Tous les lundis la rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Le teasing de cette semaine !
Merci encore d’avoir si bien accueilli ce nouveau rendez-vous. On va continuer à parler de trucs cools, différents et méconnus ensemble. (Si tu as raté le premier numéro, tu peux aller le lire ici !)
L’art du boro japonais par Kuon
J’aime bien commencer la Revue de Mode en tapant un peu fort, avec une marque qui vient donner le ton. Voici Kuon et ses créations qui font le pont entre artisanat et mode.
Quoi de plus visuel que l’art du boro japonais ? Qu’un patchwork de pièces rapportées teintes à l’indigo et rapiécées entre elles à la main, cousues de fil blanc ? Le designer Shinichiro Ishibashi a pour ambition de redonner vie à des vieux tissus usagés, endommagés, et d’en faire quelque chose de nouveau qui pourra être porté pour une décennie de plus.
Au-delà de valoriser la matière première, c’est également une manière de remettre des pratiques artisanales au premier plan. Si la marque vend des pièces d’exception comme des vestes en patchwork de tissus centenaires, elle rend aussi accessible cette esthétique en sérigraphiant les patterns originaux sur de nouveaux vêtements contemporains comme le sweatshirt ou la chemise à manches courtes.
Je ne t’ai montré que du boro, je voulais mettre l’accent sur ce qui fait de Kuon une proposition assez unique. Mais le label développe sa vision sur une ligne complète de prêt-à-porter. Si les extraits en-dessous te parlent, alors tu peux aller voir le lookbook printemps-été 2022 ici. Pour le shop de la marque, c’est par ici.
Les sacs en toile faits main depuis 1905 d’Ichizawa Shinzaburo Hanpu
Une seule boutique dans le monde à Kyoto. A coté, le même atelier et les mêmes processus de fabrication depuis 117 ans. Un seul revendeur en ligne en dehors du japon, Trunk Clothiers. Ichizawa Hanpu a su conserver toute son indépendance et sa nature artisanale en dépit de la mondialisation et du développement, raisonnable, de l’entreprise.
ichizawa.co.jp
Avant que le Covid ne passe par là, la marque ne vendait pas ses sacs en ligne pour préserver l’expérience d’achat. Venir au magasin et voir, toucher, sentir le produit avant de l’acheter. Une vraie démarche que la marque tenait à absolument conserver.
Même combat coté usine. Les sacs sont fabriqués et cousus à la main sur des Stinger d’avant-guerre. Pas de standardisation, chaque machine est différente. Les artisans ne changent pas de poste et travaillent à leur manière, avec leurs propres réglages. On dit qu’il faut sept ans pour qu’un apprenti puisse réaliser à la perfection les quelques 300 modèles proposés par la marque. Car chez Ichizawa Hanpu rien n’est écrit. Tout le savoir-faire se transmet oralement et par la pratique.
Si l’idée d’un vrai sac de puriste t’intéresse, tu trouveras une (très) large gamme de modèles différents sur le site de la marque. (On ne sait pas encore si la vente en ligne directe sera maintenue dans un futur proche…). Tu peux également aller voir ici la récente collaboration entre Ichizawa et JM-Weston, une rencontre entre le purisme japonais et le luxe français.
Casquettes et autres couvre-chefs par Binly.project
On en avait déjà succinctement parlé à l’occasion d’une selection sur les bobs, mais je pense que Binly-project mérite quelques lignes de plus. Marque confidentielle thaïlandaise, gérée par un artisan et sa femme, elle propose des chapeaux, bobs et casquettes baseball d’inspiration militaire et vintage. Une esthétique rétro qu’on ne retrouve pas ailleurs.
instagram.com/binly.project
Au coté très artisanal s’ajoute la possibilité de personnaliser entièrement le couvre-chef de son choix. Forme, matière, motifs, taille fixe ou système de réglage… Toutes les options sont paramétrables selon les possibilités du moment et moyennant quelques euros supplémentaires. La Thaïlande est un pays réputé pour ses stocks de tissus en tout-genre, de très belles choses sont disponibles.
