Si la ceinture fait partie intégrante du style street heritage borassien — utile pour son jean trop grand, ou size up, si tu préfères — j’avoue ne pas y tenir tant que ça. Surtout dans sa version « utilitaire ». Un pantalon bien taillé n’a pas besoin de ceinture comme béquille. Et à mes yeux, on peut souvent s’en passer sans rien perdre — au contraire, on peut gagner en légèreté visuelle. En évitant, par exemple, de couper la silhouette en deux blocs trop nets. Je sais, cette sélection commence mal. Mais ce n’est pas un rejet pour autant. Je pense seulement que la ceinture ne devrait pas être un impensé. Il faut pouvoir se passer du combo chaussures-ceinture-montre, et revenir à une vraie intention. Si une ceinture est superflue, alors autant en faire un bijou. Justifier sa présence par le beau, par ce qu’elle apporte à ton style.
Notre sélection de belles ceintures pour le quotidien. Et tout le reste
Tu pourras probablement t’arrêter, satisfait, dès la première rubrique si tu cherches une belle ceinture passe-partout et bien faite. Les autres recommandations sont plus dispensables — elles s’adressent à ceux qui veulent aller un peu plus loin dans la coquetterie. Ou dans une certaine forme de kitsch plus ou moins maîtrisée, quand il s’agit de ceintures western.
1. Ceinture et zeitgeist
J’aime bien ce mot, il donne l’air cultivé. Mais ici, c’est juste une autre manière de dire « passe-partout ». Ces ceintures qui fonctionnent bien avec le goût du jour. Avec du casual (du workwear au sportswear) qui lorgne du côté des costumes informels, des pantalons taille haute, des mocassins. Pas de surprise quant à ma recommandation : nos amis de chez Laperruque. Deux modèles au catalogue, et ça suffit amplement. Prendre du marron foncé, dans le doute. Si tu cherches quelque chose de plus workwear (c’est-à-dire plus large et plus épais), sans tomber dans le cliché, regarde également chez Sympa Bonnard — en couleur naturelle, pour la patine à faire soi-même.
Si ton budget est serré, je peux aussi te conseiller Octobre Éditions, notamment leurs modèles en cuir suédé. On oublie le pleine fleur et le tannage végétal, mais ça fait le travail. J’aurais juste préféré une boucle un peu plus ronde.
2. Une ceinture fine ?
Voilà pour ce qui relevait du raisonnable. Ce qui suit ne fera sans doute pas l’unanimité. Rien de dramatique, mais mieux vaut être prévenu. Je pense d’abord aux ceintures fines — voire très fines. Disons, en dessous de 3 mm d’épaisseur. L’idée est d’accompagner le retour progressif aux pantalons taille haute : une question de proportions. Je ne sais pas si cette tendance va durer encore longtemps, alors mieux vaut savoir ce que tu fais avant de tout claquer chez Scott Fraser. Tu trouveras ton bonheur à des prix plus accessibles chez Portia1924 ou Still by Hand. Un peu moins chez Hender Scheme, Auralee ou Husbands.
3. Interlude « modeuse » : la ceinture à double boucle
Mention spéciale aux ceintures « D-ring », à double boucle, qu’on peut laisser pendouiller nonchalamment sur le côté. Un gimmick que je pratique honteusement depuis que j’ai mis la main sur un très beau modèle de chez Yoko Sakamoto — qui existe aussi en version fine, histoire de cumuler les tares. L’intérêt, au-delà de faire le malin, c’est surtout de se passer d’encoches et de pouvoir l’ajuster pile à sa taille (ou à son repas) très facilement. J’en ai vu passer chez Auralee cette saison, à nouveau, ainsi que chez Anderson’s, nonnative et S’YTE — la ligne « pas chère » de Yohji Yamamoto.
4. Ceintures (en cuir) tressées
Laissons tout de suite de côté les modèles en tissu : c’est moche, ça fait cheap, peu importe le prix. Désolé, la sentence est tombée. Une ceinture tressée en cuir est déjà assez casual comme ça — pas besoin d’en rajouter une couche. Et tant qu’à faire, évitons aussi les grosses tresses ambiance cottagecore. Je te conseille Atelier Particulier (pense juste à utiliser une adresse mail jetable lors de la commande, sauf si tu adores le marketing), Anderson’s et Rubato. En bonus : Mfpen et la très belle marque japonaise Heugn.
5. Ceintures « western »
Quoi de mieux que des ceintures artisanales hors de prix fabriquées par des prisonniers mexicains ? Désolé, j’ai plombé l’ambiance d’entrée. On recommence. Ou plutôt, on termine, avec quelques références de ceintures dites « western » ou « ranger ». Pour jouer au cowboy en métropole, regarde chez Lemaire ou Our Legacy. Si tu préfères le folklore, les gravures, les belles pierres ou même un peu d’argent massif, va voir Silver Ostrich, la sélection chez Jinji, Wythe, ou Yuketen. Et le boss final de l’ostentatoire : NICENESS. Une excellente marque japonaise qui ne fait aucun compromis, quitte à en faire trop. Max Sauveur, c’est déjà pas mal…
