Aujourd’hui, la question de la hauteur du pantalon revient sur le devant de la scène. En effet, après mon premier article sur le blog dans lequel je vous expliquais pourquoi je ne porte que des pantalons à la taille naturelle, vous êtes nombreux à avoir exprimé de la curiosité, à vouloir en apprendre d’avantage ou à vouloir vous essayer au port de pantalons aux montants plus généreux. L’occasion pour moi de revenir sur ce sujet pour lequel je nourris un fort intérêt depuis longtemps déjà, et surtout d’apporter des précisions à ce que j’ai précédemment écrit sur la question.
Comment choisir un pantalon avec une taille plus haute ?
Ensemble, nous allons prendre le temps de redéfinir ce qu’est la hauteur du pantalon, et notamment la taille dite haute. Après tout, la pédagogie est faite de répétition. Ensuite, nous aborderons la question du confort, et de comment cette dernière s’applique au pantalon. Enfin, quelques suggestions de modèles et de marques vers lesquelles vous orienter vous serons livrées.
La hauteur du pantalon : une notion floue
Partons d’un simple constat : la définition de la hauteur du pantalon est aujourd’hui bien floue. En effet, personne ne se représente véritablement la même image de ce que sont une taille basse, une taille naturelle ou une taille haute. L’évolution de la mode, et l’emploi variable de ces termes par les marques, tendent à ajouter encore d’avantage de confusion ; après plus d’une décennie à voir des pantalons taille basse, voir très basse, inonder le marché, on qualifie aujourd’hui de taille haute des pantalons qui n’en sont pas vraiment. La manière de qualifier la hauteur du pantalon varie en fonction du contexte et de la mode de l’époque.
Récemment, ma femme et moi avons entrepris de revoir l’intégral de la série Friends. J’ai beaucoup prêté attention au choix des costumiers pour habiller les protagonistes de la série. J’ai été amusé de constater que nombre de pièces et de coupes présentes dès la première saison font leur retour dans la mode d’aujourd’hui. Mais autre chose m’a frappé : le montant des pantalons ; les hommes de la série portent haut. Pourtant, à l’époque de la diffusion de la série (qui débute en 1994), personne n’aurait qualifié le chino de Chandler ou le 501 de Joey, qu’ils portent pourtant juste sous le nombril, de tailles hautes. En effet, cette façon de porter le pantalon se situait alors simplement dans la norme.
Aussi, la manière de qualifié la taille du pantalon sur le marché contemporain du vêtement diffère-t-elle de celle des décennies passées ; la norme a changé, les repères aussi. Dans son excellent article consacré à la hauteur du pantalon, M. Scavini s’essaie à redéfinir clairement les différentes hauteurs de pantalons :
N.D.R. : De vous à moi, je dois bien avouer que j’ai longtemps hésité à reprendre l’illustration ci-dessus ; loin de moi l’idée de vouloir m’approprier le travail d’autrui. Cependant, je dois bien admettre qu’une image vaut souvent mieux qu’un long discours, et que cette dernière est d’une clarté rare. Plutôt que de paraphraser bêtement le contenu de l’article de M. Scavini, je vous invite vraiment à aller le lire. Je vous encourage d’ailleurs à consulter les autres articles de son blog, que je suis depuis ses débuts, et qui est une vraie mine d’or. En outre, au moment où je rédigeais ces lignes, M. Scavini a publié un nouvel article sur la hauteur du pantalon, ainsi qu’un bonus à ce dernier.
Aujourd’hui, le terme taille haute désigne, suivant les marques et les personnes, un ensemble un peu fourre-tout. Globalement, sur le marché actuel, tout ce qui n’est pas sur les hanches tend à être qualifié un peu vite de taille haute. Les marques américaines et britanniques sont restées, me semble-t-il, un peu plus précises ; elles font toujours la distinction entre natural waist et high waist, même si ces deux dernières tendent parfois à se confondre suivant les maisons. À titre d’exemple, voici deux pantalons, de deux marques que j’apprécie par ailleurs, vendus sous l’appellation taille haute :
En comparant ces deux modèles, tous les deux taille haute, on voit bien qu’on ne parle pour autant pas de la même chose. Ainsi, la définition de la hauteur du pantalon est extrêmement variable, d’une personne à l’autre, d’une marque à l’autre, d’une mode à l’autre et d’une époque à l’autre. Et il ne faut pas se laisser abuser par le terme même de taille haute, qui se traduit bien différemment d’une marque à une autre. D’ailleurs, au fil de mes articles, j’essaie d’utiliser le terme taille haute avec parcimonie. L’expression est certes pratique, mais finalement assez imprécise dès lors que l’on souhaite aborder le sujet avec un peu de profondeur. Je préfère parler de taille naturelle lorsque la ceinture du pantalon se situe sur le haut des hanches, et de taille haute plus ou moins à partir du nombril.
