des pièces « qui ont une histoire » et toujours un touché street dans la dégaine.
Enfin, j’allais oublier mais les mocassins ne sont pas de l’ordre du détail. Avec une paire classique comme les Malfroid, la tenue aurait pu tomber dans le style sprezzatura / French Ivy. Là, la semelle en gomme Vibram qu’arbore cette collaboration entre G.H Bass et Universal Works fait passer la paire dans un autre rayon stylistique.
Le coloris est vraiment bien senti en plus. Ce marron clair sur un cuir suédé, c’est s’assurer une paire polyvalente avec le vestiaire workwear / military. Bon, et puis j’aime la ligne de la chaussure et ses petits détails.
Tout simplement.
Ajouter des accessoires pour singulariser sa tenue
On arrive ce qui peut être vu comme la cerise sur le gâteau d’une tenue, sans pour autant être une étape obligatoire.
Porter un bracelet, une bague ou un collier, il faut que cela vienne de toi. C’est con mais si tu le fais « parce que j’ai lu que c’était cool », tu as de fortes chances que cela sonne faux. Attention, il ne faut pas non plus avoir peur de franchir le cap, cela part souvent d’un petit coup de cœur.
Dans la tenue que je te propose, ils participent beaucoup à la sortir d’un registre classique. Deux colliers, un mélange de pierre de turquoise et de tissus recyclés, un peu ma cravate à moi haha.
Aux poignets plusieurs bracelets, on voit d’ailleurs que les photos datent … J’ai depuis beaucoup plus d’argenterie et même du Borali. Comme quoi, nous évoluons tous, toujours. Il y a un an seulement, j’achetais ma première bague, une pièce faite dans les tranchées par un poilu de la Grande Guerre.
Depuis, j’ai plus de bagues que Phil Jackson.
J’en parlerai très bientôt, ce bracelet est une pièce unique que je me suis faite faire chez Ayako. Je lui ai soumis l’idée de vous en proposer une petite dizaine en pré-commande. Pas une vraiment une opération mercantile pour moi, c’est plus l’envie de la soutenir et de vous proposer un accessoire sympa à porter.
Partant ?
Jouer au mauvais élève de l’élégance masculine
La mission est remplie dès le premier look et pourtant, j’avais envie de taquiner encore un peu ce blazer. Il reste vraiment habillé, je ne pouvais pas pousser le curseur jusqu’au FBT ou un short en denim déchiré.
(Enfin si, mais je te perdais en route je pense haha)
Je suis parti sur une tenue plus sage, qui sur le papier, flirte avec les styles de prédisposition du blazer croisé.
Avec une touche d’insolence.
Dire « oui mais » au col blanc
« Blazer bleu, chemise blanche » !
Bah oui, c’est surement le premier truc que l’on apprend dans les guides sur l’élégance masculine (si ça n’est pas le cas, je vais passer pour une truffe) et cette veste n’y échappe pas. Franchement, faudrait être de mauvaise foie pour dire le contraire.
Dans notre exercice, oui je vais garder une pièce à col, et oui il sera blanc.
Toutefois, hors de question de partir sur un popeline de coton et un design « habillé ». Le hic est qu’il me faut un col qui se respecte (Arnaud si tu me lis !).
Alors j’ai sorti le polo.
Pas de maille particulière et chic, un bon vieux Uniqlo de la collaboration avec Engineered Garments (celle dont te parle Qube ici). Il est oversized mais ça ne se voit pas en layering et l’on peut profiter du col qui vient se caler sous les pans du col.
Tu ne pourras pas le distinguer sur les photos mais il est blanc cassé et garde un coté un peu brut. Il est plus proche d’une pièce de l’armée que du polo club Lacoste, en gros.
Le collier Borali, c’est pour le fun, j’aurais pu m’en passer ici. Sur le coup, j’avais vraiment peur que la tenue rende trop premier degré sprezzatura. Ce qui en aurait fait une proposition du genre peu glorieuse.
Toute la difficulté de jouer avec les limites.
Taille haute et slim-fit déguisés
Si le port taille haute va à ravir à beaucoup et que j’apprécie bien réalisé, c’est quelque chose d’opposé à ce que je fais. Autant je suis prêt à m’y essayer de temps en temps, le temps d’une tenue, autant le jean porté haut et ajusté, « moi pas comprendre« .
Si tu le fais, ne ferme pas cet article, il y a toujours de bons contre-exemples. Je m’interroge simplement sur le confort et le camel toe qui se forme assez souvent.
Je m’égare !
Ici, il n’était pas question de mettre un jean large ou bien size-up. Je tenais à coller à un style plus classique, sans sortir le semi-slim brut pour autant.
Un tapered léger qui ferait presque office de coupe droite pour une marque française qui sort de la mouvance slim. La ligne de jambe reste propre. C’est avec le délavage de la toile que je viens un peu casser le coté propret.
Pas que l’on ne puisse pas avoir un beau délavage dans une tenue casual chic hein ! Disons que les deux gros trous aux genoux patchés façon boro … on s’éloigne un peu !
Ah oui, j’ai fait un effort sur le port de mon jean.
Certes, tu ne me prendras pas à le remonter sous le nombril mais on notera quelques centimètres d’altitude en plus. Le tout avec le polo rentré.
Et ça, on ne le verra pas tous les jours.
Des mocassins peu habillés
On reste dans l’élan du premier look avec une paire de mocassin, le modèle Penny Loafer de Yuketen. Bon là, nous sommes sur une version « gros bras » avec un cuir épais, bien rustique, le tout monté sur une semelle Vibram là encore, en plus lourde et robuste.
Tu me diras ce que tu en penses ?
Pour ma part, je trouve que c’est cette paire qui fait basculer ma tenue dans autre chose que du sprezzatura bancal. Si j’avais calé des tassel Alden par exemple, même avec ce jean, la tenue aurait eu une teinte plus habillée.
Alors, exercice réussi ?
Je prends vraiment du plaisir avec ces articles Seconde lecture. Bosser sur un édito à thème où je sors de ma zone de confort, c’est stimulant stylistiquement.
Je ne voulais pas faire de « tenues tendance ». Il aurait été facile de proposer quelque chose de racée comme l’esthétique de mes confrères de l’Etiquette : un 501 bleach vintage taille haute, un tee blanc, une casquette universitaire et une paire de converse. C’est chouette mais ça n’est pas moi.
Une règle que je m’étais fixée et que je n’ai pas précisée : composer avec les pièces de mon vestiaire.
Tu as maintenant mes deux propositions pour porter un blazer croisé dans une style street (/) heritage.
À toi de me dire ce que tu en pense !
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Tu peux retrouver d’autres articles seconde lecture avec des pièces de la marque Bonnegueule comme le pantalon canevas ou le bomber technique.