Alors que la France est frappée de plein de fouet par le coronavirus, annonçant de sombres semaines à venir, c’est sous un soleil que l’on avait presque oublié que j’écris ces lignes. Les photos ont été prises un mois plus tôt, à Bordeaux, près du quartier des Chartrons, où sont éparpillés antiquaires et brocantes. Un parfum de printemps qui allait d’ailleurs être de courte durée. Mais tu vois, c’est tout l’intérêt de ma lenteur à sortir mes articles puisque la tenue dont on va parler, est « météorologiquement » d’actualité ! le début du printemps, c’est une période stylistiquement intéressante puisque tu peux encore faire du layering et ne pas t’emmitoufler dans une parka fadasse et une grosse écharpe disgracieuse. Et quand on aime le style street heritage, on s’amuse forcément un peu plus.
Manteau long porté avec un hoodie, chino ou encore Doc Martens like, on n’est pas loin d’une tenue clichée bien tendance ces dernières années. Je m’en rends compte en écrivant cet article … À moi de te convaincre que c’est un peu plus subtil.
Layering, encore et toujours
Au final, c’est peut être la signature stylistique du blog : le layering. Anecdote, j’ai tapé « layering » dans Google pour voir un peu ce qu’il se disait sur les Internets. Alors avant tout, j’ai appris que c’était avant tout une technique de maquillage avec mille choses sur le sujet ! J’ai donc affiné ma requête : « layering style homme ». Et là, mes yeux ont saigné. En effet, de ce que j’ai rapidement lu et vu, on mélange les termes « layering » et « s’habille quand il fait froid » … Bon, loin de moi l’idée de juger mais c’est très éloigné de ce que l’on défend ici. Le volume, les jeux de longueurs, etc … Walou !
Et ça me chagrine de voir que ça sort en top recherche Google. La sainte parole appartient aux experts en SEO …
En attendant le lancement d’une série d’articles de « conseils » (ça me tue mais va falloir utiliser les mots clés « conseils en style masculin » si on veut avoir les faveurs de Google et voir notre travail toucher un peu plus de monde …), décrypter des tenues reste le meilleur moyen de mieux comprendre mon approche de cet « art ».
Manteau long en laine et sweat à capuche, classic shit
J’en parlais en introduction, c’est sûrement l’association la plus vue l’hiver chez les ados mais aussi les adultes qui bossent dans des domaines dits « à la cool ».
Et ce n’est ni bien ni mal. S’il y a bien un truc que je n’aime pas, c’est le discours un brin condescendant « Ah ouais nan, on voit ça partout, ça n’est pas pour moi », aaah ça me tend ! Il y a bien sûr toujours des exceptions (coucou les Stan Smith) mais j’aime penser que rien n’est interdit dans la sape.
Je préfère me dire qu’il faut se faire plaisir avec les vêtements et développer son œil.
Regarde, dans cette tenue, je n’ai pas l’impression de faire « comme tout le monde » et je ne me suis d’ailleurs même pas posé la question.
Je voulais un manteau long qui ne fasse pas pardessus de costume et avec du volume. Ce Harris Wharf London cochait toutes les cases : long, design minimaliste sans poche visible, bon revers, coupe sans cintrage et bonus, une texture canon. En effet, il est taillé dans un drap de laine pressée (à ne pas pas confondre avec la laine bouillie qui est de la maille). C’est chaud même sur une densité moyenne et c’est une spécialité de la marque anglaise.
On est donc loin du manteau long classique dit habillé que l’on voit partout.
Et pour le hoodie, pas besoin de taper dans le haut de gamme, GAP fait le job. Sorti il y a deux ou trois ans, c’est un coton bordeaux délavé et vieilli façon « damaged » si cher à Visvim. Cela donne un coloris peu courant et permet d’éviter les associations de couleurs « franches », trop souvent peu harmonieuses.
Avec du volume, pas de cintrage ou coupe ajustée à qui l’on attribue souvent, et à tord, un gage d’élégance (mais on y reviendra).