À titre personnel, j’aime que la taille de mes pantalons se situe à environ trois à quatre centimètres sous le nombril, là où « les hanches commencent à se dessiner » comme l’écrit M. Scavini. Plus haut, la taille tend à glisser sur mon ventre, qui n’est pas des plus plats. Plus bas, le ventre s’en trouve accentué, et le confort diminué. Or, le confort est devenu, au fil des années, une question centrale dans le choix de mes vêtements.
Le confort : une question centrale
Le confort, que j’ai bien longtemps négligé, fait désormais parti des critères parmi les plus importants dans le choix de mes vêtements. À mon sens, la notion de confort doit s’envisager de manière relative, et non absolue. En effet, si on la considère en tant qu’absolue, alors il faut bien admettre qu’aucun vêtement ne surpasse le jogging ou le pyjama. Or, la vie serait bien triste s’il ne fallait se restreindre qu’à ces deux seules tenues.
Aussi, je vous livre ici une définition (toute personnelle) du confort : un vêtement est confortable dès lors que ce dernier n’entrave pas les mouvements du corps lors des activités auxquelles ce vêtement est destiné.
À titre d’exemple, un costume ne sera pas adapté à une partie de tennis ou à une course de haies, c’est évident. Cependant, celui-ci doit permettre de s’asseoir et de se lever, de monter des marches, de se baisser pour nouer ses lacets, ou de lever les bras pour attraper quelque chose sur une étagère, sans que ces gestes s’en trouvent excessivement gênés ni difficiles à exécuter, sans provoquer de douleurs, sans que le tissu ne subisse une tension excessive, et sans que la tenue ne soit complètement à refaire ensuite.
Il y a bien sûr d’autres paramètres qui rentrent en compte dans la définition du confort. Le confort thermique, l’isolation et la respirabilité, le contact de la matière sur la peau, les propriétés mécaniques de la matière (et j’en passe) sont autant de critères qui intervienne dans le confort que procure un vêtement. Mais ces paramètres ne sont peu ou pas pertinents dans le cadre du sujet qui nous intéresse aujourd’hui, aussi nous limiterons-nous à la définition ci-dessus. Voyons d’ailleurs comme cette dernière s’applique au pantalon.
Le confort rapporté au pantalon
Depuis quelques années, je reporte les mesures des pantalons que je possède dans un tableur. Outre le côté quelque peu névrotique de la chose, cela m’a permis de comprendre comment telle ou telle mesure influe sur le confort et les sensations de port d’un pantalon.
Un pantalon peut se comprendre, entre autres, au travers de ses mesures, dont les principales sont les suivantes :
- ceinture
- hanches
- fourche (demi-fourche avant et demi-fourche arrière)
- cuisse
- genou
- ouverture de jambe
- entrejambe et longueur totale
Certaines mesures sont avant tout affaire de confort, quand d’autres sont affaire de style :
- la ceinture, les hanches, la fourche et les cuisses définissent le confort du pantalon
- les mesures du genou et de l’ouverture de jambe définissent la ligne de jambe, et donc la coupe du pantalon
- enfin, la mesure de l’entrejambe modifie l’allure générale du pantalon, suivant que ce dernier casse ou non sur les chaussures, et en affecte le tombé
Bien évidemment, le propos mérite d’être nuancé. Ainsi, un énorme volume autour des hanches ou des cuisses constituera aussi une proposition de style ; un genou et une ouverture de jambe trop étroits susciteront une gêne certaine.
