En pleine rédaction d’un article qui devrait te plaire, il s’est mis à pleuvoir comme jamais. Enfin, c’est un temps plus cohérent avec la période de l’année. Tout ça pour te dire, j’ai sauvegardé le travail en cours et suis passé à cette tenue. Pourquoi ? Parce qu’elle est shootée depuis février 2019 et que je n’avais pas eu le temps de la poster ici. Tu remarqueras le sol trempé, c’était donc le moment. La tenue te surprendra peut être un peu, surtout ces derniers mois où j’envoie des silhouettes loose-fit. Pourtant, j’aime aussi réduire les volumes et faire du pied au style slim fit.
Mais pas n’importe comment.
Jean slim, veste cintrée et réflexion sur les coupes slim-fit
Oui, si depuis 2014, je partage 95% de tenues coupes droites, amples ou encore size-up, je ne suis pas réfractaire au slim-fit. Ne pas porter un style, un type de coupe ou une pièce, ne veut pas dire qu’il faut s’y fermer.
Ou le rejeter.
Il existe bien des choses qui divisent les humains, restons tolérant sur un sujet léger comme le vêtement !
Pourquoi s’habiller près du corps est un exercice difficile
Je pourrais t’écrire un article sans fin sur ce sujet. J’aime penser les tenues au travers de la silhouette et forcément, s’intéresser et maîtriser le slim-fit est nécessaire.
En discutant avec vous, j’entends souvent que s’habiller ajusté est une première étape lorsque l’on débute dans le vêtement. Porter une veste bien cintrée et un jean semi-slim (enfin bien slim dans les faits) est rassurant.
Nous ne sommes pas là pour débattre mais il est indéniable que ce type de vêtement et de coupe est poussé par mes confrères qui rédigent des guides pour « bien » s’habiller lorsque l’on débute.
S’habiller avec des coupes plus droites ou amples, un vestiaire qui ne soit pas casual chic, serait vu comme une « next step ». Ou alors, si tu veux aller plus loin et te passionnes pour la mode.
Cette approche m’a toujours fait halluciner.
Et tu sais pourquoi ?
Parce qu’il n’y a rien de plus difficile que de bien s’habiller lorsque l’on choisi des vêtements près du corps et des coupes cintrées.
Il n’y a pas plus exigeant car il n’est pas du tout permissif.
S’habiller slim-fit, c’est avoir chaque pièce de ta tenue coupée au scalpel. Dès lors, ériger ce type de coupe comme base du style pour un débutant…
Périlleux !
Quelques conseils pour bien porter des coupes ajustées
On le verra dans la seconde partie, ces conseils ne visent pas uniquement le style casual chic / tenue de bureau. Voici quelques pistes pour ne pas te rater si tu souhaites porter tes vêtements près du corps :
- ne pas confondre slim et trop petit : c’est la plus grosse erreur chez les débutants, et sans jouer les langues de vipère, chez certains « professionnels ». S’habiller avec un jean slim et une chemise cintrée ne veut pas dire qu’il faut finir boudiné. Donc non, ton jean ne doit pas t’écraser le paquet et non ta chemise n’a pas à souligner la moindre partie de ton torse !
- raccourcir la longueur de ton chino / jean : cela ne pardonne vraiment pas. Une silhouette où chaque vêtement colle aux lignes de ton corps, tu ne peux pas te permettre d’avoir un pantalon qui fait l’accordéon sur tes chaussures. Et le quadruple revers pour un effet donuts à la cheville non plus. La case retouche est essentiel pour 90% des gens (j’en fais partie).
- Attention à la longueur des manches : un peu comme le jean, si les poignets de ta chemise s’écrasent sur tes mains… Fail ! Idem pour le manteau qui te couvre la moitié des phalanges. C’est chouettes dans certaines silhouettes street minimalistes, pas dans une tenue slim-fit. La retouche existe aussi, simple pour les chemises, pour les vestes / manteaux… je m’y suis jamais risqué.
- Surveiller la longueur de tes hauts : quand on porte un jean slim, avoir un haut trop long, c’est plomber sa silhouette. Il faut donc faire attention avec tes sweat / tee shirt / chemise (si tu la portes sortie).
- Accepter ta morphologie : aucun jugement de valeur mais les vêtements slim-fit ne vont pas mettre en valeur tout le monde. Si tu n’es pas fin, quoique te disent les guides de conseil en style masculin, des vêtements ajustés te desserviront. Combien de mecs avec de bonnes cuisses et un fessier de rugbyman je vois, moulés dans leur slim plein d’élasthanne pour pouvoir bouger… C’est un choix et je peux comprendre que l’on ait envie de porter ce qu’il nous plait / ce que l’on nous a mis dans la tête. Prudence donc !
