Et Bim ! Nouvelle rubrique qui débarque sur le blog en pleine crise sanitaire mondiale. Que tu sois confiné chez toi à ne rien faire, à télé-travailler tant bien que mal ou au front, à exercer un métier de première nécessité pour la société, c’est forcément une épreuve. Chacun a son curseur de résistance devant cette situation. Qui plus est inédite.
Dans ce tableau gris fluorescent, je me suis dit que c’était le bon moment pour sortir ce nouveau type de billet.
Mes coups de gueule, de vrais « j’aime pas ».
Tu sais ce bouton qui n’existe pas sur les réseaux sociaux car il faut tout brosser dans le sens du poil. Un monde où il devient difficile de donner son avis sans passer pour un grincheux ou un rabat-joie.
Même sur des sujets aussi légers que le vêtement et la mode masculine.
Parce que oui, parler chiffon, ça génère un paquet de pognon (pour certains du moins) et l’information est bien monopolisée par quelques uns. Et c’est toujours sérieux et lisse.
Moi, Boras, 34 y a deux jours, j’aime taquiner et cette rubrique sera là pour ça.
Je t’en dis plus.
« J’aime pas » – le prologue
Les origines
T’as vu, je t’amène le bébé comme une vraie saga cinématographique. Autant te dire que si tu n’adhères pas à l’idée, je vais pas passer pour un c** !
Si tu n’es pas lecteur de longue date, saches que je suis taquin. Chambrer et titiller est un exercice que je pratique depuis une quinzaine d’années sur les forums de mode. On peut le confondre avec « troll » qui est de faire tourner en bourrique un sujet ou quelqu’un, mais il n’y pas forcément de fond, c’est du gratuit.
Cette rubrique n’est pas là pour me défouler ou laisser sortir une hypothétique frustration.
Non, j’ai l’intention de parler de choses qui me dérangent autour de ma passion pour le vêtement.
L’idée m’est venue quand je me suis fait bâcher par quelques uns sur Instagram pour avoir repost en story cette publication de Airinum :
« tu profites de la crise pour faire de la pub » ou encore « bravo le partenariat bien placé »
Raaaaaaah !!!
Alors rien de méchant bien sûr. J’ai la chance d’avoir une communauté de gens bienveillants, qui ont compris un peu le personnage. Mais cela m’a chagriné. Quelques silencieux pourraient le penser et j’échouerais alors dans ma mission de voir le style masculin comme un jeu où l’on s’amuse.
Surtout que le shooting datait de septembre et que j’étais simplement content d’être repost sur une photo qui a un peu de gueule. (dès lors que mon gros tarin est caché, j’ai une meilleure tronche haha)
Sachant que pendant ce temps, l’exploitation du covid-19 battait son plein avec des marques de vendus comme Sixpack qui a carrément sorti une ligne « Coronavirus ».
« Il n’y a pas de petit profit » disait l’autre …
Bref, je me devais de réagir.
Un besoin de réactivité
C’est dingue, parce que dans mon métier, la publicité digitale, la réactivité est l’ADN de ma boîte et la principale qualité que j’y ai développée. Pour autant, je n’ai jamais été capable de l’appliquer au blog.
La raison la plus évidente est bien sûr qu’après 55h/semaine données à mon employeur, il reste forcément peu de temps pour gérer mon petit blog de mode masculine de niche.
Mais pas que.
Tu vois, à mes yeux, (et je serais curieux d’avoir ton avis d’ailleurs), l‘ADN du blog repose sur une proposition stylistique singulière et incarnée. Autrement dit, tout ce dont je te parle depuis le début, c’est un contenu que je crée de A à Z. Je ne pioche pas dans Google image, les styles dont je (« on » maintenant) te parle, je les porte et les shoote. C’est un boulot monstre.
De plus, nous ne surfons pas sur des courants / ouvrages / sujets, à 90% tout le contenu est original.
C’est cela pour moi l’ADN Borasification, un blog de mode pour homme où l’on suit l’aventure stylistique d’une bande de potes passionnés qui font tout eux-mêmes.
Mais voilà, chaque article représente une dizaine d’heures de travail.
Difficile donc de produire en quantité et chaque sujet chaud passe vite à la trappe (ou avec un délais considérable comme mon dossier sur Kestin Hare, la marque de Workwear venue d’Écosse).
