Cet article est aborde un sujet cher à mon cœur, celui des vêtements militaires. Si vous avez lu mon précédent article sur les pantalons à taille naturelle, alors vous savez que j’apprécie tout particulièrement les vêtements militaires : fonctionnels, résistants, durables, et adaptés à toutes les morphologies. Ce sont des vêtements avec beaucoup de caractère, et qui, bien souvent, ne coûtent pratiquement rien. Dans cet article, nous allons voir ensemble comment comprendre et choisir la taille de vos vêtements militaires.
Dans le prêt-à-porter classique, choisir la taille d’un vêtement est parfois un peu déroutant. D’une part, le système de taille n’est pas normalisé ; il peut s’exprimer aussi bien en inch qu’en centimètres, ou encore en valeurs dites universelles (small, medium, large). Par exemple, un pantalon en taille américaine 36 équivaut plus ou moins à une taille française 46 ou 48, qui équivaut elle même approximativement à une taille italienne 52 ou 54, ce qui correspond pour certaines marques à du L, mais pour d’autres à du XL.
D’autre part, les tailles varient très fortement d’une marque à l’autre, en fonction du pays d’origine, du type de clientèle visée, de la direction artistique de la marque, de l’idée que la marque se fait d’une taille donnée, de la coupe, de l’époque et de la mode. Par exemple, suivant la marque, l’époque ou encore les traitements reçus, un pantalon en taille US 36 pourra avoir une demi-ceinture mesurant de 44 cm à 50 cm. Dans ma penderie, j’ai des hauts aussi bien en S qu’en XL, pour un rendu visuel et un fit identique.
N.D.R. : certaines pratiques contribuent d’avantage encore à brouiller les tailles ; on pensera au vanity sizing pratiqué notamment par un grand nombre de marques en prêt-à-porter féminin.
De telles fantaisies, variations ou approximations n’ont pas leur place dans le domaine militaire. Le système de taille se doit d’être clair et pratique. Quand il s’agit de faire percevoir à une section entière (dont les membres ont tous des mensurations et des morphologies différentes) ses tenues de combat, ses vêtements de sport, ses vêtements de service courant, ses effets d’été et ses effets d’hiver, on n’a pas le temps de chercher à savoir si tel modèle taille grand ou petit ou s’il faut plutôt prendre une taille au dessus ou une taille en dessous par rapport à sa taille habituelle.
Finalement, quand on y réfléchit, il n’existe (théoriquement) que deux façons d’exprimer la taille d’un vêtement :
– soit la taille exprime la mesure d’un vêtement (par exemple la mesure de la demi ceinture d’un pantalon)
– soit la taille exprime les mensurations de la personne à laquelle le vêtement se destine
En ce qui concerne les vêtements militaires, le système de taille repose presque toujours sur les mensurations du porteur. C’est bien plus simple, lors d’une perception, de dire : “je mesure Xcm et mon tour de poitrine est de Ycm”, que de dire : “je fais plutôt telle taille chez telle marque, mais telle taille chez telle autre marque”, et ça limite d’autant les risques d’erreur.
Pour vous aider à choisir la taille de vos vêtements militaires en fripes, en surplus ou sur internet, cet article abordera les différents systèmes de taille employés par les forces armées. Vous verrez ainsi que ces systèmes sont assez proches les uns des autres, que ce soit au sein de l’OTAN ou de l’armée française. Je vous donnerai ensuite des exemples de tenues qui intègrent des pièces militaires ; l’idée de ces tenues est de vous montrer qu’il est possible d’intégrer des vêtements militaires à sa garde robe, sans pour autant paraitre déguisé.
1 – le code OTAN
Les armées des différents pays membres de l’OTAN partagent des normes standardisées communes pour faciliter leur interopérabilité. C’est par exemple le cas en ce qui concerne les munitions ; c’est également le cas des tailles utilisées pour l’habillement. Ce système est très simple à comprendre. Les tailles sont exprimées sous la forme d’un code à 8 chiffres, présenté de la manière suivante : XXXX/XXXX.
Dans le cas d’un haut, les quatre premiers chiffres donnent la taille minimum et la taille maximum du porteur. Les quatre seconds donnent le tour de poitrine minimum et le tour de poitrine maximum du porteur.
