Vous avez sûrement lu le dernier article de Boris sur ces nouvelles marques françaises basées sur le marketing du superlatif et le social advertising.
C’est bien triste, vous ne trouvez pas? Et bien de mon côté j’aimerais vous apporter un peu de lumière en vous parlant de Misti, une marque créé par un ami : Quentin.
Chez lui, point de marketing, il part simplement et humblement à la rencontre des gens lors de divers événements.
C’est d’ailleurs dans ma ville, à Pantin, que j’ai eu l’occasion de découvrir sa dernière collection de casquettes, lorsqu’il tenait un petit stand en bois à la Cité Fertile. J’ai vraiment apprécié le concept et sa démarche qui découlent de ses propres valeurs.
Je vais maintenant lui donner la parole à travers cette petite interview.
Une mode engagée, éthique, écoresponsable et solidaire
Salut Quentin peux-tu te présenter ?
J’ai 31 ans et un peu comme beaucoup d’entrepreneurs sociaux, j’ai commencé par travailler dans le monde de l’entreprise classique. La prise de conscience a été progressive jusqu’à ce qu’au bout de 3 ans je décide de partir en Inde pour mettre mon énergie au service d’une entreprise sociale locale, œuvrant pour l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, et notamment des femmes. Je suis ensuite parti au Pérou pendant un an et demi pour y créer la branche Amérique Latine de l’entreprise et c’est d’ailleurs là-bas qu’a commencé à germer l’idée de créer mon propre projet. Le nom de la marque est d’ailleurs une référence à cette époque de ma vie car c’est le nom d’un des volcans surplombant la ville d’Arequipa, qui m’est chère, et dont les bâtiments ont été construits à partir de la pierre blanche volcanique du Misti.
Quelles sont tes passions ?
Concernant mes passions, aujourd’hui je dirais l’entrepreneuriat social qui est arrivé sur le tard mais que je trouve être un monde fascinant, les voyages et les apprentissages auprès de cultures différentes, qui ont rythmé les dix dernières années de ma vie et qui me posent un vrai cas de conscience par rapport au fait que j’essaye au quotidien de réduire au maximum mon impact environnemental et qu’à travers Misti je souhaite promouvoir un mode de consommation plus respectueux. Arrêter de prendre l’avion est un cap que je n’ai pas encore franchi, mais je réfléchis actuellement à une façon de mieux voyager.
Pourquoi as-tu créé Misti ?
A mon retour en France, j’ai souhaité créer mon propre projet entrepreneurial. Je voulais me lancer dans cette aventure qui me paraissait alors être une montagne, partir de zéro et voir jusqu’où je pouvais aller. Je crois qu’au fond je ressentais un besoin de me confronter à mes propres contradictions pour apprendre à me connaitre et voir ce dont j’étais capable.
Je voulais évidemment créer un projet qui me tenait à cœur et qui était en accord avec mes valeurs et le milieu de la mode éthique s’est imposé de lui-même. Il y a tellement à faire avec tous ces produits fabriqués à l’autre bout du monde dans des conditions socialement très douteuses.
Il était impératif pour moi d’avoir un lieu de production européen et un artisan individuel, travaillant à son propre compte pour pouvoir garantir des conditions de travail saines et une rémunération juste. De plus, nous travaillons avec des friperies locales pour récupérer du tissu de seconde main et éviter ainsi la surconsommation de matière première.
Enfin, au-delà de la réduction de l’empreinte environnementale, je voulais profiter de ce projet pour apporter un vrai plus social. C’est pourquoi, je crée ou m’associe à des projets sociaux avec des associations (Bibliothèques Sans Frontières, SOS Villages d’Enfants, Autremonde, …) et reverse une partie de chaque vente en ligne au projet qui tient le plus à cœur à l’acheteur.
J’essaye, à ma petite échelle de promouvoir comme d’autres, une façon différente de consommer la mode.
Peux-tu nous parler des ces 2 modèles de casquettes?
Les deux casquettes font partie d’une collection spéciale produite en très petite quantité. Lors d’un voyage dans le Guatemala rural, j’ai eu l’occasion de rencontrer des artisanes guatémaltèques, tisseuses à la main de génération en génération et j’avoue ne pas avoir résisté à ramener quelques tissus dans mes bagages pour en faire 5 modèles uniques, dont certains sont déjà entièrement vendus.
Que prépares-tu pour la suite ?
La suite s’annonce enthousiasmante. De belles collabs, de nouveaux modèles en cours de production, peut-être même de nouveaux produits, mais je ne veux pas trop en dire tant que le prototypage n’est pas fini. Et puis de nouveaux partenariats pour la réalisations de projets sociaux qui devraient bientôt arriver puisque l’on vient tout juste de finir celui avec Bibliothèques Sans Frontières.
Merci Quentin, on te souhaite bonne chance pour la suite !!!
Idée look – s’inspirer du style Preppy, à la japonaise
Je dois vous l’avouer, je ne suis pas un grand amateur de casquettes, mais je voulais quand même tenter un look.
Le modèle brodé est très punchy et ses couleurs vives s’assemblent bien, je la verrais bien dans un look bien street ou simplement pour booster une tenue d’été à base de tee uni et short. Plus proche de mon style habituel, j’ai choisi ici le modèle indigo plus sobre. Le tissu a l’aspect rustique que j’aime et l’intégration de fils brillants rouges est tout à fait inattendu mais donne un ensemble parfaitement équilibré. Bravo aux tisserands guatémaltèques !
On retrouve dans cette tenue les pièces « smart » du vestiaire preppy : le blazer (ou veste sport pour les puristes du style sartorial), la chemise en oxford, le chino et les penny loafers. La tonalité décontractée est aussi un élément essentiel du genre avec l’utilisations de couleurs vives, de motifs. C’est ici que la casquette va accentuer cette nonchalance.
La réinterprétation japonaise est visible par les volumes amples mais surtout par le design des pièces. Nous avons ici un blazer réinterprété grâce au motif floral propre à Engineered Garments, une chemise en Oxford en patchwork façon boro de Kapital et des penny loafers par Yuketen qui propose une version chunky montée sur une volumineuse semelle en crêpe.
On connait l’amour que portent les créateurs nippons pour l’americana depuis les années 60. C’est fascinant de voir comment certains, comme Hiroki Nakamura ou Daiki Suzuki, semblent recréer avec poésie leur Amérique fantasmée.
Ainsi s’achève cet épisode de zoom. J’espère qu’il vous a donné envie de suivre cette petite marque de mode éthique à qui je souhaite un bel avenir !
N’oubliez pas de faire un tour sur son site !