Aujourd’hui nous allons parler de pantalons portés à la taille naturelle, aussi souvent appelés, à tord, pantalons taille haute. Mais avant ça, laissez moi vous raconter une histoire.
Je suis né au milieu des années 80. J’ai donc grandi dans les années 80 et 90. En 2000, je rentrais au lycée. La mode d’alors, pour un certain nombre de jeunes, était au look skateur / grunge, avec ses vêtements hyper larges et ses pantalons baggy. Et c’était de baggys, de gros sweats à capuche (et de piercings) que j’étais vêtu. Quel confort !
En 2004, j’entrais à l’université. Le changement d’âge, de milieu, et l’envie d’être pris au sérieux par mes professeurs m’ont amené à abandonner mes pantalons baggy (et mes piercing, et mes chaussures de skate…) au profit d’un style initialement un peu quelconque composé de blazers noirs en polyplastique, de chemises de fast fashion à bas prix et de jeans de marques bien connues aux délavages discutables.
Puis mon style c’est petit à petit affiné, à force de lectures sur les fora anglo-saxons tels que Styleforum ou Askandy, ou encore chez nous le très recommandable Depiedencap ; nous sommes alors au milieu des années 2000. Les sections Classic Menswear avaient ma préférence, avec leurs abondantes photographies de costumes magnifiques et de tenues ivy à la fois décontractées et pleines de panache.
Bien que j’ai fini par me constituer une garde robe honnête dont j’étais plutôt satisfait, une chose me dérangeait : je ne me sentais bien dans aucun de mes pantalons. Qu’importe le type de pantalon, qu’importe le budget, qu’importe la matière de la toile. Je n’étais satisfait ni du rendu visuel, ni du confort. Et j’en venais à sérieusement regretter mes baggys d’adolescent.
Cette insatisfaction a duré plus d’une décennie. Ce n’était pourtant pas faute d’en avoir essayer, des pantalons ! D’ailleurs, le gros de mon budget habillement leur était consacré ; sitôt achetés, sitôt déçu, sitôt revendus ou donnés à des associations. La mode n’arrangeait rien : les coupes rétrécissaient au fur et à mesure que moi, je prenais du poids.
Un jour, je commandais un chino Bills Khakis, marque plébiscitée pour sa qualité sur les fora américains, que je payais au prix fort, avec frais de port et de douane. Et ce fut une révélation ! La coupe de ce chino me rappelait celle des pantalons d’Indiana Jones, ce qui n’était pas pour me déplaire. Et surtout, quel confort ! Mais quelle était la différence entre ce chino et mes autres pantalons ? La réponse était simple : mon Bills avait une taille bien plus haute, qui m’arrivait au nombril. Il se portait à la taille naturelle.
Taille naturelle, taille haute, c’est quoi au juste ?
Avant de débuter, une précision sémantique s’impose. Il faudrait normalement distinguer la taille naturelle de la taille haute. En effet, la taille naturelle désigne la partie la plus fine du buste (en théorie, car si un homme présente un fort embonpoint, alors ce ne sera plus le cas). Elle se situe au dessus des os iliaques (les os du bassin), approximativement au niveau du nombril ou légèrement en dessous. La taille haute désigne quant à elle tout ce qui se trouve au dessus de cette taille naturelle, et la taille basse tout ce qui se situe en dessous.
Aujourd’hui, la plupart des boutiques qui proposent des pantalons à taille haute vendent en réalité des pantalons à taille naturelle, voir même à taille naturelle basse. Et la plupart des pantalons présents aujourd’hui sur le marché (et très certainement dans votre penderie) sont des pantalons à taille basse, même s’ils ne sont pas vendus comme tels.
Si l’on regarde l’histoire du pantalon sur ces cent dernières années, alors on s’aperçoit que l’usage est d’avantage à la taille haute et à la taille naturelle qu’à la taille basse.
Petit retour en arrière
Les années 2000 et l’omniprésence des tailles basses
En fait, jusqu’au début des années 2000, la plupart des pantalons vendus dans le prêt-à-porté étaient encore des pantalons à taille naturelle. Pour vous en convaincre, il suffit de regarder n’importe quelle série télévisée des années 90 (d’ailleurs je vous conseille de voir ou revoir X Files, une série pour laquelle j’ai gardé beaucoup de tendresse, et qui n’a pas tant vieilli, si on excepte le délicieux : « Je vais appeler Internet », prononcé par l’agent Scully en VF dans l’épisode Meutre sur Internet).
