Depuis quelques temps, j’essaie de penser un peu plus « édito » quand je prépare une tenue pour le blog, avec comme principale réflexion : de quel sujet je pourrais traiter avec. Sans forcer le style, sans faire du « juste pour la photo » mais simplement essayer qu’il y ait du fond. Et bien cette tenue, c’est tout l’inverse. Un dimanche mal réveillé, il y a quelques semaines, j’étais en retard pour rejoindre Julien et Solora pour un shooting et j’ai pris les premières fringues qui m’inspiraient. Au final, elle me plaisait et j’ai de quoi meubler un peu :p C’est ce qu’il y a de bien avec le style workwear / street héritage, il y a toujours matière à approfondir.
Des pièces militaires plus ou moins revisitées
On ne va pas refaire la chanson mais le vestiaire militaire (avec le workwear) est surement celui que l’on retrouve le plus, de près ou de loin, dans nos vêtements du quotidien. Quand il s’agit de faire de la reproduction de passionné, les japonais sont les numéros 1, avec un label en porte étendard comme The Real Mccoy ou bien Buzz Rickson ou même Orslow. Et il y a les plus créatifs, ceux qui vont partir du vêtement et le repenser. Cela peut aller de retravailler la coupe aux matières, couleurs et design.
Engineered Garments se pose dans cette catégorie, en allant parfois très loin, notamment avec des prints venus d’ailleurs. Là où leur ligne Workday est elle plus terre à terre et proche des designs d’origine. Les deux pièces EG que je porte ici sont des exemples sobres visuellement mais qui illustrent, dans les détails, le travail de Daiki Suzuki.
Si j’en porte souvent, je n’ai jamais senti le besoin d’approfondir mes connaissances en pièces militaires vintage, connaitre chaque détails, années, etc … Je suis quelqu’un qui marche au visuel, les couleurs, matières et formes me parlent plus. Pour t’éviter un article vide, j’ai un peu « googlisé » et cela a conforté tout le bien que je pensais de ce label.
La field jacket que je porte porte le nom éponyme de BDU jacket et tu vois, je pensais que c’était une reproduction pure et dure de la veste historique, que j’imaginais être une pièce des années post WWII … et bien non, Boras était à coté de la plaque, induit en erreur par le travail du designer justement. Je m’explique !
BDU pour Battle Dress Uniform, à opposer aux Fatigue qui sont les vêtements hors combat (parade, travail, cela dépend), est une « ligne » apparue au début des années 80 et qui a été le vêtement des corps de l’armée américaine jusque dans les années 2000. Je vais éviter de rentrer trop dans le détails, c’est un milieu qui fourmille d’annecdotes et je ne voudrais pas te raconter une connerie. D’autant plus que toi et moi n’en avons pas besoin pour appréhender la partie « mode » 🙂 Donc je reviens à nos moutons, c’étaient des uniformes en camouflage selon les corps / déploiements avec des matières plus « modernes », un rendu plus technique comparé à ce qui nous vient des deux grandes guerres jusqu’à la période Vietnam.
Et c’est ici où prend forme le travail de Daiki, il a apporté une vibe très vintage en utilisant un tissus Herringbone (tissage à chevrons) sur un coloris olive qui nous laisse plus l’impression de retourner à l’époque de nos grands-parents plutôt qu’à un entrainement pré-Irak sous l’ère Bush (père et fils ^^).
Les pièces Engineered Garments préservent le côté fonctionnel, essentiel dans l’équipement militaire. Beaucoup de poches, des pattes de serrage, des renforts ici et là avec une construction de haut niveau. Cela en fait un vêtement increvable. Les cyniques diront que pour aller travailler dans un bureau de toute façon… Mais bon, c’est bien de chercher l’excellence dans tous les domaines ^^
Pour le gilet, c’est un modèle dont on retrouve le nom de la pièce d’origine : C-1 Emergency Sustenance vest de l’U.S.A.A.F. C’est un équipement de l’armée américaine qui a vu le jour durant la Seconde Guerre Mondiale. Le premier gilet de survie produit et mis en service en 43. Plusieurs versions seront développées pour en améliorer la fonctionnalité et elles équiperont l’US Air Force jusqu’au Vietnam (en partie). Il se caractérise par un nombre de poches conséquent, 15 puis 16 pour être précis. Chacune d’elles était affectée à un objet précis. On en reparlera bientôt. L’autre caractéristique forte visuellement était les attaches à lacet dans le dos, qui lui était dégagé (surement pour le poids).
