Pour cette grande première, j’ai voulu revenir sur un de mes coups de coeur de ces derniers mois, la Dellow de chez Stepney Workers Club. Après avoir été complètement aspiré par les quelques recherches que je voulais faire pour préparer l’article, j’avais aussi envie de partager avec toi mes découvertes à propos des origines et de la philosophie de ses deux créateurs anglais, Simon See et Roger Pereira. Et une chose est sûre: si l’esthétique de la marque m’avait déjà tapé dans l’oeil, son univers et son message rendent un nouveau passage à la caisse inévitable.
FREEDOM OF SPORT, FREEDOM OF THOUGHT
AUX ORIGINES, LES TRAVAILLEURS ANGLAIS
Dans Stepney Workers Club, il y a « workers club« . Les workers club, ce sont ces social clubs composés des travailleurs d’une entreprise ou plus souvent d’une usine, qui commencent à fleurir au Royaume-Uni à partir du 19ème siècle. Les travailleurs (et parfois leurs familles), s’y rendent entre autres pour se détendre, boire un verre ou se retrouver dans une ambiance et un contexte un peu différent de celui du pub du coin.
Depuis quelques décennies, le concept décline, mais on en compte toujours plus de 2000 au Royaume-Uni.
Parmi ces workers clubs, il y a des workers sports club, dédiés à la pratique sportive. D’ailleurs, la marque Stepney Workers club tire son nom du Stepney Workers Sports Club, mais j’y reviendrai un peu plus tard.
Ces sports club, on les trouve alors dans toute l’Europe. Marqués par la culture ouvrière, ils s’opposent à l’élitisme bourgeois qui commence à gagner l’industrie sportive. Un « Workers’ Wimbledon » et des Jeux Olympiques des travailleurs sont d’ailleurs organisés dans les années 20 et 30. Ca mériterait presque un dossier complet pour décrypter ce qui se passe à l’image:
Loin d’être anecdotiques, ces clubs ont marqué l’histoire du sport en Europe.
Tu en connais d’ailleurs sans doute quelques uns (même si comme moi, tu es hermétique à tout ce qui touche de près ou de loin au ballon rond): Manchester United, Arsenal, ou West Ham United sont tous d’anciens sports club ouvriers. Et des exemples comme ceux-là, on en retrouve par dizaines à travers l’Europe.
Pourquoi je te raconte tout ca?
Parce que c’est dans ce contexte et porté par cette histoire que Stepney Workers Club va puiser ce qui fait aujourd’hui son identité sportswear heritage.
STEPNEY WORKERS SPORTS CLUB
A l’origine, le Stepney Workers Sports Club, est un sports club de East London né dans les années 20. Avec son slogan « Freedom of sport, Freedom of thought », il défend des valeurs humanistes anti-fascisme et anti-guerre, à une époque où le fascisme gagne du terrain en Allemagne et en Italie.
Pour les fondateurs de SWC, ce slogan renvoie aux valeurs d’inclusion et de diversité culturelle des sports clubs anglais qu’elle retranscrit jusque dans son logo: une poignée de mains.
L’objectif annoncé des fondateurs est de créer des intemporels (à la manière de Converse ou Vans) afin de ne pas se laisser emporter par le besoin constant d’innover pour inonder le marché de nouveaux modèles. On évite de suivre les tendances et de dévier de ses valeurs. Une promesse sympathique quand on voit l’état général du sneakers game. On suivra ca de près dans les prochaines années.
Si SWC propose un design assez minimaliste pour ses trois modèles (slip-on, high-top et low-top), on retrouve néanmoins l’influence du workwear dans le choix des matières (canvas, velours, suède, Cordura 1000D) et dans les couleurs utilisées (écru, olive, tan, navy, etc…).
De plus, sa politique tarifaire raisonnable en fait une alternative sérieuse aux classiques du genre, notamment à Vans.