Mais les choses on changé au début des années 2000 : le style Slimane à initié les coupes slim et les tailles basses, d’ailleurs en réaction aux excès de la mode des années 80 et 90. L’industrie lui a massivement emboité le pas, pour le meilleur (des coupes plus travaillées, une hausse de la qualité générale) comme pour le pire (des coupes inadaptées à beaucoup de personnes, des vêtements inconfortables, des cols de chemises et des revers de vestes anorexiques, etc.). Il était devenu impossible, quelques années après, de trouver le moindre pantalon à taille naturelle dans le prêt-à-porter. C’était devenu ringard.
On mesure d’ailleurs mal à quel point la taille des pantalons a baissé ces vingt dernières années. À titre de comparaison, un chino Uniqlo coupe slim, le modèle le plus populaire de la marque, possède une demi-fourche avant de 24,5 cm pour une taille 34. La demi-fourche avant désigne la mesure allant de la couture de l’entrejambe jusqu’à la ceinture sur l’avant du pantalon. Pour une taille équivalente, mon chino des années 50 possède une demi-fourche avant de 34,5 cm ! 10 cm de différence, c’est juste énorme !
Un retour en grâce ?
Le style Slimane était une réaction aux exagérations de la mode des années 80 et 90. En ce qui concerne le pantalon, le style Slimane faisait figure d’exception historique, car jamais jusqu’alors les tailles n’avaient été aussi basses.
Comme la mode est un éternel recommencement, on assiste aujourd’hui à un retour du ample et des tailles hautes. On l’observe par exemple chez des créateurs comme Christophe Lemaire.
On trouve également de plus en plus souvent des tenues intégrant des pantalons à tailles hautes sur les blogs et les réseaux sociaux. Certains, comme Bruce Boyer, ne les ont jamais abandonnés. D’autres, comme Shuhei Nishiguchi, contribuent à redonner aux pantalons taille haute une belle visibilité. Le regain d’intérêts ces dernières années pour l’art et le style sartorial n’est pas non plus étranger au phénomène.
Le pantalon taille haute semble connaître un véritable retour en grâce. Cependant, ce retour s’observe pour l’instant bien d’avantage sur les podiums et les réseaux sociaux que dans les magasins. Trouver un pantalon à taille naturel dans le commerce demeure compliqué.
Pourquoi je ne porte que des pantalons à la taille naturelle
Une autre façon de penser la silhouette
La première raison qui me fait aimer les pantalons portés à la taille naturelle est d’ordre esthétique. Je trouve sincèrement que la taille naturelle offre une division en deux plus harmonieuse de la silhouette, qu’elle permet d’ailleurs d’élancer. Visuellement, elle allonge les jambes, et permet ainsi à son porteur de paraître plus grand, ou moins petit et tassé selon les cas.
Aujourd’hui, cette division de la silhouette, qui semble être tout en jambes, peut paraître curieuse. Après deux décennies de tailles basses, notre œil n’est simplement plus habitué.
Peut-être avez-vous lu ici ou là que pour avoir une silhouette optimale le buste et les jambes devraient être de longueurs égales, et qu’ainsi taille naturelle serait à déconseiller aux personnes de grande taille. Selon moi, cette affirmation est parfaitement fausse ; elle ne repose sur rien, et on ne la trouve à ma connaissance dans aucun traité de tailleur. Pour moi, la taille naturelle convient à toutes les morphologies.
Connaissez-vous le nombre d’or ? En géométrie, le nombre d’or désigne une proportion, telle que :(a+b) / a = a / b ≈ 1,618
Dans le domaine des arts, et notamment en architecture, ce rapport de proportion est jugé comme étant le plus esthétique. Par curiosité, je me suis amusé à calculer la hauteur idéale de mon pantalon à partir du nombre d’or : a désigne le bas de ma silhouette, et b le haut. a+b = 173 cm, soit ma taille. Pour déterminer la hauteur du bas de ma silhouette, je pose l’équation : 173 / a = 1,618 a = 173 / 1,618 = 106,922 Autrement dit, le bas de ma silhouette devrait mesurer environ 107 cm. En mesurant 107 cm de hauteur depuis le sol, je tombe sur… mon nombril ! La nature est bien faite quand même ! Attention, je ne dis pas que vous devriez faire des mathématiques pour choisir vos vêtements ! Mais je trouve l’expérience intéressante et amusante. |
Ce que j’aime également avec les pantalons portés à la taille naturelle, c’est qu’ils affinent visuellement la silhouette. Cela est fort utile si, comme moi, vous avez du gras à ce niveau là (et ce malgré les nombreux rounds de corde à sauter à la salle de boxe qui n’ont pas suffit, même s’ils ont permis de limiter un peu les dégâts). Personnellement, j’ai toujours trouvé les pantalons taille basse désastreux pour les morphologies comme la mienne, avec de l’embonpoint. Avec une taille basse, le ventre se place au dessus de la ceinture du pantalon, sur laquelle il vient appuyer ; il semble déborder des vêtements. Dans les cas les plus extrêmes, la silhouette semble ne plus se résumer qu’à un ventre fiché sur des jambes trop courtes. Pour moi, cet effet a longtemps été un objet de complexes.