Typiquement, écrire des billets courts sans tout le contenu photo serait un plus pour rendre vivant ce blog. C’est comme cela que m’est venue l’idée d’écrire du contenu plus concis.
Un nouveau type de format
Si ce n’est par l’image, il doit être incisif par les sujets choisis et la façon de le traiter. Au début je voulais partir sur une tribune hebdomadaire, genre « l’humeur de la semaine » … Trop contraignant, trop vague, chiant !
Mais j’allais trouver.
Pour ce faire, j’ai inversé le raisonnement en pensant aux premiers sujets dont je pourrais parler. Et là, ça a fait tilt ! Cela sera une rubrique à deux visages.
Je m’explique :
- J’aime pas ! : il y a un paquet de choses qui m’agacent, me tendent ou simplement que j’aimerais voir autrement. Et dans un monde de Bisounours de façade, j’avais envie de taquiner. On devrait s’amuser !
-
- Je kiffe ! : bah oui, partager les petits trucs que l’on aime ou qui ont capté notre attention, il faut le faire. Typiquement, si en novembre j’avais raconté mon petit kiff sur ces deux heures de shooting avec Airinum, on aurait évité le petit accrochage 2.0. C’est typiquement le genre de sujet que je pourrais à présent traiter en une heure.
C’est un article présentation donc bien long, mais dès le prochain, cela reposera sur ce schéma :
- une thématique / marque / sujet
- court
- pas ou peu de photos maison
- ton léger
- humour (je m’expose là oui haha)
Et il devrait s’accompagner d’une version audio d’ici un mois (je t’en reparle en temps voulu).
Ces rubriques ont pour but de te distiller implicitement des conseils pour mieux appréhender la mode masculine et le style en général. Et si tu es déjà averti, te faire sourire au moins !
Allé, on enchaine avec un exemple pour ce premier « épisode » des « j’aime pas » de Boras
J’aime pas comment j’ai géré le blog toutes ces années
Pour commencer ma rubrique coup de gueule, je n’avais pas de cible plus pertinente que moi-même. J’ai commis de belles erreurs. Je ne vais pas te parler de toute, seulement une : la monétisation.
La balade de indépendance
J’ai emprunté cette tournure de phrase à Flynt, un très grand du rap français indé. J’ai toujours été fasciné par ces artistes qui n’avaient que faire de sortir du « commercial » mettant un point d’honneur à faire passer leur art avant l’appel de l’argent. Alors qu’ils viennent tous de milieux difficiles. Probablement inconsciemment, je me retrouvais dans leurs parcours et cette manière de ne pas baisser son froc devant les majors.
(Bon je porte mes jeans très bas mais la ceinture est là)
Quand j’ai lancé Borasification, j’avais décroché mon premier CDI, j’avais enfin un vrai salaire et de l’argent qu’on peut laisser à la banque.
Même si ça n’a jamais été mon fort ça.
Si je précise la chronologie, c’est que ça a forcément joué sur ce qui régit encore aujourd’hui le truc : je ne toucherai pas un euro d’une marque, je ne suis pas à vendre.
Je bossais déjà dans la publicité,passais mes journées à monétiser des espaces publicitaires sur des sites et applications mobile. Ce que je faisais à coté dans le vêtement (et la sneakers à l’époque), je le pensais comme un esthète.
Et depuis, j’envoie des centaines de mails de partenariat tous les mois à la poubelle.
De fait, j’ai toujours poussé uniquement ce qui me plait et ce que je porte vraiment. Un style masculin pointu, en marge mais toujours à la cool. Le vêtement est un terrain d’expression où je ne fais que jouer à la poupée.
Mes collaborations se limitant à quelques unes par an et sur des marques / projets qui me touchent.
Où j’aurais pu être client.
Il y a souvent une rencontre humaine aussi en parallèle, je marche à l’affecte, ce coté instinctif et un peu sauvage m’a toujours limité niveau réseautage.
Mais je peux me regarder dans le miroir.
Un vrai succès d’estime
Les rencontres avec des professionnels du vêtement se sont enchainées : directeur marketing / agence de presse / entrepreneur / rédacteur de media mode et une idée revient souvent : « on adore ce que tu fais Boras, t’as du talent. Y en a pas deux comme toi ».