Et c’est en soldes que ça devient réellement intéressant, puisque tu pourras généralement les choper entre 45€ et 80€ selon les revendeurs.
LA SWC LOW TOP DELLOW TAN
Loin d’être adepte du cheval d’arçon, c’est avec la simple curiosité d’un amateur de sneakers désabusé que j’ai découvert SWC il y a quelques mois.
LA DELLOW TAN – UN COUP DE COEUR POUR UN MODÈLE POLYVALENT
Les raffles et autres collab ayant eu raison du semblant d’intérêt qu’il me restait pour les marques habituelles, j’étais à la recherche d’un basique solide à un prix honnête. Et c’est chez nos amis de chez Royalcheese que j’ai trouvé mon bonheur:
La Dellow, c’est le modèle emblématique de SWC, qui joue la carte du sportswear heritage. Avec ses lignes épurées et sa semelle chunky, sa vibe nous renvoie aux années 50/60 tout en restant très actuelle. Et si je voulais être de bonne foi, je concèderais même à Boras les inspirations « bowling » de son design.
Pour le choix de la teinte, je suis parti sur le tan (un curry qui ne dit pas son nom) qui lui donne une certaine polyvalence et que je peux facilement intégrer à la plupart de mes tenues: en jean, avec mes pleated pants beige/olive, ou mes shorts cet été, comme tu le verras un peu plus bas.
D’autant plus que le curry est à mon sens sous utilisé par les marques (sauf peut être chez Under Armour – bon courage avec celle-ci).
Les derniers essais chez Nike, NB ou Converse étaient pourtant plutôt réussis (je repense avec émotion à la AM1 et à la NB1500).
L’autre chose qui m’a plu, c’est cette semelle vulcanisée épaisse qui apporte du relief, qui reste assez flexible et confortable et qui leur permet surtout de porter toujours plus efficacement ma carcasse vieillissante.
La Dellow était donc une évidence pour moi, surtout soldée à 70€.
Après 6 mois de port, le verdict est sans appel. À ce prix, il me semble difficile de passer à côté si tu recherches un basique confortable, bien fini, et qui te changera des modèles habituels.
PERCHE, LAC ET FIN D’ÉTÉ POUR LA DELLOW
La fin de l’été est là, mais j’ai du mal à lâcher mes shorts. Surtout celui-ci, un Thinking Mu acheté à l’occasion d’une virée chez BBH que Boras racontait ici.
Mais les soirées sont fraîches en Terre Sainte perchoise. Dans ces conditions extrêmes, les jambes peuvent néanmoins prendre l’air si le haut est protégé. Et pour cela, j’ai choisi le Standard Hoody olive de la marque new-yorkaise Knickerbocker.
Après une semaine de boulot et un trajet de plusieurs heures en voiture, c’est vraiment le genre de pièce dans laquelle on se sent bien.
Le fit est naturellement ample et le col ouvert me permet de jouer avec ce que je mets en dessous. J’aime aussi les deux poches plaquées à l’avant, pour un effet un peu différent d’un hoodie classique.
Il vient se superposer à ma chemisette Thinking Mu, qui apporte plus de relief et de texture à la tenue, grâce notamment à son rendu proche d’un seersucker. Encore une pièce qui m’a suivi tout l’été.
On est sur des tons terre assez classiques, qui me permettent de mettre en valeur la paire, et d’en faire le centre de ma tenue. Tout en restant dans l’esprit du reste des pièces, les SWC Dellow viennent rehausser l’ensemble grâce à leur teinte curry associée à un cuir suédé.
J’ai en général énormément de mal à me trouver de nouvelles paires de chaussures et pour ce premier Zoom, je voulais te présenter un vrai coup de coeur.
Je vais continuer à surveiller de près la marque anglaise, en espérant qu’elle ne dévie pas trop de sa philosophie actuelle.
Et il est peu probable que je ne remette pas la main au portefeuille rapidement!