Voilà maintenant un an et demi qu’Aïdama, marque française puisant ses inspirations au Japon, s’est lancée sur le marché. Nous étions là pour t’en parler dès la première heure avec une rapide présentation du concept et de son fondateur, Joachim, dans le numéro inauguratif de la Revue de mode. Puis à l’occasion d’un zoom sur une collection printemps / été 2022 qui posait les bases d’un vestiaire aux ambitions remarquables dans un milieu où vendre du basique est un choix de carrière éprouvé. Des pièces freesize et unisexes au propos créa assumé qui nous ont donné envie de suivre et de soutenir plus directement le projet. Si le temps a manqué et que nous n’avons pas pu couvrir les deux saisons suivantes, il n’était cependant absolument pas question de manquer l’automne / hiver 2023. Et pour une bonne raison : la sortie du manteau « Taizen », un tout premier outerwear proposé en précommande.
NB: Aïdama est une marque amie du média et soutient financièrement cet article. Le manteau, un prototype monté par Joachim, a été prêté pour la réalisation de l’édito photo. Merci !
Aïdama continue de tracer un chemin alternatif dans le paysage de la mode made in France
Je viens de préciser qu’Aïdama était une marque « amie » du média. Elle est en réalité un petit peu plus que cela. Tu es probablement déjà au courant si tu as suivi les actualités Borali ou tout simplement les aventures de Boras sur son compte instagram. Nous sommes colocataires avec Joachim depuis peu et partageons un bureau / atelier / showroom dans le quatrième arrondissement de Paris. Il ne faudrait toutefois pas trop s’inquiéter aujourd’hui quant à l’indépendance de mon écriture, car je suis personnellement toujours lyonnais à plein temps. Le fondateur de la marque, en dépit de sa taille démesurée, ne pourra donc pas m’atteindre physiquement en cas de critiques trop acerbes sur sa nouvelle création.
Blague à part, je voulais ainsi signifier que nous suivions de très près les évolutions du label de Joachim. Un créateur passionné qui s’efforce à tout faire en solo, ou presque. Et quand on sait a quel point il est difficile de gérer une marque de vêtement, d’autant plus quand on cherche à produire en France des fringues qui sortent de l’ordinaire (des catalogues), il est impressionnant de voir des collections cohérentes disponibles en temps et en heure. Il en est de même pour les lookbooks qui concrétisent très bien un propos freesize pas évident à défendre. La recette Aïdama, un shoot collectif ou de nombreuses morphologies différentes s’approprient les mêmes vêtements, ne laisse personne sur le coté et supplante les guides des tailles aux mesures peu parlantes. Elle est suivie à la lettre une fois encore pour le lancement de cette collection automnale, continuant d’inscrire Aïdama sur un chemin bien singulier.
Manteau « Taizen » : Aïdama lance un premier outerwear hors-norme
Deux modèles aux physiques diamétralement opposés, dont Joachim, déambulent anonymement dans des rues japonaises qui semblent aussi lointaines que familières. Sur leurs épaules, des manteaux en laine minimalistes qui n’ont pourtant aucune chance de passer inaperçus. À motifs ou non, peu importe. Car c’est d’abord une question de volumes. Il y a de la place, beaucoup même. Et l’unique longueur proposée, finalement assez classique sur Joachim (1m90), est plus radicale sur le modèle féminin (1m70).
Puis l’on remarque rapidement cette étonnante fermeture à double-zip en lieu et place de l’attendue boutonnière, faisant davantage penser à une parka ample qu’a un manteau classique. La suivre nous amène naturellement à ce col « convertible » qui peut remonter très haut, la signature « modeuse » du manteau. Entièrement fermé il vient couvrir le cou et une partie du visage du porteur, déjà masqué. Entre-ouvert, il se pose sur les épaules à la manière d’un col camionneur.
Les détails plus discrets n’ont rien de banal non plus. Le montage des manches est particulièrement intéressant. Pas de raglan ni de drop shoulder. Encore moins une épaulette rembourrée. Mais le choix inhabituel d’une manche dolman, construction droite et sans coutures (au niveau de l’épaule) qui vient déstructurer la silhouette. Le manteau, doublé et sans entoilage, se pose ainsi à la manière d’une cape sans jamais gêner les mouvements. Il permet ici un layering confortable, souvent plus beau sur instagram que pratique dans la vie de tous les jours. Trois indispensables poches (deux à l’extérieur, une à l’intérieur) complètent le tableau.
