Aujourd’hui, j’ai envie de te parler un peu d’Hatski (il était temps), petite marque japonaise spécialisée dans le jean qui s’est rapidement imposée sur les fesses de Boras, les miennes et peut-être les vôtres.
Si Hatski aujourd’hui c’est plus qu’une gamme denim (avec récemment des chinos, fatigue pants ou encore des t-shirts), on va se concentrer pour le bien de cet article sur l’essentiel, l’ADN de la marque.
HATSKI, QU’EST-CE QUE C’EST ? (et pourquoi c’est cool)
Fondée en 2016 par les mecs du shop et blog Strato saro (leur sélection vaut le détour, tu peux retrouver leur insta ici. Le gérant, Makoto Fukuda, a également crée la marque Maillot), Hatski est un très jeune label qui puise son inspiration dans les vêtements du quotidien, qui a pour volonté de proposer du basique, des fringues de tous les jours.
(Je sais que pour l’instant ça ne fait pas rêver, mais ça va venir !)
Et quoi de plus quotidien que le jean ? que le coton ? quoi de plus basique que le jean brut ? Le denim est à l’honneur dès le lancement de la marque, au printemps 2016, avec deux jeans et une veste.
« Hatski » c’est le diminutif de Hatsuki, le mois d’août en japonais, nom choisi pour faire écho aux couleurs estivales de la nature, du ciel et de la mer. Des couleurs qui sont justement propres à la teinture à l’indigo, caractéristiques du denim brut. Porter un jean Hatski ce serait donc en quelque sorte comme porter l’été sur soi, opérer le lien par le vêtement entre la nature et l’homme. S’habiller pour mieux habiter le monde.
Si l’on laisse de côté un temps le discours marketing et ses belles métaphores et que l’on se concentre sur la réalité concrète des sapes proposées par la marque, il faut bien admettre que les mecs savent ce qu’ils font.
UNE CONFECTION MADE IN JAPAN DANS LES REGLES DE L’ART
Montage d’une poche arrière.
UN PEU D’HISTOIRE
L’essor du jean au Japon débute à la fin des années 60 avec les mouvances contestataires de l’époque calqués sur les mouvements américains (hippie notamment). Porter le jean va devenir un symbole fort face au conformisme incarné par les partisans du style Ivy League, style qui fut lui même considéré comme antisystème quelques années auparavant.
Le cycle de la mode !
Les artisans japonais apprennent à confectionner du jean à partir des modèles emblématiques de Levi’s, Lee et Wrangler, mais les copies font pale figure face aux originaux. Faute de savoir-faire, les japonais vont alors devoir importer tous les éléments nécessaires à la fabrication des jeans, ainsi que modifier leurs machines jusqu’alors incapables de traverser la toile épaisse du denim américain. Ce n’est qu’au début des années 70 que la production japonaise va vraiment naître avec l’explosion de la demande.
Le jean s’imposera finalement au japon à la fin des années 70 comme un basique essentiel à toute garde robe, masculine comme féminine. (Ici n’est pas le lieu pour te retracer toute l’histoire, d’autres l’ont déjà très bien fait, alors si cela t’intéresse je t’invite à poursuivre la lecture avec cet article très complet d’Heddels sur les « Big five » d’Osaka. Le chapitre consacré au jean du livre Ametora de W. David Marx est également un bon point de départ).
HATSKI, UNE MARQUE EMERGENTE DANS LE PAYSAGE DU JEAN JAPONAIS
Retiens seulement que l’atelier qui fournit la marque et monte ses jeans est celui de la ville de Kurashiki (Kojima) située dans la préfecture d’Okayama, l’un des berceaux du denim japonais. On compte là bas plus de quarante marques de jeans, des labels « de puriste » acteurs de la naissance du denim haut de gamme au japon comme Momotaro, mais également des marques émergentes. C’est là bas que continue de se transmettre le savoir faire japonais, considéré aujourd’hui comme le meilleur au monde.
Hatski s’inscrit pleinement dans ce mouvement et vient puiser dans cet héritage national afin de mettre en œuvre son approche moderne du jean.
Les toiles selvedge sont lentement tissées avec des mélanges de coton de provenances multiples. Cela donne ainsi un résultat unique, une toile toute en nuances de bleus, alors que la trame blanche ressort irrégulièrement.
Les jeans sont ensuite montés et les détails (boutonnière…) terminés à la main, dans ce qui pourrait se rapprocher le plus de ce que l’on appelle la « slow fashion » aujourd’hui. Voila où commence le propos d’Hatski, la recherche de la meilleure qualité, mais « pour tous les jours ».
Une marque de basique qui transcende le basique.
L’ESSENCE DU JEAN : MINIMALISME ET CONFORT
Dans la même veine qu’une marque telle que Yaeca, Hatski c’est avant tout l’éloge de la simplicité.
Le style et la construction prennent le parti de l’épure. Ici pas de finitions ou de détails « de puriste ». Il ne s’agit pas de reproduire un levi’s 501 des années 50 et son leg twist comme chez TCB, ni de pousser la fabrication du jean à l’extravagance comme on peut le faire chez Naked&Famous. Les finitions sont simples et sans fioritures : rivets cachés là où c’est nécessaire, patch en cuir, coutures à la main, point de chaînette à l’Union Special. Mais ce sera à toi de couper les fils qui dépassent, car les Japonais s’en foutent un peu.
