Une année entière s’est écoulée depuis l’annonce du projet sur la page instagram de Superstitch. Des mois et des mois de teasing au compte-goutte. Un close-up sur la réalisation d’une couture bartack sur une fidèle Singer. Des boutons usinés dans une barre d’aluminum, dans les règles de l’art. Un énorme rouleau de toile denim où Arthur Leclercq, le passionné gérant des lieux, a commencé à tracer à la craie les contours d’un jean très spécial. La forme est familière, celle du « LR01 » introduit en 2020. Un modèle qui rend hommage à la grande époque du Levi’s 501, années 60 à début 70. Mais la manière est différente. Pas de made in Japan, mais plutôt du made in Rue Racine. Un seul artisan, français. Et pas de toile denim loomstate produite à Hiroshima, mais un singulier rouleau en provenance des USA.
Superstitch LR01 x Cone Mills White Oak denim
Et ce n’est pas chez Vidalia, actuellement la seule usine à fournir le monde en toile 100% américaine, qu’Arthur a trouvé son bonheur. Pas chez Cone Mills non plus, ce nom mythique qui cache une réalité un peu moins facile à inscrire dans un discours marketing sauce heritage et authenticité : du denim asiatique. Non, la toile deadstock (neuve et inutilisée) dénichée provient directement des légendaires chaines de production de Cone Mills White Oak, l’usine de Caroline du Nord (ville de Greensboro, ou Jeansboro) fermée en 2017 après cent dix ans d’existence par l’International Textile Group. La société mère ayant au préalable racheté (et sauvé) Cone Mills lors de sa quasi-faillite en 2004. Pour le dire plus simplement, Arthur a mis la main sur le real shit. Je te laisse traduire.
Certes, c’est symbolique. De ton coté, tu t’en fous peut-être de savoir de quelle usine vient la toile de ton jean. Comment le coton est cultivé. De quelle manière sont façonnés les boutons, les rivets. Et peut-être que se fournir chez les nouveaux héritiers spirituels du denim américain, Vidalia Mills, était une idée tout aussi bonne. Mais pas pour Arthur. Ni pour tous ceux qui sont attachés au jean « à l’ancienne ». À cette rigueur que l’on paye très cher au Japon. Cette obsession du détail, de la bonne teinte indigo, de la bonne texture. Du défaut correctement reproduit, dans les bonnes conditions, avec les bons outils. Du point de chainette jusqu’au leg twist. Alors peu importe les qualités objectives de cette toile récupérée sur un coup de chance. Il n’y a pas plus cohérent pour Superstitch que de monter son LR01 avec du denim White Oak dans son atelier parisien.
Unsanforized, handcrafted, limited
Quarante deux jeans ont ainsi été laborieusement confectionnés au 13 rue Racine, 6ème arrondissement. Couture par couture. Arthur employant son impressionnante (et toujours grandissante) collection de machines vintage entretenues avec soin. Celles qui servent aux retouches quotidiennes, aux refuselages, aux innombrables ourlets promettant un beau roping. Au-delà de la confection maison et de la coupe résolument rétro (taille haute, jambe droite), Superstitch propose avec cette édition limitée du LR01 un retour dans le passé encore plus concret. La toile est unsanforized, ou shrink-to-fit pour reprendre l’appellation propriétaire Levi’s. C’est à dire que le denim n’a pas été traité (pre-shrunk) et connaitra fatalement un rétrécissement important lors des premiers lavages. Si tu n’avais encore jamais pris de bain avec ton jean pour l’ajuster parfaitement à ton corps, c’est le bon moment.
Le jean Superstitch LR01 en édition limitée white oak unsanforized denim sera disponible dans les jours (heures ?) à venir. Sur place, ainsi qu’en ligne sur le site de la marque. Et si tu arrives un peu trop tard, n’hésite quand même pas à faire un tour à l’atelier ! Discuter et toucher avec les yeux, c’est très bien aussi.