Tous les lundis la rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Dixième numéro et déjà une cinquantaine de belles découvertes au compteur… Si jamais tu en as raté quelqu’unes, tu peux aller en prendre plein les yeux en cliquant ici !
Changer de perspective avec les (re)créations de Rifatto
Si tu suis au contraire le format depuis le début, tu as déjà pu voir passer certains noms qui s’illustrent dans ce que l’on pourrait appeler le monde du remake. Remake by Yi et ses fringues militaires, les sud-coréens de chez Kinott , ou une marque comme FMDTL qui joue avec cette esthétique du rapiéçage.
Lancé en 2019, le projet Rifatto (remake en italien) est peut être l’un de mes préférés dans cet univers où les techniques artisanales sont remises au goût du jour. L’artisan derrière la marque, Yuya Kobayashi, utilise notamment le sashiko et le boro pour donner une nouvelle vie à de vieux vêtements. Particulièrement influencé par le military et la contre culture des années 60-70 (mouvement hippie), son travail est coloré et fait appel à de nombreux motifs floraux.
Cette esthétique militaire pacifiée est quelque chose que l’on à l’habitude de voir régulièrement chez les marques japonaises (je pense à Kapital ou à Niche par exemple). À travers la pratique du remake, Rifatto va plus loin encore et fait complètement perdre à la pièce originale sa connotation guerrière (ou workwear).
Le résultat est à mi-chemin entre la mode et l’art, entre le prêt-à-porter et la pièce de musée. Je ne peux évidemment pas tout te montrer ici. Je te laisse aller te perdre sur la page instagram, et surtout sur la chaine Youtube où tu trouveras des vidéos de l’artiste et de son processus créatif. Pour acheter une pièce, si l’importation ne te fait pas peur, c’est par ici.
Enharmonic Tavern mélange tout dans sa collection Automne-Hiver 2022
Chaque nouveau RDM est pour moi l’occasion de parler de très petites marques dont les actualités ne peuvent pas être traitées dans les Brèves de Mode. Et cette semaine, c’est au tour du label japonais Enharmonic Tavern et de sa collection Automne-Hiver 2022 de trouver une modeste place dans ce format.
Rien de plus agréable pour moi que de parcourir les nombreuses collections hiver qui sont présentées en ce moment. Je retrouve mon intérêt un peu émoussé pour les fringues à une saison où le t-shirt blanc est roi. Label singulier, Enharmonic Tavern apporte sa dose de matières réconfortantes, de chapkas et de tours de cou en polaire. La marque continue pour cette nouvelle saison de brouiller les lignes entre le vêtement classique et un délire beaucoup plus « modeux ».
Un gros pull traditionnel de type « aran », une paire de creepers, un manteau Mac en laine classique et un smock blanc et violet tie and dye, une chemise à la Stephan Schneider et un pantalon à l’esprit techwear…Une chose est sûre, il y en a pour tous les goûts. Véritablement fondée sur des inspirations qui se veulent hétéroclites (réunir des gens de tous les horizons pour créer quelque chose d’unique), la marque propose un melting pot d’influences jamais ennuyeux.
Comme tu l’imagines peut-être, Enharmonic Tavern n’est pas distribuée en dehors du Japon. Tu peux cependant retrouver l’entièreté de la collection sur le site officiel de la marque. Et voici, au passage, le lien de son instagram.
Faire revivre la chaussure française avec Manufacture Bontemps
Attardons nous maintenant un peu sur les prémices d’un projet français prometteur : Manufacture Bontemps. J’ai rarement eu l’occasion de te présenter des marques françaises qui se lancent (la dernière fois c’était avec Aïdama, dans le premier numéro…), et c’est donc toujours un vrai plaisir de mettre en avant de petits projets qui cherchent, à leur échelle, à faire bouger les lignes.
