A.Presse et l’inaccessible simplicité

Fondée en 2021 par le jeune designer Kazuma Shigematsu (notamment reconnu pour son travail chez Daiwa Pier39), A.Presse est aujourd’hui l’une des marques émergentes les plus hype du marché japonais. Et aussi, accessoirement, l’une des plus chères, comparable à ce que proposent Taiga Takahashi et NICENESS. Elle se positionne ainsi un bon cran au-dessus de noms comme Auralee et Yoko Sakamoto, qu’on ne peut pas non plus décemment qualifier d’« accessibles ». C’est encore pire une fois le Pacifique franchi. Et voilà l’anomalie. A.Presse n’a jamais été une marque à ambition internationale. Elle n’aurait donc pas du finir, cette saison printemps / été 2025, chez Mr Porter (et, in fine, encensée chez GQ). Cette grande machine à décontextualiser, à aplanir. Car ce qu’A.Presse propose est immédiatement compréhensible et illisible à la fois, s’adressant à « tout le monde » dans le propos tout en excluant volontairement la majorité.

A Presse marque

A.Presse collection printemps / été 2025

Parlons des vêtements, car voilà le clou du spectacle : Kazuma Shigematsu se fout bien de la mode. Tout le principe est d’en faire le moins possible, de proposer un vestiaire inoffensif. Un jean. Une chemise OCBD. Un pantalon militaire. Une paire de Jack Purcell. Une veste en cuir. Un sweat.

Chaque pièce est conçue indépendamment. Les fringues A.Presse se fondent dans des tenues où le vintage est en surnombre. Les détails se perdent dans l’ensemble, shooté façon Armani de la grande époque. Tout ça ne rend rien en photo. Même les étiquettes blanches et vertes portant le nom de la marque sont pensées pour se fondre dans un bac à fripes. Il faut toucher, essayer, porter. Et, dans le meilleur des cas, écouter ce vendeur qui te suit partout pour t’expliquer pourquoi la veste que tu as maintenant sur le dos est affichée à 480 000 yens hors taxes. On peut difficilement faire plus japonais qu’A.Presse. Sauf pour ceux qui pensent qu’acheter un pyjama freesize et un curry sous-vide chez Muji donne droit à la double nationalité

De quoi affoler le petit monde du menswear, nourri à l’exotisme kinorien et au narratif de « l’autre Fashion Week ». Celui des petites marques, des créateurs à la marge qui font du luxe pour initiés (et non pour les ignares, ceux qui aiment les gros logos). Je dois malheureusement m’inclure dans la conversation. Il y a quelque chose de captivant dans cette approche d’une mode « passe-partout », qui plaît autant aux nerds qu’aux gens « normaux »—cette discrétion dont j’ai pu parler chez Arpenteur cet hiver. A.Presse, c’est du denim japonais classique, des hoodies, mais aussi du bomber en soie, des pantalons en cuir suede, et tant d’autres pièces qui ne feraient pas tache chez Hermès. Mais sans le sac orange.

C’est à essayer ou à toucher avec les yeux chez The Next Door, à Paris

Par Nicolas

Fatigue pour les intimes.

Un style pointu et des conseils simples

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