Culbuto et empilement improbable

Interliner et gilet Engineered Garments – sweat Our Legacy – chemise COS – pant Mfpen – sneakers New Balance

Bonjour à tous,

Dans son article sur Kestin, Boras vous parlait de Arashi Denim rapidement. Je vous prépare une review sur cette marque messine qui sera publiée dans quelques semaines, et en attendant je tenais à vous parler d’autre chose: les idées préconçues et l’appropriation de codes vestimentaires.

En effet, pour ceux qui me suivent sur Instagram ou ailleurs, vous connaissez ma propension à tester des choses. Pour les autres, je vous invite à cliquer ici, vous pourrez découvrir des tenues avec des manteaux à l’envers, des gilets sur des parkas, des doubles coats et autres bizarreries.

Vous vous (et des fois vous me) posez la question fatale à laquelle je ne sais jamais trop comment répondre: mais pourquoi t’as fait ça? Ça ne se fait pas de porter un manteau à l’envers! J’ai souvent envie de répondre la même chose: et pourquoi pas? La seule limite que je m’impose est celle de la silhouette. Une silhouette harmonieuse (à mes yeux évidemment) est le point le plus important d’une tenue. Références, couleurs et autres textures ne viennent qu’après.

J’avais dis à Boras que la prochaine tenue que je développerai ici serait inédite sur le blog. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’ai l’impression qu’on est assez loin de l’univers street héritage dont nous sommes plutôt friands sur le blog. Avant de continuer, je précise que cet univers, qui représente 90% de mes tenues, est mon quotidien. Mais, de temps en temps, j’aime changer et m’amuser avec d’autres codes, tout en essayant de me les approprier.

Ici, les influences sont japonaises, street et minimaliste. Le résultat, c’est une tenue qui n’est ni japonaise, ni street, ni minimaliste, et qui est d’ailleurs bien éloignée de ces trois mondes. Mais on va voir tout ça en détail et en décomposant la tenue.

Mea culpa et tout le tralala

Vous allez peut-être noter quelques variations de couleurs d’une photo à l’autre. J’en suis désolé, j’ai un APN depuis peu, mais je suis un Tanchosaurus Rex (ancêtre préhistorique de la tanche, en vachement plus gros, enfin je crois…) en photos.

Le jour où j’ai shooté, il a fait, l’espace d’une heure, beau, moche, beau, nuit, pluie, tempête et neige (c’est un peu exagéré, mais vous voyez l’idée). C’est la Lorraine dans toute sa splendeur, associée à un photographe de génie, ça ne pouvait pas être parfait.

Et, en plus, c’est surexposé, et ça, c’est le signe des tous grands, ne rien maîtriser et laisser la technologie faire sa vie.

Bref, désolé par avance un peu. 🙂

Des couches qui dessinent une silhouette particulière.

POINT DE DEPART DE LA SILHOUETTE

 

LA PREMIERE PIERRE DE LA CONSTRUCTION

D’habitude (attention petit moment dans l’intimité de mon cerveau le matin), je construis mes tenues à partir du pantalon. C’est le premier truc que je prends dans le placard, et j’essaye d’en prendre un différent (couleur, style, texture) chaque jour. Ça m’évite de faire du copié/collé par flemme d’un jour à l’autre.

Cette fois, la chemise sera le point de départ de la tenue. 

QUAND LE CŒUR PARLE AVANT LA RAISON

Petite anecdote en passant, je cherchais une chemise trèèèès longue il y a quelques mois, et les copains (et Boras le premier) m’avaient déconseillé celle-ci, parce que le tissu est fin et lisse et qu’elle ne rentre pas du tout dans le fameux univers que j’ai l’habitude de porter.

Bon, vous connaissez (ou pas) la bestiole, quand on me dit ça ne marchera pas avec ton vestiaire, tu ne pourras jamais l’intégrer, je n’ai qu’une envie: l’acheter. Me voici donc 5 minutes plus tard avec une commande chez COS. COS, c’est la marque d’entrée de gamme du vestiaire minimaliste. Je ne vais pas développer plus, si vous ne connaissez pas le minimalisme, allez jeter un oeil à l’instagram de Random, il porte (ou plutôt portait, il est en plein virage colorimétrique texturé) régulièrement du COS.

Je reçois donc la chemise, en taille M, ma taille habituelle. Sur le site le mannequin devait flirter avec les 2m70 et 50 kilos et portait du M. Ok, on est pas mal avec du M je pense. Je la passe, et fais quelques photos pour les potes. Personne n’est trop convaincu, djellaba par ici, robe par là, pas de texture etc etc. Moi j’aime beaucoup, je vois pas trop avec quoi la porter sur le coup, mais je sais que je m’amuserai avec.