- Bonus : conseil purement perso mais attention au ratio pointure / gabarit. Peu de gens y font attention mais c’est quelque chose qui me choque souvent. Ça va de paire avec la morphologie. Si tu fais du 44, ne dépasses pas le mètre 80 et que tu es plutôt mince, le semi-slim c’est vite casse-gueule. Par conséquent, attention aux choix des chaussures.
Le slim-fit, tu peux le voir, pour bien le réaliser, il faut faire face à beaucoup de contraintes.
Il existe des assemblages de pièces faciles à faire lorsque l’on débute mais le choix des coupes n’est pas si simple et le slim-fit n’est pas forcément la clé pour tous les débutants.
Silhouette slim et style street heritage : c’est compatible !
Pas de suspens, tout est dans le titre.
Mais attends stp avant de fermer la page, il y a enfin des photos et une mise en situation !
Effectivement, le casual chic n’a pas le monopole de la silhouette slim. On retrouve cette approche du vêtement dans différents styles, du workwear au streetwear.
Je me suis donc dit que te parler de slim fit en portant une tenue classique n’aurait pas spécialement d’intérêt. En revanche, mettre en application cette approche sur mon propre style de prédilection, là, on va papoter un peu.
À travers ce look, on va voir comment j’ai choisi les pièces et si j’arrive à éviter les pièges.
Comment faire du layering avec des coupes ajustées
Les mauvaise langues auraient titré « comment faire du layering avec des vêtements à sa taille » haha. Je rappelle souvent que j’appréhende le layering comme autre chose que simplement « s’habiller ».
Parce que oui, j’ai tendance à rappeler que l’on parle un peu trop vite de layering. Porter un chemise, un cardigan et un manteau avec une écharpe, sur le papier c’en est oui. Tu empiles plusieurs couches (layers) donc c’est du layering.
Ce qui veut dire que tout le monde en fait, même ta grand-mère en fait.
Le layering, c’est s’habiller au final.
Alors que pour moi, quitte à faire de l’anglicisme et intellectualiser le truc, autant que ce terme layering encadre une vraie proposition stylistique !
C’est pour cela que je parle toujours de jeu de volume et de longueur.
Alors comment le rendre compatible ( et intéressant) avec une silhouette slim-fit…
Et bien, il y a peu de solutions.
Tu as les traditionnels conseils :
- jouer sur les matières et leur texture
- jouer avec les couleurs et motifs
- ajouter des accessoires
On revient à la réelle utilité de parler d’une technique de style …
J’ai tenté d’y répondre inconsciemment dans la tenue qui arrive (elle n’était pas pensée pour ce thème d’article)
Exercice de style : combiner style street heritage, coupes slim et layering
Allé, on arrête les pavés, place aux photos.
On peut porter des jeans plus étroits
Le style street heritage est donc une approche plus relax de la sape qui se traduit par du volume et des associations de pièces de différentes époques.
Mais mettre du volume dans une tenue peut être fait sans que cela finisse par de grosses coupes droites. On peut, avec le bon coup d’œil, choisir des pièces plus slim. Il faudra doser le size-up pour éviter les silhouettes aseptisées.
Et inconfortables.
Avec ce jean Visvim, c’est ce que j’ai cherché à faire.
Rien de révolutionnaire si tu potasses le blog depuis quelques années. C’est plus ou moins un rendu à la APC. Si tu débutes, voici comment je choisis et porte un jean à la coupe plus slim :
- size-up : je fais en sorte de le prendre une taille au-dessus pour avoir la marge nécessaire au niveau du bassin.
- porter sur les hanches : la marge à la taille permet de descendre un peu le jean. Outre le confort, cela donne un aspect plus décontracté à la tenue. De plus, cela entraîne plus de place aux cuisses aussi du coup.
- couper court : il aurait encore pu l’être un peu plus d’ailleurs. Selon les goûts, il faut que tu puisses faire un ou deux revers max avant de laisser apparaître la cheville (ici c’est deux mais j’aurais préféré un).
Tu vois, rien de bien compliqué pour être à l’aise dans un jean sans pour autant porter des coupes droites. Et le confort ne passe pas par l’ajout de plastique dans la toile.
Concernant le jean, c’est un Visvim 03NW 14,5oz brown selvedge, et c’est en discutant avec Colin que j’ai compris tout la particularité de ce délavage.
Il s’agit d’un jean délavé mais pas lavé… tu me suis ou pas ?