Ah, et je tenais à préciser que pour une fois on ne parle pas ici d’une marque obscure et inaccessible. Pour environ une trentaine d’euros, tu peux avoir ton « Miki motifs camouflage armée finlandaise » entièrement personnalisé à ton gout. Et selon les dires de plusieurs personnes du forum, c’est de la super came. Pour voir les modèles et éventuellement discuter avec le gérant (très sympa), tout se passe sur son instagram.
Baema t boa, upcycling et pièces uniques
Retour en France, à Paris précisément, avec un projet que je me dois de te faire connaître. Baema t boa, c’est de loin la proposition que je préfère dans ces découvertes de la semaine. Pour leurs créations, souvent oversize, Marion Duquesne (graphiste) et Bastien César (fashion designer qui est notamment passé chez Craig Green) utilisent des matières vintage qu’ils vont peindre ou broder à la main : lin, coton, soie, mais aussi toiles de tente ou voiles (d’un bateau).
À gauche, chemise en collaboration avec Sillage stylisée par Yuthanan. À droite, « Pheasant shirt » pour Ryo Takashima (et oui, le même que la semaine dernière). instagram.com/baema.t.boa
Tout est fait à Paris, du processus de création à la production. Une vision de l’upcycling qui, encore une fois, est bien loin des clichés de la mode responsable, souvent jugée comme peu créative. Ici c’est tout l’inverse. Les produits sont proposés en made-to-order. Pas de gaspillage ni de surproduction inutile, et la possibilité de commander son modèle unique.
C’est assez difficile de résumer tout ce que peut faire la marque en quelques mots, ou même de le montrer en une sélection d’images. Si tu en veux plein les yeux, je ne peux que te conseiller de faire un tour sur leur instagram. Et leur site aussi, où leur deuxième collection est disponible (et ça tue, vraiment).
Architextyle, le « centre de reyclage » d’Aken.
Terminons cette Revue de Mode avec un concentré de pure créativité. Forcément, ça sera un peu clivant et je ne demande pas à tout le monde d’adhérer à la démarche. On va sortir de notre zone de confort et de nos fringues heritage japonaises rassurantes pour plonger dans l’univers d’Architextyle et d’Aken, son créateur.
L’upcycling, l’artisanat, le savoir-faire, les pièces uniques, la vision artistique, la créativité… On a parlé de tout ça aujourd’hui. Mais qu’est ce que ça donnerait si on mettait tous ces concepts dans un mixeur et qu’on le jetait par la fenêtre ? Une chemise à manches courtes à base d’une vieille couette Pokemon, trois t-shirts vintage de fripes cousus ensemble ou encore une chemise japonaise du label ultra pointu Sasquatchfabrix retravaillée pour en faire un kimono oversize. Tout ça au même endroit.
J’avais prévenu pour la zone de confort.
Architextyle c’est une approche de l’upcyling entre le bricolage, le Do-it-yourself, la high-fashion et le meme internet. De la fripe sous stéroïdes. À une époque où les marques de luxe deviennent des machines à produire de l’ironie et de l’autodérision, la démarche d’Aken qui mêle ultra-créativité et recyclage me semble bien plus en phase avec les considérations actuelles.
Bonus : Excreament, la friperie online
Et justement, je ne peux pas parler d’Architextyle « le centre de recyclage », sans mentionner son versant Excreament, shop de seconde-main en ligne. Sur son site, Aken sélectionne pour toi la « crème de la crème » et autres « graals » des poubelles. Et sur le compte instagram, il compose des tenues qui ont quelque chose à dire : entre « aplats » de vêtements et « portraits de fripes ».
instagram.com/excreament
Même quand il s’agit de vendre de vieilles fringues, c’est la créativité et le style qui priment sur le reste. Il y a un très gros boulot de mise en scène, et surtout des looks de l’espace qui te font oublier que tout ça c’est de la fripe. Le mot d’ordre ? La revalorisation stylistique du vêtement abandonné, oublié, dont plus personne ne voulait.
Va jeter un oeil sur le site d’Excreament si tu veux regarder ça de plus près. Tu pourrais trouver un truc cool pour pas trop cher, même pas besoin de te salir les mains. (Et c’est souvent moins cher qu’ailleurs, même pour de belles pièces). Et finalement, si rien ne te plais, tu auras quand même voyagé un peu. Pour encore un peu plus de dépaysement, le site d’Architextyle c’est par ici.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à lundi prochain !