Hello !
C’est mon premier featuring ici, je suis Solara a. k. a @solaracho sur Instagram.
Aujourd’hui je vais vous proposer autre chose que du street heritage (mais un peu street quand même).
Comme Boras, je suis un grand amateur de labels japonais. Et bien qu’ils aient envahi une grande partie de mon vestiaire, point «made in Japan» aujourd’hui puisque c’est du côté de la Belgique que nous allons nous pencher !
Cette tenue est construite autour de pièces d’un créateur que j’apprécie beaucoup : Stephan Schneider.
Basé à Anvers en Belgique depuis les années 90, Schneider fait partie de cette « école Belge » qui a émergé dans les années 80 à travers les fameux « Six d’Anvers ». Six créateurs, dont Ann Demeulemeester et Dries Van Noten (et à un moment Martin Margiela), tous élèves de la même promotion de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, qui s’étaient associés un temps pour donner naissance à une mode avant-gardiste belge.
Ce collectif avait été fortement inspiré par une esthétique nouvelle qualifiée d’anti-fashion, et façonnée par les japonais Yohji Yamamoto et Rei Kawabuko (Comme Des Garçons).
Ce courant anti-fashion avait secoué la mode occidentale et traditionnelle de l’époque dont il s’opposait en tous points. Pour vous donner une idée, les tissus luxueux étaient remplacés par des tissus délabré et les couleurs par le noir omniprésent. Il y avait un processus de déconstruction des codes du sartorial. Les coutures de confection n’étaient plus cachées, les ourlets étaient inachevés, les poches et boutons étaient placés à des endroits inattendus. Les proportions classiques n’étaient plus respectées et les formes du corps s’effaçaient dans des silhouettes amples. Bien qu’ils se voulaient avant-gardiste, des traits de leur héritage culturel japonais transparaissaient dans leurs créations, comme par exemple celui de voir de la beauté dans toutes choses usées, cassées ou imparfaites (le fameux » wabi-sabi « ), ou bien celui de s’inspirer des kimonos en considérant l’espace vide entre le vêtement et le tissus (le « ma »).
Rassurez vous, c’est la fin de mon petit aparté historique et culturel. J’avais envie de vous parler un peu d’esthétisme japonais puisqu’il est finalement très présent dans ce blog ^^. Mais revenons maintenant à notre créateur belge! Depuis ses débuts, Schneider a toujours conçu ses collections loin des tendances de la mode, en prenant soin de conserver un style bien personnel, à la fois discret et sophistiqué, fait de coupes simples et de belles matières qu’il conçoit lui-même.
Parlons silhouette!
Elle est structurée en haut par le manteau, coupé droit. Les pans sont croisés (ils se superposent lorsque les boutons sont fermés) et apportent un surplus de volume et de tissus lorsque le manteau est ouvert.
Il y a un jeu de longueur à travers le pull et la chemise qui sont spécialement longs.
Le pantalon est porté bas sur les hanches, ce qui permet d’avoir une fourche bien placée par rapport à la longueur du haut. La coupe «tapered» apporte du dynamisme à la tenue. Les ourlets sont placés un peu au-dessus des chevilles afin de mettre en valeurs les boots, et de leur permettre de bien structurer la tenue en bas par leurs lignes nettes.
Les coupes sont assez simples chez Schneider, par contre il y a souvent un travail sur les cols comme sur ce manteau où il existe une capuche détachable dont l’intérieur est en maille de laine et qui donne un effet de « faux layering »
Il y a aussi un gros travail sur les tissus puisque c’est Schneider lui-même qui les conçoit. Dans ce pull en laine et mohair, les différentes couleurs de fils utilisés forment aussi un motif à grands carreaux, tout en subtilité ! (Retrouve la collection actuelle ici)
Concernant la chemise à col « grandad » Cos, vous n’avez pas rêvé, elle est bien effilochée en bas ! Je la trouvais un peu longue alors pour un rendu optimal je l’ai raccourcie d’un centimètre. Ce sont des bords francs coupés à la paire de ciseaux, et renforcée par des petits points zigzag à la machine. C’est un effet voulu de ma part, afin de donner un aspect imparfait et inachevé (ce fameux wabi-sabi ^^).
Le pantalon est un Balibaris, modèle Clark en flanelle de laine et à rayures tennis. Il s’inspire du tailoring des années 50 avec ses généreuses pinces qui donnent du volume aux hanches, tout en ayant une coupe modernisée qui va en s’affinant fortement vers les chevilles. Si vous le cherchez, ce modèle est réitéré depuis cet hiver avec des tissus différents (je vous conseille aussi de guetter Vente-Privée ;)).
Les boots sont une collaboration de 2013 entre le bottier américain Alden et le shop parisien French Trotters. Elles sont d’inspiration militaire avec ses bouts droits sur la forme la plus ronde du bottier (Tru Balance), le tout monté sur semelles commando.
Le cuir est le fameux Cordovan, un cuir de cheval des tanneries Horween, particulièrement durable et d’aspect naturellement brillant. Le coloris le plus classique est le Color #8. C’est un genre de bordeaux qui présente des reflets variés, allant du violet au marron, selon le type de lumière. Le prix fait assez mal c’est un un bon investissement, celles-ci n’ont quasiment pas bougé en 5 ans ! La patine est discrète : de légères décolorations sur les zones de plis.
Voilà pour aujourd’hui ! Une tenue qui parait simple à première vue mais qui présente de belles matières mises en valeur par des coupes décontractés. J’espère que ça vous a plu et à une prochaine !
Merci à Julien pour les photos!