La rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Quoi de mieux que des choses hors d’atteinte pour se libérer du désir de possession ? Cinq nouvelles découvertes sont au programme de cette revue estivale, et d’abord pour le plaisir des yeux.
Adret ou The Absolute Best Thing There Is For The Smart Man Out There…
Bien des marques dont nous parlons ici, que nous aimons, que nous pouvons porter au quotidien sans trop penser aux éventuelles conséquences d’un tache, d’une couture qui saute, d’un trou dans une maille, d’un interdit bancaire peuvent être légitimement considérées comme chères ou luxueuses. Puis il y a celles qui ridiculisent la notion même de rapport qualité prix. The Row, The Elder Statesman, Zegna, Umit Benan… Le vrai luxe, celui qui discrimine et qui s’en réjouit. Adret, la marque de prêt-a-porter ouvrant ce numéro, c’est ça aussi.
Et un peu plus. Non, je ne veux pas seulement parler du festival de superlatifs et de phrases ampoulées un peu gênantes, en référence au marketing agressif du début du XXème siècle, qui caractérise chaque publication insta. Ni du jusqu’au-boutisme de la marque quant à sa politique d’exclusivité. Qui, par exemple, publie des photos (du cliché candide au lookbook complet) en story, avant de tout laisser disparaitre dans le néant. La recette de la frustration, en somme. Saupoudrée d’élitisme et de manteaux qui s’envisagent à partir de quatre mille euros. Alors pourquoi parler d’Adret, au juste ?
Car il serait bien dommage de se laisser décourager par le folklore qui entoure le travail des deux photographes fondateurs de la marque, Adam Rogers (ancien directeur artistique de la ligne haut de gamme de Ralph Lauren, « Purple Label ») et Seto Adiputra. Du vestiaire soft-tailoring d’un goût exquis qui mise sur des volumes et matières inhabituels, superbement porté et mis en scène. Des vêtements intégralement produits dans un unique atelier indonésien ouvert par la marque en 2019. La bonne nouvelle du jour étant que le sujet dédié sur notre forum, régulièrement nourri par des passionnés, est probablement le meilleur recoin d’internet si tu veux en apprendre davantage sur Adret.
La marque est à suivre sur instagram et à retrouver, en vrai, au 15c Clifford Street à Londres. Le seul endroit où tu pourras essayer une pièce.
Archiver la mode pour mieux la vivre avec la librairie parisienne Ephemera
La mode est volage, se renouvelle sans cesse. Comment saisir ce mouvement, cette agitation constante qui ne conçoit le regard en arrière que comme moyen d’aller encore plus vite ? Pascal Monfort, chef d’entreprise et passionné dont je ne pourrais résumer le CV en quelques lignes, a peut-être trouvé une partie de la réponse en ouvrant la librairie Ephemera à Paris en février dernier. Un lieu spécial qui célèbre tout ce qui peut se dire et se faire autour de la mode. Des livres, des magazines neufs et de seconde main, des documents et raretés en tous genres pour aller un peu plus loin qu’Ametora et Take Ivy. Enfin, tu pourras quand même commencer par là.
Ephemera, première librairie parisienne entièrement consacrée à la mode, est à retrouver au 29 rue Trévise dans le 9ème arrondissement.
Taiga Takahashi ou le prolongement du geste d’un créateur parti trop tôt
L’un de mes passe-temps est de partir à la recherche de marques aux sensibilités communes, de construire une sorte « carte mentale » où les rencontres ne sont pas seulement plausibles, mais salutaires. C’est aussi comme cela que j’essaye de bâtir mon propre style, en voguant au gré de mes affinités et des liens, concrets comme imaginés, qui unissent les marques. Ce qui m’amène à Taiga Takahashi. Un label japonais qui me semble avoir sa place au sein d’un univers qui me tient à coeur.
Celui d’Evan Kinori, de MHL, de Yoko Sakamoto, James Coward et Tony Shirtmakers. Et peut-être de Tender ou d’Oliver Church, si je devais encore pousser un peu les murs. Bref, une galaxie en constante expansion de marques qui réinventent le casual modeux en pariant notamment sur l’artisanat. De la sape « discrètement cool » et faussement classique, ce courant « simplewear » dont je parle régulièrement ici. Un écosystème soutenu par les meilleurs shops internationaux du moment : Atelier SolarShop, C’H’C’M, Colbo, Neighbour… Cela fait beaucoup de références en quelques phrases, et je n’ai toujours pas abordé frontalement le sujet annoncé. Tu me pardonneras, car tu seras heureux après avoir digéré tout ça.
Taiga Takahashi donc ! La marque du créateur du même nom, lancé à la suite de ses études en 2017 au sein de Central Saint Martins, très sélective université des arts londonienne. Proposant des réinterprétations artisanales, à la japonaise, des monuments de l’americana. Et qui a vu son jeune designer prodige malheureusement partir très tôt, à l’âge de 27 ans en 2022. Tout aurait pu s’arrêter là, net. Mais il y avait derrière l’homme quelque chose de plus grand. Une collection de milliers de fringues datant d’une ère révolue, celle qui ne connaissait pas la production de masse. Et cette idée à la Visvim (et son future vintage) que je trouve très belle : « créer puis déterrer, aujourd’hui, les vestiges du futur »
L’équipe derrière Taiga Takahashi continue sur sa lancée, animée par une volonté créatrice plus forte que l’homme qui la portait. Il vaudrait mieux être au premier rang et ne pas manquer ça.
Saliver l’été prochain avec le lookbook Soshiotsuki SS25
Il est rare qu’un lookbook estival me donne la force de résister à la canicule. À l’envie de vivre dans le déni de l’été indien et de ne m’intéresser qu’aux collections automne / hiver à venir. Je ne contaminerais donc pas aujourd’hui la Revue de mon mauvais esprit saisonnier. Et il faut remercier Soshiotsuki pour cela. La collection printemps / été 2025 de la marque japonaise, travaillant depuis 2015 à traduire l’essence du japon traditionnel dans la mode contemporaine masculine, évoque une époque dorée. Celle de la bulle économique des 80s, de la gloire du salaryman. Du prestige de l’étiquette made in Italy sur ces ensembles Armani, l’apogée du power suit : épaules exagérées, vestes croisées oversize marquant la taille à la manière d’une pièce Lemaire, volumes effortless.
WISDM : du génie créatif à chaque post insta
Bon, le mec qui clôture les découvertes du jour traine avec Rihanna. Peut-être qu’il ne colle pas exactement à l’ambition d’un format consacré aux choses dont personne ne parle, on ne va pas se mentir. Donc, pour les deux du fond qui ne suivraient pas encore son compte, voici WISDM. Un mec qui montre ses outfits. Sur insta. Avec l’équipe de tournage (et le budget…) du blockbuster de l’été. À suivre absolument si tu aimes un tant soit peu les fringues. Et si tu me crois pas, je le laisse te convaincre à ma place :
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à la prochaine ! Tu peux retrouver tous les précédents numéros ici.