La rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Quarante numéros. Deux cents découvertes, recommandations et fragments de culture sape. Et nous n’avons fait qu’effleurer la surface. J’espère aiguiser ta curiosité encore quelques temps !
Ancients Studio et le nouvel écosystème des petites marques créa françaises
J’ai récemment découvert la jeune marque parisienne Ancients Studio via le travail de curation d’Outlander Magazine. Un compte que tu devrais suivre, en passant. Déjà deux recommandations en deux lignes, je me surpasse pour la rentrée. Blague à part, je dois avouer ne pas avoir été immédiatement convaincu. Notamment à la lecture des mots d’un refrain que l’on commence à bien connaitre. « Stocks dormants de l’industrie du luxe », « upcycling », « unisexe », « séries très limitées »… Comme une nouvelle ruée vers l’or, mais cette fois chez Nona Source. Le distributeur de rouleaux de tissus inutilisés par le groupe LVMH.
Un discours qui perd peu à peu de sa fraicheur, en tout cas chez moi. Peut être par peur d’une version 2.0 de la formule « la qualité du luxe sans les intermédiaires » des DNVB mourantes. Avec ces fameuses fiches produits présentant un prix barré (celui pratiqué par les méchants acteurs traditionnels) et, en-dessous, le prix « juste » (celui de la nouvelle marque disruptive). Mais tout va bien. Car Ancients Studio, lancée en 2022 par Maxime Kastler et Théo Jata, est une marque cool et prometteuse.
Illustrant, à mon sens, le changement de paradigme. Les marques d’aujourd’hui n’adoptent pas l’angle de l’upcycling ou des belles matières comme arguments marketing fallacieux. Le discours commun est davantage une conséquence d’un mode de production émancipateur, plutôt qu’une fin en soi. Ancients Studio, à l’instar d’Aïdama ou Cèucle, est une proposition créative indépendante avant d’être une proposition de valeur. Et une énième preuve que les marques nées sur internet n’ont jamais été aussi intéressantes qu’en ce moment.
À suivre de près ici. Pour regarder les lookbooks des saisons précédentes, c’est par là.
Une collab’ Evan Kinori x orSlow pour septembre
Bon, ce n’est pas officiellement dévoilé. J’espère qu’Evan Kinori ne m’en voudra pas trop. Mais c’est ça aussi le journalisme d’investigation. On prend des risques… Voici donc quelques visuels en avant-première de la prochaine collection du créateur de San Francisco, dont un teasing de sa collaboration avec la marque japonaise orSlow. Une très belle surprise. Qui ne surprend pas non plus totalement. Evan Kinori ayant l’habitude de s’associer aux valeurs sûres du petit monde du menswear (Lady White Co, Tricker’s, ou récemment l’artisan Guidi Rosellini). Au programme : un jean brut en denim japonais très alléchant qui emprunte la coupe du « Two Pleat », très objectivement la plus réussie. Et pour le reste, je n’en sais rien. Il faudra attendre encore un peu (et économiser).
Faire l’apologie des marques de niche avec Cale
Il y a un déficit de mystère et d’exclusivité dans la mode contemporaine. Il n’a jamais été aussi facile de chopper la même pièce que ton voisin, celle du mec dont tu admires la tenue sur internet, celle choisie par le styliste de la célébrité du jour. Le consumérisme gomme les différences, permettant à n’importe qui de monter une sociologie de fortune, de se moquer gentiment de milliers de personnes à la fois en listant simplement quelques fringues sur un post insta. Nous sommes tous victimes et acteurs de cette grande uniformisation contradictoire. Ressembler. Se Différencier. Tous pris dans la même tension originelle. Et ce n’est pas très grave.
J’aime cependant l’idée d’instaurer un certain équilibre. Entre suivre toutes les tendances qui passent. Ou ne rien faire comme les autres et être dégouté à la vue de « ma veste » sur quelqu’un d’autre. Il est cependant plus facile de céder au mimétisme. Alors qu’il faut sortir des sentiers battus pour construire son goût, son propre truc. Certaines marques, comme nombre de celles dont j’ai pu te parler dans la Revue, garantissent encore un certain plaisir égoïste. Ma dernière obsession en date : Cale. Découverte chez l’excellent shop parisien PARKS, tenu par Jumpei Seiki. Fondée en 2016 par le designer et gérant de la galerie d’art (du même nom) Yuki Sato à Tokyo. Et c’est à peu prés tout ce dont je peux te dire à son sujet.
Une expérience commune avec les labels japonais. Tu peux retourner tout internet, Google traduction en poche, sans en savoir beaucoup plus à la fin. Et quand se rendre sur place n’est pas possible, alors mieux vaut encore savoir se contenter d’une rencontre indirecte. Toujours lacunaire, certes. Mais les images, et surtout les vêtements en main, en disent souvent plus que les mots. Je suis ainsi d’abord tombé amoureux du lookbook printemps/été 2024 de Cale. Du casual-chic exquis, slouchy, coloré et texturé. Avant de concrétiser par la reception d’une veste. Dans un très léger lin water-twisted, plongé dans l’eau afin d’obtenir de charmantes et irrégulières ridules. Puis d’un sweat. Gaufré et slubby, dans un mélange magnifique de coton et de soie au drapé luxueux.
Deux pièces qui me redonnent le goût du vêtement, aux portes de l’automne. Cale est à retrouver sur instagram (et dans le quartier Higashi-Azabu, à Tokyo, si tu as la chance d’être de passage).
Barbour x TO KI TO, quinze ans plus tard
La nouvelle collection Barbour x TO KI TO automne/hiver 2024 marque le grand retour d’une collaboration très spéciale que je n’ai honteusement pas mentionnée dans mon article-fleuve sur les vestes de la marque britannique historique. L’occasion de rectifier le tir. Derrière TO KI TO donc, le designer japonais septuagénaire Tokihito Yoshida. Un nom qui ne te dit peut-être rien, moins reconnu qu’un Hiroki Nakamura ou un Daiki Suzuki malgré une petite génération d’écart et des liens stylistiques évidents. Et l’aide de James Bond en personne. Daniel Craig immortalise en effet la collaboration, originellement lancée sous les radars en 2009, en portant la bien nommée « Tokito jacket » dans Skyfall. Quinze ans plus tard Tokihito Yoshida revient apporter une nouvelle fois sa touche personnelle aux grands classiques de Barbour. Et c’est franchement cool.
Le passionnant compte instagram de Ken Sakata
J’ai terminé le numéro du mois dernier avec une demonstration de style, de l’inspiration brute, en te recommandant le très talentueux WSDM. Faisons autrement aujourd’hui. Oublie les transitions, les money shots, les tenues à 100 000 dollars. Pose toi tranquillement. Prend un café. C’est l’heure d’apprendre des trucs avec Ken Sakata, fondateur de la marque australienne Front Office.
Si c’est bien le compte insta de cette dernière qui va nous intéresser, je ne te recommanderai pourtant pas la marque en elle même. Mais plutôt les vidéos produites par Ken Sakata en tant que designer qui partage ses connaissances et le processus de création de ses pièces comme contenu de marque. Une stratégie (car c’est bien une stratégie) que je trouve brillante et paradoxalement très naturelle. On sent la passion derrière. Il ne s’agit pas de vendre des tapis. Mais de communiquer autrement. Instructif, inspirant et divertissant. Le genre de choses qu’on voudrait voir tous les jours sur insta.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à la prochaine ! Tu peux retrouver tous les précédents numéros ici.
