La rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Actuellement réfugié dans le plus sombre recoin du four qui me sert d’appartement, je ménage mes efforts pour ne pas dessécher trop vite. En espérant que la revue du jour, dont l’écriture est ponctuée de douches intermittentes, apportera un peu de réconfort aux lyonnais d’infortune (et assimilés).
Suivre Kévis et son projet Manzi and Co
Quand des comptes instagram explosent sans qu’on ne comprenne vraiment trop pourquoi, les grands mystères algorithmiques, d’autres affichent des chiffres relativement (et injustement) modestes. À l’heure ou les représentants de « l’élégance masculine » saturent l’espace, oscillant entre le cosplay Peaky Blinders, la tenue pour le baptêmes de la petite Anne-Marie et le récital de bonnes manières à adopter avec « les femmes », je te propose de commencer par un peu de fraicheur stylistique.
En suivant Kévis Manzi, styliste et vendeur / égérie chez Polo Ralph Lauren. Un compte du paysage français que j’aime particulièrement. Qui fait du bien à la rétine, notamment si tu es un amateur d’americana. Ou d’une vision de l’élégance contemporaine qui joue avec les classiques tout en se détournant des carcans. Couvre-chefs, pantalons taille-haute, ceintures western, mocassins et varsity sweaters font des tenues aux associations familières, mais jamais ennuyantes. Une dose de bon goût et de flair à chaque nouvelle photo publiée.
Un style personnel marqué et un univers défini. Les bons pré requis pour l’étape suivante. Kévis a récemment lancé son propre label, Manzi and Co. Pas de t-shirt en précommande, de jean ultime ou d’ambition disruptive, mais des casquettes et bob brodées qui donnent le ton. Ambiance voyage et Marine Nationale. Les prémices d’un vestiaire marin-chic nourrit d’inspirations military et sartoriales. La sortie de la sandale « Fisherman » en collaboration avec Max Sauveur est une pierre de plus à l’édifice. Vivement les pantalons.
Kévis Manzi est à retrouver sur instagram. Pour sa marque, c’est à suivre de près ici.
Où trouver la meilleure paire de Converse ?
Au Japon, tu connais la réponse. En même temps, c’est toujours la même. Moonstar, Doek, PRAS, Shoes like pottery… Je n’ai pas la place (ni le courage) de citer toutes les alternatives premium à la marque mythique américaine. Le problème est ailleurs. Comme chez Dr Martens ou Vans, la question de la qualité ne prime pas. Contrairement à celle de la forme. De l’archétype reproduit à l’infini auquel on finit toujours par revenir. Mais si rien ne vaut l’originale, quelle version de la Chuck Taylor choisir ?
converse.co
En Europe, c’est très simple : la Chuck 70. Vingt à trente euros de plus pour une Chuck confortable, une toile sympa, des coutures de renfort et une silhouette équilibrée. Bon, ce n’est pas non plus la panacée. On est encore pas si loin du produit jetable. À nouveau, les japonais sont plus chanceux que nous. À l’instar d’MHL, Converse n’est pas tout à fait la même marque chez eux. Si la ligne US a été rachetée par Nike, la branche nippone a gardé une certaine indépendance. D’où le lancement de Converse Addict en 2009. Malheureusement, tu n’en as probablement jamais entendu parler.
C’est pourtant ce que tout le monde recherche en achetant de la Converse-like obscure et chère. Une sous-ligne qui garde la silhouette de la Chuck en améliorant tout le reste. Une construction encore supérieure à la « CT70 », une semelle Vibram, des matériaux (canvas et cuir) de bonne qualité. C’est bien sûr exclusif au japon… À ramener dans ses valises.
18 East, hype et drop de niche
J’ai été un chouia sarcastique en évoquant les stratégies marketing habituelles du milieu tout à l’heure, les (fausses) précommandes et tout le reste. Les marques qui dissimulent un désir de croissance derrière des ambitions qui paraissent raisonnables. Le juste prix, la production maitrisée à l’exemplaire près. Les marques qui se comportent comme si elle ne faisaient que répondre à une demande, rendre service. Et ne surtout pas créer de tendance. Surtout pas de mode. C’est assez fatiguant. On tourne en rond, les fringues proposées n’ont pas spécialement d’intérêt. Pas loin du basique à la Uniqlo, mais trois fois plus cher.