Engineered Garments Loiter jacket et son fit boxy
Si les choix du manteau et du hoodie m’éloignent d’une tenue clichée, ce qui va l’amener à un autre niveau, c’est la veste que je porte.
Je parlais de l’importance de jouer avec le volume mais aussi avec les longueurs dans un bon layering (cet article aussi). Typiquement, cette Loiter jacket de Engineered Garments vient apporter cette petite touche.
Avec subtilité.
Sa coupe est ce que l’on appelle boxy, c’est à dire qu’elle est relativement courte par rapport à sa largeur.
Ici, c’est parfait pour accompagner le hoodie et équilibrer la silhouette du manteau. Les poches plaquées et les épaules destructurées sont elles aussi des éléments importants dans ce rendu « relax ».
J’en ai peu parlé mais le motif inspiré des enluminures ottomanes fait écho au trois couleurs de la tenue : manteau, hoodie et donc chino.
Cette Loiter jacket fait office de liant chromatique.
(N.B : je le fais passer volontairement comme très « travaillé » alors que c’est un hasard total. Je portais ce combo le jour où j’ai reçu la veste de mon pote Rndmize. Je l’ai essayé et le reste appartient au hasard / talent, selon les sensibilités haha).
Volume & équilibre d’une silhouette
On a parlé layering et de l’importance d’y inclure la notion de volume pour faire une tenue bien chiadée. Un des points qui peut être difficile à appréhender quand on veut s’essayer à une silhouette plus relax, c’est le bas.
Parce que oui, passer à un pantalon plus ample quand on est habitué à de coupes proches du corps, C’est déconcertant !
Un chino large size-up
Pas de recette miracle ou astuce imparable, ce sont des détails que tu vas ressentir au fur et à mesure que tu vas manger de la tenue. Les guides et articles en conseil de style masculin te fileront des pistes, plus ou moins bonnes. Mais retiens que rien ne vaudra plus que de te cultiver ton œil.
Au final, je pense que c’est un peu comme la sensibilité artistique, elle se développe quand tu y consacres du temps et que tu te plonges dans des œuvres. Expo après expo.
Lire de la technique, c’est bien mais ça a ses limites. (Et perso, je n’ai jamais rien lu, cela n’existait pas quand j’ai commencé).
Dans mon cas, ce que j’aime, c’est avoir assez d’aisance pour que le pantalon tombe sur les hanches. Je size-up (je prends une ou plusieurs tailles au-dessus) mes chino et jeans pour obtenir ce rendu. Tu le remarqueras, la fourche tombe plus bas et cela permet d’équilibrer la longueur du haut.
On obtient alors une silhouette moins mono-bloc et plus fluide.
Enfin, j’ai fait un ourlet bien court car j’aime garder une ligne de jambe nette. De plus, c’est garant d’une certaine agressivité (dynamisme) dans ma dégaine. À la base, je l’avais pensé pour les beaux jours, 2 ou 3 cm en plus le rendraient plus polyvalent.
De plus, cela prend tout son sens en mouvement puisque ton pantalon large va vivre sur toi. Je parlais plus tôt d’une idée reçue qui me dérange : une tenue cintrée /. le semi-slim est gage d’élégance.
C’est faux et probablement la pire chose que j’ai pu lire dans les conseils en style masculin dans les nombreux guides en mode pour homme.
Un raccourci biaisé qui a d’ailleurs dû provoquer plus d’un cauchemar chez pas mal de mecs …
Les vêtements cintrés et ajustés peuvent avoir de la gueule mais ce sont sûrement ceux qui vont au moins grand nombre de morphologies … J’y reviendrai, mais comme on aimait le balancer sur les forums de geek de la sape : « free your balls » !
Tu verras que l’élégance va de paire avec le confort et que l’harmonie des formes n’est pas dans le boudinage. C’est même vite grossier.
Un preuve, dans le style sartorial, le classique, il n’est point question de coupe slim. Demandez-leurs ce qu’ils pensent des biens faits d’un Slimane dans le tailoring.
