Après un premier tome où l’on a retracé les origines de la veste noragi, il est maintenant temps de parler stylisme. Il était important de mieux connaître ce vêtement de travail pour appréhender la façon de le porter. Si lecteur de longue date tu es, tu as déjà une idée plus précise de ce que l’on peut faire comme tenue avec une noragi. Au travers d’articles Look, j’ai distillé ici et là des pistes. Mais aujourd’hui, je vais essayer d’amener la réflexion plus loin et d’aller vraiment au plus dans le détail.
Parce que finalement, on voit surtout le kimono porté par des femmes mais rarement par des hommes. Ou alors dans des tenues au stylisme très Asos avec un mec endimanché dans son skinny en portant un truc informe en polyester.
Répondre à la question de comment porter une veste noragi, cela passe avant tout par savoir comment la choisir.
Où plutôt, saisir les nuances qu’il existe sur ce marché naissant.
Bien qu’une pièce encore confidentielle, il existe une offre plutôt large et derrière le noragi jacket, nous avons droit à des produits bien différents.
Et pour rester fidèle à l’esprit du blog, on parlera surtout en jpeg avec un maximum de looks présentés.
J’allais oublier, Il est possible qu’en fin d’article, je tease un peu sur les prochaines sorties Borali !
I – Comment porter la veste noragi
J’utilise le terme veste mais l’on a vu que la noragi pouvait aussi être réinterprétée comme surchemise ou même manteau. Pour les mauvais élèves qui n’auraient pas lu le premier tome, elle englobe l’ensemble du vestiaire de la classe paysanne et rurale du millénaire précédent.
Ce qui veut dire qu’il faut garder à l’esprit que revisitée, la noragi revêt bien des formes.
Et c’est là le vrai plus de cette pièce, il existe une version pour tous les styles.
Ou presque.
Comment choisir sa veste noragi – les questions à se poser
Je ne suis jamais très à l’aise quand il s’agit d’expliquer pourquoi prendre tel ou tel modèle d’un vêtement. Il y a toujours une part de sensibilité qui nous est propre alors te dire quoi faire, sans te connaître, c’est présomptueux.
Mais devant une pièce aussi singulière qu’une noragi, je me dois de te donner des pistes.
Ce que l’on va faire, c’est voir les principales caractéristiques qui peuvent créer un dilemme quand viendra l’heure de faire ton choix. J’ai regroupé les principales questions que j’ai pu recevoir ces dernières années et vais tenter d’y répondre.
Enfin, on parlera de noragi au sens large, de design très proche du kosode (kimono) comme d’un hanten ou haori.
Comment choisir entre chemise ou veste noragi ?
Cela peut paraître tout bête mais c’est la première chose à se demander. On sait que cette pièce peut avoir plusieurs visages. Petit rappel, une noragi peut être :
- une chemise / surchemise : tissu léger, manches longues et plutôt slim en général.
- une veste : peut être un équivalent de veste en jean ou un gros cardigan.
- un outwear : va reprendre un design plus proche d’un haori ou hanten et être dans des matières lourdes.
Cela dépendra donc de ce que tu veux faire et dans quelle tenue tu comptes la porter.
Si tu cherches une pièce pour faire du layering à la mi-saison et à porter quand il fait beau, opte pour une version chemise.
Si tu as en tête d’avoir un substitut aux habituelles vestes de travail et autre trucker jacket, alors prends une veste noragi. Tu verras que c’est plutôt polyvalent et tu vas te surprendre à ne plus la lâcher.
En outerwear, ça devient plus difficile de trouver du lourd sans y laisser un rein (voire deux). Mais si tu as le budget et que tu veux porter une grosse hanten revisitée (parce que oui à la base, c’est pour l’intérieur), tu peux faire de belles choses.
Ample ou ajustée, quelle coupe choisir ?
Il va y avoir deux écoles, et en bon normand (en vrai percheron mais bref), je vais te dire que les deux sont intéressantes.
Bah oui, tu te doutes bien que je ne vais pas fustiger l’un ou l’autre. Nous ne portons pas tous nos vêtements de la même façon. Et ce, indépendamment de notre style. J’en ai discuté ici mais on peut aimer une même esthétique vestimentaire sans partager la même silhouette.
C’est un peu pareil quand vient l’heure de choisir sa noragi.
Coupe slim ou loose-fit, voici quelques points pour t’aider à te décider :
- quelle coupe de jean / pantalon je porte : le choix du bas est la base de toute tenue pour moi. Il indique la silhouette finale. Si tu portes du slim, privilégie une noragi plutôt ajustée, cela t’évitera de tomber dans les photos horribles « kimono asos like ». Si tu portes du jean droit ou size-up, c’est parti pour un peu de volume.