Cela m’amène à introduire un concept tout simple, celui de valeur minimum. Pour qu’un pantalon soit confortable, il faut, pour une taille et une morphologie données, que les mesures citées plus haut respectent des valeurs minimums. En dessous de ces valeurs, c’est l’inconfort ; au dessus de ces valeurs, on entre sur des considérations stylistiques.
Formulées de cette façon, les choses peuvent paraître simplistes. Pourtant, à en juger par la difficulté que nombre d’entre-nous avons eu (et avons encore) à trouver des pantalons qui nous satisfassent, cela ne l’est pas tant que ça. Et comme le disait une de mes ex-copines : « certaines choses vont sans dire, et pourtant ça va mieux en les disant ».
Le rôle de la hauteur du pantalon
Si la plupart des marques qui communiquent sur la hauteur de leurs pantalons mettent avant tout en avant le rendu visuel d’une taille plus haute, il ne faut pas oublier que la valeur de la fourche d’un pantalon est en premier lieu une question de confort avant d’être une affaire de style. Il faut une certaine quantité de tissu pour englober sans peine le bassin, le sexe et les fesses dans leur hauteur, et donc une valeur minimum pour la longueur de la fourche.
Une fourche trop courte n’est pas confortable. Elle génère une sensation de tiraillement, comme si quelqu’un tirait votre pantalon vers le bas pour vous déculotter. Il n’y a pas assez de tissu pour accompagner le corps dans ses mouvements. Les chemises, et les fesses, peinent à rester dedans dès que l’on se penche ou s’assied.
La valeur de la fourche doit toujours s’envisager dans son entièreté. Les guides des tailles mentionnent rarement la valeur de la fourche (bien que cela tende de plus en plus à changer). Lorsqu’ils le font, ils se limitent le plus souvent à la demi-fourche avant seule. Or, la demi-fourche arrière est tout aussi importante. C’est elle qui définit la quantité de tissu disponible en hauteur pour couvrir vos fesses et accompagner vos mouvements. Si la valeur de la demi-fourche avant influe sur le style en plaçant visuellement la taille plus ou moins haut, celle de la demi-fourche arrière joue un rôle prépondérant dans le confort d’un pantalon.
Ainsi, pour ma taille (entre le 46 et le 48, taille française), et ma morphologie (endomorphe, 1,73 m, 88 kg), je trouve le rendu visuellement satisfaisant à partir de 31 cm de longueur pour la demi-fourche avant. Une demi-fourche arrière de 47 cm m’apportera un confort certain, là où en dessous de 43 cm ma chemise sortira de manière inexorable de mon pantalon à chaque fois que je m’assieds.
Ce qu’il faut absolument savoir avant d’opter pour une taille plus haute
Lorsque je vante les méritent des pantalons avec une taille plus haute, je défends en réalité une valeur minimum pour la mesure de la fourche, avant de promouvoir un style (même si l’un et l’autre ne sont pas totalement décorrélés). Pour le dire autrement, pour qu’un pantalon soit d’une part confortable, et d’autre part qu’il ait un rendu satisfaisant pour la plupart des morphologies, il faut que la mesure de la fourche du pantalon respecte une valeur minimum. Or, la plus grande partie du prêt-à-porter de ces dix dernières années est descendu très en dessous de cette valeur.
Pour autant, une taille plus haute pourra avoir son lot de désagréments. C’est pour bien comprendre ce dernier point que j’ai pris le temps de redéfinir la hauteur du pantalon.
Comme nous l’avons vu, il faut distinguer la taille dite classique ou naturelle basse qui se situe sur le haut des hanches, quelques centimètres sous le nombril, de la taille naturelle autour du nombril, et de la vraie taille haute.
La taille classique ou taille naturelle basse (souvent qualifié de classic waist ou natural waist dans la langue de Shakespeare) est la plus simple. Il s’agit de celle que je porte majoritairement, et qui est, je pense, susceptible de convenir au plus grand nombre.