Avec une taille naturelle, le pantalon recouvre partiellement le ventre. Comme une partie du ventre se trouve dissimulée à l’intérieur du pantalon, cela donne visuellement l’impression d’en avoir moins ! De plus, comme la taille naturelle est (théoriquement) plus étroite que les hanches, un pantalon porté à la taille naturelle aura un tour de ceinture plus petit qu’un pantalon porté sur les hanches. Un moyen simple, donc, de perdre quelques centimètres de tour de taille ! Mais le pantalon porté à la taille naturel n’est pas que flatteur pour la silhouette, il est aussi très confortable !
Le confort avant tout !
S’il est un point sur lequel ma vision du vêtement à beaucoup évolué ces dernières années, c’est celui du confort.
Pendant longtemps, j’ai porté des vêtements extrêmement inconfortables. Et je pensais que cet inconfort était le prix normal à payer pour avoir des vêtements coupés au millimètre, sans aucun surplus de matière. Je me souviens notamment de mon premier jean brut, un APC rescue, qui m’a valu des maux de dos terribles !
Aujourd’hui, je suis convaincu qu’il est impossible d’être stylé ou élégant dans des vêtements dans lesquels on se sent mal, et que l’élégance résulte de la rencontre du beau avec le pratique. Je redoute moins les coupes larges qu’auparavant. Et j’apprécie de plus en plus les drapés qui résultent d’un surplus de tissu, et les mouvements ainsi que le tombé d’un vêtement qui ne colle pas à la peau.
Désormais, le confort est pour moi un critère déterminant. Et les pantalons portés à la taille naturelle sont extrêmement confortables. Observez les pantalons de treillis des militaires, les shorts des boxeurs ou les largeots des compagnons du devoir. Les pantalons destinés à avoir du confort et à apporter de l’aisance de mouvement sont toujours portés à la taille naturelle, si ce n’est taille haute.
Une des mesures déterminantes pour le confort d’un pantalon est celle de la demi-fourche arrière. La demi-fourche arrière désigne la mesure allant de la couture de l’entrejambe jusqu’à la ceinture sur l’arrière du pantalon. D’ailleurs, il est regrettable que cette mesure n’apparaisse pratiquement jamais dans les tableaux de taille des marques, à l’exception parfois des marques de vêtements à usage professionnel. Un pantalon porté à la taille naturelle possède, du fait de son montant plus important, une demi-fourche arrière plus longue. Et cela présente, comme nous allons le voir, bien des avantages.
Stop au sourire du plombier !
La dernière fois que j’étais dans un bar, je prêtais attention comme j’aime à le faire aux gens et à leurs tenues. Et je faisais, encore et toujours, le même constat : je pouvais voir les sous vêtements ou la raie de TOUS les hommes assis présents dans la salle (et même de certains, pourtant debout). De manière générale, je ne compte plus les culs de ceux qui ont le malheur de se pencher pour refaire un lacet, ni de ces bons pères de famille qui s’accroupissent pour moucher le nez de leur progéniture.
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, la première chose que j’attends d’un pantalon, c’est au minimum qu’il me couvre les fesses. Et force est d’admettre que la plupart des pantalons vendus aujourd’hui échouent à remplir cette simple tache, à cause d’une demi-fourche arrière trop courte, souvent doublée d’une pointe quasiment inexistante. Il n’y a simplement pas assez de tissu pour faire entièrement le tour des fesses, ni pour en supporter les déformations en position assise ou accroupie. Hors, je vois difficilement comment il est possible d’être stylé, élégant ou confortable lorsqu’on a incessamment le cul à l’air de manière parfaitement involontaire. Et, personnellement, je veux pouvoir refaire mes lacets sans pour autant perdre ma dignité.