- Exemple 1 : 7080/9404 ; taille mini 170cm, taille maxi 180cm, tour de poitrine mini 94cm, tour de poitrine maxi 104cm. Le vêtement est donc prévu pour une personne mesurant entre 1,70m et 1,80m, et ayant un tour de poitrine compris entre 94cm et 104cm.
- Exemple 2 : 8090/1424 ; taille mini 180cm, taille maxi 190cm, tour de poitrine mini 114cm, tour de poitrine maxi 124cm. Le vêtement est donc prévu pour une personne mesurant entre 1,80m et 1,90m, et ayant un tour de poitrine compris entre 114cm et 124cm.
Bien évidemment, les mesures sont toujours données dans le système métrique, y compris pour les vêtements militaires américains.
Dans le cas d’un pantalon, les quatre premiers chiffres donnent la longueur d’entrejambe minimum et la longueur d’entrejambe maximum du porteur. Les quatre seconds donnent le tour de tour de ceinture minimum et le tour de ceinture maximum.
- Exemple : 8390/6979 ; entrejambe mini 83cm, entrejambe maxi 90cm, tour de ceinture mini 69cm, tour de ceinture maxi 79cm. Le pantalon est prévu pour une personne dont l’entrejambe mesure entre 83cm et 90 cm, et dont le tour de ceinture est compris entre 69 et 79 cm.
Étude de cas :
Décryptons ensemble cette étiquette :
- « KOHLER GMBH /89 » : il s’agit du nom du fabricant, et de l’année de fabrication, 1989
- ligne 3 : « 170-180/100 » ; cette parka est prévue pour une personne dont la stature est comprise entre 1,70m et 1,80m, et dont le tour de poitrine est de 100cm
- ligne 4 : « 7080/0005 » ; vous aurez reconnu le code OTAN ; taille mini 1,70m, taille maxi 1,80m, tour de poitrine mini 100cm, tour de poitrine maxi 105 cm
Comme vous le voyez, la taille est exprimée deux fois, une première fois avec le système propre à l’armée allemande, et une seconde fois avec le code OTAN. On remarque que le code OTAN se veut d’ailleurs un peu plus précis.
Le code OTAN cohabite souvent d’autres systèmes de taille utilisés par les armées de chaque pays. Par exemple, les vêtements militaires américains utilisent en plus du code OTAN leur système de taille qui exprime à la fois la stature du porteur (SHORT, REGULAR, LONG) et le tour de poitrine / tour de ceinture (X SMALL, SMALL, MEDIUM, LARGE, X LARGE). Cependant, il est plus simple et précis de ne se référer qu’au code OTAN.
Points clefs :
- le code OTAN se base sur les mensurations du porteur
- les 4 premiers chiffres expriment une hauteur (taille pour un haut/ longueur d’entrejambe pour un bas), les 4 derniers une largeur (tour de poitrine pour un haut / tour de taille pour un bas)
Si vous achetez un vêtement militaire français, vous ne trouverez pas de code OTAN pour exprimer la taille. Cependant, le système de taille de l’armée française est tout aussi simple à comprendre.
2 – Les vêtements militaires français :
Le système de taille employé par l’armée française ne diffère pas, dans son principe, de ceux employés par les autres armées. La taille est exprimée par un nombre, suivi d’une lettre. Pour un haut, ce nombre correspond au tour de poitrine. Pour un pantalon, il correspond au tour de ceinture. La lettre exprime quant à elle la stature du porteur :
- C : court, c’est-à-dire moins d’1,70m environ
- M : moyen, entre 1,70 et 1,80m environ
- L : long, plus d’1,80m environ
Exemples :
- Exemple 1, pour une veste 104C : tour de poitrine de 104cm, pour une personne mesurant moins d’1,70m
- Exemple 2, pour un pantalon 96L : tour de ceinture de 96cm pour une personne mesurant plus d’1,80m.
Attention : la taille indiquée pour un pantalon est bien le tour de ceinture réel du pantalon. Ne vous fiez pas aux tailles que vous portez habituellement, et qui ne correspondent pas à votre taille réelle. En effet, dans le civil, le nombre indiqué par la taille d’un pantalon ne correspond que rarement à une mesure réelle.