- avec quoi je veux la porter : si tu veux faire des tenues très simples, sans fioriture, ou bien t’embarquer dans du layering de compétition. Ton choix sera alors différent.
- quand je compte le porter : à la belle saison, même si tu portes des silhouettes slim, tu voudras peut être un peu d’aisance.
Il y a surtout deux pièges à éviter selon moi :
- size-down : porter une noragi trop petite, c’est vraiment peu heureux. C’est pour cela que je te file des pistes sur le choix de la coupe. Il vaut mieux prendre une coupe pensée pour être plus ajustée que choisir un modèle ample quelques tailles en-dessous. Cela t’évitera un rendu vilain au possible au niveau des épaules.
- coupe trop loose : on trouvera toujours un mec sur qui c’est super mais par sécurité, il vaut mieux éviter. À mes yeux, cela fait vite « trop kimono » et déguisement. J’aime avoir un bout de culture ou de passé dans mon vêtement mais pas que cela fasse cosplay. Pour schématiser.
Couleurs, matières ou encore motifs, des conseils ?
Ici, tout va dépendre de ce que tu recherches et de si tu es parti sur une surchemise / veste noragi.
En gros, c’est un curseur que tu vas placer entre l’esprit d’origine et le degré de stylisme.
Si tu as envie de retrouver l’esthétique classique dans une pièce moderne, alors opte pour des matière comme le coton, le lin ou le chanvre. Si possible avec une main qui a de l’aspérité. Tu peux avoir des motifs traditionnels ou qui y font penser. Enfin, l’indigo ou les couleurs naturelles seront de mise.
À l’opposé, si tu veux un truc qui a plus de peps et plus proche de notre vestiaire actuel, tu peux trouver des noragi dans des matières militaires, en laine ou du denim. En gros, des tissus et motifs qui ne sont pas de la même époque. Idem pour les couleurs avec de l’olive, du beige, des couleurs pastel ou même du jean bleach. Avec un design classique, cela peut faire des anachronismes stylistiques vraiment chouettes.
Je dirais que tant que l’on ne part pas dans les motifs bariolés, sans sens, et les couleurs trop vives, nous sommes bons.
Est-ce que je peux porter des manches courtes ou 2/3 ?
Bien sûr et je t’y encourage. À la différence du kimono / kosode que portaient les habitants des villes, la veste noragi avait des manches plus courtes (et moins amples). C’est tout con mais il fallait travailler dans les champs avec, donc la praticité avant tout.
On retrouve cela sur les vestes de travail chez nous ou même le vestiaire militaire. Tu ne peux pas avoir les manches qui s’empêtrent dans tes outils / machines / armes.
Et personnellement, j’aime avoir des manches que beaucoup qualifieraient de trop courtes. Cela dynamise une silhouette et c’est bien plus agréable à porter.
Cependant, ce type de manche reste difficile à trouver et hors labels japonais, je l’ai rarement vu bien exécuté.
Est-ce que pouvoir la fermer est important ?
Non.
Et j’aurais pu m’arrêter là haha.
En gros, on trouve souvent les cordelettes et parfois un système de boutonnage.
Personnellement, je n’y ai jamais recours.
J’aime le drapé de la noragi et comment elle peut bouger en mouvement. La porter fermée, ce n’est pas très heureux à mes yeux.
Au point où sur notre noragi Borali, nous avons fait le choix de ne pas en mettre sur nos deux futures sorties. À l’origine point de fermeture d’ailleurs puisqu’un pan croisait l’autre, le tout maintenu dans le hakama.
Dans ton choix, garde à l’esprit que si tu flashes sur un modèle qui n’a pas de système de fermeture mais que tu tenais à pouvoir la porter attachée, ne fais pas de blocage.
À l’usage, tu l’auras toujours ouverte.
Quid de choisir une modèle vintage ?
Je suis collectionneur donc je rêve d’en avoir une qui a quelques siècles. Si je devenais très riche, ce n’est d’ailleurs pas une Rolex que je m’offrirais pour marquer le coup mais une noragi en boro de musée pour en faire une œuvre d’art à mettre dans mon salon. Ou une lame de katana du XVIe sècle haha.
Tout ça pour te dire que l’on peut trouver de vieilles noragi du XXe siècle pour pas trop cher. J’en ai fait quelques éditos ici ou là. Mais au fond, leur place n’est pas dans la rue à mes yeux. C’est un bel objet de collection à avoir chez soi.
En revanche, on voit pas mal circuler de kimono de kendo en indigo. Cela n’a rien de rare, il ne faut pas débourser plus de 50e mais ça peut être sympa. Ce n’est pas fragile et peut « remplacer » une Sanjuro kimono de Visvim.
Faudra être chanceux sur le sizing.