Un jean reste un jean, quelque chose qui relève de l’utilitaire, et peu importe son prix. Mais c’est également un peu plus que cela. Car Hatski c’est une certaine conception du vêtement, celui qui s’oublie et qui laisse place à sa fonction première, mais sans compromis.
Les jeans sont uniquement proposés en « One wash« , lavés une fois avant d’être vendus et tout de suite confortables. Il n’y a donc pas cette impression, authentique sans doute, de porter du carton tous les jours ou de se dire à chaque mouvement de jambe : « il faut que je le fasse ce jean, ça ira mieux après ».
Et on va le voir, les coupes sont la clé de voûte de la démarche, ce qui rend le tout cohérent. Car Hatski c’est une philosophie du confort qui a comme point de départ le style.
DE L’IMPORTANCE DE LA COUPE : LA MAÎTRISE DU LOOSE À LA JAPONAISE
On arrive enfin au nerf de la guerre, ce qui a motivé en premier lieu l’écriture de cet article.
Matière, confection, qualité, tout ça c’est très bien, mais cela ne vaudrait rien sans une forme travaillée et réussie, sans une réflexion poussée sur la coupe.
Et c’est justement par les coupes que la marque se différencie si nettement de notre offre européenne.
Si la vision d’Hatski est de proposer du basique de grande qualité, on ne parle pas pour autant de basique à la française, pas de casual-chic qui colle aux mollets. La marque vend du casual adapté à toutes les morphologies (Bon, c’est mieux si vous êtes asiatique) et qui a véritablement quelque chose de singulier à dire.
Le label propose quatre coupes pour ses jeans, dont trois sont représentées ici :
Il faut ajouter à cela la coupe wide tapered, a mi chemin entre la straight et la loose tapered.
Subjectivement, ces coupes à la japonaise sont peut être celles qui se rapprochent le plus des coupes idéales. Ici pas de syndrome de jean trop petit en vue. Confortables à la taille et aux hanches, le taper (ou la conicité en bon françois) est plus ou moins prononcé selon ton choix, ta morpho, le rendu que tu souhaites obtenir.
Coupés courts, ces jeans sont parfaits pour obtenir un tombé dynamique et une ligne de jambe très propre, sans pour autant sacrifier l’ampleur au passage. Au final, une silhouette étagée, loose ou wide, racée et loin de l’effet sac.
Enfin, les coupes tapered d’Hatski sont particulièrement propices au size-up, l’ampleur aux cuisses et la taille haute permettent une grande marge de manœuvre et de véritablement porter ton jean comme tu le veux.
En somme, des coupes parfaites pour le style street heritage défendu sur le blog.
LE PROBLÈME DE LA LONGUEUR OU COMMENT S’ÉMANCIPER DES MESURES
Il me reste un dernier point à aborder, Hatski est une marque japonaise pensée avant tout pour les japonais. Si vous relevez comme moi de l’asperge européenne, il est très probable que la longueur soit un problème, en théorie.
Car comme tu le sais probablement, la longueur totale d’un jean a finalement assez peu d’importance quand tu t’appropries sa coupe.
Impossible en revanche pour moi de le porter taille haute, comme les mecs d’Hatski l’ont conçu. Mais si ton physique est celui du mannequin du namu-shop, tu as sûrement l’une des coupes les plus polyvalentes qui soient entre les mains.
Dernier cas de figure : tu ne rentres pas dedans. Malheureusement, il est tout à fait possible que tu sois rejeté avec véhémence par le guide des tailles. Ce dernier s’arrête en effet entre les tailles 33 et 34 US. Si tel est ton cas, je suis désolé !
LE MOT DE LA FIN
En résumé :
- Hatski est une marque qui vend du jean basique à la japonaise, une vision très différente de la notre qui met en avant le minimalisme et la qualité au quotidien.
- Une offre à la confection haut de gamme et made in Japan.
- Du denim brut, du washed, de l’écru, et même du bleach (rare dans l’offre de jean japonaise)
- Aux coupes confortables qui explorent le spectre de l’ampleur et qui boost ta silhouette.
Mais Hatski c’est également :
- Un bon gros tarif en France… (A partir de 220 euros le jean).
- Des jeans pensés pour la morphologie des japonais et qui n’iront pas à tout le monde.
Malheureusement peu distribuée ici, tu peux quand même trouver quelques modèles de la marque, notamment le loose tapered en illustration de cet article chez Rendez-vous store qui comme toujours propose une sélection dingue ou encore chez Royal cheese.
Si après tout ça, tu trouves peut-être encore que c’est un peu trop cher « pour un jean », n’oublie pas que le travail de la coupe se paye et que les japonais sont bien les meilleurs en la matière. (Sinon, comme toujours, la seconde main est une très bonne solution, Vinted ou rakuten.jp sont tes meilleurs amis).
Enfin, peut-être que tu as dévoré des yeux ces jeans trop petits pour toi. Si c’est le cas, attend encore un peu on a quelque chose qui arrive ;).