La rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Nouveau mois, nouvelle revue ! Un rythme que je trouve plutôt cool à tenir à l’approche des deux cent sujets traités dans ce format qui, je l’espère, éveille toujours autant ta curiosité. Au menu du jour : une marque d’influenceur, une boutique de niche, une touche de gorpcore, (encore) des chaussettes japonaises et un nouveau média français.
Daniel Simmons, une marque plus tard
Ce n’est pas la première fois que je donne une place à l’influenceur Daniel Simmons dans la revue. J’avais en effet recommandé son compte Instagram en le mettant peu ou prou dans le même sac que Tim Dessaint, dans un numéro consacré aux marques qui font dans le « minimalisme » (un mot employé trop souvent et avec beaucoup de liberté, je sais). Une overdose de get ready with me plus tard, pourquoi revenir sur son cas en 2024 ?
Car le londonien n’avait pas encore lancé sa propre marque, qui vient de fêter son premier anniversaire il y a seulement quelques semaines. Simplement intitulée Daniel Simmons, elle est à l’image de son créateur. C’est un compliment, je précise. Bien sûr mes reproches tiennent encore. Je ne suis toujours pas un grand amateur du coté parfois un peu lisse, propret, de ce que l’homme propose. Et il y a évidemment quelque chose qui tient de l’air du temps.
Des pantalons à pinces wide et longs qui stackent sur une paire de Camion Boots, des Samba ou des mocassins Lemaire. Des hauts boxy, larges et cropped pour accompagner le tout. Et c’est à peu près tout. Tu t’attends peut être à un petit commentaire sarcastique. Mais honnêtement, je trouve que c’est un vrai tour de force. Daniel Simmons a su imposer sa silhouette singulière, construisant sur des bases personnelles qui plaisent maintenant à beaucoup de monde.
Et un constat s’impose : il crée des fringues qu’on ne trouve pas si facilement ailleurs. Je suis moi-même tenté de lui commander un pantalon ou un pull, malgré un positionnement tarifaire peu inclusif. Si je n’adopterais certainement pas le « cosplay » Daniel Simmons, je pense qu’intégrer ses pièces dans un style avec plus d’aspérités fonctionnerait très bien. Je te laisse te faire ta propre idée.
La boutique PARKS Paris par Jumpei Seki
La disparition de l’antenne parisienne du groupe retail tokyoïte 1LDK a laissé à l’époque un certain vide dans le paysage français de la sape de niche. Un shop qui était le seul à proposer de nombreuses marques japonaises autrefois inconnues chez nous, car tout simplement pas distribuées en dehors des frontières de l’archipel. Tout espoir n’est cependant pas perdu. D’abord car les temps ont changés et les marques obscures ne le sont plus tant que ça. Et aussi car l’une des figures clés derrière 1LDK n’est pas retournée vivre immédiatement au Japon quand l’aventure du 1er arrondissement à pris fin.
Jumpei Seki s’est au contraire lancé dans de multiples nouveaux projets à Paris. D’abord la création d’une marque, S H, qui adopte un point de vue français sur l’americana et dont les pièces haut de gamme sont fabriquées au Japon. Puis une activité d’agent et de conseil (de ses propres mots : « Fashion improver ») pour des labels japonais qui ont le désir de grandir à l’international. Et inversement, pour des marques françaises qui cherchent des stockists au Japon. Enfin, point qui va nous intéresser plus particulièrement, un lancement de son propre shop multimarques en 2019. Et on peut aisément affirmer que l’esprit 1LDK est intact, tant la sélection est pointue.
Comoli, Dhal, Kics Document et autres marques de qualité (ainsi que des produits exclusivement développés pour Jumpei Seki dans la ligne Anonymous) sont à retrouver dans la boutique intimiste PARKS Paris dans le 16ème au 3 Rue Mesnil. Si tu n’a pas la possibilité de voir tout ça en vrai (ce qui serait bien dommage), il y aussi le shop en ligne.
