À la découverte de TCB Jeans et de Kojima

Bonjour à tous, c’est Colin ! Si vous me lisez aujourd’hui c’est parce que Boras m’a proposé il y a quelque temps d’écrire ici sur ma passion, le denim.

Pour ce premier article, je vais vous parler d’une marque de denim encore peu connue en France mais qui connaît déjà un certain succès sur les forums anglophones de menswear et au Japon. Il s’agit de la marque de jeans TCB qui est établie sous ce nom à Kojima dans la préfecture d’Okayama au Japon. Cette marque est un atelier de confection qui existe sous ce nom depuis environ 2008, spécialisée dans le jeans mais qui confectionne également des pantalons, chemises, vestes et autres articles. L’usine TCB fabrique sa propre marque mais réalise également des vêtements pour d’autres marques. (Fun Fact : j’ai découvert qu’une de mes marques japonaise préférée est cousue en partie là-bas!). L’acronyme TCB vient de « Two Cats Brand » et si vous lisez ce post, c’est parce que je porte un de leur jeans depuis presque 2 ans et que j’en suis tombé amoureux.

L’univers de la marque est féline ! Un logo clin d’œil au drapeau de la Californie ou l’ours est remplacé par un des deux chats qui habitent dans l’usine.

J’ai découvert la marque sur le forum Superfuture quand elle commençait à être à peine connue en 2012. C’est également cette année là que j’ai commencé à m’intéresser fortement aux jeans, épluchant les forums anglophones de fond en comble. J’ai vu pour la première fois de mes propres yeux un de leur modèle chez un ami lors d’un voyage aux Etats-unis en 2014. J’ai été très intrigué par le denim qui était très poilu (hairy) et qui ressemblait à ce que l’on peut trouver sur un Levi’s des années 50. Il y avait beaucoup de « détails » de confection corrects, mais avec un bleu indigo très foncé et une toile plus irrégulière. De retour de voyage, je me suis empressé de commander le modèle 50’s (straight) en version « one-washed » et en taille 32. C’est également le même que Qube porte sur le blog. Malheureusement, je n’avais pas assez fait de recherche sur le sizing et je n’avais pas encore l’expérience des achats en ligne en comparant les guides de mesures. Le pantalon, une fois reçu, s’est révélé être trop grand ! Je l’ai revendu à un proche et suis passé à autre chose sans tenter de prendre ma taille. La coupe droite et large (basée sur un Levi’s des années 50) ne me convenait pas à l’époque et la version slim n’existait pas encore. Ce n’est que 2 ans plus tard que je visiterai moi-même l’atelier de confection TCB lors d’un voyage au Japon.

Mon premier jeans TCB. Le TCB 50's (straight)
Mon premier jeans TCB. Le TCB 50’s (straight) en l’état One-wash. Au moins deux tailles trop grandes ! Vous excuserez la qualité de cette photo pêchée dans les méandres de mon disque dur.

Au fur et à mesure, la marque a gagné en popularité sur le forum anglophone Superfuture, notamment via un « fade contest » organisé par les membres du forum et dont le jury était composé des membres de l’usine TCB. Ce contest consistait à porter le plus possible un jeans TCB modèle 50’s durant une année entière et celui qui obtenait, à terme, le meilleur délavage se voyait offrir un nouveau jeans ou un item de son choix par la marque directement ! Le concours a rencontré un tel succès que d’autres ont suivi. Il y en a un qui est toujours en cours et se déroule cette fois sur deux années avec le modèle le plus récent : le TCB 20’s

Kojima, Jeans street et l’usine TCB

Pendant l’été 2017, j’ai eu la chance de pouvoir réaliser un rêve : un voyage de plus d’un mois au Japon avec ma copine. Un passage à Okayama s’imposait car cette région est le berceau du denim japonais. En effet, la première toile de denim japonais y a été conçue par Kurabo pour la marque Big John, toile dénommée « KD-8 » (pour Kurabo denim 8e essai).

Un grand nombre d’usines de tissages (Denim mills) et d’ateliers de confections s’y trouvent et se côtoient encore actuellement. C’est dans la petite ville de Kojima que réside la partie intéressante et plus touristique. Il y a une rue dans cette petite ville côtière appelée « Jeans Street »  où se trouvent de nombreux magasins de jeans et de vêtements dérivés teints à l’indigo. On y retrouve les magasins des marques Big John, Japan Blue, Momotaro, Soulive, Pure Blue Japan mais aussi d’autres marques plus intimes qui sont encore inconnues en Europe.