Vient ensuite la vraie taille naturelle, celle qui tutoie le nombril. À cette hauteur, le pantalon ne conviendra pas à tout le monde. Cette partie du buste, située juste sous les côtes et censée être la plus mince, assure au pantalon de rester bien en place si la ceinture est parfaitement ajustée. Or, pour ceux qui ont du ventre, l’équation n’est plus tout à fait exacte. Si le ventre n’est plus la partie la plus fine, alors le pantalon restera difficilement à cette hauteur ; la taille aura tendance à glisser vers le bas. Pour empêcher cela, il faudra que la ceinture soit bien serrée. Mais il pourra alors s’ensuivre une sensation d’étranglement, comme si les organes internes se trouvaient compressés. Il faut également prendre en compte que les mesures du ventre sont soumises à de nombreuses variations, parfois au fil même de la journée, au gré des repas, de la qualité de la digestion ou encore de la rétention d’eau.
N.D.R. : c’est une chose que j’ai apprise à mes dépends lors d’un voyage à la Nouvelle-Orléans. Les pantalons qui ont traversé l’Atlantique avec moi et qui m’allaient en France me sont devenus insupportables une fois en Louisiane. La faute à la gastronomie locale, par ailleurs délicieuse. Depuis, je porte légèrement plus bas, et un peu plus large.
Enfin, la taille haute à proprement parler se situe en fait au dessus du nombril. Maintenu par le ventre (ce qui suppose donc d’avoir un peu de ventre), un pantalon peut être d’un confort incroyable. J’ai déjà eu l’occasion d’essayer de tels pantalons. Cependant, il faut assumer le rendu visuel très fort, chose dont je serais personnellement bien incapable.
À ce stade, l’usage des bretelles doit être mentionné. Ce petit accessoire permet de palier à tous les problèmes que peuvent susciter des tailles plus hautes. En effet, avec des bretelles, le besoin de serrer la taille pour maintenir le pantalon disparait. Il est alors possible de laisser de l’espace entre la ceinture et le corps, et de garantir un maintient du pantalon à la même hauteur tout au long de la journée. Mais, pour ma part, j’ai du mal à en envisager l’usage en dehors d’un cadre sartorial. Néanmoins, le jour ou j’investirai dans un nouveau costume (ce sera en demi-mesure), c’est vers une vraie taille naturelle et des bretelles que mon choix se portera, car les bretelles garantissent un grand confort et autorisent les variations de poids, dans un sens comme dans l’autre.
Comme je l’ai écrit précédemment, j’essaie d’utiliser le terme de taille haute avec parcimonie ; il n’existe non pas une, mais des tailles hautes, aux sensations de port et aux rendus bien différents. Aussi, plutôt que de vous recommander des pantalons taille haute, je préfère vous orienter vers des pantalons avec une taille plus haute.
Des pantalons avec une taille plus haute : une présence encore discrète sur le marché
Où trouver des pantalons avec un montant plus généreux ? Il n’est pas si simple de répondre à cette question. Des pantalons avec une taille plus haute, il y en peu, et il y en a plein ; on en trouve partout et nul part à la fois. Laissez moi vous expliquer cette contradiction.
La majorité du marché du prêt-à-porter propose encore aujourd’hui des pantalons à la taille plutôt basse. Il y a fort à parier que, tout comme moi, vous n’ayez jamais vu le moindre pantalon à taille naturelle ou à taille haute en passant les portes d’une grande enseigne, d’un centre commerciale ou d’une boutique de centre ville de province (enfin, pas depuis la fin des années 90 / début des années 2000).
Pourtant, des pantalons avec un montant généreux, j’en vois tous les jours… sur les réseaux sociaux. Il n’y a pas un jour sans qu’Instagram ne me présente un nouveau pantalon, d’une nouvelle marque ou d’une marque plus ancienne mais s’adressant à un public de niche. Quand on s’intéresse au vêtement, on voit bien que les tailles plus hautes font leur retour sur les podiums, chez les créateurs, chez les marques pointues qui proposent une réinterprétation d’un héritage stylistique passé. Mais, si je prétendais que les pantalons taille haute sont nombreux et disponibles partout, alors je serai certainement victime d’un biais de confirmation.
Alors oui, des pantalons avec une taille plus haute, il y en a plein. Mais leur place sur le marché actuel fait qu’ils se trouvent encore essentiellement chez des marques pointues, et donc à un placement tarifaire plus élevé que la majorité de l’offre (mais également avec un niveau global de qualité plus élevé).