Dernier point, porter une pièce vintage de ce genre, cela t’oblige à porter des tenues vraiment typées street heritage / americana hippie.
il y a donc un arbitrage à faire de ton coté.
Avec quels styles porter une noragi
Je sais qu’elle peut faire peur si l’on n’est pas habitué à tester des choses avec son style.
En plus, te l’avoir présentée comme un kimono de paysan d’un Japon d’un autre temps, ça n’a pas forcément aidé.
Et pourtant, tu vas voir que l’on peut s’éclater avec cette pièce et que tu n’as pas forcément besoin de te saper super pointu ou d’accrocher à l’esthétique de ce blog.
La noragi est un petit bout de chiffon sociable qui s’entendra avec ta garde-robe.
Plutôt que de faire des thèses et piquer des photos d’internet, j’ai préféré te le prouver en image. Voici quelques styles différents, peut être que certains te rappelleront quelque chose, d’autres vont forcément te surprendre.
Go !
La noragi est l’amie des vêtements d’inspiration militaire vintage
Quand on y regarde de plus près, workwear et militaria sont deux vestiaires qui fonctionnent à merveille ensembles. Des labels japonais qu’on ne cite plus à des marques comme Bleu de Paname ou Universal Works, tous les mélangent dans leurs collections.
De l’utility wear.
Le style street heritage, c’est d’ailleurs cela avec la touche street en plus.
Donc notre petit kimono de campagne, sur le papier, vient du même milieu. Et puis, si tu te souviens bien, les japonais ont mélangé les deux dans leur histoire dès la fin de la période Meiji.
Porter une veste noragi avec un fatigue ou cargo pants amène directement du style dans ta tenue. Cela va casser le coté premier degré sur le champs.
(gros jeu de mot)
Voici un exemple plutôt sobre où j’ai choisi une version dans un denim bleach bien clair que je porte avec le pantalon fatigue de Drapeau Noir, celui en reverse sateen.
L’olive et l’indigo fonctionnent très bien ensemble, le kaki (le beige militaire ndlr) aussi d’ailleurs. Aux pieds j’ai une une paire de FBT donc très atypiques mais de simples Vans feraient le job.
Tu peux aussi faire du layering avec tes field jacket et autres vestes militaires. La chemise noragi est une pièce de superposition idéale. Je sais que j’aime bien en porter une sous une BDU par exemple.
Dans ce cas présent, elle est discrètement intercalée entre un sweat et cette m43. Ce qui est intéressant ici, c’est que veste ouverte, on verra les pans de la noragi avoir un tombé différent d’une surchemise en denim par exemple.
Plus épuré aussi puisqu’il n’y a pas de bouton.
Une noragi avec jean et le style workwear multiculturel
Derrière ce titre très « administratif » se cache une idée simple : noragi et jean = win. Tu ne peux pas te tromper en associant les deux. Surtout si tu as bien intégré les conseils sur comment la choisir (un peu d’auto-pub oui, #borasformateurforceur).
Mais pour parler de workwear, il faut aller un peu plus loin qu’une simple association jean / tee / kimono like.
Nous allons prendre des pièces typiques worker comme la trucker jacket. Tu tapes style workwear dans l’Explorer Instagram et tu vas voir une photo sur trois avec une veste en jean.
Julien nous avait montrés un bel exemple de plus-value d’une veste noragi dans une tenue workwear, au tout début de l’aventure Borali.
Tu peux difficilement faire plus worker, un vrai denim head sur cette photo Julien ! Elle vient sortir la tenue du « tout jean » et apporter une touche de couleur qui nous sort des nuances d’indigo.
Un exemple concret de layering dans un style workwear souvent peu créatif, à l’étroit dans ses codes heritage.
Un autre exemple et on s’arrêtera là, le costume canadien / canadian tuxedo. C’est le fait de porter une tenue composée uniquement de pièces en jean. Les amateurs de workwear en raffolent. Pareil, c’est chouette mais à part choisir une trucker type 1 / 2 / 3, peu de variantes.
Alors la veste ou chemise noragi peut être une solution et viendra singulariser un peu le style de la tenue.
Bonus pour la route avec une chemise à carreaux « de bucheron hipster » comme dirait Brigitte de la compta et une parka.
Style streetwear et noragi, sors le hoodie et / ou les sneakers
Tu sais, je n’ai jamais trop aimé mettre d’étiquettes sur des styles. C’est un truc très humain ça : classer / différencier. Je me suis pourtant prêté à ce jeu à cause des dérives du streetwear, devenu une culture marquetée et reprise par les marques de luxe pour une jeunesse dorée en mal d’identité et un monde de la mode qui a toujours besoin de plus.
#streetheritage
J’ai sorti cela pour ne plus qualifier mon style de streetwear, alors qu’il est plus proche de cette street culture qu’un clown en Balenciaga Triple S et jean slim.