Aux frontières du style gorp avec ROA
Gorp est l’acronyme de « Good Ol’ Raisins and Peanuts », le snack préféré des amateurs de trail. En tout cas, c’est ce que j’ai lu sur internet. Un mot que tu as forcément rencontré si tu suis la mode de ces dernières années, désignant un mouvement stylistique de fond dans la mode masculine. Le principe, pour les non initiés : porter en ville des fringues techniques (ou qui en ont l’air), originellement pensées pour affronter la nature. Comme ces familles où tout le monde est habillé en Quechua toute l’année, mais avec du Arc’Téryx et des paires de Salomon XT-6 à la place.
L’originalité n’est pas tellement dans la démarche. L’heavy duty ivy, c’était la même chose sans le Gore Tex et avec les fringues outdoor des années 70. Il me semble que la différence se joue dans les influences. Notamment celles des cultures sneakers et street . Du layering, des gros volumes, des logos un peu partout et une technicité qui passe finalement à l’arrière plan. Mais ça fait toujours une excuse toute prête quand on te demande pourquoi tu t’habilles comme à Grenoble pour gravir les marches de Montmartre.
ROA, jeune marque italienne fondée en 2015 par une équipe aussi bien concerné par le streetwear (Slam Jam) que les chaussures techniques (Maurizio Quaglia), est peut être celle qui joue le mieux avec les nouveaux possibles esthétiques offerts par le courant gorp en ce moment. Si les marques japonaises à la White Moutaineering et Snow Peak ont depuis longtemps investi le territoire du style outdoor qui se fond dans l’urbanité, ROA prend le parti de l’expérimental, de la mode.
Quitte à sortir quelques horreurs au passage, comme un hybride entre un mocassin classique et une paire de trail montée sur Vibram. Mais c’est ça qui est excitant, aussi. Les lookbooks ROA ne ressemblent pas à tous les autres. Le stylisme ne s’embarrasse plus du randonneur qui veut juste chopper une veste coupe-vent. J’admets une préférence pour cet esprit modeux qui s’assume pleinement, bien que l’argument de la fiche technique n’est jamais trop loin. ROA est à retrouver sur insta pour de l’inspi runway en altitude.
Yahae pour du yak aux pieds
CHUP, Anonymous Ism, Organic Garden, ROTOTO… Nous avons maintenant l’embarras du choix quant aux marques japonaises spécialisées dans la chaussette de luxe. S’est même démocratisé (chez une certaine frange de consommateurs…) l’achat de paires qui dépassent parfois la barre des quarante euros. Si toutes savent justifier à leurs manières ces tarifs absurdes pour le commun des mortels, elles ont généralement un grand point commun : la préfecture de Nara. Et plus précisément la ville de Koryo-Sho, le berceau de l’industrie de la chaussette au Japon.
Créée en 2020 Yahae n’a cependant rien d’un nouveau venu sur le marché. Car c’est ce qu’on appelle communément une marque-atelier, ici celle d’une usine centenaire : Yamaya Co., Ltd. Matières naturelles de grande qualité (notamment de la laine de yak non-teinte…), motifs tricotés complexes (avec une paire très cool qui ressemble à celle pensée par Boras avec Royalties) et fils si épais pour certains modèles (« Garabou ») qu’il a fallu modifier les vieilles machines à tricoter pour pouvoir les fabriquer, sont les arguments très convaincants du nouveau nom de la chaussette japonaise.
Yahae est à suivre ici et à retrouver chez Royalcheese.
Chiffons! Un nouveau site français de mode masculine sur le workwear
Concluons, une fois n’est pas coutume, en célébrant l’apparition d’un nouveau site sur la scène menswear française : Chiffons!. Car c’est toujours une très bonne nouvelle quand de nouvelles personnes se réunissent pour écrire sur de la sape, surtout quand la ligne éditoriale est aussi claire que le slogan du site naissant : « Explorer le vêtement (de permission, de grève ou de labeur) ». Un média qui se définit donc par son intérêt particulier pour le workwear sous toutes ses formes, une niche qu’occupait en partie feu Abhras.
Les premiers articles disponibles sont très sympas, mention à l’interview du passionné de vintage Achille de La Clope au Bec. Je te laisse découvrir le projet, et leur donner un peu de force si le contenu te parle.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à la prochaine ! Tu peux retrouver tous les précédents numéros ici.
