RDM #29 : Du classique pas classique chez Adieu, Husbands et Paynterjacket

La rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.

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Les prochains jours s’annoncent chargés en coulisses ! La préparation de la sortie des tous premiers jeans Borali, prévue ce 1er mai, va nous occuper l’esprit pour un bon moment. En attendant la date fatidique, je te propose de patienter avec cette petite parenthèse pensée autour d’un sujet récurrent : le « classique ».

Pour Adieu, tout commence par la semelle

La troisième fois que j’emploie cet adjectif dans un titre. Et de la même manière. Il s’agit de « perfectionner », « d’oublier » ou « de voir les choses différemment ». Des formulations un peu vagues qui peuvent évidemment s’appliquer à un très grand nombre de marques et de créateurs, dont les meilleurs représentants du courant heritage contemporain. Mais pas seulement.

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« Type I »
adieu-paris.com

Adieu, marque parisienne de chaussures fondée en 2012 par Benjamin Caron et Isabelle Guédon, est selon moi un très bon exemple d’un label qui parvient à créer un sentiment de familiarité sans pour autant sacrifier toute vision créative. À revenir aux formes les plus répandues et ancrées dans l’histoire sans proposer de la reproduction ou du vintage. En commençant par la « Type 1 », un derby tout-terrain en cuir bookbindé à la Doc Martens 1461.

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Adieu type 124 x Winnie New York

Une singularité qui ne repose pas sur des inspirations très identifiables (culture populaire anglaise des années 50 aux années 80 avec les mouvements des teddy boys, des mods, des punks), mais bien sur l’histoire personnelle des deux fondateurs. Deux amis qui se sont mis en tête « d’ennoblir » les icônes de leurs adolescences. En mettant à l’honneur les designs les plus emblématiques (penny loaders, combat boots, brothel creepers, tyrolean shoes…) par un propos minimaliste et « mode ».

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Des mocassins bien massifs

En dehors des coloris spécifiques aux collections saisonnières, tout se joue sur la semelle crêpe. Dessinée in-house par Benjamin Caron (tout comme les lasts), elle est la signature de la marque et garantit un plus grand confort. Une alternative pointue et étonnamment polyvalente à une paire de Weston triple semelle ou de Tricker’s. Tu peux essayer une paire chez L’Exception et Centre Commercial, ou simplement jeter un oeil.

Dehors comme au musée avec la première collaboration Aigle x Centre Pompidou

Référencer directement l’art est une autre manière efficace et radicale de se défaire des codes. Sans surprise, c’est l’approche qui a été privilégiée par le collectif Études pour la collection capsule Aigle en collaboration avec le Centre Pompidou. Le trio de créatifs, Jeremy Égry, Aurélien Arbet et José Lamali, reconnu aujourd’hui pour leur label éponyme à succès lancé en 2012 étant désormais à la tête de la direction artistique de la marque historique française.

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  • aigle x centre pompidou ss23

Une série de pièces basiques (parkas, sweats, jupe, accessoires) qui reprennent les lignes iconiques du tableau « New York City » de Piet Mondrian, formant un ensemble tout indiqué pour passer inaperçu lors de sa sortie musée. Une collaboration étonnante qui fait suite à une première participation à la Fashion week parisienne pour Aigle. Son défilé printemps / été 2023 ayant eu lieu sur la terrasse du Centre Pompidou l’hiver dernier. Je te laisse découvrir tout ça en compagnie de Boras.

Le costume a encore des choses à dire avec Husbands

Si je ne pense pas que l’inclusion d’une marque française de tailoring dans la revue soit surprenante, elle est à remettre dans un contexte particulier. J’ai en effet écrit la semaine dernière sur le costume, chose rare sur le média, à l’occasion d’une sélection. Un top 10 printanier dans lequel j’ai pu m’exprimer sur l’état du vêtement formel à l’ère de la mouvance leisurewear américaine, soulignant au passage la désuétude des codes « classiques ». Un article qui se destinait à ceux qui « n’aiment pas le costume » dans sa forme traditionnelle.

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instagram.com/husbandsparis

Une approche « à charge » qui aurait méritée un poil plus de nuances, à en croire quelques retours ! En tant que grand adepte de la mollesse et des coupes naturelles, j’ai malheureusement « oublié » de parler d’une belle marque telle qu’Husbands. Honteusement discriminée pour délit de padding, alors que j’apprécie dans le même temps chez un Lemaire ou un Lownn des épaules exagérées et structurantes. Cette interprétation très parisienne du costume à la power suit d’Armani des années 70, avec une petite touche Gucci, qui est parfaitement maitrisée par Nicolas Gabard.