Bref tout ça pour te dire que le streetwear « classique » et noragi / kimono peuvent faire bon ménage. Si tu aimes porter des petites sneakers, ton jean relax et mettre un gros sweat, ça le fera.
On peut prendre comme exemple cette tenue :
On retrouve des codes du streetwear avec le work pants à la Dickies, une paire de kicks blanches façon Nike Air Force One et un sweat. Je te l’accorde, un bon vieux Champion gris aurait été plus évocateur.
Dans un autre style et toujours pour rester street, voici un exemple de look qui puise dans les codes de la street culture des années 90 new-yorkaise.
On reconnait un peu l’influence d’un collectif comme le Wu avec le pantalon militaire et les Clarks Wallabee. La veste noragi vient remplacer une varsity jacket sur le hoodie ici.
Bon, j’avoue il manque les grosses chaines en or et les médaillons qui vont avec pour parachever l’hommage haha.
Noragi et short, le tube de l’été pour ton style
Oui je me prépare à postuler chez une marque DNVB en faisant du storytelling bien naze. J’intronise de la pire des façons la manière dont je préfère porter mes noragi : en short !
S’il existait les 7 boules de cristal du style et que Shenron m’offrait un vœux, je sais déjà ce que je lui demanderais.
« Salut Dragon, alors moi, je veux simplement pouvoir être chill toute ma vie en short, tee et noragi. Merci <3 »
Parce que oui, j’aime le stylisme et je m’éclate à combiner encore et encore des vêtements mais que je suis bien avec un simple short en jean.
Et avec une noragi, c’est « boom ».
Le style street heritage pour l’été dans sa plus simple exécution.
On le retrouve dans cette tenue avec une paire de boots (oui short + boots, c’est vraiment une tuerie) :
Et tu as des tas d’options, je t’en laisse quelques unes en vrac.
A toi de trouver tes combos favoris pour l’été !
Tenue habillée et style casual chic, porte ta noragi au bureau
Alors là, je vais insister !
Ce n’est pas une pièce réservée à des looks « hors norme » ou ‘mode ». La veste noragi a toute sa place dans tes tenues plus casual chic. Il faudra bien sûr choisir une itération plutôt sobre avec une coupe équilibrée mais rien d’impossible. Mon premier shooting où j’ai pu faire du stylisme pour Bonne Gueule, j’en plaçais une dans une composition :
Petite chemise bien cintrée et chino, tu enlèves le bonnet, on ajoute des sneakers minimalistes comme tout le monde porte et nous voilà prêts pour aller au bureau.
Si tu ne bosses pas en banque bien sûr !
Dans un autre registre, pour l’hiver, tu peux très bien porter une noragi par-dessus un cardigan en laine et une chemise. J’avais fait un stylisme pour le pantalon cargo Bonne Gueule :
Elle est à motif donc une pièce forte et pourtant cela s’intègre tout seul dans une tenue habillée.
Et en mélangeant style casual et street heritage, on peut aller chercher des combinaisons de pièces de matières / motifs différentes. Le tout, dans un un layering peu commun :
Nous somme sur un base très classique : pantalon chino + tee-shirt + blazer destructuré + converse. En choisissant des cotons chambray avec un mélange bleu / indigo / olive, on obtient une dégaine plutôt sympa. La surchemise noragi vient amenait la tenue à un autre niveeau.
Mais tout ça, ce sont des compositions qui ont déjà 3 ou 4 ans, alors pour cet article, j’ai fait quelques mises à jour.
Dans la tenue qui suit, je porte une tenue casual chic on ne peut plus classique. Une chemise oxford button down bleu clair, un jean brut et une paire de brogues marron.
Franchement, as-tu l’impression que je sois sorti d’une fashion-week ou d’un lookbook d’un label pointu ?
Tenue basique, peut-être la solution la plus relax
Au final, c’est une pièce confortable, à porter à la cool.
On vient de voir comment l’interpréter dans un tas de styles, plus ou moins complexes mais ce n’est en rien une finalité.
T’es un mec (ou une nana d’ailleurs) qui aime se saper sobrement et sans fioriture ?
Une noragi sur un simple tee, un jean brut, une paire de Converse et roulez jeunesse. Si son design est forcément particulier pour nous autres occidentaux, cela reste une pièce basique. Sauf choix de motifs forts, elle se fondra dans tes tenues.
Regarde, même avec un léger motif, on ne peut pas dire que cela soit m’as-tu-vu :
Franchement, tu ne te vois pas à une terrasse de café avec tes potes ? Tu ne seras pas déconnecté(e) de ton entourage habillé en chemise en jean et autre petit cardigan en coton.
