J’écris cet article ce jeudi 5 septembre, les fenêtres grandes ouvertes. Quinze degrés. L’été agonise, sans prévenir. Et pourtant ce fut bien moi qui crevai encore de chaud, deux jours plus tôt. C’est fou non ? Le changement de saison… Il faut vite trouver de quoi préparer la délicieuse transition, soudainement palpable. J’avorte donc immédiatement cette tentative de parodie de la newsletter de ton influenceur mode masculine préféré. Désolé pour ces premières lignes. L’heure est davantage à la liesse qu’au cynisme. Rien de plus réjouissant que de pouvoir jeter un oeil tendre à ce tas de pulls qui jusqu’alors organisait un état de siège dans mon armoire, juste bon à aguicher les mites. Mais ce n’est pas ça qui m’intéresse aujourd’hui. C’est le problème avec la mode. On désire toujours porter ce qu’on ne possède pas. Un beau polo, dans mon cas.
Essayer un polo (pas classique) pour mieux accueillir l’automne
Je ne parle donc pas de celui adoubé par les vieux habitués du terrain de golf le plus proche de chez toi. Et encore… Kith, Aimé Leon Dore (Ou Drôle de Monsieur et Les Deux, pour les chauvins) réhabilitent en tout cas très bien, à la sauce streetwear des 90s, le polo de rugby à manches longues. Boras aussi, il faut lui rendre hommage. Car le polo est une pièce omniprésente sur le média depuis l’ère du blog. Qui s’est aujourd’hui faite une place de choix dans les collections des marques que nous aimons. Ces dernières ne s’embêtent cependant pas toujours avec la forme classique, le polo « originel » inventé par le tennisman René Lacoste dans les années 30.
Le nouveau terrain de jeu du menswear
Le coton piqué se voyant régulièrement délaissé pour des matières (et techniques, comme le crochet) qui font de l’interprétation contemporaine du polo un cousin du pull à col « V ». Notamment quand les trois boutons passent à la trappe. Peut-être est-ce la première raison de sa démocratisation, de son adoption comme la nouvelle pièce cool du menswear des dernières saisons. Probablement pas un basique, non. Mais une fringue qu’on a libérée de ses carcans, qu’on n’hésite plus à défigurer. Pouvant aisément s’accorder à un grand nombre de registres stylistiques en dehors du très casual, du sporstwear. Et qui est particulièrement utile quand les températures chutent.
En jouant sur le coté americana rétro, comme chez Scott Fraser Collection où il cohabite harmonieusement avec les knitted shirts de Mr Ripley. Ou chez Casatlantic avec les modèles « Anfa » et « Assilah », la marque marocaine qui s’attache à penser le vestiaire d’une époque révolue. Le polo est aux frontières poreuses entre deux mondes, de fait le candidat parfait pour remplir un role de médiateur. Il est roi du casual-chic au soft-tailoring. Auralee, Stoffa, De Bonne Facture brouillent les pistes en proposant des modèles qui se jouent des codes. Ma préférence personnelle allant à l’interprétation japonaise. Avec le choix du mohair, matière précieuse, féminine, mais définitivement casual par nature, presque à contre-pied de l’embourgeoisement du polo.
Le potentiel modeux du polo est lui aussi indéniable. Our Legacy et mfpen, deux marques qui transgressent les règles au petit déjeuner, l’ont bien compris. Cette saison : un modèle ajouré à manches longues, broderies florales, chez la première. Et un croisement avec le cardigan pour la deuxième. Deux approches pensées pour le layering qui adoucissent les journées où la météo n’en fait qu’a sa tête.
Trouver son polo de mi-saison chez COS
COS, marque britannique avec laquelle nous travaillons cet été (et dont nous allons également couvrir la saison FW24 !), propose également à mon sens de très beaux modèles pour se laisser convaincre. Si toi aussi tu t’apprêtes à franchir le pas, je te conseille mon coup de coeur des dernières sorties : un polo oversize en maille bouclée. Col large et épaule tombante. Un gris clair qui réclame du noir. Et une texture qui a quelque chose à dire. Une très belle pièce. Je te met d’autres modèles qui valent aussi le coup d’oeil, juste en dessous.