Un lundi sur deux, la rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
De belles choses (japonaises) au programme de la revue de la semaine. Et aussi quelques digressions pour se changer un peu les idées.
Créer le « new classic ». Phigvel Makers Co et sa collection automne-hiver 2022
On commence par Phigvel Makers Co, ou simplement Phigvel si comme moi tu as déjà assez de mal à prononcer le premier mot. Créée en 2002 par le designer Hideki Tohno, elle est l’une de ces nombreuses belles marques japonaises qui s’attachent à reproduire les standards du passé. C’est à dire la qualité, fantasmée ou non, des vêtements vintage. Et plus précisément, des marques classiques américaines.
Et comme pour Comoli, un nom dont on parlera un tout petit plus bas, tu pourrais légitimement te demander ce qui justifie la mise en avant d’un énième label inspiré par l’americana. Suivant l’actualité de la marque depuis quelques années déjà, je te répondrais tout simplement que c’est une histoire de goût. Et que le beau reste l’argument le plus facile à entendre.
Et pour sa collection automne-hiver 2022, Phigvel fait une fois de plus très bien les choses. S’inspirant du militarywear et de l’outdoor, Hideki Tohno sait comment conserver un certain équilibre entre ce que l’on pourrait appeler « l’ancien » et « l’hyper contemporain ». Les silhouettes sont amples, mais jamais trop. Et les tenues ne tombent pas dans un parti pris excessivement vintage. Sauf quelques tombés de pantalons, peut-être…
Mention spéciale à l’outerwear, toujours très inspiré, et à la ligne de permanents proposée par la marque. Une tentative de créer un « nouveau standard » par une collection de pièces simples, dont du denim fabriqué dans les règles de l’art qui n’a vraiment rien à envier aux autres grands noms du genre. Un label à suivre de près ici.
Un Levi’s 501 de 1879 vendu aux enchères
Et si ton truc c’est justement la qualité de l’original, alors sache que tu n’es pas tout seul. Qu’il y a d’autres gens qui, peut-être comme toi, sont assez fous (ou riches) pour justifier l’achat d’un importable morceau d’histoire qui mériterait bien une petite place dans un musée. En effet, le week-end dernier s’est vendu aux enchères un jean Levi’s 501 des premières années, datant de 1879, pour la somme assez folle de 76 000 dollars.
Kyle Haupert (gérant d’un shop vintage) et Zip Stevenson (directeur artistique pour Hollywood Trading Company), assurément des lecteurs assidus de notre guide sur le 501 vintage, sont maintenant les heureux propriétaires d’un jean trouvé par le célèbre denim miner Mike Harris. Acheté lors du « Durango Vintage Festivus », l’évènement organisé par le collectionneur Peter Brit Eaton, ce 501 est l’un des plus anciens jamais trouvés.
Premiers rivets brevetés (en 1873, pour les mauvais élèves qui n’auraient pas encore lu notre histoire de Levi’s), martingale, boutons pour accrocher ses bretelles, et un délavage qui vient redéfinir le mot « authentique » font de ce jean une pièce exceptionnelle. Peut-être pas autant que le 501 datant de 1873, trouvé cette fois par le beau père de Mike Harris. Sacrée famille. Ou encore celui de 1893 qui n’avais jamais été porté et vendu pour presque 100 000 dollars en 2018…
Histoire d’oublier un peu l’absurdité de ces montants, je te laisse une vidéo qui montre la bête en détail !
Comoli, une obscure marque japonaise pour les gouverner toutes
Chose promise, chose due. Je l’avais annoncé dans mon article sur le style oversize, j’allais immanquablement finir par te parler de Comoli un jour ou l’autre. Car dans la catégorie des marques spécialisées dans les fringues faciles à porter au quotidien, c’est peut-être l’une des plus cool sur le marché. Et aussi l’une des plus inaccessibles, accessoirement.
Fondée par Keijiro Komori en 2011, Comoli propose du prêt-à-porter qui au premier regard ne semble pas si différent de tout ce qui peut se faire au Japon. Un second coup d’oeil risque pourtant de rapidement te faire changer d’avis. Direction artistique, pièces, stylisme… La marque créée par l’ancien élève du Bunka Fashion College ne joue pas dans la même cour que ses consœurs.
Par son approche minimaliste des vestiaires européens et américains classiques centrée sur les silhouettes, Comoli rappelle tout ce que peuvent faire de si bien un Markaware ou un Graphpaper. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que les curseurs sont ici poussés encore plus loin. Est-ce simplement une question d’image ?
La différence tient pour moi dans ce qui ressemble au perfectionnement d’une certaine recette de la simplicité. Comoli parvient finalement à faire rêver avec très peu de choses. De la matière, des formes, quelques couleurs. Proposant son approche esthétique passe-partout et si singulière à la fois, la marque représente pour moi la quintessence du style effortless.
Pièces inabordables, sold out en un instant, et rares en seconde-main. Absence totale de communication sur les réseaux. Revendeurs triés sur le volet. Autant d’ingrédients qui font de Comoli une marque unique, déjouant l’austérité du minimalisme par une culture de l’énigme. Si tu veux en voir plus de ce label entre luxe traditionnel et petite marque de connaisseurs, le compte @comoli archive est un bon point de départ.
Ne plus haïr les doudounes avec Is-ness et Ydot by Nordisk
Cette petite collaboration que j’ai vu passer sur Instagram m’a redonné un peu d’espoir en ces temps sombres. Tu l’as peut être remarqué, mais les rues se repeuplent rapidement de logos JOTT et d’autres horreurs matelassées du même type. Et ce, en dépit de la météo qui fait tout son possible pour retarder la maudite période de la doudoune.
Les marques japonaises Is-ness et Ydot by nordisk ont heureusement trouvé la bonne formule en associant leurs deux univers, sensibilité mode pour la première et savoir-faire technique pour l’autre. Deux modèles de down jackets (c’est quand même plus cool à dire que « doudoune ») et down vests, gilets sans manches, pour affronter le froid sans porter atteinte à ton style.
Du volume qui ne fait pas dans l’exagération, de très belles couleurs dont un bleu poudré inspirant, et un col montant à même de régler la crise énergétique. Deux pièces qui me rappellent la très bien sentie « Loft jacket » d’Arpenteur et qui réhabilitent avec brio la veste matelassée. Plus de détails à retrouver ici.
Se sentir visé par les memes du compte instagram de Derek Guy
Entre les proverbes et les références, j’ai un peu l’impression que la revue de la semaine s’est transformée en JT régional. Je vais donc rectifier le tir avec un compte Instagram de memes, comme disent les jeunes, et finir avec un peu de légèreté. Ou de violence, selon ta sensibilité.
Tu connais surement le nom de Derek Guy, l’homme derrière Die, Workwear!, ainsi qu’auteurs de nombreux articles sur le style classique masculin pour Put This On. Ce que tu ne savais peut-être pas encore, c’est que l’ami s’amuse sur insta à se moquer de tout le monde. À un rythme (très) soutenu.
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, on est loin d’un contenu à l’humour un peu dépassé. C’est au contraire très drôle et ça vise souvent bien juste. Une bonne piqure de rappel quant à des choses qui sont parfois prises un peu trop au sérieux. S’amuser avec les vêtements, c’est surtout savoir se moquer de soi !
Comme je ne risque pas de reparler de memes tout de suite, je te conseille également de suivre @patheticfashion, s’il te reste un peu d’autodérision en réserve. Deux comptes très complémentaires qui ne devraient plus épargner grand monde…
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à lundi prochain !