Bien sûr, il n’est pas question ici de dresser un inventaire exhaustif de l’ensemble des marques à considérer pour vos recherches. Aussi, je préfère me concentrer sur une sélection restreinte, mais que j’espère pertinente, et qui ne comporte que des marques que j’ai pu essayer, ou d’autres qui me font véritablement envie.
Par où commencer ?
Les pantalons Uniqlo U constituent sans doute l’option la moins cher et la plus simple pour s’essayer à des hauteurs plus importantes. Dirigées par Christophe Lemaire (créateur aux influences asiatiques qui aime garder de l’espace entre le corps et le vêtment) depuis 2016, les collections U proposent souvent des pantalons aux montants généreux et aux coupes assez amples. Si certains modèles étaient vraiment réussis, ceux des dernières collections m’ont un peu moins convaincus, notamment en raison de leur composition qui incluait beaucoup de synthétique.
- Dickies 874
Popularisé par la scène Hip Hop US West Coast des années 90 et fort apprécié de nombre de skateurs, ce pantalon de travail a conservé strictement la même coupe depuis les années 60. Le pantalon monte haut (34cm de demi-fourche avant pour une taille 38 US), est disponible dans de très nombreuses tailles et dans un large choix de couleurs. Il est disponible pour une soixantaine d’euros, neuf.
J’en avais acheté un il y a quelques années, lorsque je cherchais un pantalon de concert. Il me fallait un pantalon de couleur noir, peu salissant, résistant et confortable pour transporter et installer amplis, instruments et matériels, avec un montant généreux pour pouvoir bouger sur scène sans que ma chemise ne finisse par sortir de mon pantalon, et sans dévoiler ma raie à un publique pouvant compter jusqu’à plusieurs centaines de personnes. J’en ai depuis acheté un deuxième, beige, que je porte essentiellement lorsque j’ai besoin d’un pantalon qui ne craigne pas d’être sali ou malmené.
Si j’apprécie la coupe du 874, je n’en ai pas moins quelques réserves à son encontre. Ces dernières portent sur la matière. En effet, la toile est composée à 65% de synthétique, pour 35% de coton. Rien d’illogique pour un pantalon de travail dans cette gamme de prix. Cependant, je la trouve assez peu agréable au touché, et elle tend à faire beaucoup d’électricité statique. Par ailleurs, le tombé d’une toile synthétique est bien moins élégant que celui apporté par des fibres naturelles comme le coton ou la laine. La matière, inerte, manque cruellement de vie.
Cependant, le 874 constitue une bonne option, à prix raisonnable, pour qui souhaite essayer un premier pantalon à taille naturelle. Son style le rend assez polyvalent. Par ailleurs, il reste assez aisé à trouver et essayer en boutique, que ce soit dans les magasins dédiés aux vêtements professionnels, en skate shop, ou encore en seconde main.
Un dernier détail : je vous recommande de prendre une taille au dessus de votre taille habituelle. Le 874 est true to size ; autrement dit, pour chaque taille, la mesure de la ceinture coïncide exactement avec la valeur donnée par l’étiquette. Par exemple, la ceinture d’un 874 en taille 32 fera exactement 32 inches, soit 81 cm (40,5 cm de demi-ceinture, soit une taille française 40). À titre de comparaison, la ceinture d’un chino Uniqlo en taille 32 mesure 85,5 cm (42,8 cm de demi-ceinture, soit une taille française 42).
- Vêtements militaires
Pantalons militaires d’hier ou pantalons militaires d’aujourd’hui, une chose est sûre : les militaires portent plutôt haut. Le vestiaire militaire offrent de nombreux avantages. Il est possible de trouver des pièces très abordables dans certains surplus et friperies. Certains vêtements ont un style unique, qui n’a pas encore été répliqué dans le civil. La diversité des modèles permet une multiplicité de styles et d’usages : du pantalon de combat au pantalon de travail, de celui de service courant à celui de cérémonie, il y a de quoi faire !
Si vous n’avez pas la chance d’avoir un surplus vers chez vous, vous pouvez vous tourner vers les offres en ligne : regardez par exemple du côté de Doursoux, de La tranchée militaire ou de Brut Clothing.
Dans cette catégorie, il faut ajouter les marques qui font des reproductions de qualité de pièces d’époque, ou vont chercher leurs inspirations dans le militaria. Je songe notamment à des marques telles que Lutece MFG ou Arashi Denim.