Prenons un exemple : une taille française 46, ou une taille américaine 36, devrait théoriquement correspondre à une demi-ceinture de 46cm, soit un tour de ceinture de 92cm. Mais, dans les faits, un pantalon en taille 46 aura le plus souvent une demi ceinture mesurant entre 47cm et 48cm (voir jusqu’à 49 cm). Si je prends l’exemple de mon chino Uniqlo U, pour une taille 36, la demi-ceinture mesure 47,5cm, soit un tour de ceinture de 95cm. Autrement dit, bien que la taille que je prenne le plus souvent en prêt-à-porter soit du 46 (ou 36 en taille américaine), ma véritable taille est bien plus proche du 48. Pour un pantalon militaire type F2, je devrais donc prendre une taille 96 (=48×2).
Points clefs :
- la taille des vêtements militaires français exprime une largeur (tour de poitrine en haut / ceinture complète du pantalon en bas) sous forme de nombre et une stature sous forme de lettre (C = court, vous mesurez moins d’1,70m / M = moyen, vous mesurez entre 1,70 et 1,80m / L = long, vous mesurez plus d’1,80m)
- il vaut mieux éviter de se fier à la taille de ses vêtements civils pour choisir la taille d’un vêtement militaire
Comme vous pouvez le constater, le système de taille utilisé par l’Armée française est extrêmement simple. Il l’est d’avantage encore pour les tenues félins, dites tenues de nouvelle génération (TNG).
Le cas des tenues nouvelle génération (ou tenues félin) :
Le système est pratiquement le même, à quelques différences prêt cependant. Désormais, il est plus précis. Des photos valent mieux qu’une longue explication :
La taille indiquée sur l’étiquette de cette veste de TNG (tenue nouvelle génération) est 89/96M. Autrement dit, cette veste est prévue pour une personne dont le tour de poitrine est compris entre 89 et 96cm, et de taille moyenne, ici entre 1,69 et 1,78m, ainsi que l’indique l’étiquette. Rassurez-vous : sur les tenues de nouvelle génération, vous aurez toujours une étiquette complète similaire à celle-ci.
Attention : bien souvent, pour une commande sur internet, la taille sera abrégée en se basant sur la valeur la plus grande, dans le cas présent 96M.
Pour les pantalons, sans surprise, la taille se base sur le tour de ceinture. Ici, la taille de ce pantalon de combat est 92M ; il est prévu pour une personne dont le tour de ceinture est compris entre 85 et 92 cm. Notez que sur ces pantalons, la ceinture est ajustable à l’aide de pattes de serrage latérales qui viennent mettre en tension un élastique situé au niveau de l’arrière de la ceinture. Détail intéressant, l’étiquette indique également le tour de bassin ; voilà quelque chose que j’aimerais pouvoir retrouver sur des pantalons civils.
N.D.R. : concernant les pièces des tenues Félins, tenues actuellement utilisées par nos armées, leur intégration dans une tenues civiles est extrêmement compliquée, et je ne la recommande pas. Au mieux de telles pièces pourront intéresser ceux qui en font un usage technique, comme les pratiquants d’airsoft ou de bushcraft.
Points clefs :
- sur chaque pièce de tenue Félin, il y a toujours une étiquette détaillée pour donner les mensurations de la personne à laquelle se destine cette pièce
- pour une commande sur internet, la taille indiquée correspond toujours à la valeur la plus grande
Si le système de taille des tenues les plus récentes est simple et précis, celui des plus anciennes peut sembler bien obscur. Nous allons voir ensemble ce qu’il en est réellement.
Le cas des vêtements militaires français avant 1965 :
Le système de taille est, de prime abord, bien plus difficile à appréhender sur les vêtements militaires français antérieurs à 1965. Si le principe est toujours le même, la taille n’est exprimée que par un seul nombre. Il faut alors regarder individuellement le chiffre des dizaines et celui des unités :
- chiffre des dizaines : 1 correspond à du XC (extra court), 2 à du C, 3 à du M, 4 à du L.
- chiffre des unités pour les hauts : 2 = 96cm, 6 = de 104 à 112cm, 9 = 120cm. Exemple : une veste en taille 26 correspond à une taille de 104C à 112C.