Mais je dois être honnête avec vous : je dois bien reconnaître que je n’ai pas non plus un physique facile à habiller. Sans être vraiment petit, je ne suis pas non plus bien grand du haut de mes 1,73m. Et je suis plutôt trapu. Mon poids varie entre 87 et 90 kg, j’ai les hanches aussi larges que les épaules, épaules qui sont elles-mêmes plutôt larges pour ma taille (la plupart de mes vestes sont en taille 52, et parfois la taille 52 est encore un peu étroite). J’ai le postérieur bien développé, les cuisses larges (68 cm de tour de cuisse) et les mollets musclés. La plupart des vêtements dans le prêt-à-porter sont toujours trop étroits et trop longs à la fois pour moi. Et la plupart des pantalons actuels sont tout simplement inadaptés à ma morphologie.
Avec mes anciens pantalons, un autre problème se posait : ma chemise sortait incessamment du pantalon dès que je m’asseyais, que je me penchais ou que je levais les bras. À chaque fois, toute la tenue était à reconstruire. Et, en tant qu’enseignant, il est pénible de se retrouver débraillé devant une classe de 35 adolescents dès que l’on se retrouve à écrire en haut du tableau. Bien souvent, lorsque la chemise sort de manière intempestive du pantalon, on blâme la chemise. À tort ; d’ailleurs, mes chemises sont extrêmement longues : elles m’arrivent largement en dessous des fesses ! D’expérience, je peux vous garantir que le vrai coupable, c’est bien souvent le pantalon.
Depuis que je porte des pantalons à la taille naturelle, ma tenue ne fout plus le camp à la première occasion. Je peux m’asseoir sans que la ceinture de mon pantalon ne bascule sous mes fesses et ne tiraille de manière désagréable, et je peux me pencher sans exposer mon cul au moindre courant d’air. En fait, je peux simplement bouger naturellement, sans avoir à penser à ma tenue. Et finalement, c’est aussi ça, le confort : pouvoir oublier ses vêtements et agir naturellement.
Alors le pantalon taille haute serait-il le pantalon parfait ? Et bien là encore, je me dois d’être honnête avec vous : pour se sentir pleinement à l’aise dans un pantalon qui arrive à la taille naturelle, il faut que le tour de taille ne soit pas trop approximatif. Trop large, et le pantalon aura tendance à glisser jusqu’aux hanches. Trop serrée, et la détente du ventre en position assise entraînera une sensation d’étranglement. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de pantalons taille haute possèdent des ceintures ajustables, au moyen par exemple d’ajusteurs latéraux ou de points de boutonnages différents. Dans l’absolu, la solution la plus confortable reste celle des bretelles, qui permet de maintenir le pantalon à la bonne hauteur, tout en ayant une ceinture suffisamment large pour ne pas comprimer le ventre.
La pantalon taille haute, le pantalon des héros !
Enfin, il y a une dernier élément, plus personnel et moins rationnel, qui me fait aimer les pantalons portés à la taille naturelle : se sont ces figures de fiction que j’admire depuis l’enfance, aux aventures trépidantes et au pouvoir de séduction certain, auxquelles je souhaitais secrètement ressembler, qui peuplent mon imaginaire vestimentaire. Si je regarde ces sources d’inspiration, alors je m’aperçois que les pantalons avec un montant généreux ne sont jamais loin :
Quelque part, le pantalon porté à la taille naturel est un vêtement qui dialogue avec mon imaginaire et mes souvenirs, et c’est aussi pour ça que je l’aime tant.
Comment intégrer un pantalon porté à la taille naturelle dans une tenue ?
Pour moi, la réponse est simple : le pantalon porté à la taille naturelle s’intègre dans n’importe quelle tenue. La hauteur du pantalon n’a aucune importance, seul compte son style. Voici deux exemples de tenues, dans deux registres différents.
Tenue de travail
Cette première tenue est une tenue très simple et sans prétention aucune, pratique et que je porte souvent au boulot. Ici, le pantalon vient de chez Luxire. Luxire est une marque indienne qui fabrique des chemises et des pantalons en demi-mesure. Sa force, c’est de proposer de nombreuses options de coupes, de finitions et de tissus, cotons et laines, dont une sélection issues de draperies anglaises et italiennes reconnues (Brisbane Moss, Vitale Barberis Canonico, etc.), le tout à un prix qui demeure accessible. Par ailleurs, l’entreprise se veut vertueuse quant aux conditions de travail et aux salaires de ses ouvriers.
