Nombreuses sont les marques contemporaines qui proposent des polaires (fleece jacket ou pile jacket). Pièce hivernale très casual qui s’est peu à peu imposée dans des vestiaires faisant du confort une priorité absolue. D’abord chez les « vrais sportifs ». Dès la fin des années 70 avec Patagonia et PolarTec qui inventent alors une alternative au pull en laine, proie privilégiée de l’humidité et de la pluie, pour les adeptes de la montagne. Bien avant la tendance du leisurewear à l’américaine et l’apparition de hordes de clones sur le modèle du « finance bro », option fleece vest (polaire sans manches) siglé des initiales de la boite.
Le délicieux snobisme d’une polaire en matière naturelle
La veste (ou le gilet) polaire est donc à l’origine un simple midlayer (à porter sous un outerwear coupe-vent et imperméable) pensé pour être léger, chaud, doux et pouvant sécher rapidement. Le plus souvent en polyester (PET) que l’on tisse sur une base tricotée (backing) qui est cachée par des « poils » à la manière d’un velours, fibres en désordre laissées plus ou moins longues. Les polaires à poil ras protègent davantage contre le vent. Celles qui imitent la fourrure sont plus efficaces pour emprisonner l’air, en layering.
D’un point de vue purement « performance » une polaire qui abandonne ce qui fait d’elle une polaire par essence, sa matière si particulière, n’a pas tellement de sens. Mais les fleece jackets ne s’adressent plus seulement aux randonneurs. Il n’est pas rare que des fringues pensées pour la nature, réinterprétées par les styles gorp et heavy duty ivy, soient reléguées aux joies du bitume. Le vêtement technique, les « matières du futur », s’achètent chez Uniqlo et se portent au quotidien, sans que l’on fasse de distinction avec le bon vieux coton.
Quelle marque pour une polaire en laine ?
Et que ferions-nous, sans distinction ? Peut-être autre chose de notre argent. Mais il est pour l’instant l’heure de gentrifier. Ou « d’élever », pardon. Assez ironiquement l’utilitaire fleece jacket délaisse aujourd’hui l’avant-gardisme des années 70 pour revenir à ce que nous considèrerons comme un « luxe » : les fibres naturelles. Oui, c’est un peu triste. Comme l’état de ton compte bancaire après avoir acheté une polaire Drake’s. Enfin, c’est presque donné. Les autres marques réunies ci-dessous te feront voir d’un oeil nouveau une pièce à même de convaincre de tout le monde, du pur vêtement de travail jusqu’aux indécences du soft-tailoring. Notamment celles qui poussent le délire jusqu’au bout, qui s’intéressent à tout ce qui ne se voit pas. Evan Kinori, Auralee, Cottle… Quoi de plus snob, et de plus cool, que d’imiter le rendu d’une fringue en plastique, mais avec de la laine haut de gamme ?