Je savais que l’usine de TCB se trouve à côté du musée du jeans et j’ai envoyé un e-mail au patron de TCB, Hajime Inoue, pour savoir si ma copine et moi pouvions passer visiter l’usine. Je ne pensais pas recevoir de réponse, mais en moins d’une heure il répondait à ma demande et offrait de venir nous chercher personnellement en voiture à la gare de Kojima pour nous emmener en visite!

Lorsque l’on arrive à la station de train de Kojima, difficile de rater le thème principal de cette gare unique au monde.
Le denim est mis à l’honneur dans cette petite gare ferroviaire bien particulière.
Devant la gare, difficile de rater les dizaines de jeans accrochés. J’ai pu y apercevoir, entre autres, des Momotaro!
Le denim est vraiment partout !

Voilà quelques photos de Jeans Street et de Kojima. Le très bon site francophone Gaijinjapan vous permet d’en apprendre un peu plus si cela vous intéresse. Je n’ai pas pris beaucoup de photos lors de ma visite, car j’étais trop occupé à essayer les jeans des dizaines de marques qui y sont représentées!

L’entrée de « Jeans Street » n’est pas très grande mais difficile à louper tant le signe est représentatif!
Une partie de « Jeans street » à Kojima au Japon. De nombreux jeans sont accrochés en l’air et l’on peut y apercevoir des Momotaros ou des Pure Blue Japan, par exemple !

À environ 2 kilomètres de Jeans Street se trouve l’usine Betty Smith et le musée du jeans. Le musée du jeans retrace l’histoire du denim et explique comment les Japonais ont mis au point leurs premières toiles et confectionnés leurs premiers jeans.

Un des 3 bâtiments du musée du jeans. C’est dans celui-ci que l’histoire du denim en Amérique est retracée. S’y trouve également un des premiers sample qui servira à créer par la suite le mythique 501 de chez Levi’s. L’étage du dessus comporte une partie tailleur ou l’on peut commander un jeans sur mesures et choisir sa toile ainsi que ses boutons et rivets.

Le musée du jeans est un « must-see » s’y vous passez par là, tant les objets et anecdotes qui y sont exposés sont intéressants. J’y ai appris énormément de choses si bien que je n’ai pas pris le temps de faire des photos. Je ne pensais pas sur le moment que je serais amené à écrire un article à son sujet ! Pour ceux néanmoins intéressés à en savoir plus, je vous conseille le très bon site francophone Voyapon qui détaille le contenu des 3 bâtiments avec de jolies photos.

À côté de l’usine Betty Smith et du musée se trouve enfin le graal : L’usine TCB.

Voilà un aperçu de l’usine de l’extérieur. C’est là que sont conçus les habits à partir des rouleaux de tissus japonais. Tout est réalisé dans ce bâtiment qui se trouve à deux pas du musée.
Un fameux distributeur de boissons japonais au pied du bâtiment de la précédente photo. Lui aussi fait parti du thème de TCB et la phrase résume vraiment l’ambiance que j’ai pu percevoir durant ma visite.

Le rez-de-chaussée de l’usine sert de stockage des matière et ne nous l’avons malheureusement pas visité. La partie magasin en photo dessous était encore en travaux lors de notre passage, mais sert désormais de Flagship store.

Hajime Inoue, le patron de TCB, nous a emmené faire un tour de son usine en passant par la salle de découpe des tissus à l’étage et l’atelier de couture au premier. Nous avons pu faire le tour des machines à coudre très anciennes utilisées pour confectionner les jeans et autres vêtements. Mr. Inoue nous a expliqué pourquoi il utilisait ces machines bien particulières et pas d’autres : pour garder les mêmes méthodes et techniques de production des usines de Levi’s à l’époque afin d’être au plus proche d’une reproduction. Nous avons pu voir chaque étape impliquée dans le montage d’un jeans, de la découpe de la toile à l’assemblage des différentes parties et finalement aux dernières finitions comme la pose des boutons et des rivets.

Le flagship de l’usine TCB à l’heure actuelle. Malheureusement fermé lors de notre visite pour rénovation. C’est là que la majorité de la collection est visible. On y trouve bien sur des jeans et des vestes en jeans mais aussi des chemises, fatigue pants et même des vestes en cuir indigo reprenant la coupe des vestes en jeans.
Hajime Inoue à droite et deux de ses employés de l’usine. Ils sont pour la plupart tous habillés avec des habits TCB ! Certains employés portent des vêtements TCB et des samples. Les plus beaux délavages que j’ai pu voir de cette marque proviennent des employés qui les portent tous les jours au travail.

