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Aujourd’hui, c’est Nieth qui se prête à l’exercice du stylisme et de l’écriture. Il est accompagné de Oz, photographe, qui a composé cet édito photo.
Coltesse, minimalisme, Rick Owens… voyons mes sources d’inspiration
On a tous une marque fétiche. Pour moi c’est assurément Coltesse, qui doit représenter 75% de ma garde-robe. Les autres en ont déjà pas mal parlé dans d’autres articles mais je vais en remettre une couche. De mon point de vue, Coltesse c’est le confort, la nonchalance, un côté effortless. C’est également une rencontre : celle de Florent, le fondateur, avec qui j’échange régulièrement et qui est un chouette type à ce qu’il paraît.
La marque est majoritairement Made in France désormais (voire Paris même) et un peu Made in EU, point important pour moi. C’est d’ailleurs ce qui leur permet leur système de précommande. Les matières sont qualitatives, ni trop brutes ni trop sophistiquées. Trop sages même, pour une marque minimaliste diront certains. Cela ne me dérange pas, cela permet de se concentrer sur les coupes qui sont leur point fort.
La justesse de la coupe. C’est bien ça qui m’intéresse.
Je dirais que j’ai un style minimaliste avec des influences légèrement modeuses, dark et soft tailoring. J’aime l’austérité, la notion d’uniforme et la déconstruction des silhouettes. Mes inspirations viennent de Rick Owens, Margiela, Yohji, Jil Sander, Helmut Lang, Aleksandr Manamis…
Sans aller aussi loin même si je voudrais plus y tendre à l’avenir.
Autopsie d’une tenue minimaliste
Pour cette tenue je pars de la veste : drop shoulders, courte et boxy.
J’y rajoute ma chemise blanche préférée, avec ses belles poches plaquées et ses manches 3/4. Elle est plus longue à l’arrière et va dépasser de la veste.
Avec,je porte un pantalon taille mi-haute à double pinces que j’ai coupé très court, un de mes gimmicks. Dans un style oversize/loose, avoir les chevilles et poignets bien visibles donne des points de repères à l’œil pour éviter l’effet « il s’est juste habillé trop grand ».
Cela me permet également de jouer sur les proportions et ne pas avoir de trop longues jambes par rapport au buste vu que je porte mon pantalon haut. Aux pieds, j’ai des Rick Owens Ramones, de sortes de grosses Converse caricaturées, massives et presque « clownesques ».
Prise une à une, les pièces semblent coupées bizarrement mais ensemble on retrouve une harmonie car les volumes sont étudiés pour se répondre.
Discussion avec mon ami et photographe Oz
Les photos ont été prises par mon ami photographe Oz. J’en ai profité pour lui parler de son approche et de son travail :
Pourquoi le métro parisien ?
C’est peut-être encore le seul espace commun en France avec les stades de foot. On vit dans une ville incroyablement cosmopolite et en même temps, on peut passer notre vie sans jamais sortir de notre cercle. Le métro, c’est l’occasion de croiser tout le monde de près, d’avoir un anonymat total et tout le monde s’en fout si tu prends des photos.
Pourquoi ce traitement si cru des lumières ?
J’y ai photographié pendant des années. Je trouve que le métro avec moins de contraste rend vite une vibe mélancolique… Et ce n’est pas ma vision du métro qui est un espace d’interaction un peu violent, bruyant…
Aurais-tu pris les mêmes photos avec une tenue différente ?
Non. Je trouvais la tenue assez solennelle, ta démarche nonchalante. J’ai volontairement exclu l’individu du groupe. Il est à contretemps, à l’écart.
Est-ce un portrait ou une photo de mode pour toi ?
De mode, parce que l’important était l’esprit de la tenue. Comment l’uniforme change la perception de l’espace privé de ta personne dans un espace public. Les vêtements sont des informations que l’on donne aux autres. Et le traitement est tout de même plus « sexy » que mon traitement habituel, plus cru et agressif.
Merci à Nieth pour s’être prêté au jeu du stylisme et de la rédaction et à Ozwalt pour ses photos. Tu peux d’ailleurs retrouver son travail dans son portfolio en ligne.