- chiffre des unités pour les pantalons : 1 = 76 cm 3 = 84 cm 5 = 92 cm 7 = 100 cm 9 = 108 cm Exemple : un pantalon en taille 47 correspond à un 100L.
Ce qui nous donne le tableau de taille suivant :
- pour les hauts :
22 = 96C | 32 = 96M | 42 = 96L |
26 = 104C à 112C | 36 = 104M à 112M | 46 = 104L à 112L |
29 = 120C | 49 = 120M | 49 = 120L |
- pour les bas (ici en prenant pour base les pantalons M47) :
11 = 76XC | 21 = 76C | 31 = 76M | 41 = 76L |
13 = 84XC | 23 = 84C | 33 = 84M | 43 = 84L |
15 = 92XC | 25 = 92C | 35 = 92M | 45 = 92L |
17 = 100XC | 27 = 100C | 37 = 100M | 47 = 100L |
19 = 108XC | 29 = 108C | 39 = 108M | 49 = 108L |
Attention : pour les pièces des années 50 et 60, la taille varie plus ou moins d’un vêtement à l’autre. En effet, le très grand nombre de fabricants différents à avoir produit des vêtements pour l’armée fait qu’on peut facilement tomber sur des différences de taille en fonction des modèles. Par exemple, plusieurs des pièces que je possède et qui datent de cette époque tendent à tailler petit. Par exemple, mon chino en taille 25 à une demi-ceinture d’environ 44 cm, au lieu des 46 cm normalement prévus.
Étude de cas :
- exemple 1 : voici l’étiquette de mon chino vintage de l’Armée française, datant des années 50. La taille indiquée sur l’étiquette est 25. Le chiffre des dizaines, 2, nous informe sur la longueur : courte. Le chiffre des unités, 5, correspond à un tour de ceinture de 92 cm, soit une demi-ceinture de 46 cm. Mais, comme je l’ai écrit plus haut, en réalité, la demi-ceinture sur mon chino est de 44 cm (trop petit pour moi !)
- exemple 2 : attention, il y a un piège ! La taille indiquée sur l’étiquette ne possède pas de chiffre des dizaines, donc pas d’indication quant à la longueur. Rien d’anormal, puisqu’il s’agit ici de l’étiquette d’un short, dont la demi-ceinture mesure 50 cm. Ce short vous sera d’ailleurs présenté dans une tenue dans la suite de cet article.
Points clefs :
- le chiffre des dizaines indique la longueur ; le chiffre des unités la largeur (tour de poitrine pour le haut / tour de ceinture pour le bas)
- les tailles peuvent varier d’une pièce à l’autre et d’un fabricant à l’autre
3 – Quelques idées de tenues avec des pièces d’origine militaire
Les vêtements militaires qui se trouvent dans ma garde robe ont été choisis pour plusieurs raisons : il sont pratiques, confortables, robustes, peu coûteux, adaptés à ma morphologie, et ils s’intègrent naturellement dans mes tenues.
Il y a une chose à laquelle je suis vigilant lorsque j’achète des vêtements en surplus : je ne veux pas paraître déguisé. Je ne trouve aucun intérêt à essayer de me faire passer pour un guerrier de l’apocalypse (guerrier de l’apocalypse que je ne suis d’ailleurs pas). Aussi, je fait attention à ne pas tomber dans des tenues premier degré ou cosplay. Pour cela, il existe plusieurs façons de faire :
- acheter des vêtements dont l’origine militaire n’est pas nécessairement décelable au premier coup d’oeil
- ne pas associer plusieurs vêtements militaires ensemble pour éviter de paraitre déguisé
- utiliser de préférence des vêtements militaires anciens, qui aujourd’hui ne sont plus utilisés par nos armées
Les tenues qui suivent respectent ces trois points ; elles ont pour but de vous présenter des pièces que j’apprécie tout particulièrement, et qui sont par ailleurs polyvalentes et très abordables.
Tenue n°1 : le pantalon de service courant de la Marine nationale
La première des pièces que je tenais à vous présenter, c’est ce pantalon en denim de la Marine nationale. Celui-ci vient de La Tranchée Militaire et m’a coûté la somme astronomique de… 15€, neuf de stock ! Il s’agit d’un pantalon de service courant, porté par nos marins et remplacé progressivement depuis 2017 par un nouveau modèle. C’est une pièce que je trouve assez singulière, et donc très intéressante, que ce soit en terme de coupe, de détails ou encore de matière !
