Les dernières semaines ont été très chargées avec tout la préparation de notre première noragi Borali en collab’ avec Bonne Gueule. Mes excuses d’ailleurs si la pièce ne te parle pas, beaucoup d’articles tournaient autour de ce sujet. Aujourd’hui, nous allons passer à tout autre chose avec un zoom sur une pièce de chez Danton, un hybride de work et de coach jacket. Une pièce à laquelle tu n’aurais peut être pas pensé pour la belle saison, et pourtant très chouette dans un vestiaire street heritage.
Cette rubrique Zoom, c’est l’occasion de parler d’une pièce, d’une marque ou d’un shop qui me plait. Là, en ces temps plutôt difficiles, c’est double utilité puisque je peux aussi apporter mon soutien à Reforme Store, une adresse française tenue par un mec vraiment sympa.
N.B : j’ai quelques soucis avec le matos photo, j’ai flingué l’objecti de Julien donc pas mal de bricolage, désolé !
Danton – Une marque française workwear très japonaise
On parle beaucoup des matières japonaises en France car elles sont devenus un éléments marketing pour vendre. Le savoir faire est réel et pourtant, ce n’est pas ce que je te citerai en premier si tu me demandais « un truc à choisir au Japon« .
Non, moi je te dirais leur œil. Cette touche stylistique qui se ressent directement dans leurs vêtements.
(et en second leur savoir-faire en façon et la manière de travailler la matière et les couleurs plus que la matière brute achetée en rouleau sans rien y apporter)
Si je t’évoque ce trait esthétique japonais, c’est qu’il se retrouve chez Danton.
Surprenant hein ?
(tu peux me dire non, je spoile un peu avec le titre de cet article)
Brève historique & actualités de Danton
Remontons presque un siècle en arrière, en 1930 plus précisément, quand Gabriel Danton fonde Manufacture Textile du Centre, du coté du Châtres sur Cher. C’est 4 ans plus tard (en 1935 donc) que Danton est déposée avec son logo au losange rouge et une police reflet de cette époque. C’est toujours la même sur les vêtements « mode » d’aujourd’hui.
L’entreprise est dans le vêtement professionnel et alimente Paris et le nord de la France dans les années 70 & 80, raflant certains marchés publiques comme la RATP.
Ses vestes de travail ont une signature stylistique avec le col arrondi, aujourd’hui un gimmick très mode et dont raffolent les japonais.
Sur les dix dernières années, Danton, comme quelques marques françaises historiques du genre, a connu un développement « dédié » sur le marché nippon.
En gros, cela veut dire qu’une ligne spéciale a été créée et distribuée en exclusivité au Japon par le groupe BOY’S Co. et LTD. Ce n’est que très récemment que ces pièces se sont retrouvées sur le marché européen et US.
Un comble oui, mais une bénédiction.
En effet, nous revenons à ce fameux feeling japonais dans la création. Ici, on nage en plein Ametora au final. Ils ont su, comme à l’heure habitude,respecter le vêtement original en apportant leur petite touche si singulière. Cela se ressent dans les coupes et les détails.
Voilà pourquoi Danton est la plus japonaise des marques workwear françaises.
La fusion d’une veste de travail et d’une coach jacket
Je ne suis pas parti sur leur veste de travail traditionnelle revisitée pour construire cet édito.
Pourquoi ?
Malgré le col arrondi qui a vraiment ce petit truc en plus, j’ai déjà une Vetra, l’autre marque française de workwear Made In France. Et puis, quand je suis tombé sur cette pièce en nylon taffeta, j’ai flashé.
Enfin, quand Pierre, le gérant de Reforme Store me l’a envoyée via Instagram. Il y a tellement de choses qui sortent que j’étais passé au travers.
Quelle claque !
Il m’a envoyé une fitpic en vidéo et j’ai tout de suite reconnu cette touche japonais dans le fit. Y avait du volume mais ça ne « dégueulait » pas de partout. Et puis, cela respirait les beaux jours.
Le design à mi-chemin entre la veste de travail et la coach jacket est vraiment réussi. C’est le nylon taffeta qui amène ce caractère à la veste Danton.
Le taffeta est une technique de tissage ancienne, à l’origine sur la soie, qui permet d’obtenir une étoffe avec des caractéristiques particulières :
- croustillant : bon traduction de « crips » mais en gros, de part son tissage, la matière a un petit craquant et ne se déforme pas, malgré son extrême légèreté.
