Acheter du vêtement de seconde-main est primordial dans notre approche de la mode masculine. Non pas en tant que revendication politique ou éthique, car cela reste une forme de consommation plus ou moins agressive selon les concernés, mais plutôt comme une pratique qui nous semble pouvoir être bénéfique pour nos finances et notre style à la fois. Un moyen d’accéder à des fringues intouchables au prix retail, d’expérimenter avec différents registres et coupes, et in fine de décorréler prix payé et intérêt d’une pièce. D’où les recommandations marques vintage et les astuces dans nos sélections. De la création d’un format comme « Pépites de friperie » qui met en avant de belles trouvailles à pas cher. Et de guides qui rentrent dans les détails pour bien tirer parti d’une plateforme comme Vinted.
marrkt.com
Et justement, notre sujet du jour est le résultat d’un constat : Vinted est la plateforme de seconde-main la plus représentée sur le site, à quelques exceptions près. S’il y a de très bonnes raisons à cela, chiner toujours au même endroit est limitant et assez contraire au concept même de l’occasion. Je te propose donc de faire un petit tour du marché, avec un focus sur les plateformes les plus pertinentes pour la mode qu’on apprécie particulièrement sur le média.
Quelles alternatives viables à Vinted ?
Tu me vois venir, la tournure de ce sous-titre n’est évidemment pas anodine. Avec sa simplicité d’utilisation, son nombre d’utilisateurs actifs (près d’un français sur trois en octobre dernier !), et l’absence de frais pour les vendeurs (et des raisonnables pour les acheteurs), Vinted est de loin le leader européen de la seconde-main « généraliste ». Si je pourrais bien m’arrêter là et faire l’éloge du petit site lituanien devenu phénomène de société jusqu’à la conclusion, nous allons faire les choses sérieusement et nous intéresser d’abord à la concurrence directe.
Depop ou la culture réseau social
Surtout populaire au Royaume-Uni, Depop ressemble de loin à un Vinted ayant intégré certains codes d’Instagram. Je dis « de loin » car le parallèle avec le réseau social me semble assez exagéré sur la forme, les fonctionnalités se limitant à « liker » des photos, à pouvoir suivre des utilisateurs et à envoyer des messages privés. Ce qui fait la différence, c’est surtout la communauté. Plus de jeunes et de fringues Tiktok core que sur les autres plateformes. Et une certaine vision « embourgeoisée » de la fripe avec des vendeurs-influenceurs qui misent parfois plus sur de la photo qui fait vendre que sur la marchandise en elle-même.
Concrètement, c’est une bonne plateforme si tu cherches des labels actuels un peu hype. Il faut simplement garder en tête que le Brexit est passé par là, avec les conséquences douanières que cela implique. En sachant que les prix sont souvent plus élevés que sur Vinted, les vendeurs s’acquittant d’une commission fixe de 10% sur le prix de vente ainsi que de frais Paypal qui s’additionnent (2,9% du total + 0,30 centimes). Pas un endroit pour de la fripe à 1 euro le kilo, donc.
Ebay et Leboncoin, les sites de seconde-main à l’ancienne
Passons rapidement en revue les dinosaures du milieu avec l’américain Ebay (1995) et le français Leboncoin (2006). Deux options aux philosophies radicalement opposées, puisque la première est plutôt à considérer pour les achats à l’étranger alors que le second se pense comme une plateforme régionale. Sur Ebay, je te conseille de t’intéresser au système d’enchères. On trouve parfois de très belles choses qui passent inaperçues et qui finissent à prix cassés, notamment des pièces de labels confidentiels. Pour vendre des marques « communes » en France, c’est encore une fois moins intéressant que Vinted avec 10% de commission et des frais de transaction.
Quant à Leboncoin, c’est un peu l’anti-Depop par excellence. Un site où la moyenne d’âge tend davantage vers la cinquantaine que la fin de l’adolescence. Ce qui est parfait si tu veux chopper un collier de perles pas cher ou une paire de Paraboot à un retraité qui s’en fout un peu de la mode japonaise. Le lieu à surveiller pour les marques heritage (dans tous les sens du terme). Il faut cependant accepter de parfois devoir se déplacer pour faire une bonne affaire. Et faire avec un système de paiement et d’envoi un peu archaïque et pas toujours rassurant.
Etsy pour des fringues vintage ?
Dernier choix dans cette catégorie sommairement nommée « concurrents directs de Vinted qui sont moins bien que Vinted » avec Etsy, un site connu pour abriter des artistes, des artisans et des dropshippers qui se font passer pour des artistes et des artisans. C’est une option si tu ne souhaites pas passer trop de temps à trouver ton Levi’s 501 vintage, avec pas mal de vendeurs spécialisés.
C’est néanmoins souvent assez cher, et avec environ 7% de commission coté vendeur. Personnellement, je te conseille plutôt de regarder du coté de bonnes friperies en ligne en dehors des plateformes si tu cherches du vintage trié sur le volet . Je pense par exemple à Excreament dont j’ai pu te parler dans la Revue de Mode.