Il s’agit du quatrième pantalon que j’ai fait réaliser chez eux. À chaque nouvelle commande, j’essaie d’améliorer la coupe, en changeant quelques mesures ici et là. Je ne pense pas être encore arrivé au meilleurs résultat, mais je commence à être satisfait du rendu et du confort. Le pantalon est un pantalon en coton, à pinces doubles et revers. J’avoue apprécier de plus en plus les pinces. Elles apportent un supplément de tissu et de confort non négligeable. La ceinture est à fermeture D-Ring. Cette ceinture est partiellement ajustable, car elle peut se boutonner à deux tailles différentes.
La demi-fourche avant mesure 31 cm, et la demi-fourche arrière 46 cm, pour un tour de ceinture de 45 cm (soit l’équivalent d’une taille américaine 34). Il s’agit donc bien d’une taille naturelle et non d’une taille haute.
L’ouverture au bas de la jambe mesure 23 cm. J’ai fait des essais auparavant avec des ouvertures plus étroites : 20, 21, 22 cm. Mais, avec une ouverture de jambe plus étroite, le contraste entre, d’une part, mes hanches et mes cuisses très larges, et, d’autre part, la cheville très fine, n’est pas très heureux. Cela crée un effet culotte de cheval, et ma silhouette ressemble alors à celle d’une quille. De plus, avec une ouverture vraiment étroite, inférieure à 21 ou 21,5 cm environ, je ne peux même pas retrousser mon pantalon pour enfiler mes chaussettes, et la jambe du pantalon coince au niveau du mollet, ce qui en affecte le tombé.
Je porte ce pantalon avec un pull en laine mérinos à col cheminé de chez Charles Tyrwhitt, une marque que j’apprécie pour son classicisme, son bon rapport qualité / prix et son grand choix de tailles et de coupes. C’est d’ailleurs une marque très intéressante pour ceux dont les mensurations sortent des standards du prêt-à-porter.
La veste est une veste Crombie, chinée en friperie pour la modique somme de 20€. D’ailleurs, une grande partie de ma garde robe provient de friperies et de surplus militaires. L’achat en friperie reste le meilleur moyen d’accéder à de très beaux vêtements pour un prix souvent dérisoire. Cette veste est très rigide, avec un drap épais et une coupe droite. Elle apporte à la fois de la structure et beaucoup de texture à la tenue, qui vient contrebalancer l’aspect très lisse du pull et de la toile du pantalon, qui, puisqu’elle est en coton, froisse d’ailleurs facilement. Détail amusant, les boutons étaient cousus complètement sur le bord du pan droit ; sans doute l’ancien propriétaire avait-il du mal a fermer la veste, et avait donc déplacé les boutons. Je les ai décousus, et replacés à très exactement 5 cm du bord.
Aux pieds, je porte une paire de bottine Bexley. C’est une paire que j’ai beaucoup portée, et je dois bien admettre qu’elle a assez mal vieilli. Si la semelle est encore impeccable, le cuir s’est beaucoup affaissé et présente des plis épais et importants. Mais avec un bon coup de cirage et un glaçage sur le bout, elles font encore partiellement illusion.
Tenue de voyage
La seconde tenue est celle que je portais lors de mon récent voyage à la Nouvelle Orléans. Je voulais quelque chose d’avant tout pratique et confortable, capable d’endurer les longues heures de marche et les nombreuses visites, la météo locale et ses caprices, et les restaurants et leurs excellents plats (la Nouvelle Orléans est réputée, à juste titre, pour sa cuisine) mais beaucoup trop copieux.
En ce qui concerne le pantalon, il s’agit d’un pantalon chino de la Légion étrangère, produit dans les années 50. Il possède des pinces doubles, et des poches arrières boutonnées à rabat. La toile en twill de coton est extrêmement épaisse, et les finitions sont rustiques et solides comme on est en droit de l’attendre d’un vêtement militaire. La coupe est large, et, de fait, extrêmement confortable. La demi fourche avant mesure 34,5 cm, la demi fourche arrière 49 cm. L’ouverture de la jambe est de 23,5 cm.