Arnaud (de VGL) a sorti un jour une tournure qui me plait : « Boras, le blogueur préféré de ton blogueur préféré« .
Raaah je kiffe cette appellation moi, on en revient à mes parallèles avec la musique indé. « Jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction » disait la Scred.
Je ne prends pas le melon, mais confiance en moi et avec, l’envie de voir le blog grossir. J’ai tout plein d’idées en tête et des projets à développer.
En plus je commence des missions de stylisme pour Bonne Gueule et d’autres marques, mais je ne demande pas de thune. Je veux apprendre et faire des rencontres.
Des potes me rejoignent épisodiquement à la rédaction, le blog se teinte de nuances stylistiques. Nous sommes les seuls à proposer cela.
Fierté.
En parallèle, je monte en compétence dans mon job, le salaire suit, mais peu.
Et le temps ne s’achète pas de toute façon.
Ce sont les prémices de longues années entre passion, bonheur, fatigue et frustration.
Mais je suis en indé, ce n’est pas l’usine et je peux toujours me regarder dans le miroir.
Ouin-ouin, le blog est danger
Tu l’auras compris, c’est de plus en plus dur niveau rythme. Borali arrive aussi entre-temps, et demande encore plus d’énergie.
Début 2019, j’accepte une double casquette à mon travail, me faut une augmentation pour supporter financièrement tout cela. J’essaie aussi d’investir dans la vraie vie.
J’y laisse des choses que rien ne rachètera.
Je vois de moins en moins mes potes, ma famille le weekend fait face à la pomme d’Apple plutôt que Boris, je laisse filer des choses dans le sud faute de m’inscrire dans la réalité.
Ils n’osent pas me le dire mais ça ne peut plus durer.
C’est mon corps qui s’en chargera.
Le 16 janvier 2020, je perds le contrôle des deux derniers doigts de ma main droite, en pleine journée de taf. Je ne peux plus écrire sur un clavier.
Merde, j’ai l’article du drop 3 de colliers Borali à écrire ce soir. On verra demain.
Puis le pouce le lendemain matin, et l’avant-bras devient lourd.
Mince.
Petit tour aux urgences d’Ambroise « parait » (oui c’est comme ça que je l’ai écris dans Google Map)
« Monsieur Cornilleau, on a vu quelques choses sur les images de l’IRM, vous avez fait AVC … »
Je n’ai jamais entendu la suite.
KO debout.
Le blog va s’éteindre en deux mois seulement.
Fragile le petit.
Du temps et de la réflexion
Cela fait maintenant deux mois et j’ai beaucoup réfléchi.
Quel imbécile j’ai été.
Nous ne sommes jamais indépendants financièrement et dès lors que j’ai voulu faire du blog plus qu’un petit site entre potes, j’étais dans l’erreur. Prendre en exemple la scène rap indépendante … Oui, c’est beau mais ils font des concerts, vendent des disques et même du merchandising.
Et des projets, tu te dois de les financer.
J’ai rejeté en bloc un système entier de monétisation, fustigeant ce que j’appelais les « blogs La Redoute », alors que j’aurais pu le détourner et m’en servir à mon avantage. Parce qu’avec le temps et les rencontres, il y a un truc que j’ai réalisé : ces mecs kiffent leur métier pendant que moi je le subis.
J’ai toujours été plutôt malin dans la vie et débrouillard mais je me suis planté sur le blog.
Des modèles de réussite devant les yeux
Il y a une différence entre générer un contenu précis pour faire de l’argent et générer de l’argent pour faire le contenu que l’on kiffe.
Il y a de beaux exemples.
Bonne Gueule, l’entreprise entre marque et média
« Oui mais l’indépendance ça existe Boras, regarde Bonne Gueule« .
Il y a 3 ans je t’aurais dit oui c’est vrai, plus maintenant. Ben est mon pote et je suis admiratif de ce qu’il a accompli. Mon approche est d’ailleurs influencée par la leur, quand bien même notre univers stylistique diffère. Le fait est qu’aujourd’hui, ce lien média / marque fait qu’il ne sont pas indépendants. Et ça n’a rien de négatif, attention. Même si je sais qu’il n’aime pas forcément cela, les deux sont liés et le média est forcément au service de la marque.
Ils sont dépendants d’un seul annonceur, le leur.
Le rêve !