La veste noragi n’est pas une lubie de modeux / trendy parisien
Parce que je sais qu’il y 60% de chance que tu ne sois pas parisien (oui je regarde mes stats analytics parfois haha), ce point m’est cher.
Ce n’est pas le moment pour disserter du décalage province / Paris, qu’il soit fantasmé ou réel. Tu sais, des vrais passionnés de vêtements, il n’y en a pas tant que ça sur notre beau territoire et crois-moi, ils ne sont pas concentrés en IDF.
Porter une noragi quand tu es un homme, ça reste surprenant où que tu sois. Je travaille et vis à Paris, je me suis plus fait « interpellé » ici qu’en rentrant dans le Perche ou même en Corse (faut dire qu’ils ont le bleu de Chine de culturel là-bas, ça joue).
Pour conclure cet aparté, ne te mets pas de frein de « peur » de ton entourage, où que tu sois. N’oublie pas qu’une majorité reste bloquée sur la chemise cintrée et le jean trop petit qui s’écrase sur une paire de sneakers à la semelle plate.
Amuse-toi avec tes sapes.
Une dernière pour la route !
Je n’allais pas terminer ce chapitre sur comment porter la veste noragi sur une tenue basique quand même ! Borasification.com est un blog de mode où l’on pousse et s’amuse avec les styles.
Alors je me devais d’amener la noragi là où tu ne l’attends pas.
J’ai cherché puis ça m’a fait tilt : sprezzatura.
J’ai pris ce que j’avais sous la main, coupé un vieux APC (il a passé 3 mois dehors pour tester le délavage « intempéries ») et sortir les tassel.
Tu as bien lu.
Le reste, c’est en image :
On n’aura jamais la réponse mais fais-moi déambuler dans les rues de Florence pendant le Pitti, air pompeux et un ou deux autres mecs extravagants. Je prends les paris que cette tenue finit sur des blogs de streetstyle couvrant le salon italien.
(même avec des revers trop haut haha)
II – Où trouver des noragi et autres kimono ou hanten pour homme
C’est sûrement la question à laquelle j’ai le plus répondu ces 4 dernières années. Souvent embêté par le peu de solutions que j’avais. En effet, si il existe une pléthore d’options en cherchant un peu, très peu m’ont convaincu. J’ai une approche du vêtement plutôt bon délire, je ne suis pas là à chipoter pour le moindre détail ou couture.
C’est un frein à la créativité.
Cependant, avec la noragi, c’est différent. C’est une pièce qui me fascine et dont je suis tombé amoureux en découvrant ce qu’il se faisait de mieux dès le début.
Visvim.
Dès lors, j’ai conscience que mon avis a probablement toujours été biaisé.
Mais c’est aussi ça, le rôle d’un vrai passionné qui monte un blog, parler avec le cœur et sans consensus.
Tout ça pour te dire que j’ai fait un effort pour cet article et j’ai essayé de te proposer pas mal de choix. Mais je te dirai ce qui me plait ou non.
À toi de te décider en suite avec tout ce que l’on a vu ensembles.
Sélection de marques de noragi – ma liste des 22
A l’heure où je te partage cette sélection, elle n’est pas classée par prix ou style, je manque de temps pour tenir le délai de parution. Et au fond, il est bon d’appréhender une pièce d’abord pour ce qu’elle est et dégage, plutôt que directement rentrer dans ce foutu rapport Q/P (qui ne veut souvent rien dire en plus).
Entre-nous, si il y a bien un achat plaisir à se faire (le fameux FVP de Nikko), c’est sur une pièce comme la noragi.
Kiriko Made
Si tu tapes noragi dans Google, tu tomberas forcément dessus. Personnellement, je trouve cela sans aucun intérêt mis à part faire déguisement un peu de cheap.
Si tu aimes le style, c’est à fuir.
Je te mets le lien quand même, à toi de faire un avis.
Kapital
Comparé par beaucoup comme une marque Visvim like, je trouve que c’est un cruel manque de sensibilité esthétique tant leurs univers et le produit en main sont différents.
Le fait est que Kapital a quelques pièces proches d’une noragi qui reviennent chaque saison. La direction artistique du label est incroyablement poussée, entre la friperie et le hippie fantasmé.
Clivante au possible.
Tu ressentiras forcément un truc devant l’une des pièces suivantes (en bien comme en mal haha) :
Je ne sais pas comment ils arrivent à dégager cette impression de vieux tissus de leurs pièces. Les teintes et nuances paraissent être d’une autre époque. Même les boutons ne viennent pas gâcher le spectacle.
C’est difficilement accessible mais ce savoir-faire, cette créativité et le tout fait au japon, on ne peut pas attendre cela d’un produit made in Portugal à 130€. Pour une majorité d’entre-nous, il faudra espérer la seconde main, et faire quelques sacrifices.
