Aaaaah ça y est, elle est là ! Je tiens enfin dans mes mains cette noragi Borali que l’on a dessinée pour notre collaboration avec Bonne Gueule. On parlait d’aventure avec Benoît et si expliquer un produit mène toujours à romancer un peu les choses, difficile de le raconter autrement ici.
Dans cet article, je ne vais pas revenir sur la collaboration et le produit. Avec Ben,nous avons tout couché sur papier ici. Non aujourd’hui, je vais te raconter un peu les coulisses et ce que ce travail représentait pour Borali.
Un scénario à rebondissements que l’on aurait espéré plus calme, mais qui nous aura beaucoup appris.
Borali x BonneGueule x AVC x Covid-19 – trop sur un seul projet
Bon avec un titre comme ça, je vais jeter un froid.
Et pourtant, je l’écris avec un grand sourire !
(c’est une image, je ne souris jamais tu le sais)
Rien ne s’est vraiment déroulé comme nous l’aurions imaginé.
Récit !
Entre enthousiasme de collaborer avec les copains et opportunités
Cela faisait déjà quelques années que je faisais le stylisme des shoots de la Japan Line de BG et donc « posé » en même temps. Je marche à l’affecte dans la vie, et il s’était développé une vrai lien avec l’équipe. Je sais que deux fois par an, je retrouvais Jason et qu’on allait kiffer.
(sauf dans ce décors de Hunger Games où il faisait -12 haha)
Puis Jordan est arrivé, un mec de talent et humble, personnalité rare dans ce milieu. Forcément un plaisir de discuter style et mutualiser nos efforts.
Alors quand Ben m’a dit évoqué de son envie de pousser plus loin notre collaboration, je n’ai pas longtemps hésité (en vrai, le temps d’appeler Julien et de lui présenter le topo).
Dans la foulée, Jason me dit qu’il a réfléchi et qu’il veut profiter de la semaine qu’ils vont passer à Tokyo avec Kuro pour que l’on fasse le tournage là-bas.
« Le quoi Jaz ? »
Il avait en tête de réaliser un portrait autour de Borali et de ce que je pouvais autour du blog. Tu sais les trucs assez dingues que peut produire BG en matière de reportage. (genre celui de Norwegian Rain, tu as envie qu’il pleuve dès demain quoi !).
Là, en septembre 2019, je réalise que 2020 va être un tournant pour Borali, et mon rêve d’ouvrir enfin en grand cette page du vêtement dans ma vie pro.
Effectivement, on va pouvoir parler de tournant …
AVC et Covid ou comment gâcher la fête
Après un trip inoubliable au Japon avec Jordan, Jason, Luke et un super job de réalisé, tout commence à se compliquer.
(je ne te parle pas plus du voyage car j’aimerais en faire un article complet cet été)
Le début des ennuis
Arrivent les grèves RATP de décembre qui immobilisent Paris
Si elles m’épargnent des heures de transport tous les jours pour me rendre à mon vrai travail, elles gèlent aussi l’élan que nous avions avec Julien.
Se retrouver pour bosser, c’est soit perdre 4h à utiliser métro, tram, bus et qui daigne vouloir circuler ou lâcher 80e dans un Uber.
Et il n’y a pas de note de frais.
De fait, on perd déjà du temps et l’espoir de voir notre noragi made in Japan sortir en février.
Nous voilà début janvier 2020.
On parvient quand même à confectionner notre troisième drop officiel de collier Borali. Avec une logistique à faire pâlir un stagiaire en événementiel.
Alors que je dois bosser le soir-même sur l’écriture de l’article de lancement, ma main droite se met à s’endormir. Des doigts ne fonctionnent plus.
Je dois terminer de surveiller une campagne Cdiscount pour mon taf.
« Nique, je verrai ça demain ».
Et puis demain, ça ne marche toujours pas. C’est même pire.
Je me résigne à aller à l’hôpital, de toute façon je ne peux plus taper sur un clavier donc l’article, le timing, c’est mort.
Les Urgences.
Détendu, ce soir je suis enfin invité par la RP de Clarks. Je n’ai qu’une idée en tête : négocier un partenariat. Bah oui, en fan absolu de Wallabee, une paire en cadeau ou avant-première, ça serait un juste retour.
Un IRM et deux heures d’attente plus tard, le verdict tombe.
Comme dans les films.
A.V.C.