Mais cette approche entrepreneuriale ne me parle pas et ne me correspond pas. Ce n’est pas un schéma de vie qui m’attire, la course à la croissance et tout, pas pour moi. J’ai plus S.E.H Kelly comme modèle fantasmé.
Very Good Lord, le modèle classique réussi
C’est la rencontre avec Arnaud qui m’a ouvert les yeux. Tu le connais surement, c’est le visage du blog Very Goog Lord. Mon petit frère, feu un blogueur à succès, le connaissait très bien puis mon pote Luca. Il m’avait proposé plusieurs fois de se rencontrer et d’échanger. Moi, Boras le sauvage, toujours sur lé défensive, j’ai tardé à donner suite. Un blogueur qui gagne sa vie avec, je me méfiais.
Quel abruti, je mérite vraiment ce premier j’aime pas !
On a pris un verre, j’ai bavé sur ses Coniston mais j’ai surtout découvert un mec super, malin et altruiste. Arnaud a réussi son coup. Il fait ce qu’il aime faire, travaille avec des marques sur certains sujets, cohérents avec ses goûts et a une liberté financière et de temps pour faire ce qu’il lui plait.
Résultat ? Il a une communauté solide, produit le contenu qui lui plait et kiffe au quotidien.
Nan mais attends là, n’est-ce pas mon objectif avec Borasification ?
La solution se trouvait quelque part par ici.
Il aura fallu que je sois sur un lit d’hôpital et repense à notre échange pour Radio VGL pour le réaliser.
Trouver un modèle « à la Boras »
Mon rêve, c’est d’être à 100% sur le blog et d’en faire ce que j’ai toujours voulu, une alternative pointue aux sites de mode masculine généralistes en France. J’ai la conviction que le propos de ce blog est unique et qu’il peut générer de l’intérêt chez un plus grand nombre.
Monétiser le blog n’est pas le travestir, c’est lui donner les moyens de se développer. Demain, si je dégage assez pour payer de vraies évolutions techniques (développement et SEO), ça sera déjà une victoire.
Et pourquoi pas à terme, arriver à en vivre.
Je te rassure, je ne vais pas me mettre à faire n’importe quoi. Arnaud ou mon pote Luca sont des exemples de mecs qui jouent habilement avec ce système et produisent de la qualité. Plus récemment, j’ai été interviewé par Guillaume de Rien à Se Mettre. Nos univers et projets sont différents, mais j’ai rencontré un mec heureux, sympa et qui faisait ce qu’il lui plaisait. Il m’a même filé des tips de monétisation invisibles pour toi, lecteur.
À moi à présent de trouver la bonne équation et les bons leviers et ainsi pouvoir développer le blog et perdurer.
Le blog aura toujours la teinte que je veux lui donner. Cela fait 10 ans que je suis dans la monétisation de médias et je vois très bien que pub / affiliation / partenariat & co n’affectent la ligne éditoriale que si on le veut bien.
Et dans le contexte d’un blog de niche, c’est encore autre chose. Ce n’est pas parce que je le décide que vont pleuvoir les opportunités, non. Il va me falloir construire une logique d’actions, aller chercher les marques qui me parlent et qui voudront bien jouer le jeu. Je me suis amusé à compter un peu, je t’en ai présentées plus d’une centaine depuis le début. Trouver quelques mécènes dans l’assemblée doit bien être possible. Pour service rendu !
À moi de jouer.
Que ce premier épisode de « J’aime pas » soit dans un an un épisode de « Je kiffe » 😉
Le mot de la fin
Bon, c’était un prologue un peu particulier puisque je voulais faire le point sur mes erreurs sur le blog et mettre en avant le fait que monétiser un blog de mode n’en fait pas forcément un mauvais média.
Personne n’est indépendant financièrement, chacun trouve sa logique pour se financer.Je me dois de développer ma propre stratégie.
Sauf si je gagne au Loto, là … haha
Merci Arnaud de m’avoir montré que l’on pouvait être un passionné, vivre de son blog et respecter sa communauté.
Et ce, sans devenir une start-up.
Les prochains épisodes seront bien plus fun, courts et je focaliserai sur le vêtement avec ce qui peut m’énerver. On va s’amuser !
Tiens d’ailleurs, n’hésite pas à me dire en commentaire ce que tu en penses 😉
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Pas de harcèlement, deux fois max par mois 🙂