De belles offres et de la diversité
Puisque nous évoquions M. Julien Scavini plus haut dans cet article, comment ne pas mentionner son offre de pantalon en prêt-à-porter ?
La marque propose quatre coupes de pantalons, auxquelles il faut ajouter un pantalon gurkha et un short, dont les tailles sont plus hautes que ce qui se pratique dans la majeure partie du prêt-à-porter, sans être excessivement hautes pour autant. Aussi, si vous souhaitez vous essayer aux pantalons dont la taille monte d’avantage, mais que les montants plus généreux vous intimident, Scavini est un excellent choix. Pour ma part, ma préférence va à la coupe S3, qui est la coupe offrant le plus d’espace, avec la taille la plus haute.
L’une des choses les plus appréciables dans l’offre de Scavini est la diversité des toiles et la qualité des matières. Tweed, coton, laine froide, solaro, lin, flanelle, cachemire, il y en a non seulement pour toutes les saisons, les goûts et les envies, mais aussi nombre de tissus proposés chez Scavini sont assez difficilement trouvable dans la plupart des offres de prêt-à-porter.
Dernier point qui a son importance, les pantalons conservent une bonne réserve de tissu à l’intérieur, pour rendre la retouche plus aisée ; une chose qui, par souci d’économie, est devenue bien rare.
J’avais déjà évoqué Luxire dans mon premier article sur Borasification. Luxire est une marque indienne qui propose des pantalons et des chemises en demi-mesure. Une fois la maîtrise de leur site internet, assez peu ergonomique, acquise, vous choisissez le tissu, le type de pantalon (jean, chino, pantalon traditionnel taille haute, etc.), les mesures, et enfin les détails (avec ou sans revers, le type de poches, les boutons, le type de ceinture, le nombre et la nature des pinces etc.). Bref, il y a de quoi réaliser le pantalon de vos rêves, à des mesures qui vous vont, et le tout pour un tarif plus que correct (comptez 55€ pour un pantalon d’essai en coton, 90€ pour la plupart des toiles de coton, et autour de 175€ pour de la flanelle de laine de chez Vitale Barberis Canonico ou du coton de chez Brisbane Moss).
Jusqu’à présent, j’ai fait réaliser six pantalons chez eux, et je n’ai jamais été déçu du résultat (enfin, presque, car mes deux dernières commandes mesuraient 3 cm de plus que prévue en longueur d’entrejambe ; mieux vaut trop long que trop court ; j’ignore si cette différence était voulue, pour anticiper un éventuelle rétrécissement au lavage). Pour le prix, le niveau de finition est véritablement bluffant. Là aussi, la réserve de tissu pour permettre la retouche est importante. Par ailleurs, la demi-mesure reste l’une des meilleures options pour les morphologies compliquées.
Notez que, depuis peu, la marque propose également quelques modèles en prêt-à-porter.
Voici quelques clichés de mon dernier pantalon Luxire ; il s’agit d’un pantalon à pinces doubles et ajusteurs latéraux, en denim blanc assez léger.
J’ai voulu tester une ouverture de jambe assez large, de 25 cm, comme sur mes pantalon de service courant de la Marine nationale. Si, de face, le plis central fait que ça ne se voit pas, de profil en revanche l’ouverture dévoile son envergure.
J’ai tendance à beaucoup me servir de mes poches arrières, aussi ai-je opté pour des poches sans boutons ni rabats. Un mot concernant la chemise : il s’agit d’une chemise en oxford de chez Charles Tyrwhitt. Pour les autres pièces, nous les verrons plus en détail un peu plus bas.
Mon coup de cœur du moment
Vous êtes-vous déjà imaginé lancer votre propre marque de vêtement ? Moi oui ! Et si j’avais pu lancer ma propre marque, elle ressemblerait en tous points à Casatlantic.
J’ai découvert la marque sur les réseaux sociaux. Il arrive rarement que la communication d’une marque de vêtements me touche ; des mannequins de deux fois ma taille pour le tiers de mon poids qui tirent la gueule, ça ne me parle pas particulièrement (je grossis le trait, bien sûr, toutes les marques ne font pas ça).