Ouch .. Là, on oublie les Wallabee et le drop de collier, on baisse la tête et on contient les larmes.
Direction les soins intensifs, une nuit de torture psychologique et la peur de ma vie.
Mais tout va bien.
En revanche, hors de question de replonger dans le bain comme avant. De toute façon mon cerveau est lent et ma mémoire est en vacances.
Et… je te parlais de quoi déjà ? Nan je plaisante, mais frein à main, terminé, tout le monde descend. Je débranche tout et me repose.
Julien assure mais on fonctionne à deux. Sortir notre noragi avant la collaboration avec BG devient utopique.
Et ça, en terme d’image, c’est une catastrophe pour nous.
On amène le design et le stylisme de la pièce, BonneGueule finance et gère la prod. C’est un déroulement idéal pour cette collaboration … si l’on a sorti avant notre première pièce.
Deux ans de travail, on a envie de d’abord le voir sortir en « nom propre ».
On se fait à l’idée que ça ne se déroulera pas comme on le voulait. Honnêtement, avec ce que je viens de vivre je relativise.
(bon en vrai, je suis vénère mais je ne vais pas me battre contre la fatalité).
Le coup de grâce
Nous avons un genou à terre mais Borali est à notre image, elle arrive de nul part et ne va pas se laisser faire.
Je commence à retrouver mes sensations et à rebosser. Doucement, je me remets dans le blog. Faut dire que si mes proches ont trinqué durant cette période, lui et l’audience aussi.
Je n’avais pas ouvert un seul média depuis mon accident, j’avais pris congé du quotidien.
Alors quand ma nana m’explique qu’on parle de garder les gens enfermés à cause d’un virus venu de Chine, je rigole un peu.
« Bienvenu dans mon quotidien »
Pas malin sur ce coup, le monde s’arrête au moment où je pouvais redémarrer.
Et là, ça signe le clap de fin pour la noragi Borali made in Japan. Un calvaire à gérer à distance.
Pas grave notre collaboration aevc BG sera notre première, ça reste cool et on bosse sur une super version.
Ne pas l’oublier.
Sauf que ce foutu Covid va flinguer aussi cette partie.
Aux oubliettes la super vidéo et l’opportunité d’avoir un reportage solide. Logique cela coûte vraiment cher et Bonne Gueule se doit de limiter les coûts en cette période.
Scénario catastrophe pour Borali mais il y a plus important.
Le plus frustrant sera de bosser à distance, de perdre l’humain qui nous plait tant à Benoît et moi.
Tout devient galère et compliqué.
De l’écriture de l’article en catastrophe au shooting à refaire « comme on peut » avec des protos de la noragi toujours non conformes … frustrant.
Nous arrivons quand même à tout boucler. Sur le moment j’ai envie de dire bâcler, mais c’est la frustration qui parle. C’est aussi ça le professionnalisme, être capable de produire quelque chose de propre même s’il n’est pas comme on le rêvait.
Quand on te dit que tu tiens « notre aventure entre tes mains »
(ceux qui ont reçu la noragi comprendront de suite, les autres, ça arrive)
Cela reste du kiff en barquette
J’ai eu besoin d’ouvrir mon carton et d’en sortir cette noragi pour vraiment réaliser.
Tu sais quelle est la première chose que j’ai faite ?
(tu me diras en commentaire si tu as deviné)
J’ai ouvert la noragi et regardé l’étiquette.
Franchement voir Borali et notre notre logo, ça fait un truc.
Le numéro de série, la petite cerise sur la gâteau.
Puis vite monte le stress, je n’avais encore jamais eu un proto valide entre les mains avec le Covid. On échangeait avec Julien le CDP de BG à distance pour les correctifs.
Imagine la pression pour nous. On a géré la DA sans la production, si il y a un couac ?
Bim réputation réduite à néant.
Je saute ma surchemise Kestin et j’enfile la noragi.
…
Nul besoin de me regarder dans une glace, je connais nos prototypes par cœur.
Check des manches en premier, elles sont bien 4/5.
Y a les 3 points à gauche.
La coupe est comme dessinée, y a du volume mais elle reste dynamique.
Le col, un des vrais casse-têtes pour l’usine portugaise de BG et, toujours foiré jusqu’ici : nickel.
Cette noragi est comme nous la voulions.
Notre design made in Borali est une réussite.