Et c’est ici que le travail de design et de réappropriation de Daiki est vraiment fort. Comme pour beaucoup de ses gilets workwear / militaire, il apporte une touche satorial, souvent avec la découpe du gilet sur le devant qui se termine en pointe comme un veston d’un trois-pièces. Parfois par la matière. Visuellement impactant, ce genre de détails permet aussi de détourner la pièce et de l’associer à des styles moins caractérisés (bon moi, je l’ai porté très premier degré). La matière ici joue aussi beaucoup avec un coton résistant mais fin, parfait pour faire du layering sous des outwear, même légers. Et puis, tu as peut être déjà compté, mais il n’y pas les 16 poches. Disons que le porte-flingue n’est pas vraiment utile, surtout en France ^^ Je ne suis pas un spécialiste de Engineered Garments mais c’est la seule version que j’ai vu sans la poche au niveau de la clavicule.
Tu l’as surement remarqué depuis plusieurs années (rappelle toi ici, si jeune haha) mais j’aime porter des gilets, on peut difficilement faire plus pratique et esthétiquement parlant, ça booste le layering d’une tenue !
Du cuir et du denim pour la touche workwear
Pour le bas, je suis parti sur mon jean tapered Phi. Denim dont le délavage a bien avancé. Moi l’amoureux de APC (enfin surtout de mon custom), une bonne toile japonaise bouge quand même différemment. Si toi comme moi sommes encore ici dans quelques années, il sera intéressant de voir à quoi il ressemble ! Tu peux garder un œil sur le compte Instagram, il y a quelques pics d’évolution.
Et j’en profite, il reste peu de jours mais ils ont lancé un Kickstarter pour un denim brut noir (noir sur noir). Il est franchement beau et les kimonos noirs utilisés pour la poche sont ouf. Je voulais faire plus de tenues à base de noir, il tombe à pic. Je te laisse jeter un œil : Phi. denim black raw project . Franchement, en précommande, le jean made in Japan pour une centaine d’euros, c’est un bon move 😉
En écrivant ces lignes, je me rends compte que j’ai aussi l’occasion de parler d’un autre petit projet qui me tient à cœur : les ceintures Sympa Bonnard. Je ne vais pas m’étaler car je te prépare un article complet avec une interview de son créateur. Une personnalité atypique, attachante et vraiment rafraichissante dans un paysage du vêtement francophone pourri par les entrepreneurs à la con qui n’ont pour passion, non pas le vêtement ou l’écolo-responsabilité, mais le fric qu’ils peuvent en tirer. Bref, c’est du made in Suisse, tout est traçable, un projet intègre de A à Z. Si tu veux une belle ceinture ou en offrir une, ça se passe chez Sympa BO.
Aux pieds, un classique du footwear du genre avec les Beacon boots de Sebago. C’est une paire abordable, qui a une couleur vraiment singulière qui se marie à merveille avec le denim ou des chinos de caractère (comme les Aros Heavy de Norse Projects par exemple). Je les porte peu mais c’est une paire que je n’enlèverai pas de mon vestiaire.
Une tenue à chiner en friperie (et « e-friperie »)
Nous voilà au bout de cet article « tenue du dimanche », il y avait finalement quelques trucs à raconter 🙂 Pour finir, j’ai parlé de Engineered Garments pour souligner le super boulot qu’ils font. Cela reste cependant plutôt inaccessible hors seconde main (bon tu as tous les sites connus pour fouiner et mon vide-dressing 🙂 ) mais ce n’est pas une finalité. En chinant en friperie et surtout sur le net (Etsy, eBay & co), tu peux trouver pas mal de pièces d’époque et en couplant avec des fringues actuelles, cela passera tout seul. Julien le fait très bien ou un collègue sur insta Simonmirz, qui passe du vintage sans paraitre déguisé pour la masse (même si on s’en fou en vrai 🙂 )
Et puis, petit teaser sur les prochains articles, Solora a sorti du très lourd, j’avais comme une envie de lui voler son manteau (j’ai hâte de lire son article juste pour sa présentation du label 🙂 ).
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