Le talent d’un designer se paie et se valorise.
Une dernière pour la route :
Blue Blue Japan
BBJ est une institution au Japon puisqu’on le retrouve jusque dans l’aéroport de Tokyo. Un label qui repose entièrement sur le culte de la teinture à l’indigo et le savoir-faire japonais. J’ai pu t’en parler au travers de quelques articles, notamment de leur fameuse work jacket en sashiko.
Ils font bien évidement des noragi et autres pièces typées kimono. Indigo et style vintage sont de mises, quelques exemples :
Prospective Flow
Label californien que j’ai découvert il y a quelques années en divagant sur Instagram qui propose une direction artistique très poussée. Vraiment intéressant si tu aime les pièces de créateurs qui te sortent du vestiaire classique de notre époque.
L’influence japonaise est très présente, voir premier degré parfois mais impossible de ne pas être touché.
Il y a donc pas mal de modèles aux allures de vêtements japonais. Si tu cherches des pièces avec du volume, c’est une adresse à cocher.
Je te laisse découvrir la marque ici.
Snowpeak
Je ne peux pas te présenter toutes les marques japonaises faisant des ersatz de kimono, j’y passerais la semaine. En revanche, je ne pouvais pas omettre Snowpeak dont j’ai visité le flagship store de Harajuku à Tokyo.
Il appartient à ces labels dédiés à l’amour de l’outdoor. Comme à chaque fois avec les japonais, tout est poussé à l’extrême, autant technique qu’esthétique. Leur magasin est incroyable mais ce n’est pas le sujet.
La marque propose des noragi et elles sont réussies :
Franchement, on a là une très jolie pièce indigo avec les bons volumes. Il y a eu plusieurs versions et itérations au fil des ans.
À creuser.
Pour finir, je ne pouvais pas partir sans te parler de cette pièce complètement dingue. Une sorte de haori technique que l’on imagine pensé pour buller au coin du feu après une longue journée de marche :
Akashi-Kama
Ce label est là pour rappeler que made in USA ne rime pas toujours avec super produit. Ils font des noragi qui posées à plat donnent l’impression d’une version chemise plutôt sympa. En la voyant de plus près et portée, le soufflé retombe.
Et puis ce détail de mauvais goût sur les cordons… RIP la subtilité de l’esthétique japonais.
Je n’ai pas essayé, si tu veux prendre le risque, le e-shop.
Naked & Famous
Eux, je ne te les présente pas. C’est peut être la marque de denim la plus connue hors marques historiques et APC.
Ils font depuis plusieurs années un modèle kimono shirt qui est franchement sympa. Si tu cherche une surchemise noragi légère, tu es au bon endroit.
Ils utilisent toujours des tissus « Japan touch » donc c’est un peu premier degré en général mais la coupe est moderne et elle est vraiment dessinée comme une chemise.
C’est un très bon choix si tu as un petit style basique ou casual chic. Tu mettras une touche d’exotisme à ta tenue sans tomber dans le piège cosplay.
En plus c’est fait au Canada (j’aime soutenir les marques qui produisent dans leur pays).
Shuren Projects
C’est un label dont je te parle depuis 4 ou 5 ans déjà. Cette marque malaisienne a débuté son aventure en sortant des noragi dans des cotons assez rustiques et légers. Les coloris sont souvent proches des tons terre et doux.
C’est une super option si tu cherches une pièce simple pour l’été.
Ils m’avaient brodé mes initiales à l’époque. De chouettes mecs derrière, je suis ravi de voir la marque évoluer. N’hésite pas à leur écrire pour négocier l’envoi en « gift » et éviter la douane.
Leur e-shop ici.
Albam
C’est une marque que j’aime beaucoup et que je conseille souvent en MP quand on discute de labels pointus qui ne coûtent pas une blinde et facile à trouver en Europe.
Albam, il faut garder un œil, c’est vraiment chouette !
Ils ont sorti une noragi jacket dont la version de cette saison est en coton ripstop.
Quand je disais que la noragi pouvait être vue comme un cardigan… nous voilà face à un vilain hybride. C’est ce que j’appelle une pièce ratée.
Sans diffamer, je pense que l’on a du dire au DA de la marque « bon y a une tendance, ça serait bien de proposer notre version ». Mais une pièce comme cela, ça ne se revisite pas sans la comprendre et l’aimer.
Donc un no way pour moi.
Garde à l’esprit que tu ne vivras l’expérience noragi qu’en lisant la nomenclature de ta commande.
FDMTL
Encore un autre label japonais qui a explosé ces dernières années en surfant lui, sur le patchwork boro. De belles collab’ avec Vans l’ont rapidement fait connaître chez nous.