Commençons par la coupe. Il s’agit d’une coupe traditionnelle ; la ceinture se situe à la taille naturelle. Ici, pour une taille 96, la demi-fourche avant mesure 34 cm, et la demi-fourche arrière 47 cm. La coupe est droite : la largeur au genou est de 27,5 cm, et celle de l’ouverture de 25 cm. Il y a suffisamment de place aux hanches (60 cm), aux fesses et aux cuisses (36 cm).
La matière est un denim épais et rigide, composé à 65% de coton et à 35% de polyester. Il s’agit là d’une composition très courante sur nombre de vêtements militaires, qui assure une facilité d’entretien et beaucoup de résistance. Pour ce qui est des détails, on retrouve des pinces simples assez petites et un pli central marqué. Les poches côté sont assez singulières : elles forment un angle de pratiquement 45° avec la couture latérale et la ceinture, à mi-chemin entre des poches de pantalon habillé et des poches cavalier. La fermeture se fait avec une braguette zippée et un bouton légèrement déporté.
À l’arrière se trouve une grande poche plaquée boutonnée au niveau de la fesse droite, détail qui confirme que ce pantalon est avant tout un pantalon de travail. Tous les détails singuliers de ce pantalon le rendent finalement assez polyvalent. S’il se porte sans problème dans des tenues décontractées, j’aime pour ma part l’intégrer également à des tenues plus habillées.
Ici j’ai donc fait le choix de l’intégrer dans une tenue tout en camaïeu de bleus. En haut, je porte un blazer en lin Uniqlo non doublé, pièce que je voulais tester et dont j’étais curieux de voir le rendu. J’apprécie le fait que ses revers soient plus larges que sur ceux des années passées, même si je les trouve encore trop fins. En revanche, je déplore toujours le placement du bouton actif, toujours trop haut. C’est vraiment un mal répandu, récurant depuis plus d’une décennie, et très agaçant, cette manie de placer les boutons actifs aussi hauts sur les vestes. Ça crée des proportions étranges, disgracieuses, tant pour la veste en elle-même que pour la silhouette dans son ensemble. Le rôle d’une veste de costume ou d’un blazer, traditionnellement, est de créer une belle silhouette autour du porteur, en venant notamment marquer légèrement la taille. Or, nombre de designers de ces dernières années semblent avoir des connaissances élémentaires en anatomie parfaitement inexistantes : la taille, chez n’importe quel être humain, ne se situe pas au niveau du plexus ! Si on ajoute à cela une autre lubie, qui consiste à couper des pans très ouverts, laissant largement entrevoir la chemise et la ceinture du pantalon sous la veste, on aboutit à un résultat vraiment discutable. Mais bon, je voulais tester ce modèle, qui me semblait être une option intéressante à petit budget pour l’été ; avec un bouton actif placé plus bas, ça aurait clairement été une pièce plus que recommandable. Voilà pour mon coup de gueule.
Une simple pochette en lin blanc et liseré marron, achetée chez SuitSupply, a été glissée dans la poche poitrine de ma veste.
Quant à la chemise, il s’agit d’une chemise business de chez Charles Tyrwhitt, marque britannique dont vous savez que je l’apprécie beaucoup pour, entre autres choses, sa grande variété de tailles, de coupes, et la possibilité de choisir la longueur des manches des chemises.
Au poignet, je porte ma Seiko 5 military. C’est une montre que j’aime vraiment beaucoup pour sa simplicité, son mécanisme fiable, son faible coût et surtout son petit diamètre (37mm), qui passe parfaitement sous la manche d’une veste. Je l’ai ici associé avec un bracelet NATO Geckota de la collection Vintage Bond, dont les couleurs sont un hommage au bracelet de la montre portée par Sean Connery dans Goldfinger en 1964 (et qui n’est pas un bracelet NATO, même s’il est bien en nylon).
