Rien de plus simple qu’un tote bag à l’épaule, à bout de bras, ou roulé en boule au fond d’un autre sac. Une grande poche supplémentaire à deux anses plus ou moins longues, toutes tes affaires en vrac à l’intérieur. Probablement offert, arborant un logo un peu moche qui t’accompagne partout où tu vas. Quand c’est gratuit, c’est toi le… On connait la suite. Enfin, peu importe le design. Ou l’absence de parti-pris. L’insipidité du slogan. Ou l’épaisseur du canvas. Car la seule qualité qui compte vraiment subsiste toujours : c’est pratique. Tellement pratique qu’on ne pense pas forcément à chercher « mieux ».
Le tote bag du monde utilitaire au luxe superflu
Et c’est très bien comme ça. Pas besoin de rentrer dans la course à la surenchère. Tout ne doit pas être teint à l’indigo, en denim selvedge, dans un cotton finx, en ripstopou en cachemire. Les meilleures fringues sont parfois celles qui s’oublient. Voilà pourquoi j’ai pensé cet article non pas comme une « sélection des meilleurs tote bags sur le marché », mais plutôt comme un espace où tout se veut fonctionnel et un peu superflu à la fois. Où choisir le moins cher est tout aussi indiqué que l’achat plaisir, ce « trop » qui se justifie sans peine tant que la promesse initiale est respectée.
Fonctionnel
Essayer de dater précisément l’invention du tote bag est un combat perdu d’avance. Après tout, c’est la forme la plus épurée du concept même du sac. On pourrait cependant soutenir que tout a véritablement commencé avec L.L.Bean. Entreprise retail américaine spécialisée dans l’outdoor que tu connais probablement pour ses duck boots. Avec l’introduction de l’ice carrier en 1944, un sac conçu pour le transport de la glace. La forme archétypale du tote bag : toile de coton épaisse et construction très solide. Fonctionnalité et durabilité avant tout le reste.
Il faut attendre les années 60 pour qu’on commence à parler d’ « objet mode » et non plus seulement utilitaire. Et toujours avec L.L.Bean qui réactualise son modèle phare en proposant de la couleur et des anses contrastées. C’est évident aujourd’hui. Beaucoup moins à l’époque. Le Boat and tote introduit l’idée qu’on peut faire de l’esthétique et de l’utile à la fois.
Publicitaire
J’ai parlé d’archétype quant au tote bag crée par la marque américaine heritage, mais ce n’est pas tout à fait vrai si l’on pense à ce type de sac d’abord comme un produit un peu cheap et distribué en masse. Gratuit, ou coutant trois fois rien. Que l’on peut t’offrir dans une boutique pointue ou que tu achètes au supermarché du coin pour remplacer le sac plastique jetable des courses. Cette vision « contemporaine » du tote nous vient principalement du coup marketing d’une institution new-yorkaise : The Strand. Une librairie indépendante qui vend en 1980 un sac en toile écru où elle appose son logo et son adresse. Très efficace, à défaut d’être une idée nouvelle. L’américain Jasper Meek, propriétaire d’une boutique de chaussures dans l’Ohio, semble avoir été le premier à penser le sac comme support publicitaire près de cent ans plus tôt.
Luxe
Depuis The Strand, tout le monde s’y est mis. Impossible d’échapper au sac à anses. Et quand on accumule les mêmes choses que les autres, comme un shopper Ikea à quatre vingt dix neuf centimes, il faut marquer la différence. Deux mille dollars chez Balenciaga. Le prix à payer pour corrompre un objet utilitaire sans prétention. Comme tous les produits simples à concevoir et promettant des marges juteuses à l’industrie du luxe, le tote bag s’est embourgeoisé. L’adresse du magasin local a laissé place à un monogramme sur une toile cirée. Même les marques plus modestes nous invitent à investir dans un logo ou un acronyme. À payer trop cher pour jouer au panneau publicitaire ambulant. À revendiquer son appartenance à un groupe. Dire de la manière la moins subtile et intéressante possible : « Non, ce n’est pas juste un sac. Mais mon identité » .
Quelle marque pour un tote bag de qualité ?
Refuser les facilités du logo et du luxe ostentatoire n’est pourtant pas si difficile. Il y a un monde de possibilités entre le sac informe et tout fin qui dépanne et le 24H en cuir qui n’a en réalité plus grand chose en commun avec la simplicité assumée du tote bag. C’est cet entre-deux que je te propose d’explorer, avec assez de références et de pistes pour contenter tout le monde. En ce qui concerne la définition du mot « qualité », elle va dépendre de ce que tu recherches et de ton style. Est-ce qu’il s’agit de durabilité ? De résistance à l’abrasion ? Un matériau précieux ? De fonctionnalité ? Chaque marque fait les choses à sa manière.