- brillant : ce n’est pas le cas ici avec ce nylon mais ça peut se retrouver avec la soie ou un polyester non travaillé.
- lisse : la main du tissu est vraiment particulière, c’est doux et régulier. De loin, on pourrait croire à un coton typewriter.
- sonnore : oui ça peut paraître étrange mais on parle de « scroop« , c’est dû au tissage. C’est moins flagrant sur cette pièce Danton.
C’est donc cette matière qui nous ramène à la coach jacket, ce vêtement léger et en nylon du vestiaire sportswear américain. Les boutons viennent ajouter la touche finale. Seule les cordons manquent mais le DA a eu la très bonne idée de ne pas pousser trop loin le mélange.
On retrouve les poches plaquées et le col chemise qui nous renvoient directement à la veste de travail.
On le verra après la coupe est vraiment dingue, avec du volume mais courte où il est faut. Pour garder l’esprit d’une pièce worker.
Ah, niveau sizing, il existe en 40 et 42, unisexe. J’ai pris la taille 42 pour mes 177cm et 72kg bien tassés. C’est une coupe permissive, le 40 m’aurait aussi bien été mais je voulais un poil plus de volume.
Cette Danton nylon taffeta jacket est disponible et en soldes en ce moment chez Reforme Store.
165e pour du Made in Japan et un design vraiment singulier !
Reforme Store, un shop français à suivre
Cela fait déjà une petite année que je discute avec Pierre, le gérant de Reforme Store, via les réseaux sociaux. Un mec cool et amateur d’une mode et d’un style très proche de ce que l’on défend sur le blog.
Forcément le courant passe !
Je profite ce billet pour lui donner un peu de force. Dans un marché textile français où grandes anciennes et DNVB se tirent la bourre à coup de marketing, je trouve son projet ambitieux et vital pour la mode masculine que j’aime.
Fondé en 2013, Reforme Store est un magasin de vêtements pour homme situé à Rennes. Il en a pris les rennes (oui gros jeu de mot) l’été dernier et a commencé à influer une nouvelle vibe.
Il a vraiment bossé sa sélection en mélangeant habilement des labels plus populaires et mainstream (New Balance, CDG Play, A.P.C) avec des marques vraiment pointues comme Kestin, Still by Hand, Gramicci ou bien sûr Danton Japan. On y retrouve une style contemporain, et « street workwear ». Il pousse aussi des marques françaises historiques et toujours made in France comme Vetra ou Paraboot.
Moi qui tient à ce qu’il n’existe aucune barrière de style et que chacun s’éclate avec ses vêtements, je trouve primordial que des shops comme Reforme Store puissent exister en province.
Je t’invite à te rendre dans le centre historique de Rennes si tu es breton et passer un moment avec Pierre. Et si non, comme moi, avoir le e-shop dans tes favoris.
Idée look – S’inspirer des racines workwear & streetwear de la veste Danton
Borasification oblige, je ne vais pas te parler d’une pièce sans te proposer quelques tenue. Il fait beau donc place à des tenues simples où la silhouette reste le point d’ancrage.
Cette Taffeta nylon jacket étant à mi-chemin entre la veste de travail et la coach jacket, je suis parti sur deux tenues.
L’une va puiser dans les racines workwear, la seconde dans le streetwear.
Look workwear – des volumes à la japonaise
J’aurais plutôt dû parler de « accent workwear » puisque la tenue n’est pas un cosplay d’ouvrier d’un autre temps ou même proche des codes amateurs du genre. Il fait beau, je n’allais pas enfiler des Red Wing.
En plus, je n’en possède pas !
De la longueur pour le haut
Cette veste Danton a du volume et une coupe plutôt boxy alors j’ai pu jouer la carte loose-fit à fond.
J’ai placé une BD shirt de Engineered Garments, ce sont des chemises bien longues. Si l’on s’habille plutôt slim, c’est franchement à éviter. En revanche, quand l’on porte des coupes plus droites, c’est un régal.
Pour accentuer le truc, je l’ai prise une taille en plus.
C’est une clé lorsque l’on commence à porter des vêtements plus amples : amener de la longueur.
Tu fais le liant entre le haut et le bas et évites un rendu « empilage de sacs à patates ».
Allé, parce que je suis un petit geek de la sape, rapide arrêt sur image sur le détail qui m’a fait choisir cette chemise ici : ses carreaux.