Mais là, la direction artistique me faisait vraiment de l’œil. Ces photographies d’archives des années 40, une imagerie qui m’évoque tour à tour Le patient anglais ou Plein soleil, ça fonctionne à fond sur moi. La photographie, qui est l’œuvre de Ludovic James Dias, s’inscrit parfaitement dans l’esprit et dans les références que prétend incarner la jeune marque.
Casatlantic propose des pantalons qui s’inspirent de ceux portés autrefois par les troupes françaises positionnées en Afrique du Nord, et adoptés ensuite par une partie de la jeunesse marocaine d’après-guerre.
Seuls trois modèles sont proposés. Le El Jadida est le plus sobre, et le moins large. Le Mogador, à pinces simples et et ajusteurs latéraux (en réalité ces ajusteurs se placent pratiquement sur l’arrière du pantalon), est un peu plus large. Enfin, le Tanger, modèle à doubles pinces, est le plus ample, et le plus proche de ce que portait la troupe. À noter que le Tanger et le Mogador sont également déclinés en shorts.
Chacun de ces modèles sont disponibles dans un twill de coton de 10,3 oz, en trois couleurs : blanc, beige, et bleu marine. Une offre simple, claire, lisible, avec un guide des tailles bien fait et complet.
N.D.R. : Casatlantic a depuis sorti un nouveau modèle, le Safi, donc la coupe se situe entre celle du El Jadida et celle du Mogador. La patte de boutonnage est décentrée, et la ceinture comporte deux ajusteurs latéraux (qui diffèrent par leur position de ceux du modèle Mogador) ; l’avant du pantalon arbore des pinces doubles. Il faut également noter qu’une nouvelle toile 240 grammes 54% lin 46% coton a fait son apparition, ainsi que deux nouvelles couleurs, vanille et noir.
J’étais très excité à la réception de mon pantalon Mogador. Le packaging, très soigné, m’a agréablement surpris : une belle boîte en carton, des étiquettes fixées par des pinces en métal plutôt que par des attaches plastiques disgracieuses qui auraient eu l’air anachroniques, et même une petite boîte d’allumette au nom de la marque et à l’esthétique vintage fort sympathique.
Le Mogador est sans doute le pantalon le plus confortable que je n’ai jamais eu. Celui dont la taille est également la plus haute, et la coupe la plus large. Cela va sans doute me demander encore un peu de temps pour réussir à me l’approprier et à l’apprivoiser.
La toile du pantalon constitue une bonne surprise : d’une main très agréable, elle est assez épaisse et très souple en même temps ; le sergé présente des diagonales larges et rustiques, semblables à celles des véritables pantalons d’époque.
Les ajusteurs latéraux ne sont pas exactement situés sur le côté, comme c’est le cas pour mon pantalon Luxire, mais d’avantage sur l’arrière. Ainsi placés, je les trouve plus efficaces que des ajusteurs classiques.
Je n’ai pas voulu construire de tenues particulièrement élaborées, car ce n’est pas le propos de l’article ; j’ai préféré partir sur des tenues simples, qui vous permettent de clairement voir les pantalons que j’ai choisis de vous présenter. Pour le reste, mon choix s’est porté sur des pièces que j’aime bien : une paire de mocassins Paraboot, chinée sur Vinted, portée avec des mi-bas super solides couleur taupe de chez Mes Chaussettes Rouges.
En haut, je porte une chemise en denim Levis Orange Tab, également chinée sur Vinted.
Les marques de pantalons taille plus haute qui me font de l’œil
- Athi Editions
Athi Editions est une jeune marque parisienne, qui ne propose qu’un seul modèle de pantalon, décliné en cinq couleurs (marron, vert, bleu marine, beige et vert canard). Tous sont en velours épais à grosses côtes de chez Brisbane Moss. Deux particularités rendent ce pantalon intéressant.
Tout d’abord, la ceinture est élastiquée sur l’arrière et les côtés du pantalon, afin d’assurer maintien et confort. D’autre part, la ceinture du pantalon est plus large que ce qui se pratique dans la majorité du prêt-à-porter, avec une hauteur de 4,5 cm (contre 4 cm pour la plupart des pantalons) ; cette ceinture est de type hollywood, c’est-à-dire que les passants de ceinture se situent plus bas que le ceinture du pantalon, une finition devenue extrêmement rare dans le vestiaire masculin ; on pouvais souvent voir Fred Astaire en porter.