L’usine à l’heure actuelle. Elle a été entièrement rénovée et optimisée ces deux dernières années. À droite on y aperçoit des piles de denim fraîchement découpées attendant d’être montées. On y aperçoit également les diverses machines utilisées qui, pour la plupart, sont plutôt anciennes !
Un rapide panorama de l’usine TCB au niveau de l’atelier de confection en 2017 lors de ma visite. Ce panorama a bien entendu été capturé avant la rénovation de l’usine. Les employés de l’usine sont pour la majeur partie des proches d’Hajime Inoue. C’est par exemple sa femme qui s’occupe d’envoyer les colis lorsque vous commandez quelque chose sur leur site. Vous pouvez voir tout à gauche à côté du ventilateur mon TCB 50’s slim qui attend patiemment de se faire raccourcir.

C’est à la fin du tour que je me suis finalement jeté sur les vêtements et samples en stock. J’ai rapidement repéré un jeans que j’avais en tête et qui venait de sortir quelques semaines avant notre voyage : le TCB 50’s slim. Le même denim et la même construction que le modèle straight acheté deux ans auparavant mais avec une coupe modifiée!

La coupe est légèrement taille basse avec des jambes ajustée et une ouverture de jambes plus étroite que les autres modèles proposés dans l’arsenal de TCB. Les détails que j’apprécie dans le straight sont tous là : V-stitch, rivets cachés, toile de denim inspirée des Levi’s des années 50 et en prime un patch en cuir avec un dessin original digne de la marque. Je l’achète instantanément et je le retouche en longueur avec l’aide d’Hajime Inoue sur la machine mythique UnionSpecial 43200G à points chaînette. Cette machine à coudre, appelée le « Bull-dog » produit le meilleur « roping effect » sur l’ourlet que j’ai pu voir jusqu’à ce jour. En bonus, ma copine trouve également son bonheur en essayant leur seul denim pour femme, le « Norma » jeans qui est inspirée d’un des premiers Levi’s pour femme (modèle 701).

Je n’ai pas eu l’occasion d’interviewer officiellement Hajime Inoue lors de mon voyage. Le faire par mail n’a pour moi pas de sens car de nombreux interview existent et sont facilement trouvables sur internet. Je vous invite à lire l’interview assez complet d’Hajime Inoue sur le site Medium.

En somme, j’ai pu faire une rencontre passionnante et très enrichissante, autant sur le plan de mes connaissances sur le denim et de ses méthodes de confections que sur le plan humain. Hajime Inoue est une personne avec une gentillesse et une patience hors norme. C’est un vrai passionné qui a réalisé son rêve : travailler le denim et en faire vivre sa famille et ses proches. Il raconte même que l’acronyme « TCB » signifiait au début  : Takin’ Care of Business.

Le premier port de mon TCB 50’s slim aux côtés d’Hajime Inoue, le patron de TCB. La photo est prise juste à l’extérieur de l’usine et derrière nous se trouvent à quelques minutes à pied le musée du denim. Mr. Inoue porte un TCB 20 « à la japonaise », c’est à dire une taille trop grande pour le confort et le style.

TCB 50’s slim

Je vais vous parler maintenant de mon jeans, c’est le modèle 50’s slim 

Fiche technique :

  • Coupe slim, taille moyenne à légèrement basse
  • Denim 13.5oz pre-wash, 14.5oz environ post-wash.
    • Denim unsanforized exclusif et custom pour TCB
    • Tissé au Japon à Ihara dans la préfécture d’Okayama avec du coton du Zimbabwe.
    • Toile inspirée d’un Levi’s 501 des années 50. Légers slubs verticaux.
    • Fils teint avec de l’indigo selon la méthode « Rope dye » qui conserve le coeur de la fibre blanc.
    • Délavage contrasté ou uniforme selon la fréquence des lavages et l’utilisation.
  • Rivets en cuivre, dont rivets cachés sur les poches arrières.
  • Boutons en fer, conçus pour rouiller légèrement avec le temps.
  • Cousu avec 5 épaisseurs de fils de 4 couleurs différentes, fils made in Japan 100% coton.
  • Liseret Selvedge rouge/rose
  • Ourlet en point chaînette sur la mythique UnionSpecial 43000G dite « Bull-dog » machine
    • Garantie d’un ourlet au roping extrêmement prononcé si effectué sur la machine de l’usine TCB!
  • Patch en cuir de vache avec logo des 2 chats.

Voici mon jeans, porté depuis l’été 2017 environ un jour sur trois. Je dirais que je l’ai porté une année de port complet (365 fois au moins!). Il a vu quelques lavages à la main, une bonne dizaine de lavages à la machine et quatre passages au sèches-linge. J’ai attendu environ une trentaine de ports avant de le laver la première fois à la main. Je l’ai ensuite lavé avec ma machine à laver en cycle délicat et essorage 400 tours/minute.

On aperçoit le liseré selvedge dans la petite poche sur le bord. Les passants sont cousus de manière à surélever la partie du milieu. C’est un détail vintage qui s’appelle « raised belt-loops ». Les rivets en cuivre ont déjà acquis une belle patine avec le temps.