Le tote bag à l’ancienne
Le plus naturel étant de commencer par les marques dites « heritage ». Celles qui sont là depuis le début. Qui font de la reproduction ou qui misent sur une esthétique vintage . Qui ennoblissent. Des marques à privilégier pour un tote bag solide. Rustique et beau. Et évidemment, un peu encombrant et rigide. Chez L.L.Bean, l’esprit du tote bag tel qu’il a été conçu au siècle dernier est intact. Enfin, plus ou moins. L’ironie tiktokienne s’est emparée du sac très abordable des WASP pour broder tout et n’importe quoi contre quelques dollars supplémentaires.
Ce qui ne risque pas d’arriver chez Ichizawa Shinzaburo Hanpu, vénérable marque japonaise fondée en 1905 qui continue à produire de manière très artisanale. De la came increvable et très belle, autrefois uniquement vendue en boutique. Du coté workwear The Real McCoy’s fait les choses dans les règles de l’art avec son « Coal tote ». Belafonte Ragtime Clothing opte pour la toile de jute et le logo réminiscent du premier tote publicitaire de l’histoire. Pour Hender Scheme, il s’agit de proposer le meilleur sans faire du précieux. Rendre hommage sans dénaturer. Coton écru et détails en cuir veg tan.
Le tote bag technique et utilitaire
Traditionnellement en coton épais et sans fermeture, le tote bag « à la L.L.Bean » (en sachant que des modèles à zip existent aujourd’hui) n’est pas spécialement conseillé en cas d’averses. Avec cette toile claire caractéristique susceptible aux taches comme aux éléments. Un type de sac qu’on associe logiquement aux beaux jours et qui peut d’ailleurs faire un peu tache sur un manteau en laine ou une veste de pluie en hiver. Bonne nouvelle, les marques gorpcore, military et aux accents techwear ont tout ce qu’il te faut. Et bien plus encore.
Du nylon, du ripstop, du Cordura, du déperlant, du rembourrage, des poches, des zips, des poches dans des poches… Parmi les marques qui figurent dans la galerie ci-dessus, j’ai une petite préférence pour l’offre de nanamica et de Porter Yoshida. Du tote bag qui ne me semble pas réservé à un style techwear et pouvant s’accorder à d’autres styles moins marqués. Le « Big pillow bag » Our Legacy est parfait pour une sieste à la volée. Si tu préfères le gorp coloré Epperson Mountaineering propose son « Climb tote » dans de nombreuses déclinaisons qui réveillent une tenue.
Le tote bag haut de gamme et créatif
Dernière grande catégorie un peu « fourre tout » (ce n’est pas un jeu de mots, je tiens à te rassurer) avec des marques qui choisissent d’abandonner le canvas au profit de matières moins attendues ou d’une construction originale. Une manière d’ennoblir le tote bag sans revenir à ses origines et mettre en avant une quelconque solidité. Ni prétendre améliorer un design ou vendre de la performance. Non, mais simplement considérer le beau comme une fin en soi.
Choisir un lin de qualité pour le plaisir, comme chez Steve Mono ou Evan Kinori (du chanvre lavé, plus précisément). Pourquoi pas valoriser les mêmes tissus utilisés pour ses pantalons ? Mon tote De Bonne Facture par exemple, dans un très beau velours marron Brisbane Moss à grosses côtes. Coltesse également, avec un twill un peu brillant qui apporte du relief à ses sacs minimalistes. De la laine mérinos chez Artknit. Du cuir chez A.P.C. Outre les matières, c’est la structure même du tote qui peut être repensée. BODE et A Kind of Guise jouent cette saison avec le crochet, le mesh, l’idée même de ce que doit être un tote bag.
Le mot de la fin
Je m’arrête là pour les marques, je pense que c’est un bon point de départ. Si tu cherches une boutique avec pas mal de choix, je peux cependant te recommander de faire un tour chez Haku Clothing. Leur sélection accessoires est bien fournie. J’ai notamment vu passer du Frederik Packers, du MocT et du Fob Factory. Je te laisse regarder tout ça ici. On a 10% de réduction pour toi avec le code bor_hak4.
Enfin, tu peux aller rendre visite à nos amis de chez Tempest Works (code BORAS10) et Monsieur Cam (code BORAS). Tu trouveras notamment des sacs Battenwear à Amsterdam. À metz, du Barbour et du Bleu de chauffe. Deux salles deux ambiances. Une addition un peu moins salée dans tous les cas.