Aux pieds je porte des derbys chasse en cuire grainé de chez Markowski. Comme vous pouvez le constater, elles ont pas mal vécu. Je les porte depuis maintenant plus de 8 ans, très fréquemment, par tous temps. Et elles en ont vu des kilomètres et des kilomètres de marche ! Je les aime toujours autant, même si aujourd’hui mes goûts me portent d’avantage vers des formes plus rondes et plus massives. Un petit mot concernant les chaussettes : il s’agit des mi-bas super solides de chez Mes Chaussettes Rouges. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce modèle n’a pas usurpé son nom : elles tiennent vraiment très bien dans le temps !
Tenue n°2 : la veste F1
La deuxième pièce que je vous présente, vous la connaissez sans doute déjà. On l’aperçois assez souvent dans la rue. Il s’agit de la veste de treillis F1 ! Celle-ci, je l’ai achetée il y a pratiquement 10 ans déjà dans un petit surplus à quelques rues de chez moi (qui, hélas, n’existe plus aujourd’hui), pour la somme de 15€, neuf de stock.
La production des tenues F1, qui comprennent une veste, un pantalon et une chemise de combat, débute en 1980, pour remplacer la tenue M64. Mais, dès 1986, la production s’arrête. Les tenues F1, trop légères pour l’hiver et trop fragiles, sont remplacées par les nouvelles tenues F2. D’ailleurs, comment différencier une veste F1 d’une veste F2 ?
Les veste F1 et F2 ont toutes les deux un tissu herringbone 65% coton 35% polyester (la même composition que le pantalon de service courant présenté précédemment). Mais la F1 est plus légère que la F2 : 210gr/m² pour la toile de la première, contre 270gr/m² pour celle de la seconde. De plus, nombres de détails distinguent les deux modèles. L’un des principaux reste le cordon de serrage : la veste F1 en possède un à la taille tandis que la veste F2 en est dépourvue. Par ailleurs, la veste F2 est élastiquée en bas, la veste F1 non. La veste F1 n’existe qu’en vert olive ; la veste F2 existe en vert olive, camouflage Daguet (désert) et camouflage Centre-Europe. La F1 possède deux poches aux hanches. La F2 s’en trouve dépourvue à partir de 1994.
La veste F1 est une veste très pratique, avec de nombreuses poches, et très confortable. Elle fait souvent partie de mes tenues. Aujourd’hui j’ai décidé de l’associer avec des pièces simples et polyvalentes que j’affectionne.
Concernant la chemise, j’ai opté pour une OCBD (oxford cloth button down) Uniqlo. J’aime bien les chemises Oxford de chez Uniqlo, même si leur col mériterait d’être un peu plus large.
Le jean vient également de chez Uniqlo. Il s’agit de leur modèle tapered taille haute. Pour moi le terme de taille haute est ici usurpé ; je parlerais plus volontiers de taille décente. Dans les faits, il s’agit simplement d’une taille naturelle. À titre d’information, et ici pour une taille 36, la demi-fourche avant mesure 30,5 cm, et la demi-fouche arrière 43 cm (donc des mesures bien inférieures à celles du pantalon de la Marine nationale présenté plus haut). Pour tout vous dire, il s’agit du premier jean que j’achète depuis une décennie ; je ne portais plus du tout de jean, faute d’en trouver un qui m’aille. Toujours est-il que je trouve la coupe de ce dernier très confortable, adaptée à ma morphologie (c’est-à-dire à mes grosses cuisses et à mon gros c*l), et la toile de chez Kaihara est très agréable.
Malgré la chaleur, j’ai eu envie d’associer une cravate à l’ensemble. C’est une cravate tricot de chez Bruce Field, pas trop formelle. Dans l’idéal, j’aurais voulu que celle-ci soit à rayures horizontales. Cela aurait apporté un peu de relief à l’ensemble. Mais je n’en ai pas ! Que voulez-vous, on fait avec ce qu’on a ! J’aurais également voulu qu’elle soit un peu plus longue (je parle toujours de la cravate). Je laisse volontairement le petit pan dépasser, petit pan que je ne passe d’ailleurs pas dans sa boucle arrière. La cravate bouge librement, se met parfois n’importe comment, bref, elle vit !