Qui dit voyage, dit besoin de poches pour transporter tout un tas de choses. C’est la raison pour laquelle j’ai opté pour ma saharienne Cadot. J’aime beaucoup les sahariennes, et l’imaginaire d’aventures qu’elles véhiculent. C’est d’ailleurs un vêtement qu’affectionne le James Bond joué par Roger Moore. La saharienne, c’est un peu un de mes vêtements fétiches, que je porte depuis des années avec toujours autant de plaisir. Et je dois avouer que ce modèle acheté récemment chez Cadot me plaît particulièrement. La coupe est droite, ce qui me convient mieux ; un cordon de serrage permet de venir cintrer la veste si on le souhaite. La toile de coton, absolument magnifique, vient de chez Brisbane Moss. Elle est assez rigide, et il faut quelques ports pour la casser. Quant à la couleur, je trouve ce khaki absolument parfait, assez polyvalent pour être facile à assortir, et assez profond pour être intéressant en lui-même.
Parfois, j’échangeais ma saharienne pour une veste F1, achetée en surplus militaire. C’est là aussi un vêtement pratique, rustique et solide.
En plus des poches de ma saharienne, un sac n’était pas de trop, pour y fourrer ma gourde en acier, les plans de la ville, et les achats et trouvailles divers. J’ai pris ma vieille musette en canevas, que je me suis procurée il y a quelques années, également en surplus.
Pour les chemises, j’ai choisi ce qu’il y de plus polyvalent (je ne voulais pas me risquer à dépasser la limite de poids des bagages). J’ai donc pris avec moi quatre chemises bleues en oxford à col boutonné de chez Uniqlo. J’aime bien les OCBD de chez Uniqlo. Les manches sont trop longues pour moi, comme souvent, mais je m’en moque ! Au pire, je les retrousse ou je les boutonne au deuxième bouton.
En ce qui concerne la montre, je voulais quelque chose de robuste et qui ne craigne pas l’eau. J’aurais pu prendre ma Casio G-Shock DW-5600E, ou ma Vostok Amphibia. J’ai finalement opté pour ma très classique Seiko SKX007, qui passe tout aussi bien dans une tenue décontractée que dans une tenue plus habillée.
Pour les chaussures, elles devaient me permette de marcher longtemps sans avoir mal aux pieds, être faciles à nettoyer et à entretenir, et ne pas craindre la pluie (ni l’eau du bayou!). Mon choix s’est logiquement porté sur ma paire d’Iron Rangers de chez Red Wing, en cuir gras. Et vu la météo (dès le premier jour sur place, la ville était en alerte slow tempest !), je ne regrette pas ce choix !
En conclusion
En ce qui concerne le vêtement, plus je m’intéresse au sujet, et moins j’ai de certitudes. Je continue de m’interroger, de chercher, d’essayer, de faire le tri entre ce qui me plaît, ce qui me va vraiment, ce dont j’ai besoin, les pièces que je possède déjà, et celles que je pourrais acquérir. Je ne prétends pas avoir les réponses, j’essaie et je me trompe, et mon style et ma garde robe sont en construction perpétuelle. Mais, au travers de cet article, j’ai voulu partager avec vous le questionnement personnel qui m’a conduit à opter pour un choix stylistique précis. Aujourd’hui, le pantalon porté à la taille naturel est devenu incontournable dans ma garde robe, à tel point qu’il a remplacé tous mes autres pantalons. Il convient mieux à ma morphologie et il correspond d’avantage à mon imaginaire vestimentaire. Surtout, il répond à un besoin précis : le besoin de retrouver un peu de confort après des années à me sentir mal à l’aise dans mes pantalons.
Je ne peux que vous encourager à vous intéresser à cette pièce, qui avait pratiquement entièrement disparu du vestiaire masculin, et dont on observe ces dernières années un retour réel, mais néanmoins un peu timide. Cependant, notez que cet article ne se veut pas prescriptif. Il n’est pas question de vous dire de manière péremptoire que vous devriez porter vos pantalons plus haut. L’important est que vous vous sentiez bien, dans des vêtements qui vous plaisent. Et si, comme moi, vous ressentez une insatisfaction perpétuelle avec vos pantalons, alors pourquoi ne pas essayer les tailles naturelles et les tailles hautes.
Merci à Latifa Messaoudi d’avoir pris le temps de me photographier. Vous pouvez retrouver son travail sur sa page Facebook et sur son compte Instagram.