La noragi a eu le droit de passer sous le crayon du DA de la marque.
Pas leur pièce la plus renversante !
Luxire
Je suis tombé dessus un peu au hasard au cours de ma curation. Je me suis d’abord demandé pourquoi ce site de « made to order » que je rattachais au style sartorial m’était proposé.
Puis j’ai cliqué :
J’ai fermé la page avant de perdre la vue.
A kind of Guise
Marque allemande qui fait beaucoup de bruit depuis 4 ou 5 ans, j’adore ce qu’ils font. Une vraie direction artistique et une confection allemande (en majorité, je n’ai pas vérifié chaque pièce), du tout bon en somme.
Ils y sont donc également allé de leur interprétation, le Kahoku cardigan porte d’ailleurs très bien son nom. En laine ou velours, c’est un hybride qui n’a de noragi que le col kimono.
La pièce est vraiment équilibrée et conçue avec goût, les gars sont bons. Ce cardigan est plutôt une veste de travail à laquelle on aurait sauté le col, et pourtant je kiffe vraiment !
Overlord Brand
Je ne conseille plus cette marque et encore moins les ces pièces là
Guerrilla Group
Guerilla Group est un label qui a eu son petit moment de gloire « de niche » il y a quelques années. Voguant entre techwear, streetwear et ninja militaria, cela donne lieu à des pièces bien singulières.
On leur doit plusieurs pièces modèles inspiration kimono / noragi.
Quand je te dis qu’il y en a pour tous les styles !
Fullcount
Label japonais de reproduction de denim vintage, Fullcount a sorti une version en denim qui pourrait rappeler un hoari :
Il existe des versions à motif ou sans, c’est franchement un compromis sympa. Les manches 2/3 sont chouettes. La coupe est un peu trop « grossière » pour moi après.
Le prix est attractif en tout cas, visible sur OkayamaDenim.
Four Horsemen
Si tu te souviens, ma première veste noragi vient de chez eux. Elle était réalisée avec ce qu’ils appelaient un sashiko brésilien et produite en petite quantité au Canada.
Four Horsemen est un shop canadien plutôt cool qui développe en édition extrêmement limitée une collection de vêtements à la qualité vraiment chouette. C’est simple, après Visvim, si je devais faire un classement de mes préférées, je prendrais leur noragi.
Matières toujours bien choisies et surprenantes, coupe équilibrée et finitions précises.
À chiner en seconde main, on peut retrouver leurs archives ici.
Universal Works
Encore un marque milieu de gamme qui propose un stylisme autrement plus créatif que ce que l’on retrouve en France. Workwear / militaria / un poil de sartorial à la cool, Universal Works mélange les sources d’inspiration avec goût. Typiquement une marque où tu peux faire du street heritage sans te ruiner.
Ils y sont allés de leurs pièces japonisantes, notamment la Kyoto work jacket :
Je ne suis clairement pas client, trop hybride pour moi. Je la trouve cependant réussie en elle-même. Simplement, là encore, je ne retrouve pas ce que j’aime dans la noragi (les pans droits par exemple). Une pièce entre deux eaux qui peut séduire.
Disponible chez Flâneurs .
Soulive Bluxe
Une label japonais que j’ai poussé en l’aimant comme le détestant. Il a flirté avec la copie Visvim comme le ferait un Zara avec le luxe européen.
La qualité en plus.
Aujourd’hui disparu (enfin ça a changé de nom mais ne semble plus actif).
Reste de super produits à chiner en seconde main.
Greg Lauren
Là on est dans la catégorie créateur de mode avec Greg Lauren, les prix s’envolent mais je trouve qu’il a une touche assez folle.
J’ai conscience que je n’aurais jamais une pièce entre les mains donc je touche avec les yeux :
Levi’s
La marque américaine du jean à l’étiquette rouge que l’on ne présente plus a elle aussi sorti des sortes de kimono. Ils sont même tombés en fin de soldes à même pas 70€, j’avais partagé le plan. Il s’agissait de la version femme que je trouvais beaucoup mieux sentie que le modèle homme :
Franchement, la pièce n’est pas parfaite niveau design et le denim est forcément loin des standards japonais mais elle a un super flow.
Tu peux donc fouiner en seconde main ou voir ce qu’il se fait cette saison (je n’ai pas vérifié je t’avoue).
Sasquatchfabrix
Une de mes marques japonaises favorites et pourtant je t’en parle peu. Il est difficile de trouver les pièces vraiment chouettes de leurs collections mais attention les yeux. J’en avais parlé pour leur collaboration vraiment réussie avec Supreme. Il y avait d’ailleurs une sorte de hanten dont la présentation lookbook était purement skate :
Tu les verras mieux ici. Si tu peux le trouver en seconde main, fonce. C’est super bien pensé en outwear de mi-saison dans une vibe un peu street.