Au poignet, je porte ma Seiko SKX007, une plongeuse petit budget ô combien appréciée, à juste titre d’ailleurs, par de nombreux amateurs d’horlogerie. Il est d’ailleurs un peu triste que Seiko ait décidé d’arrêter sa production, au profit d’un nouveau développement de sa gamme Seiko 5 Sports. Les montres de plongées s’associent toujours bien aux vêtements militaires ; elles en partagent le côté fonctionnel et solide.
Aux pieds je porte mes Desert Boots de chez Clarks, autre modèle iconique de la marque à coté des Wallabee que Boras affectionne. Là encore, leur origine militaire, remontant à la Seconde Guerre mondiale, fait qu’elles s’associent bien je trouve avec les vestes militaires anciennes telles que les célèbres M43 et M65 américaines, les M47 et M64 française, ou encore ici la F1.
Il s’agit ici de ma troisième paire de Desert Boots Clarks. La première, achetée il y a 10 ans, était marron foncée. La seconde avait une teinte « noisette ». Cette dernière enfin est de couleur sable, qui tire sur le gris clair. Et je dois avouer que cette couleur est une plaie ! Dans cette teinte, ces Desert Boots ne s’intègrent à pratiquement aucune de mes tenues. Elles jurent avec presque tous mes pantalons. Et elles ne vont avec aucune de mes ceintures. Aussi, je pense que la prochaine paire qui viendra les remplacer sera de nouveau marron foncée ; ça reste ma couleur favorite pour les Desert Boots, et c’est plus simple à associer.
Tenue n°3 : le short militaire vintage des années 50
Pour finir, la troisième pièce que je vous présente aujourd’hui est ce short, porté notamment au sein de la gendarmerie en Indochine et en Algérie et datant des années 50. Je me le suis également procuré chez La Tranchée Militaire, pour la bagatelle de 25€, neuf de stock. C’est un short large, avec une taille naturelle. Sa coupe généreuse laisse circuler l’air, faisant de ce short un compagnon idéal dès que le mercure grimpe au delà du raisonnable. La toile, rustique, en 100% coton, est épaisse mais pas étouffante. C’est un short qui a beaucoup d’allure et de détails sympa !
Les poches arrières boutonnées à rabat sont typiques des pantalons qui équipaient déjà les soldats durant la Seconde Guerre mondiale, et ceux de la décennie suivante. Celles-ci ont une forme caractéristique facilement identifiable. Les poches côté quant à elles suivent la couture de la jambe.
À l’avant se trouvent des pinces simples, relativement petites. La braguette est une longue braguette à fermeture boutonnée.
À partir de ce short j’ai construit une tenue simple, ample, confortable et sans prise de tête. Je porte un simple t-shirt blanc Uniqlo U, rentré dans le short. D’ailleurs, je porte toujours mes t-shirt et mes chemises rentrés. N’y voyez là aucun dogmatisme, la raison est purement pragmatique. Je ne suis pas très grand, mais surtout j’ai les hanches extrêmement larges. Aussi, mes t-shirts, s’ils sont portés hors du pantalon, sont non seulement très longs pour moi, mais en plus il me moulent les hanches et les fesses, quand bien même ils sont choisis larges. Le résultat ressemble toujours plus à une tunique bizarre ou à une robe, qu’à un t-shirt porté à la cool.
Sur ce t-shirt vient se poser une chemise Uniqlo, relativement large elle aussi. Son col requin, ses poches poitrines plaquées à rabats boutonnés et sa matière ripstop sont résolument d’inspiration militaire. Aussi, je trouve qu’il s’associe plutôt bien avec le short.
D’ailleurs, ce short, il est un peu lâche à la taille pour mois ; la ceinture est la bienvenue ici. Il s’agit d’une ceinture en cuir tressé, là encore de chez Uniqlo. Je l’ai choisie une taille au dessus de ma taille habituelle (soit XXL au lieu du XL). J’ai toujours trouvé, s’agissant de la ceinture en cuir tressé, qu’un peu de longueur superflue venant pendre nonchalamment sur le côté avait quelque chose de charmant. On voit pas mal ça sur de vielles photo de l’Ivy league, ou du côté de ceux qui se sont approprié ce style, notamment chez les japonais. Et puis, je ne sais pas, une ceinture parfaitement ajustée, dans cette tenue, j’aurais trouvé ça bizarre.
