La rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Style, qualité et prix (accessible). Il est bien difficile de concilier tout cela à la fois. Voici quelques marques qui réclament, pensent et imposent des concessions.
Teätora, packable contemporary workwear
La percée de l’ outdoor dans le monde du streetwear, et plus largement dans le casualwear avec une marque comme nanamica qui fait du basique pour geeks de la fiche technique, est indéniable. Heavy duty ivy, gorpcore, techwear ou athleisure sont autant de termes qui désignent des niches stylistiques caractérisées par une composante « performance », réelle ou fantasmée.
Lululemon a bâti son succès en adaptant les vêtements de sport à l’activité citadine sans s’adresser aux amateurs de cosplay ninja de rue. Uniqlo nous vend ses technologies propriétaires (« Heattech », « Airism ») et collabore avec White Moutaineering. Une recherche du confort de tous les instants qui s’est démocratisée, nous laissant aujourd’hui penser qu’un denim sans stretch est une anomalie. Qu’en est-il du style « formel » ?
Le Japon, et sa fameuse bureaucratie, est un terrain particulièrement propice à l’expérimentation, à la subversion de l’uniforme. Ne trouvant pas son bonheur dans l’offre dite functionalwear existante, Daisuke Kamide fonde Teätora à la suite d’un constat simple : le vêtement technique tel qu’on le conçoit habituellement ne répond pas aux besoins du travailleur contemporain. Son vestiaire idéal est alors régi selon deux grands principes. Il doit répondre aux exigences d’un dress code « business casual ». Et aux conditions concrètes du travail : rester assis longtemps, voyager, garder la même tenue pour des situations différentes.
Pantalons renforcés aux endroits susceptibles aux frottements, poches sécurisées, manteaux fentés pour une meilleure ventilation, collection packable… C’est assez unique et, à mon sens, très convainquant. Si tout le langage techwear ne me touche pas, le soin apporté aux coupes et aux silhouettes est très appréciable. Teätora est à retrouver chez Norse store en Europe, et à suivre sur insta. Je te recommande également la lecture de l’interview du créateur.
Une nouvelle collaboration outerwear Uniqlo x Engineered Garments cet automne / hiver 2023
Une collaboration Uniqlo, géant japonais qui a fait du basique pas chiant sa signature, vient toujours avec son lot de concessions. Qui sont dans les faits toujours les mêmes, résultant d’une formule infaillible sur un marché dominé par la fast fashion. Un design bien senti emprunté à la marque collaboratrice. Un rapport qualité / prix maison via une production à grande échelle qui rend accessible ce même design au plus grand nombre. Les affaires ne se valent naturellement pas, selon le label concerné. Avec Enginereed Garments cet automne 2023, une marque qui n’est plus vraiment réputée pour ses matières naturelles, l’espoir est permis. Celui de chopper 80% du propos pour 20% du prix. Au programme : bomber, parka fishtail matelassée et utility jacket avec, bien sûr, plein de poches. Surveille la collection si tu veux une pièce, il serait regrettable de nourrir un scalper.
Se fournir en vêtements minimalistes chez The Frankie Shop ?
Il est dit dans l’introduction commune à toutes les revues, que j’ai écrite de mes propres mains, que nous mettons ici en avant des choses « que nous aimons » et qui « méritent d’être découvertes ». Un principe de base que je vais m’efforcer de ne pas trop trahir en te présentant maintenant un concept store (et une marque en propre) qui connait un grand succès depuis quelques temps : The Frankie Shop.
Je sais, ça commence un peu mal. Mais la boutique new-yorkaise ouverte en 2014 par la française Gaelle Drevet, qui possède aujourd’hui une antenne française dans le Marais à Paris, ne me rend pas la vie facile. Dropshipping de fringues coréennes (avec cette belle mention imported sur les fiches produits) et de marques européennes vendues parfois avec une marge discutable, designs pas toujours très heureux (pour le dire gentiment), qualité pas forcément meilleure que chez un COS ou une ligne premium Zara pour des tarifs qui oscillent entre le raisonnable et le très salé.