Préférer les sites spécialisés pour de la seconde-main plus « pointue »
Le problème de Vinted est aussi ce qui fait sa grande force : son extrême popularité. Je vais peut-être sonner un peu snob, mais il est parfois difficile de vendre du Markaware à coté de fringues Uniqlo par milliers. La réalité est que l’écrasante majorité de la clientèle Vinted cherche avant tout à chopper des vêtements pas chers et non pas des marques de créateurs. Il y a d’autres endroits qui sont pensés pour cela (bien qu’il soit tout à fait possible de vendre de belles marques à un prix raisonnable sur la plateforme, surtout si tu lis notre guide du vendeur à ce sujet…)
Vestiaire Collective pour de la seconde-main de luxe
En commençant par le site français Vestiaire Collective, la plateforme qui est à privilégier pour le luxe et toutes les fringues chères en général. Et donc à oublier pour tout qui relève du très accessible. Les vendeurs n’ont de toute manière pas grand intérêt à proposer des choses en dessous de 80 euros (frais fixes de 12€ qui s’appliquent +3€ de frais de traitement !). Pour les ventes d’un montant compris entre 80 et 13 000 euros (la fourchette en dit long), les frais s’élèvent à 15% pour la vente et 3% pour le traitement.
Du coté acheteur, tu as la possibilité de demander un contrôle supplémentaire pour 15 euros (le colis est envoyé chez Vestiaire Collective pour être authentifié). Autant dire que le positionnement de la plateforme est bien loin de l’esprit friperie. Si j’aurais tendance à me méfier des services de contrôle (avec les déboires que l’on connait chez StockX par exemple), le service client est réputé pour être très bon et bien au-dessus de celui de Vinted.
Marrkt, le dépôt-vente de marques de niche
Le luxe « traditionnel » n’étant pas notre domaine de prédilection, j’aurais plutôt tendance à te rediriger vers la plateforme de dépôt-vente Marrkt spécialisée dans les belles marques européennes et japonaises. Le ton est en effet donné dès la première page avec des noms comme Visvim, nanamica, Nigel Cabourn et Drake’s qui nous rappellent que la seconde-main n’est pas qu’une histoire de vieux t-shirts imprimés. Le principe est simple : des vendeurs confient leurs vêtements de qualité à la plateforme qui se charge des photos, des mesures (approximatives) et du shipping. Avec une commission qui s’élève entre 37 et 27% de la valeur totale. Un bon coup de massue ou le juste prix de la tranquillité, selon le point de vue.
En tant qu’acheteur, le vrai problème (en dehors du guide des tailles) est à nouveau lié au Brexit. Les colis partent d’un entrepôt britannique et peuvent reserver de mauvaises surprises à l’arrivée… C’est donc un site que je te conseille à condition que tu sois à la recherche d’une pièce rare. Ou bien qu’un prix reste particulièrement attractif, notamment en période de soldes, après la vingtaine d’euros de frais de port et le passage à la douane.
Grailed pour élargir ses horizons
Dernière option à considérer pour tes achats de seconde-main avec Grailed, un site que tu connais peut-être déjà assez bien si tu aimes les marques de créateur. C’est tout simplement le site à connaitre quand tu veux aller plus loin que Vinted. La portée internationale (et notamment américaine) de la plateforme permet généralement de trouver son bonheur, même en cherchant des marques inconnues en France. C’est aussi un lieu où la culture de la négociation est particulièrement sportive. Si pratiquer le lowball (c’est à dire proposer un prix délibérément trop bas) sur Vinted peut te valoir un blocage rapide, la même méthode sur Grailed est plus commune. J’aime également la possibilité de consulter les annonces des vêtements déjà vendus et de pouvoir faire une offre au propriétaire actuel dans l’espoir de le convaincre à coup de dollars.
Le revers de la médaille, car tout n’est malheureusement pas rose, est encore une fois une politique de frais assommante. 9% pour les vendeurs. Et 4,99% + 0,49 dollars de frais de traitement pour les acheteurs. Tu peux rajouter à ces deux cas de figure la conversion PayPal, selon la monnaie utilisée par le vendeur. Et les frais de port. Et la douane. Il faut donc bien faire attention au profil des vendeurs et privilégier les européens ! Et ne pas oublier, comme moi, que les négociations des acheteurs incluent les frais de port dans le prix…
Le mot de la fin
Tu comprends maintenant peut-être mieux pourquoi Vinted règne en maître en Europe. Si les concurrents proposent des services intéressants et notamment positionnés différemment, ces derniers ne tiennent malheureusement pas la comparaison : plombés par des frais exorbitants ou des procédures qui font perdre en spontanéité. Il n’y pas de plateforme idéale, alors l’important est de les utiliser en connaissance de cause !
Pour plus de conseils sur l’achat et la revente en seconde-main, je t’invite à consulter tous nos articles dans la rubrique dédiée