Plus précisément leurs couleurs.
L’une des lignes est dans un marron très clair qui répond au beige de la veste Danton. Si l’on y ajoute le fond blanc cassé, on obtient une harmonie de couleurs vraiment pointue.
99%* des gens ne verront pas la différence, mais bon !
(chiffres tirées d’une étude de l’INSEE sur la sensibilité stylistique des français de 18-55 ans ne fréquentant pas le blog Borasification.com)
C’est une tenue qui aurait mérité une vidéo pour mettre en valeur ses volumes. D’autant plus qu’avec mes soucis techniques sur l’objectif, je ne pouvais pas shooter dans des conditions confortables.
Jean tapered size-up extrême ou tout pour le confort
Je n’évoque pas tant que ça le confort dans les styles que je te propose depuis 6 ans. Pourtant, il est au cœur de mon approche du vêtement.
Simplement, je ne me suis jamais habillé slim, enfin pas à temps plein et pendant des années. Je n’ai pas donc pas eu cette délivrance évoquée par pas mal de lecteurs lorsqu’ils ont commencé à suivre les conseils ici.
C’est le cas de mon jean Hatski, une version encore plus size-up et loose de mon APC rescue (celui avec ma coupe maison, future coupe du jean Borali). Je me suis jamais senti aussi bien dans un jean, je peux buller à l’appart avec, comme faire du sport ou du BMX.
C’est comme un jogging !
Comme toujours, il a été coupé bien bien court afin de garder du dynamisme. C’est un point qui me tient à cœur dans les silhouettes que je propose : ne pas faire pataud.
Pour terminer la tenue, j’ai opté pour une paire de Vans Slip-on, devenu depuis quelques années mon modèle favori chez la marque aux semelles gaufres. C’est la collaboration avec EG, la marque aime les jeux de matières et de textures en jouant sur l’asymétrie.
Pas très workwear pour finir une tenue censée en être inspirée hein ? Mais tout bon ouvrier a droit d’enfiler des chaussons et de profiter d’une soirée d’été !
Look streetwear – un classique de l’été
La culture skate fait partie du streetwear. C’est souvent oublié en France je trouve où l’on a tendance à y rattacher seulement « ce qui vient des banlieues ». Mais sans être faux, c’est réducteur. Il suffit de regarder de l’autre coté de l’atlantique pour voir et comprendre. Après tout, Supreme est un pilier du streetwear et c’est une marque qui est née dans le milieu skate.
C’était une parenthèse, parlons de la tenue.
L’été, je pense que le combo le plus chouette reste le tee-shirt blanc porté avec un short en jean et une paire de sneakers. Cette formule est un penalty et tu n’as qu’à l’adapter à tes goûts perso : coupe / coloris du denim / type de sneakers.
Quand la soirée arrive, une petite veste est la bienvenue, je ne t’apprends rien. Cette Danton est une bonne option et fait justement passer une tenue simple comme celle que je te présente, à un autre niveau. Il y a du volume mais pas trop, le nylon taffeta a vraiment une belle main en plus d’être confortable.
On retrouve le charme d’une coach jacket (parce qu’il faut le rappeler, c’est sa légèreté tout en étant coupe-vent qui fait son identité).
On le voit de profil, on retrouve la coupe permissive de ce vêtement sportswear. Perso j’adore le rendu comme ça, le vêtement vit en mouvement et c’est ce que l’on aime.
On ne peut pas faire plus classique qu’un short (bermuda diront les anciens) en jean découpé dans un vieux Levi’s 501 stone wash / bleach. Je l’ai fait le matin avant de shooter en 5mn en suivant ce tuto. Aux pieds, une paire de Vans Sk8 hi dans un coloris lui aussi classique puisque OG.
Une tenue où en chinant en seconde main, tu peux en avoir pour 40 ou 50e. Cela te dégage du budget pour investir sur une pièce singulière qui va changer ta tenue.
Comme cette Danton oui !
Ce premier épisode de Zoom touche à sa fin. Danton mérite de retrouver un peu plus de notoriété sur notre continent alors c’est aussi mon « boulot » de mettre un peu de lumière sur ce genre de label. C’est également l’occasion d’aider des shops qui proposent une sélection solide de marques comme Reforme Store. C’est d’autant plus important que cela amène en province des vêtements pointus et permet de voir se développer un style que j’aime un peu partout !
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