Je trouve que le modèle porté par 18 East, fonctionnant sur une logique de petites quantités rendues disponibles par drop réguliers, beaucoup plus sain. Une marque fondée par Antonio Ciongoli à New York en 2018 après son passage chez Eidos, du soft-tailoring à l’italienne qui a marqué les esprits en son temps. Des années à faire du costume « pour bosser », tout en s’éloignant petit à petit des attendus pour expérimenter entre les lignes. Mais jamais plus loin que ce qui était alors admis par la maison-mère Isaia. Il ne fallait pas trop brusquer le client historique qui n’a plus l’âge d’apprécier le changement. Comme une teinture naturelle passant pour une teinture de mauvaise qualité au premier lavage.
Ou un style un peu moins convenu. Là, c’est plutôt la responsabilité des usines. Une demande qui sort de l’ordinaire et les choses se complexifient. Antonio Ciongoli s’est alors rendu à l’évidence, la liberté était ailleurs. En Inde, plus précisément. Une démarche pas facile à assumer en 2018. Une rencontre avec des matières, des textures et des savoir-faire artisanaux qui va d’abord amener à un projet de collaboration avec Agyesh Madan, fondateur de Stoffa. Malgré le refus d’Isaia, le désir de Ciongoli d’un retour à l’essentiel ne s’éteint pas.
Des dizaines de sold out quasi instantanés plus tard, Ciongoli a retrouvé le plaisir de créer et 18 East s’est imposée comme une marque incontournable de la mode de niche masculine. SI les quelques photos sélectionnées ici te parlent, je te laisse découvrir le reste.
Essayer le raphia (raffia) chez Jacques Soloviere cet été
Il y a deux grandes catégories de personnes en été. Celles qui exposent leurs doigts de pieds aux yeux du monde. Et les autres. Ce petit sujet concernera surtout les autres. Qui ne sont pas forcément d’accord entre elles quant à la manière de dissimuler avantageusement leur intimité. Sandales fermées, mocassins, boat shoes et espadrilles sont autant d’options qui n’ont rien d’universel. Seule la chaussure en toile semble être en mesure de convaincre à peu près tout le monde.
Peu de chance que je fasse avancer la cause en te présentant l’alternative raphia. Une matière naturelle produite à partir de feuilles de palmiers de Madagascar. Des feuilles qui, une fois séchées, donnent des filaments qui sont ensuite tressés. C’est visuellement assez proche de l’osier, du rotin. Une matière souple, légère et résistante qui peut ainsi servir à l’ameublement, la décoration. Et également pour la mode. Jacques Soloviere, marque française qui s’essaye au soulier créatif (toujours périlleux), propose par exemple deux mocassins dans cette matière singulière. Un modèle assez massif, cousu norvégien et trépointe contrastante, et un autre à la belgian loafers.
Si tu n’es pas convaincu par l’exercice de style, tu pourrais tout de même te laisser convaincre ailleurs. Notamment sur Etsy chez des petits vendeurs marocains comme El Karti, la ville d’Essaouira étant réputée dans ce domaine. Il faudra compter une centaine d’euros. Si tu es un adorateur du street heritage et de chaussures qui sont loin de faire l’unanimité, il existe même une Paraboot Michael déclinée en raphia. Pour public averti.
De l’inspiration vintage et workwear-chic chez Kai D
Terminons de la manière que je préfère, en images. J’ai choisi de mettre à l’honneur le très bon shop américain Kai D. Moins une recommandation shopping qu’une invitation à découvrir le travail de stylisme, les douanes n’aidant pas la cause. L’adresse est néanmoins incontournable si tu apprécies le workwear qui tend vers l’élégance (pense à regarder la marque en propre, Kai D Utility). Les tenues présentées sur stockman sont toujours très réussies. Tu trouveras ci-dessous un aperçu de ce qui a été fait pour le printemps / été 2023. Mention spéciale aux assemblages directement inspirés de gravures de mode d’époque, vrai voyage dans le temps et piqure de rappel sur la nature cyclique des tendances d’aujourd’hui.
Kai D est à retrouver sur instagram et sur son site officiel. Pour la leçon de style à retenir aujourd’hui, c’est le slogan maison : life is too short to wear boring clothes.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à la prochaine ! Tu peux retrouver tous les précédents numéros ici