On peut apercevoir la rouille qui commence à pointer le bout de son nez sur le dernier bouton.
Les rivets cachés que j’aime tant sont là ! On peut voit que les coutures du « Yoke » (partie arrière du pantalon, en haut des poches) ont été usées. Je les ai réparées avec un fil teint à l’indigo naturel à la main de la marque Buaisou pour renforcer les parties fragilisées avec les nombreux ports.
Un délavage plutôt uniforme à l’arrière car je suis beaucoup assis dans la vie de tous les jours. Le patch commence à s’effacer mais ne s’est pas encore transformé en « beef-jerky » avec les passages au sèche linge.
Un aperçu de la texture de la toile. Légères irrégularités sous forme de slubs verticaux, typique des denims des années 50. Les « train tracks » sont également visible. C’est ce délavage particulier que créer le liseré selvedge sur la partie de côté.
Le liseré selvedge. Rose-rouge au départ, il est devenu quasiment blanc au fil du temps et des lavages.
Comme promis, la machine UnionSpecial 43200G dites « Bull-dog »produit un roping intense. La machine qui sert à faire le point chaînette des jeans TCB est extrêmement bien réglé et la tension inégale lors de la couture produit le roping le plus impressionnant que j’ai pu voir à ce jour.

Que serait une review d’un jeans sans le détail le plus important !?

Le fit du TCB 50 slim

Ce TCB 50 slim est comme son nom l’indique : slim. Plutôt taille basse avec 4 boutons. Si vous êtes habitués aux jeans avec des coupes « modernes » vous ne serez pas dépaysé. Il y a de l’espace au niveau des hanches et des cuisses avec un « taper » sur toute la jambe. Difficile de le mettre dans une catégorie précise, mais il se rapproche de ce que l’on appelle un « slim tapered ».

L’objectif de cette tenue était de rester simple. Voilà ce que je porte facilement dans la vie de tous les jours pour aller au travail. Une veste en suède, un t-shirt, un jeans et des boatshoes. Vous ne pouvez pas vous tromper !
Le liseré selvedge est bien délavé le long de la jambe. C’est un détail qui s’appelle « traintrack », car il ressemble à un chemin de fer.
Je vous laisse apprécier la texture que produit les irrégularités du denim une fois délavé, mais surtout le roping au niveau de l’ourlet qui est TRÈS prononcé.

Le modèle TCB 50’s slim est excellent. La coupe n’est pas parfaite pour ma morphologie, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à la porter. Elle est slim avec de la place au niveau des cuisses et des hanches, détail qui met ce jeans en haut du panier pour moi.

Le denim est une reproduction d’un Levi’s des années 50’s et la couleur est d’un indigo très profond au début. Les premiers ports permettent de réveiller la toile qui devient peu à peu très poilue au fur et à mesure que l’excès de fibres de coton se détache. Le poids de la toile se situe dans la gamme moyenne, ce qui m’a permis de le porter toute l’année.  Il a d’ailleurs vu ses premiers ports lors des journées les plus chaudes au Japon ou le thermomètre atteignait les 35°C!  Hajime Inoue a gardé les détails d’un 501 des années 50 dont-il s’est inspiré et l’a incorporé dans un jeans ajusté avec une coupe moderne mais confortable. Pas de fioritures comme des passants doublés ou des coutures gansées, ni des poches arrières doublées. La simplicité fonctionnelle à son état pure comme à l’époque. Le prix est de ¥18,100 soit environ 150€.

Si vous êtes intéressé par l’achat d’un jeans de la marque, je vous conseille fortement de passer directement par l’E-shop de l’usine où il est facile de joindre lors de la commande la longueur finale désirée. Cela vous permettra d’obtenir la fameuse couture en point chaînette qui produit le meilleur roping sans frais ajouté. Hajime Inoue répondra avec plaisir à vos questions sur le sizing. Pour moi, le TCB 50 modèle straight et slim taille normalement avec un peu d’espace aux hanches et à la taille. Parfait pour une coupe ajustée mais confortable dès le départ. Je prends du 30 US sur la plupart de mes jeans et celui-là ne fait pas l’exception.

J’espère que ce premier article vous aura plu. N’hésitez pas à poster en commentaire les sujets qui pourraient vous intéresser pour les prochains articles ainsi que vos éventuelles questions concernant Kojima et TCB.

Merci pour votre lecture et à la prochaine!

Par Colin

Passioné par le denim et les vêtements japonais. J'habite en Suisse et j'aime le fromage mais pas le chocolat. Vous pouvez me retrouver sur instagram

Un style pointu et des conseils simples

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