Une paire de chaussures massive
Il y a deux écoles avec les pantalons larges pour le choix des chaussures :
- massives : l’idée est d’avoir une paire qui assied la silhouette et ne se fait pas manger
- fines : le plus souvent une paire de sneakers comme des CT70, des Vans slip-on ou encore des running bien dynamiques comme Nikko avec ses New Balance 1500.
Tu l’as compris, j’ai opté pour une paire plutôt massive avec un ersatz de Doc Martens 1460. Bon, je te parle de paires imposantes en opposition à des derby mais cela reste relatif. Nous ne sommes pas sur des Red Wing Moc Toe.
Ces A.P.C ont une ligne moins pataude que l’originale venue d’Angleterre. Plus cohérent dans une silhouette style street heritage donc.
Pas d’extravagance sur les chaussettes.
Chercher le fameux « twist » (quel mot ridicule) par le biais de cet accessoire n’a jamais été mon truc. Purement subjectif, je trouve qu’une tenue qui a besoin de chaussettes qui attirent l’œil est très souvent ratée.
Pour ma part, je préfère la sobriété avec un peu plus de subtilité. J’aime les chaussettes grises anthracites, les plus polyvalentes pour ce que je propose. J’ai opté pour les laines mérinos de Sympa Bonnard. Pour la composition et le design, puis le confort, la respirabilité et la robustesse après des semaines à les porter.
Elles méritent bien une partie à elles seules alors go !
Bonus : les chaussettes en laine mérinos Sympa Bonnard
Je t’avais déjà parlé des produits Sympa Bonnard avec ce qu’il propose en cuir et notamment ses ceintures. Je t’en parlais déjà ici (et la porte encore sur la tenue haha). Alors quand Michael m’a proposé de tester ses chaussettes, j’étais aux anges. J’en avais déjà entendu du bien sur les forums, il m’a donné l’occasion d’en juger de mes propres yeux.
Et comme toujours, l’éthique de la marque est poussée à son maximum puisqu’il me demande de souligner que c’est un cadeau.
J’en profite par la même occasion pour rappeler la mienne : je n’accepte que très rarement des dotations et le cas échéant, il faut que j’ai un feeling avec le porteur du projet et / ou une vraie affinité avec la pièce.
Et du temps pour créer un édito sympa sinon aucun intérêt pour personne, le placement produit façon « influenceur Instagram », personne n’y tient hein !
Le mot du créateur
Pour parler du produit, je préfère laisser une nouvelle fois la parole à son créateur. Michael a le mot juste et je sais qu’il parle de son projet sans jouer les représentants :
Comme je l’ai expliqué dans le précédent billet, chaque produit Sympa Bonnard est un projet en soi, avec sa propre réflexion sur le design, les matériaux, le prix et l’éthique de production. Tout est une question de compromis.
Après avoir touché aux accessoires en cuir et en papier, je suis tombé sur l’un des derniers fabricants de chaussettes de Suisse (il travaille seul avec son chien). Après avoir littéralement traversé le pays pour m’entretenir avec lui, nous avons pu développer des chaussettes qui répondaient à mes désirs de douceur, de chaleur et de fabrication locale.
Notez qu’il convient de distinguer le tricot de la confection dans la fabrication d’une chaussette : certains fabricants tricotent en Suisse puis font coudre à l’étranger (car le travail humain est ce qui coûte le plus cher). Le fabricant dont je parle se charge de l’entier de la fabrication lui-même, ce qui est un point que je valorise dans le cadre de mon projet.
Anecdote amusante : il s’agit du fournisseur de chaussettes des gardes suisses du Vatican.
Depuis, mon offre s’est étoffée et je propose des chaussettes fines en soie/mérinos, des chaussettes épaisses en laine mérinos, ainsi que des mi-bas. Le tout en différents coloris.
Je porte mes New Balance toute l’année et les chaussettes épaisses m’ont particulièrement séduit pour le confort et la chaleur qu’elles offrent par temps froid. À tel point qu’il est difficile de revenir à des chaussettes en coton un fois qu’on y a goûté ! Dans le même ordre d’idée, c’est parce que je me déplace souvent à vélo que j’ai développé les Mi-bas Premium que je n’ai pas quittés cet hiver. Mais mes clients trouvent souvent d’autres utilisations : pour le fitness, pour le ski, pour traîner chez soi, etc.