Au-delà de cette collab’, ils font de temps en temps des hybrides de noragi hyper créatifs. Et là, point de maladresse à l’européenne ou design un peu « mou ».
Ça te secoue !
Je te laisse creuser mais je ne peux te ne pas citer un des mes do want de longue date :
C’est peut être la pièce qui me manque. Tu te souviens quand Solora te parlait de techniques pour réutiliser les chutes de tissus. On entend souvent le boro mais moins le sakiori.
Et bien en voici un exemple.
Aesthetic Homage – Attention fake
Ça me tue de devoir les citer mais je sais que c’est en première page Google quand on saisit les mots « noragi jacket ».
Pas besoin de test ou avis sur Aesthetic Homage, c’est un site qui regroupe un tas de contrefaçons chinoises.
Pour l’anecdote, j’ai été approché par l’un des fondateurs, des américains qui ont compris le filon et on fait en sorte de référencer leur site sur ce mot clé peut demandé à l’époque. On y trouve 90% de copie conforme de Visvim, en cheap.
Au-delà de ne pas cautionner le vol de création, la contrefaçon comme aesthetichomage est un cancer pour la planète car des produits fabriqués dans des conditions déplorables.
Do not buy Aesthetic Homage – only cheap chinese fake products.
Visvim – s’il ne devait en rester qu’un !
On termine par le Graal quand on parle de noragi avec le label dirigé par Hiroki Nakamura. J’en ai déjà dit beaucoup dans ce dossier et je ne vais pas développer. Je pense que ce label et son incroyable travail sur la noragi mérite un article dédié.
Il arrivera plus tard et je prendrai le temps de détailler les lhamo shirt, noragi shirt, Sanjuro kimono / down / coat et autre dotera.
Si tu as les moyens et la morpho (mieux vaut ne pas être une armoire à glace), il n’y aucune raison d’aller voir ailleurs si tu cherches ce type de pièce.
Borali – le tiercé de veste noragi à venir
Tu te doutes bien que je ne pouvais pas faire un article sur comment choisir et porter une noragi sans te donner news de Borali (la marque que je lance avec mon pote Julien, tu peux retrouver la genèse du projet ici).
Je sais, nous tardons à les sortir.
Depuis les premiers DIY de Julien, il se sera bientôt écoulé 2 années, et pourtant nous n’avons pas chômé.
Sans prétention aucune, être passionné est un état d’esprit sans concession. Il m’est difficilement concevable de sortir un vêtement que je n’aurais pas envie de porter. Ou alors le temps d’un simple shooting et me faire violence pour en vanter les mérites dans un article ou mailing gonflé aux hormones marketing.
J’ai vu passer des milliers de pièces de créateurs en 15 ans dans le vêtement. Sans me mettre au niveau de leur génie, je tiens à ce que Borali reflète le respect que j’ai pour cette approche du vêtement. Julien est en phase avec cela.
Alors on a voulu que cette première noragi fasse écho à notre admiration pour le Japon et son savoir-faire. Aller plus loin que prendre un denim selvedge au salon Première et Vision et demander à un atelier portugais ou romain de nous adapter un patron et hop on lance la prod’.
Les Hiroki, Daiki, Rick, Juun ou Martin n’ont jamais travaillé comme ça. Dans une société où l’ubérisation est roi, nous avons travaillé à l’ancienne.
Je vous en dirai bientôt plus mais voici à quoi va ressembler le planning Borali :
- Borali x Bonne Gueule : je suis parti avec les potes de BG au Japon pour aller chercher quelque chose de spécial. RVD fin mai
- Borali full Japan : tu aimes la noragi et l’Ametora ? L’artisanat japonais avec un grand A. RDV fin juin
- Borali 100% France : parce que nous venons tous les deux de régions dévastées par la mondialisation, nous tenons à participer à notre échelle à la sauvegarde de l’industrie textile française. RDV Octobre
Wait & see!
Je n’ai plus d’encre dans mon stylo, il va être temps de conclure ce tome 2 et refermer ce dossier noragi. J’espère que tu auras pris plaisir à le lire et appris quelques trucs sur un vêtement finalement complexe à comprendre mais simple à porter.
J’ai du couper des parties au montage, pour t’épargner l’indigestion (il parait que même quand c’est bon, il faut rester mesuré). Mais je les garde au chaud pour plus tard : une présentation de ma collection personnelle et un focus plus poussé sur le travail d’Hiroki sur la tradition japonaise.
Ces deux articles sont des pavés posés où la partie commentaire est là pour discuter. Si tu as la moindre question ou précision, n’hésite pas à m’écrire.
Allé file t’offrir une jolie noragi et porte-là avec style 🙂
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