On se rend compte de la longueur de la chemise, qui m’arrive juste au dessus des genoux.

PRENDRE DES RISQUES ET S’AMUSER

Ça sera la première pierre de cette tenue: une chemise qui m’arrive au dessus du genou, dans une matière très lisse et sans aucun attribut street (héritage ou pas). A priori pas ma zone de confort du tout, et c’est exactement ça que j’aime.

Tenter des choses, s’amuser, ça fait partie intégrante de ma manière de m’habiller. C’est aussi ce que j’aime partager en faisant mes photos. Bon il faut avouer que mon contexte social me permet plus facilement de faire ce que je veux (père au foyer). Mais essayez de lâcher un peu prise de temps en temps, vous verrez, sur le long terme ça ne peut que vous rendre service.

Comme vous le voyez, j’ai décidé de vous partager les photos de l’empilement des couches, on passe sur l’enfilage du pantalon et des shoes si vous n’y voyez pas d’inconvénient par contre. Donc un tee-shirt blanc Uniqlo en base layer, c’est la base en hiver. Blanc, écru depuis peu, gris clair, c’est vraiment le point de départ. Et la fameuse chemise au dessus.

UNE SILHOUETTE EN CULBUTO

Qu’est-ce qu’il raconte encore??? C’est quoi ça? A vrai dire, je n’en sais rien, comme souvent. Dans ma tête, j’avais envie de faire une silhouette particulière. Fine aux pieds et à la tête et qui s’élargisse au milieu, avec un centre de gravité visuel plus bas que d’habitude. Un genre de culbuto, vous savez, le bonhomme qu’on pousse et qui revient tout droit.

Quand j’ai enfilé la chemise, j’ai rapidement fais un tour de mes pantalons dans la tête. Il y en a un qui m’a tout de suite parlé, à cause du tissu, lui aussi très lisse. C’est un pantalon Mfpen. 

Mfpen est une jeune marque danoise, aux influences typiquement nordiques. Des classiques ré-interprétés et modernisés avec sobriété, un gros travail sur le design et les coupes, une construction solide et faite pour durer. La marque est assez chère pour mon budget, je suis très content d’avoir pu me procurer ce pantalon en soldes.

100% coton, d’un bleu tellement marine qu’il tire sur le noir et en devient abyssal. Porté avec du noir il tire sur le bleu, mais porté avec des couleurs il tire sur le noir.

La coupe, quant à elle, est prévue pour que le pantalon soit porté à la taille naturelle (pinces, longueur, fourche basse). Du coup, je le porte bas. Haha. En fait j’adore les fourches basses, ça permet un jeu intéressant sur les longueurs du haut, en plus d’être très confortable. Porté bas, ça donne une ligne harmonieuse à la jambe je trouve.

Le pantalon en gros plan. Il n’y a pas plus de photos, parce que comme vous l’apercevez je suis en tee-shirt en haut, et que ça caillait haha.

PORTER BAS UN PANTALON TAILLE « HAUTE »

Certains n’apprécient pas l’esthétique des fourches basses. C’est un fait, la silhouette classique commence à être déconstruite avec une fourche basse. Évidemment, porter des tailles hautes ou naturelles bas sur les hanches, c’est un contre-sens à première vue. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une silhouette se dessine dans son ensemble. Porter une fourche très basse avec un tee-shirt à la ceinture et une veste en jean courte, c’est bizarre. Avec de la longueur en haut, ça passe très bien je trouve.

Comme pratiquement toujours, le pantalon est coupé très haut. Le fameux débat de la cheville apparente ou pas. Pour ma part, je préfère porter courts mes pantalons pour dynamiser la silhouette, apporter un point de repère et offrir au pantalon l’occasion de tomber comme il en a envie. Plus de dynamisme de ce côté permet plus de liberté avec le reste.

UN CLASSIQUE MIE

Aux pieds, une paire assez fine pour continuer sur la ligne de jambe qui rétrécit. Des New Balance 1500, produites en Angleterre. Cette paire de runnings, créée en 1989, est un véritable symbole de l’Angleterre des années 90. Ici dans une livrée de gris, bleus, blancs et noirs, pour coller avec le reste de la tenue.

J’aime beaucoup ces 1500 fabriquées en Angleterre, fines, très confortables, bien solides. C’est une paire très polyvalente avec un petit côté rétro qui n’est pas pour me déplaire.

Celles-ci sont assez marrantes, on dirait qu’elles sont divisées en deux blocs sur l’avant et l’arrière. Ca accentue encore plus l’effet recherché en coupant le pied en deux dans le prolongement du pantalon. La shape hyper agressive fait tout le travail ici, il n’y a pas besoin de plus.