En gros, le jean est monté à partir d’une toile brute et il est délavé à la main sans être passé dans une machine à laver. Ce qui n’est pas le cas de 99% des jeans délavés.
Résultat : un délavage très particulier, et une toile qui conserve les propriétés d’un jean brut. Le denim va continuer à évoluer sur les fesses de son acquéreur.
Dingue !
Et forcément plus cher (mais tu entendras toujours des gens dire « Visvim est trop cher pour ce que c’est » alors qu’ils ne connaissent rien des procédés).
Je l’ai acheté comme cela, c’est un délavage typique de climat des pays asiatiques où l’évolution est vraiment extrême et différente de chez nous. Je ne sais pas à quel point le porteur précédent a fait évoluer la toile. Le fait est que le résultat est fou.
J’ai patiné plus d’un jean mais jamais je n’ai obtenu de tels contrastes. Cela divise chez les denim heads (Colin, notre Denim master ne kiffe pas plus que ça par exemple) mais le rendu a le mérite d’être singulier.
Perso, j’adore.
On peut faire du soft layering même sans volume
Comme on ne peut pas s’amuser sur les jeux de volume et de longueur, il va falloir ruser et plutôt creuser le mélange de pièces.
Je m’explique.
Dans cette tenue, c’est le mélange blazer militaire / veste en jean qui va être intéressant en terme de layering. Et plutôt que d’aller chercher des détails de texture ou motif pas toujours heureux et attendus, on se concentre sur le design du vêtement.
J’ai pris une trucker jacket brute avec des revers de poignet en velours marron. C’est le genre de subtilité qui ne m’intéresse pas dans mon style au quotidien. Mais dans une silhouette slim, je sais qu’il est nécessaire d’apporter des petites touches. La pièce remplit sa mission.
Avec quand même un jeu timide de longueur aux manches, on peut parler de layering. C’est aussi un rappel discret de couleur qui fera plaisir à nos yeux de passionnés de vêtement.
Pour le blazer, j’ai trouvé cet hybride de veste casual et field jacket militaire.
Elle fait le pont entre workwear et militaria, les pièces revisitées apportent une touche de modernité d’office. Et puis pour notre problématique de layering, elle amène son lot de détails. La fermeture façon M65 a de la gueule en plus.
J’ai choisi une chemise blanche Oxford button down pour apporter un peu de lumière en haut.
(Le blanc immaculéest plutôt une histoire de photo)
Pour ne pas tomber dans le casual chic slim, et garder ma vibe, elle n’est pas cintrée. Plutôt une coupe droite et un peu de longueur pour la sortir.
Les chemises courtes, trop cintrée et à petit col, sont des pièces connotées DNVB parisiennes. Ce tiercé n’est pas très polyvalent. Hors du style casual chic franco-parisien, il te sera difficile de les utiliser. C’est le cumul qui n’est pas bon ici. Les chemises Drapeau Noir sont par exemples plutôt slim avec un col moyen mais il y a de la longueur, je pourrais les porter ici.
On peut apprécier les détails de près.
La Michael de Paraboot, un classique de la chaussure française
Depuis 5 ans maintenant, je suis passé outre l’image de la chaussure de « vieux » pour apprécier la force de design et de construction de la Michael. Paraboot a depuis explosé chez les amateurs de mode tendance. Je vais pas me répéter d’article en article, c’est un must.
Une pièce héritage de caractère qui est, bonus, vraiment polyvalente.
Avec un jeans très loose comme mon Hatski ou comme ici avec une ouverture plus étroite, elle équilibre la silhouette à chaque fois.
Je ne suis pas designeur de footwear, mais il doit y avoir un équilibre dans l’arrondi et le bourrelet du coup de pied qui explique tout ça !
Bref, une immortelle à posséder dans son vestiaire.
Alors, layering et coupes slim, tu valides ?
Je me suis embarqué dans un drôle d’article avec cette problématique. Il faut dire que ça me titille depuis longtemps. Sans rage ou langue de p***, je reste simplement interloqué devant ces articles qui parlent de maîtriser le layering. C’est probablement un mot beaucoup tapé sur Google et il faut donc se placer !
Bref, le style street heritage est évidement bien plus naturel lorsque les silhouettes sont loose-fit et que l’on a de la place pour bouger dans nos vêtements.
Il n’empêche que l’exercice de style reste intéressant et il m’arrive de prendre plaisir à m’habiller « à ma taille » et avec des vêtement coupés pour épouser un peu plus le corps.
Néanmoins, on entre dans la saison où je vais avoir chaud pour tous ces hommes moulés dans leurs chino et jeans slim. Alors stp, si tu n’as pas encore franchi le pas :
Up-size ton jean 🙂
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