Pour les chaussettes fines, j’ai choisi d’utiliser un fil de fabrication suisse en soie et laine mérinos. Pour les chaussettes épaisses, j’ai privilégié une laine mérinos technique, filée dans les pays de l’Est (Pologne, Roumanie, etc.). J’apprécie tellement ce fil que j’ai même choisi de développer mes bonnets avec !
Pour les férus de détails, voici les spécifications du fil 100 % mérinos :
- Pure laine vierge mérinos (21,5 µ) labellisée Woolmark (« certifiant une laine provenant de la tonte d’animaux sains et vivants, par opposition à la laine récupérée sur les toisons d’animaux abattus et à la laine recyclée »).
- Lavable en machine à 40°C.
- Non-nocif en termes d’écologie humaine (OekoTex Standard 100)
Notez que la chaussette ne se résume pas à sa laine : par souci de solidité et de maintien, il convient d’ajouter un fil en polyamide (fabriqué en Allemagne) et un fil en élasthanne (fabriqué en Suisse).
Si vous êtes nouveaux dans le domaine, je résumerais les avantages généraux des chaussettes en laine ainsi :
- Elles participent au maintien d’une température confortable aux pieds ; résultat, vous transpirez moins dedans que dans du coton.
- Elles sentent généralement mauvais moins vite ; personnellement, je peux généralement les porter 3 jours d’affilés sans qu’elles puent. Pratique pour les voyages.
Spécifiquement, pour les chaussettes Sympa Bonnard (mais pas exclusivement) :
- Elles offrent un toucher doux.
- Elles sont lavables sans prise de tête à 30°C avec le reste du linge.
Pour conclure, je suis très content de m’être lancé dans la chaussette Swiss made. Je peux proposer un prix relativement accessible, compte-tenu du lieu de fabrication et de la qualité des matériaux. Si les affaires tournent bien, je me réjouis d’investir prochainement dans de nouveaux coloris, de nouvelles formes et de nouvelles matières techniques.
Merci Michael pour ta passion et tes explications toujours aussi précises et dénuées de soupe marketing!
PS : moi je les ai testées plus de 10 jours en cumulé, en Paraboot et Salomon, pas une odeur ! Je transpire peu certes, mais c’est tout de même bluffant. Je les ai lavées avant qu’elles ne commencent à sentir, malgré la dizaine de ports.
Des photos d’intérieur
Et histoire de parler un peu en JPEG, je me suis essayé à quelques photos en intérieur.
Conclusion
Cette tenue d’entre-deux saisons m’a permis d’aborder avec toi quelques notions sur le layering et le volume dans une tenue. Volontairement, je suis passé sur d’autres points comme les associations de couleurs ou le choix des matières. Il y a un temps pour tout et je voulais garder l’article dans un format « court ».
Il me tenait à cœur de parler des chaussettes Sympa Bonnard en laine mérinos. Pièce et projet au top, j’aime soutenir ces micro-mouvements qui sont pour moi la bonne façon de développer un business : à taille humaine. Si tu souhaites te les procurer, ça se passe ici.
Pour finir, je vais bientôt te solliciter pour essayer de relancer le blog. Tu le sais peut-être, j’ai eu un coup dur perso en début d’année. De fait, je n’ai pas pu produire beaucoup de contenu sur ces derniers mois. Depuis, je n’arrive pas à redresser la barre coté audience. Dur d’exister quand on est un petit blog gratuit face à des mastodontes, qui se mettent en plus à aborder aussi nos sujets de prédilections depuis des années.
Je réfléchis à des solutions: évolution du contenu, évolutions techniques, trouver des moyens ou encore chercher l’expertise sur des sujets comme le SEO.
Pas de secret, je suis à un stade où je dois tout bousculer, sous risque de disparaitre.
On en reparle très vite.
Prends soin de tes proches et de toi 😉
+++