Le bas et la base de la tenue, c’est bon. Passons aux choses rigolotes.

L’effet blocs qui renforce la silhouette.
Je suis fan absolu de cette shape.

UN EMPILEMENT SANS QUEUE NI TETE

Comme je vous le disais, j’aime m’amuser avec mes fringues. Sur cette tenue, en partant de la chemise lisse à la coupe très particulière, je me voyais mal faire un truc trop riche en textures/couleurs/matières. Afin de ne pas étouffer l’amplitude de la chemise par contre, il faut du volume.

SWEALL, OU PUT… NAN SWEALL

La deuxième couche est donc un mix entre un pull et un sweat, de la marque Our Legacy. Je ne sais pas trop comment le définir en fait. Ce n’est pas tricoté comme un pull, mais il n’y a pas de bords côtes comme un sweat non plus. 

Un peu hairy, dans un mix de coton et de polyester, il est 2 tailles au dessus de ma taille normale. Ca permet à la chemise en dessous de vivre sa vie tranquillement sans être contrainte à la taille, aux aisselles ou aux poignets.

C’est vraiment un de mes sweats préférés, il ne marque aucun pli et tient bien chaud malgré sa relative finesse. De plus, sa longueur me permet d’aller chercher des fits à l’inspiration japonaise. 

La tenue, telle quelle, est déjà adaptée aux températures du moment pour moi l’après-midi. Pour le matin, c’est encore juste, et surtout, il manque des poches!!

Oui, je suis toujours obsédé par les poches. Il faut que je puisse ranger le minimum de choses (cigarettes, mouchoirs, cartes, doudou ou jouet, bavoir, bref plein de choses).

Tout en nuances de kakis… ^^

UN GILET SUR UN SWEAT? POURQUOI?

En plus de construire une silhouette qui sort un peu de l’ordinaire (je ne vous ferai pas l’affront de poser mon doigt sur la ceinture pour voir où est ma taille…comprenne qui pourra), j’avais envie de porter des pièces qu’on ne porte que trop rarement à ces niveaux de layering.

Ce n’est pas très clair? Classiquement, on porte un gilet sur une chemise. Rarement sur un pull, un sweat voire une parka. Pourquoi ne pourrait-on pas le faire? Question de bon goût? Mais qui donc a décidé que le bon goût c’était ça et pas autre chose? 

J’aime beaucoup les choses classiques, mais j’aime aussi détourner les codes et les adapter à mes envies. L’idée étant de toujours respecter la silhouette avant tout. C’est la première chose que je m’impose quand j’essaye de sortir des sentiers battus. 

Ça tombe bien, ce gilet est exactement dans le thème du mixage d’influences. C’est un gilet Engineered Garments, vous commencez à connaître la marque à force d’en voir ici ou . Du coup, on ne va pas s’étendre sur la marque et le travail de création, mais plutôt sur la compréhension de la pièce. Sans avoir fait aucune recherche sur cette pièce, ni même en connaître le nom ou la collection. Petit exercice de décryptage. 

Des finitions comme Engineered Garments sait les faire.

DANS LA TETE DE DAIKI (OU PAS)

Déjà, c’est une taille M. Ma taille habituelle. C’est important de le préciser parce que la coupe est censée être pensée pour quelqu’un portant du M. Le tissu est très fluide et assez fin. Les ouvertures de bras sont larges mais pas immenses non plus. La coupe est très large, il n’y a pas de col. Pour moi (les spécialistes pourront me donner leur avis avec plaisir), c’est une pièce conçue pour être portée à la belle saison, par dessus une veste légère. Je suis peut-être complètement à côté de la plaque, mais c’est comme ça que je vois la chose.

Côté inspiration, les rayures, les arrondis en bas, les trois boutons et les poches en arc de cercle (ça a un nom ce bazar?) m’évoquent un vêtement de travail, plutôt américain. Quelque chose qui doit être pratique et avoir de l’aisance. Malgré le tissu très « précieux ».

Ici, je décide de le porter principalement pour les poches, mais aussi pour apporter un niveau supplémentaire de layering, dont on peux se séparer rapidement au besoin. Comme il est ample, il ne coupe toujours pas le drapé des couches en dessous. Il apporte un étage à la silhouette, casse le côté gris uniforme du sweat, un motif discret et l’arrondi en bas adoucit les lignes horizontales de la silhouette.

Là on commence à être bien niveau empilement.

UNE PARKA SANS MANCHES POUR FINIR

L’INTERLINER, PIECE EMBLEMATIQUE D’E.G.