De la laine deadstock de chez Nona Source
Enfin, presque. On en oublierait un point primordial : la matière. Elle diffère en fonction des coloris. Une laine déperlante assez légère et fluide tissée en Italie pour le modèle noir. Une laine mélangée un peu plus lourde pour le modèle à carreaux, également italienne. Car Aïdama partage la même approche que le label danois mfpen. C’est à dire qu’elle utilise des tissus deadstock ou « dormants », qui n’ont jamais servis, plutôt que d’aller piocher dans une nouvelle production. Joachim a trouvé son bonheur via la plateforme Nona Source, lancée par LVMH, qui met à disposition des matières de grande qualité habituellement inaccessibles aux acteurs hors du secteur du luxe. Un choix déterminant pour une pièce qui se doit, au-delà d’être belle, de répondre à une fonction : protéger du froid et des intempéries. Et les deux à la fois, c’est bien mieux.
Si je ne fais habituellement pas dans la fiche technique pour présenter un vêtement, prendre le temps de citer tout ce qui fait du manteau d’Aïdama une proposition unique est lui rendre justice. Il faut tout de même rappeler que ce manteau est entièrement confectionné en France par une micro marque qui n’a pas peur de prendre de vrais risques. Et ce n’est pas simplement une transposition française de ce qui peut se faire de bien au Japon. Acheter du Aïdama n’est pas faire un compromis, un sous-choix. Mais adhérer à un propos clivant.
Un édito avec Hanh : un manteau créa qui replace la silhouette au premier plan
C’est dans le prolongement de cette idée que nous avons pensé le shooting photo maison. Un peu différemment cette fois. Avec la volonté de considérer Aïdama comme une vraie marque créa. Et ainsi traiter le manteau « Taizen », que j’ai choisi dans sa déclinaison noire, en tant que pièce qui n’es pas immédiate. Qui impose une réflexion, un parti pris.
Des essais infructueux, qui laissaient une trop grande place aux vêtements « accompagnateurs », m’ont ramené à l’évidence : la silhouette. L’oeil d’Hanh, talentueuse photographe ayant une poignée articles à son nom sur le média, a fait le reste.
Le noir et blanc s’est imposé. Loin d’effacer le manteau dans la tenue, il souligne son importance. Le contraste libère des artifices, rend visible des contours qui peuvent parfois passer inaperçus. Redonne à la coupe sa place de choix.
Les vêtements portés ici sont ceux de mon quotidien. Il était important pour moi de ne pas adopter un déguisement le temps d’un shooting, de penser le manteau dans le réel. J’ai comme toujours opté pour la simplicité.
Mon idée étant de contrebalancer la « mollesse » du pardessus, ou plutôt sa fluidité, par des pièces structurées. Qui tombent net. Mais qui cachent un potentiel « modeux » ne se révélant que par l’ensemble. Auralee est la marque parfaite dans ce registre. Proposant des sapes qui n’ont l’air de rien, prises individuellement.
Mes Tricker’s « Daniel », rondes et imposantes, ancrent la tenue. Mon sac Uniqlo C tranche, apporte du relief en créant un étage supplémentaire dans le dos du manteau. Et c’est plutôt pratique pour ranger mes trucs, optionnellement.
Manteau « Taizen » par AÏdama : verdict ?
Je me souviens encore avoir demandé à Joachim des informations sur un éventuel projet d’ outerwear dès la sortie de sa première collection estivale. Une marque française qui ne trempait pas dans du casual-chic , c’était trop beau. J’attendais le résultat avec impatience, avec un tas de références en tête qui plaçaient la barre haute. Le « Wrap coat » de Lemaire, l’ « Investigated Coat » de Stein, le balcamaan de Document. Si établir une comparaison frontale n’aurait pas de sens, Aïdama remplit à mon sens parfaitement le contrat.
D’ailleurs, les photos parlent d’elles-mêmes. Le « Taizen » ne fait pas pale figure quand il est porté avec de très beaux labels. Bien au contraire, il donne à ma tenue tout son tranchant. Évidemment, c’est une proposition atypique et il faut avoir le vestiaire qui va avec (c’est surtout vrai pour le modèle noir). Et il me faut répéter quelque chose d’important : je considère avoir la morphologie plus ou moins « idéale » pour porter cette pièce freesize.
La précommande du manteau Taizen, c’est jusqu’au 5 novembre
Ce qui ne veut absolument pas dire que ces manteaux ne sont pas faits pour toi si tu ne te reconnais pas dans ma silhouette. Joachim propose justement des essayages dans nos bureaux partagés qui pourraient te convaincre davantage qu’une tenue ou des mots, si tu as un peu de mal à te projeter. Je t’invite à lui envoyer un message sur instagram !
Et si tu penses être la cible et que tu aimes l’idée de soutenir une petite marque qui ne fait clairement pas dans la facilité, sache que la précommande va durer encore quelques jours. L’occasion rare de chopper une pièce qui ne finira pas sur les épaules de tout le monde. À retrouver sur le site d’Aïdama à prix réduit jusqu’au 5 novembre.
Je te conseille vivement de suivre le travail d’Hanh. Merci à elle de m’avoir attendu patiemment dans la tempête.