J’ignore ce que valent les pantalons de chez Athi Editions, mais sur le papier ils me paraissent plutôt engageants, et ma curiosité me pousse à vouloir essayer.
Scott Fraser est une marque londonienne qui puise ses inspirations dans le vestiaire dans années 30 aux années 50. Elle propose une réinterprétation des pantalons de ces époques ; les tailles sont hautes, les coupes sont larges, et aucun compromis n’est fait pour coller au marché actuelle. Chacune des photographies de leur feed Instagram et de leur site me donne une fracture de la rétine.
Leurs pantalons sont made-to-order (fabriqués à la commande). Il est possible de choisir entres plusieurs couleurs et matières (lin irlandais, laine tropicale, coton, velours, etc.), le type de ceinture (à passants ou à ajusteurs latéraux), la longueur d’entrejambe et la finition du bas de jambe (ourlet piqué ou revers).
La marque fondée par Déborah Sitbon Neuberg propose des pantalons à la taille relativement généreuse, avec des coupes savamment travaillées. Si je n’ai jamais pu avoir entre les mains l’un d’entre-eux, je dois bien avouer que plusieurs modèles, tels que leur pantalon de randonneur, inspiré d’un short de randonné des années 30 chiné aux puces, leur pantalon large à deux plis, ou leur pantalon taille haute, me tentent bien.
Et ça tombe bien, car Boras a justement pu essayer ce dernier. Et s’il s’est déjà un peu confié à moi quant à son avis sur ce pantalon, vous pourrez le découvrir très prochainement dans l’article qu’il est en train de vous préparer, dont les photos ci-dessous vous offrent un avant-goût :
D’autres pistes encore
Bien évidemment, la liste des marques qui peuvent proposer des pantalons avec une taille plus haute de s’arrête pas là. Aussi, voici pêle-mêle d’autres marques vers lesquelles vous pourriez orienter vos recherches (gardez à l’esprit qu’il est question de tailles plus ou moins hautes suivant les marques et les modèles) : Stan Ray, Pini Parma, Lopez Aragon, JPress, Claudio Mariani, Bills Khakis, Buzz Rickson, Rubato, Yeossal, Informale, Grand Le Mar, Craftmans Clothing, Berg & Berg, Labour Union, The Real McCoy’s, Mister Freedom, Cordings, Bryceland’s, Spier & Mckay, Universal Works, et bien d’autres encore !
Que retenir de tout ça ?
J’espère qu’à la lecture de cet article, la hauteur du pantalon constituera pour vous un sujet un peu plus clair.
J’espère également que, désormais, vous ne vous laisserez plus abuser par le terme taille haute, qui, d’une part regroupe bien des nuances et des possibilités et, d’autre part, ne désigne pas la même chose d’une marque à l’autre. À titre d’exemple, mon jean Uniqlo, « taille haute », possède un montant de 31 cm, là où mon Casatlantic, high rise, en a un de 35 cm ; mes Dickies 874, dont le site mentionne simplement sits comfortably at waist, ont pourtant une demi-fourche avant mesurant 34 généreux cm.
J’espère aussi vous avoir donner l’envie d’essayer des tailles plus hautes ; pas forcément sous les aisselles, ni même au nombril, mais juste un peu plus hautes. Parce que je crois beaucoup aux vertus d’une taille plus haute, et au fait d’avoir plus de tissu pour couvrir le corps et l’accompagner dans ses mouvements. J’espère vous en avoir convaincu, qu’importe votre style, que vous soyez branché sarto, rétro, street, casual chic, ou qu’importe les étiquettes. Et si, après ça, vous préférez rester sur des tailles basses, ce sera alors par goût personnel, et non parce que le marché vous l’impose.
À ceux qui cherchaient où se procurer des pantalons avec plus de matière, plus de montant, j’espère avoir pu vous apporter un début de réponse. Une réponse nécessairement imparfaite et incomplète. Une réponse qui ne couvre pas tous les budgets, ni toutes les envies ou tous les styles. Une réponse qui mélange du un tout petit peu plus haut et du quand même plus haut. Mais une réponse qui vous donnera de la matière pour mener vos recherches personnelles.