On aura tous cravaché et transpiré mais cette collaboration est un succès.
Au-delà du soldout éclair, forcément une fierté, c’est le sentiment d’avoir livré une vraie pièce de haut niveau en France.
Merci Benoît d’avoir cru en nous !
Notre noragi Borali x BonneGueule en image
Dans les choses qui ne sont pas déroulées comme souhaitées, il restent quelques petits « détails ». Notamment un événement en boutique pour vous rencontrer. Nous comptions d’ailleurs sortir une série de colliers spécialement pour l’occasion.
Et il y avait le lookbook façon Borasification / Borali.
Quand je fais le stylisme des shoots pour BG, je l’adapte à leur univers casual chic. Avec ma signature dans la façon de porter les pièces.
Faire un LB miroir 100% Borali, c’est ne se mettre aucune limite en stylisme en gardant l’esprit d’une rencontre de deux univers.
J’ai depuis cassé notre appareil donc navré pour les photos et la non présence de Julien, j’ai du bricoler.
Place aux images !
Présentation sur cintre : une pièce qui s’exprime seule
Borali est une label qui dessine le moindre détail de ses pièces. Je ne sais pas si cela explique le fait que l’on aime se dire que nos vêtements s’exprimeront aussi bien sur cintre que sur des épaules.
Je te laisse avec quelques photo de cette noragi et apprécier les détails. La lumière impacte fortement le rendu de la couleur, d’où le nombre varié de prises.
(on discutera des choix stylistiques et techniques lors de la sortie de notre version artisanale japonaise)
Alors, tu as quel numéro toi ?
Lookbook by Borali ou faire avec les moyens du bord
Toujours avec les moyens du bord, sans Julien, voici une immersion dans le style que l’on aime sur le blog et donc qui drive Borali : le street heritage.
Je les ai saupoudrés de clins d’œil à l’univers casual chic de BonneGueule, façon Borali.
Influence military / street
Celui-ci est un clin d’œil au drop BG dans lequel notre collaboration était incluse, avec les coupes et goûts du blog.
Exit le henley, pièce qui ne me plait pas en général, et bonjour le tee manches 3/4. J’ai gardé la couleur écrue. Elle est cramée sur certaines photos, merci le matos !
Exit les Viberg like, une super paire mais que je n’ai pas pu acheter haha. J’ai hésité avec les Wallabee mais au final, la FBT, c’est aussi une pièce symbolique sur Borasification.
Et quelques petites tentatives ici et là de silhouette.
Je te laisse avec les photos.
Sprezzatura à la Boras
Qui dit BG dit une recherche d’élégance.
En potassant le dico, on apprend que l’élégance ce n’est pas que porter un blazer et une chemise. C’est aussi la résultante d’une harmonie de formes et de couleurs.
Et ça, cela me parle.
Alors cette tenue un trait d’union entre nos univers.
J’ai pris des codes casual chic / sprezzatura : jean blanc / tee-shirt rentré / mocassins / étole et je les ai mixés à mes coupes.
Cela donne la tenue qui suit.
(Un grand merci à Malfroid shoes pour les mocassins et avoir permis cette tenue . Je n’avais plus le budget pour construire la tenue, en plus d’une logistique compliquée. J’avais repéré ce modèle que je trouvais vraiment racé dans ses lignes. Merci Victor ! Et si de ton coté tu cherches des mocassins en cuir suédé pour la belle saison, pense français et jette un œil sur ces Malfroid Tilsitt)
Uniforme
Tu pensais vraiment que j’allais partir comme ça, sans poser l’uniforme street heritage !
Je ne te fais pas de grandes tirades sur cette tenue, c’est mon uniforme : un jean tapered (très) size-up, un tee blanc ample et une paire de Clarks Wallabee. Le tout agrémenté de bijoux en argent vintage, japonais ou en tissus recyclés.
Voilà comment je pourrais arborer , jour après jour, ma noragi.
Le mot de la fin
Tu l’auras compris cette collab’ aura été mouvementée mais la fin est heureuse, avec une pièce vraiment singulière. Nous avons monté Borali dans le but d’amener un délire stylistique nouveau en France. En marge de la tendance mais qui sait ce qu’il fait.
Je pense que cette première noragi te montre un peu ce que l’on a sous le capot.
A bientôt
° ° °
P.S : Julien te présentera aussi une tenue bientôt 😉