Et le nom de Manufacture Bontemps ne tient pas seulement du ressort marketing. Il s’agit ici d’une réelle tentative d’organiser une nouvelle production de chaussures en cuir. « Bontemps » semble être une référence aux années 50, quand l’industrie se portait encore bien et que les chaussures de qualité made in France étaient la norme. La start-up a opté pour Nantes (l’atelier coworking Stütz pour artisans) afin de lancer son projet, notamment pour sa proximité de Chollet, le bassin historique de l’industrie de la chaussure.
Car la volonté du fondateur, Edouard Leveau, est de sourcer les matières et produire les chaussures entièrement en France. Les cuirs, par exemple, viennent de la tannerie qui fournit Paraboot. Et la comparaison ne s’arrête pas là. Pour sa première collection, la marque lance un modèle très casual en deux coloris classiques. Au programme : cuir huilé facile à entretenir, semelle en gomme crantée et cousu sandalette (alternative moins chère aux cousus Norvégien et Goodyear) pour un style workwear.
Lancé sur Ulule, Manufacture Bontemps à d’ores et déjà atteint (et dépassé) son objectif initial de 50 précommandes. Il est toutefois encore possible d’acheter ta paire et de soutenir le projet. Je te laisse le lien ici, tu pourras te faire ta propre idée sur la question. Les premières livraisons sont prévues dès le mois d’aout.
Dockers s’associe avec l’artiste californien Ceely pour sa capsule Pride 2022
Courte pause dans les présentations de marque afin de revenir sur une actualité chez Dockers. On ne va évidemment pas découvrir la petite soeur de Levi’s, mais plutôt évoquer en images sa récente collaboration à l’occasion de la Pride 2022 avec l’artiste américain Richard Ceely.
Née à San Francisco, berceau historique de l’activisme pour les droits des homosexuels, Dockers apporte son soutien au mouvement depuis sept ans déjà. La capsule Pride de cette année, nommée « Say it out loud » (« Dis le à voix haute », pour ceux qui ont séché les cours d’anglais), est une manière de porter sur soi un message important.
Cette collection assez réduite concerne des basiques essentiels: seulement cinq pièces (dont un t-shirt, un short et un sweat) illustrées pour l’occasion. Des dessins colorés qui évoquent une certaine insouciance, un trait presque enfantin propre au travail de Ceely et qui, malgré le message politique sous-jacent, sont avant tout comme une ode à la joie.
Disponible depuis le 16 mai dernier, une partie des bénéfices de la collection (à hauteur de 5000 euros) sera reversée à l’organisation à but non lucratif Stonewall Community Fondation qui agit au quotidien en faveur de la communauté LGBTQIA+. Si la démarche te parle, tu peux retrouver tout ça ici.
Polyploid, une touche de Japon en Allemagne
On termine cette dixième revue de mode comme on l’a commencée, avec du lourd ! Polyploid est un label allemand très singulier qui ne ferait clairement pas tache au milieu de noms tels que Markaware, Comoli ou Still by hand.
Instinctivement quand on pense « Mode allemande », on a plutôt tendance à se diriger vers le combo chaussettes Birkenstock (ou à A Kind of Guise, pour les gens qui aiment les bonnes choses), plutôt que vers le « Minimalisme » et l’« oversize ». Polyploid vient restaurer l’équilibre et faire mentir les détracteurs avec des pièces épurées dans des matières et des coupes qui rappellent véritablement le meilleur de tout l’Asie.
Et je dois maintenant t’avouer qu’une grande partie de la production est en réalité japonaise… (l’autre partie est allemande avec des matières européennes). Fondée en 2017 à Berlin par la créatrice Isolde Auguste Richly, la marque se développe autour d’un concept de subtiles itérations et variations, où chaque pièce est d’abord pensée dans sa forme la plus épurée avant d’évoluer doucement vers plus de matières et de couleurs (tu peux en lire plus ici, prépare un Doliprane au cas où).
C’est très beau, très cool et comme souvent très cher ! Je tenais quand même à te prévenir, Polyploid n’est pas une version plus accessible de ses consoeurs asiatiques, mais bien une marque à considérer comme une alternative solide et plus proche de chez nous. Je te laisse ici le compte instagram, et pour le lèche-vitrine c’est par là.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à lundi prochain !