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S’inspirant du menswear des années 60 aux années 80, le fondateur d’Husbands propose depuis 2011 des costumes haut-de-gamme qui ont un quelque chose de l’ordre de « l’intemporel ». Du rétro qui ne sent pas la poussière. Des ensembles taillés pour l’open space des années 90 sans cette surcouche ironique et streetwear que l’on retrouve dans un croisé Mfpen. Et si les coupes sont au scalpel, il est difficile de parler de costume « strict » tant les influences 70s et punk se font ressentir. Une marque qui fait du classique sans faire du classique. Qui pense le costume contemporain comme une armure et un lieu de liberté à la fois.

Que tu adhères au style ou non, je ne peux que te conseiller de suivre le compte instagram qui témoigne d’une direction artistique très marquée, et souvent décalée. Une vraie source d’inspiration.

Red Wing Heritage collection printemps / été 2023, le lookbook made in japan

Voici une actualité qui n’en est pas vraiment une. Car parler de nouvelle collection pour caractériser les sorties de Red Wing Heritage, le sous-label premium de la légendaire marque américaine qui continue de produire des modèles made in USA depuis 2007, est un peu trompeur. Car cette collection printemps / été 2023 signe évidemment le retour de tous les grands modèles historiques : les workboots moc toe , l’iron ranger, la postman oxford

red wing heritage moc toe boot ss23 printemps été 2023 lookbook marque workwear

Ce qui m’intéresse d’avantage ici est donc moins les produits que la manière de les mettre en avant. Et à l’instar de MHL japon qui est une entité quasi indépendante de la branche européenne, c’est spécifiquement sur le compte Instagram japonais de Red Wing Heritage qu’il faut se rendre pour tomber sur un lookbook très réussi. Des tenues qui respirent le style japanese americana et qui font de ces chaussures typiquement workwear des objets de mode toujours pertinents aujourd’hui.

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C’est seulement quatre jours par an avec Paynterjacket

Terminons en restant dans le thème du classique vu sous une lumière nouvelle avec une marque au fonctionnement très particulier : Paynterjacket. Si son nom ne te dit encore pas grand chose, sache qu’elle est pourtant coutumière du sold out quasi instantané sur chacune de ses sorties. Veste ou simple basique comme une chemise OCBD ce vendredi 22 avril dernier, peu importe. Le scénario se répète.

paynterjacket marque brand denim jacket veste en jean type II
instagram.com/paynterjacket

Et si Becky Okell, cofondatrice avec Huw Thomas, est passée chez le géant du sporstwear Nike avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, tout cela n’a pourtant rien à voir avec la hype typique du monde du streetwear. C’est même tout le contraire. Paynterjacket est une marque de slow-fashion qui pousse le concept jusqu’au bout, née d’une évidence : l’industrie du vêtement pollue et surproduit en permanence. Accélère sans cesse en sacrifiant la qualité au profit de la vitesse, de la quantité et des micro-tendances.

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La solution était moins évidente. Comment vendre des fringues sans trahir ses idéaux ? Si l’idée n’était pas de réinventer le produit, il ne fallait en tout cas absolument pas reproduire un modèle économique délétère. La réponse des entrepreneurs est un système entre la précommande et la logique de drop. Ainsi, seules les quantités vendues au client final sont produites. Pas de stock. Et donc pas de revenus en dehors des sorties. Qui ne sont qu’au nombre de quatre par an. Une vingtaine de fringues au total depuis 2018, donc. Des quantités variables, selon la demande.

Chaque drop représente 25% du chiffre d’affaire annuel, et donc des enjeux énormes doublés d’une marge de manœuvre très limitée. Un modèle absurde pour une marque classique. Les ingrédients du succès pour Paynterjacket qui utilise ce temps entre les sorties pour communiquer avec sa communauté, améliorer ses produits, et créer une attente assez forte pour faire de chaque jour J un rendez-vous à ne pas manquer. Si l’approche te parle, je te laisse faire un tour sur le compte insta !

C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…

Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à la prochaine !

Par Nicolas

Fatigue pour les intimes.

Un style pointu et des conseils simples

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