Toujours dans l’idée de m’amuser, de créer une silhouette qui sorte de l’ordinaire mais qui ne m’empêche pas de bouger, je porte en outerwear un interliner, qui, comme son nom l’indique, se cale normalement entre deux couches.

Conçue comme un plastron à capuche, cette pièce est emblématique d’Engineered garments. Aucun risque de confondre avec une autre marque, c’est vraiment leur pièce signature à mes yeux. Un très bon exemple parmi tant d’autres de cette pièce portée normalement ici.

J’adore le concept de cette pièce, même si elle ne fait pas l’unanimité autour de moi. Elle garde au chaud le corps, le cou et la tête avec la capuche, mais laisse les bras libres. Idéale en layering dans des tenues street, workwear, Boras la définit comme « une écharpe pour ceux qui n’aiment pas les écharpes« .

Fleeeeece… Coeur…
Avantage de l’interliner porté comme ça: on peut accéder aux poches.
Oùkésonléklé?

QUAND L’INTERLINER DEVIENT OUTERWEAR

Je la porte toujours comme ça aussi, mais ici j’avais envie de changer un peu la donne. J’en ai fais une mini parka, mais sans manches. La grosse bouclette apporte une chaleur incroyable, et comme le temps est plutôt clément, je n’ai pas besoin d’avoir un vrai outerwear, le combo gilet/interliner me suffit amplement.

Un autre avantage à cette pièce, comme il n’y a ni flancs ni manches, elle vient se poser sur les autres couches sans les contraindre. Je ne casse donc pas le fameux , concept japonais dont Solara vous avait parlé dans cet article. 

Comme je traite ici cette pièce comme un outerwear, ce n’est pas grave que la couleur soit différente du reste de la tenue, et la grosse bouclette à l’extérieur prend tout son sens, selon le principe généralement acquis qu’on empile les couches de la plus lisse à la plus rugueuse de l’intérieur vers l’extérieur.

Etager une silhouette ou l’art de devenir une échelle.
Gros plan sur les cinq niveaux.

PEU D’ACCESSOIRES, IL N’Y A PAS LA PLACE POUR

Je me contente d’un bonnet ici, un cadeau de mes parents qui vient de chez Nature et découvertes. Très chaud, doublé en polaire, avec une jolie matière chinée, c’est le compagnon idéal de mon écosystème capillaire pour affronter les coups de vent frais de cette fin d’hiver.

Pas de colliers ou d’autres artifices, parce qu’il n’y a pas la place d’en porter ici, et que j’attends avec impatience le seul truc que j’aurais aimé porter ici: des bracelets Borali!

Et une petite capuche pour les coups de vent traîtres. VIVE LA LORRAINE…

CULBUTONS LES IDEES RECUES

 

CE QU’IL FAUT RETENIR

On a fait le tour de la tenue, vous l’avez compris, l’idée était de vous proposer quelque chose qui sorte un peu de l’ordinairement accepté. Je ne sais pas si vous apprécierez la tenue, mais essayez de vous amuser de temps en temps, osez sortir de votre zone de confort de temps en temps et vous serez beaucoup plus à l’aise pour construire des tenues plus sages à force.

J’ai voulu faire un exercice assez compliqué ici, construire une tenue à partir d’une chemise d’un univers loin des miens, changer ma silhouette classique et structurer la tenue avec des pièces conçues pour être portées autrement.

La dernière pour la route.

ON SE REVOIT BIENTOT POUR PARLER D’UNE MARQUE MESSINE

Je vous retrouve très vite pour le fameux article qui me tient à coeur sur Arashi Denim, une marque de chez moi qui fait un boulot incroyable dans l’ombre parce qu’elle n’a jamais trop voulu prendre le virage digital dont tous les consommateurs sont friands aujourd’hui. 

Au programme, présentation de la marque, aperçu de quelques pièces avec leurs qualités et leurs (quelques petits) défauts. Il y aura aussi une interview de Thibaud, fondateur, DA, commercial, béta testeur et logisticien de la marque. 

A bientôt donc, et j’attends vos retours et vos questions avec impatience, ici ou ailleurs.

En attendant, gardez l’esprit le plus ouvert possible, et si certains d’entre vous se sont dit « et pourquoi pas? » au lieu de « j’aime pas », le pari est réussi. La bise.

Par NiKKo_O

Passionné de passions, chineur de vieilleries devant l’éternel, j’aime autant les fripes que les dernières collections de marques japonaises. Ça donne des mélanges bizarres, des fois très cools et des fois pas. J’espère vous apporter un œil nouveau et différent de celui des autres rédacteurs, même si nos influences sont les mêmes.

Un style pointu et des conseils simples

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