Pour poursuivre dans l’esprit d’une tenue simple à vivre, la montre qui habille mon poignet est une G-Shock. Il s’agit de la DW-5600E, un modèle assez ancien et connu de la marque, mais aussi un des plus fins et des plus polyvalents en terme de style. J’ai toujours beaucoup aimé les G-Shock ; ce sont de formidables tool watches, et les rares montres qui me font accepter du quartz à mon poignet. Et puis c’est increvable !
Pour finir, mes chaussures sont de simples Converse All Star. Je les ai choisies parce que… ben, en fait, c’est la seule paire de sneakers que je possède ! Dans l’absolu, j’aurais préféré quelque chose d’un peu plus massif, d’un peu moins fin, pour répondre aux autres volumes de la tenue, comme des Chuck 70 ou une paire de Springcourt, leur modèle vintage en blanc cassé. Comme je l’ai écrit plus haut : on fait avec ce qu’on a !
Ah et bien sûr, sur le nez je porte des Ray Ban aviator, modèle lui aussi d’origine militaire ! Mais je ne m’aventurerais pas dans plus d’explications, car s’il est un domaine auquel je ne connais vraiment rien, c’est bien celui des lunettes.
En conclusion :
Avant de terminer, quelques précisions s’imposent.
Gardez toujours à l’esprit que la plupart des vêtements militaires taillent large, et sont souvent long ; ils sont avant tout pensés pour, d’une part, apporter aux militaires de l’aisance dans leurs mouvements et, d’autre part, les couvrir parfaitement pour les protéger des brûlures, des projections diverses et des affres de la météo. Ils sont également prévus pour pouvoir superposer non seulement les couches de vêtements, mais également de matériel. Aussi, il vous sera parfois possible de downsizer. C’est particulièrement vrai pour certaines vestes, parkas et manteaux. Par exemple, une veste félin peut se prendre une taille en dessous sans problème. En revanche, pour une veste type F2, mieux vaut prendre la taille normalement prévue pour vous. Si vous avez un doute sur une pièce, prenez de préférence la taille qui est normalement prévue pour votre morphologie.
Notez également que les armées font appel à plusieurs fabricants. Aussi, pour une même pièce, des différences peuvent exister en fonction du fabricant. C’est d’autant plus vrai pour les vêtements français antérieurs à 1965.
En ce qui concerne les pantalons, je vous conseille de choisir votre taille en comparant aux mesures d’un pantalon qui vous va bien. Ne vous fiez pas à la taille affichée sur l’étiquette de vos pantalons civils, et ne cherchez surtout pas à downsizer. Vous risqueriez de vous retrouver avec une ceinture difficile à fermer, et un pantalon inconfortable voir impossible à porter. Gardez également à l’esprit que les pantalons militaires sont initialement prévus pour être portés à la taille naturelle ; la taille sera plus haute que sur la plupart des pantalons proposés dans le prêt-à-porter. À titre de comparaison : un chino Uniqlo slim en taille 36 possède une demi-fourche avant de 26 cm ; un pantalon modèle F2 en taille 96 possède une demi-fourche avant de 34 cm !
Enfin, je n’ai pas évoqué tous les systèmes de taille qui existent. Pour certaines pièces, dans certaines armées, d’autres systèmes de taille sont utilisés. Prenons l’exemple de mes deux chinos de l’armée hollandaise, datés des années 90. La taille affichée est « 54 » ; le système de taille employé ici est le système italien, notamment utilisé de manière courante pour les costumes.
Si vous aimez les pièces qui ont une histoire, du caractère, qui sont confortables et durables et que vous avez un budget limité ou une morphologie difficile à habiller, alors les vêtements militaires sont une option sérieuse à considérer ! J’espère vous avoir démontrer que porter des vêtements militaire n’implique pas de paraître déguisé, et que nombre de pièces peuvent s’intégrer dans des tenues aux influences diverses.
J’espère que cet article vous aidera dans l’achat de vos futures pièces.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poster en commentaire !
Et si tu aimes les vêtements militaires mais ne trouves pas ton bonheur en vintage, je te conseille de jeter un œil à la marque française Arashi Denim. Spécialisée dans le workwear / military, on te la présente ici et tu as son e-shop là.