Alors pourquoi t’en parler ? Bonne question. Le sujet ne serait même pas venu sur la table avant le lancement de la ligne masculine (et unisexe) en 2022. Avec son offre atypique sur le marché européen (minimaliste, beaucoup de choses oversize plus ou moins réussies), j’aurais tendance à considérer aujourd’hui The Frankie Shop comme une porte d’entrée vers d’autres labels plus qualitatifs. Les prix restent accessibles pour la majorité des pièces made in Korea et il est aisé de s’essayer à l’esthétique en plein Paris sans commander du Anglan à l’autre bout du monde.
Même recommandation que pour Olive Clothing donc. Faire le tri. Garder longtemps si c’est cool. Pour peut être passer à autre chose, loin de la hype. Clique ici pour un petit tour en boutique. Et là pour regarder de plus loin.
« High School Student », nouvelle collaboration 90s pour Beams et Polo Ralph Lauren
La onzième collaboration entre la marque japanese americana Beams et la légendaire enseigne américaine Polo Ralph Lauren est sortie le 28 octobre dernier en exclusivité au Japon. Cette interlude est donc pour le plaisir des yeux, à moins de ne pas avoir trop peur de Google traduction. Ni de la douane.
Je te parlais de subvertir l’uniforme tout à l’heure, voici une collection entièrement dédiée à ceux qui ont commencé très tôt. Baptisée « high school student » en l’honneur de l’esprit de rébellion (toute mesure gardée) de ces lycéens japonais des années 90 qui ont fièrement portés le logo pony. Bon, rien à voir avec le mouvement hip-hop et streetwear aux USA. Les couleurs ne tranchent pas avec l’uniforme. Les volumes non plus. L’expression du style se fait à la marge. J’ai un petit faible pour le pantalon à carreaux, parfait pour une petite vibe preppy à la Katsumi Miki (et dans la lignée de sa toute jeune marque Unfolk)
Guidi, le savoir-faire au service des modeux
Le dilemme classique dans la mode est celui de devoir choisir entre le style (à comprendre dans le sens « créa ») et la qualité. Même en mettant de coté la question épineuse du prix dans l’équation, les marques modeuses qui proposent des vêtements aussi beaux que bien faits ne courent pas les rues. C’est encore pire quand on cherche du footwear pas classique. D’abord parce qu’il est souvent casse-gueule de s’aventurer sur une forme « originale ». Et ensuite car les marques qui parviennent à proposer quelque chose de différent ne sont généralement pas spécialisées dans la chaussure. Et quand le conceptuel passe avant le fonctionnel, se retrouver avec une paire importable, fragile et beaucoup trop chère n’a rien d’improbable.
Guidi fait figure de véritable exception sur ce marché de niche. Une marque italienne à l’histoire centenaire, tannerie fondée par Guido Guidi en 1896. Une entreprise (et des savoir-faire) transmise de génération en génération au sein d’une seule et même famille. C’est encore aujourd’hui un descendant direct du fondateur, Ruggero Guidi, qui est à la tête des opérations. Au-delà du folklore familial, et du storytelling toujours très précieux quand on vend du luxe, c’est la très grand qualité des cuirs, notamment de chevaux vegetable tanned (selon une méthode gardée précieusement secrète), qui font la réputation de Guidi. Avec cette apparence singulière, comme « froissée », qui va faire le bonheur des amateurs d’avant-garde et de style dark à partir des années 2000.
Car la fabrication artisanale de chaussures par Guidi in-house est finalement très récente, circa 2004. Un développement naturel pour une marque qui se donne les moyens de tirer le meilleur parti de ses cuirs singuliers, proposant déjà ses services à Rick Owens, Margiela, Carol Christian Poell. Fabriqués par des artisans italiens en petites quantités (et très largement choppées par une riche clientèle chinoise qui assure plus ou moins à elle seule la viabilité du projet), les chaussures Guidi sont des produits hors-normes qui s’accordent aussi bien avec du Yohji Yamamoto que du Evan Kinori.
Si il est communément admis que les paires chez Guidi sont plus confortables que chez certains créateurs (avec un traitement du cuir agressif qui donne cette souplesse du worn-in), la question du sizing un poil aléatoire se pose néanmoins. Et c’est évidemment très cher, bien que Cultizm trouve toujours une excuse pour brader ses stocks. À absolument essayer avant d’acheter, si possible. Je te redirige vers l’excellent article sur Highsnobiety si tu souhaites en apprendre plus !
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à la prochaine ! Tu peux retrouver tous les précédents numéros ici.