Il m’aura fallu du temps pour sortir cet article et pour cause, il est probablement le plus important. Dans la nébuleuse des guides de style masculin et de conseils pour homme, Borasification a toujours détonné. En effet, le style street heritage est un état d’esprit qui est difficile à résumer et cadrer par des mots. Pourtant, il repose sur quelques piliers et la philosophie du size-up en est un. Mettre le style et le confort au même niveau en s’habillant plus large avec des vêtements trop grands ?
C’est possible !
Philosophie du size-up : choisir ses vêtements quelques tailles de plus
Ne pas confondre upsizing et coupes oversized / larges
Sans parler de définition, il peut-être bien de ne pas se mélanger les pinceaux dans les termes.
En effet, le size-up est indépendant de toute notion de coupe, il n’a pas d’étiquette.
Et c’est pour ça qu’il est difficile à transmettre : il ne s’apprend pas en lisant quelques lignes sur une fiche de style puis en allant acheter en magasin ce qui est conseillé.
Le terme « philosophie » a pu paraitre « pompeux » mais l’idée est là : ce n’est pas une réflexion cartésienne. Non, c’est une dose de feeling que tu injectes à ton style et tes tenues.
Alors oui, quand tu commences à t’habiller size-up, tes vêtements seront mécaniquement plus larges.
Cependant il y a une nuance à bien saisir : c’est différent de porter des coupes larges ou oversized.
Et elle est plutôt simple au final.
L’upsizing, c’est s’émanciper de la notion de coupe et de taille pour porter le vêtement comme tu en as envie. Sauf exception (on le verra plus tard), il n’y pas de limite de… coupe justement. C’est toi qui va porter le vêtement comme tu en as envie.
Là où une fringue coupée oversize est pensée pour être portée ample.
Dès lors, appréhender chaque vêtement que tu croises avec cette philosophie, c’est te fermer très peu de portes. En effet, prendre une ou plusieurs tailles de plus, c’est oublier la notion de trop petit / trop grand.
C’est un feeling que tu vas développer avec le temps, en essayant et en testant. Tu vas entraîner ton œil petit à petit et cet article est là en soutien.
Les origines de la philosophie : la street culture étendue des 90s
Héritage de sous-cultures musicales et sportives comme le Hip Hop, le basket ou encore le skate ou le BMX, le size-up repose sur une « doctrine » très simple.
Le confort au service du style.
Et le vêtement trop près du corps devient dès lors rarement le bienvenu, si ce n’est prohibé.
Enfant des années 90, j’ai baigné dans ces cultures où porter ses vêtements trop grands était « normal », dans le sens où c’était inconscient.
Avec le recul, c’est un mélange d’esthétique et de débrouille.
En effet, cultures jeunes et/ou de milieux populaires, c’était composer avec des vêtements trouvés en friperie et en surplus. La taille devient accessoire, il faut déjà trouver un truc cool visuellement et se sentir bien dedans.
Et puis, s’habiller large donne de l’attitude. Dans la rue comme sur une piste de danse ou sur son skate. Un vêtement qui bouge va accompagner le mouvement avec beaucoup de flow.
Alors voilà, style street heritage et size-up sont les descendants de cette époque où l’on parlait de mode XXL.
Toutefois, ce n’est pas décorrélé de notre époque.
On garde simplement les notions de confort, de style et du « fuck the sizing ».
On peut aussi faire le lien avec la philosophie japonaise du vêtement et la notion Ma. En effet, ce terme désigne l’espace entre le vêtement et le corps. C’est une approche qu’on ne résume pas en quelques mots. Toutefois, il suffit de jeter un œil aux vêtements traditionnels ou au travail d’un Yohji Yamato pour en saisir l’idée général.
Ne pas être contraint.
Pourquoi l’upsize: apporter du confort et de la décontraction à son style
Par expérience, je sais que pour beaucoup, size-up, c’est déjà sortir d’une spirale où l’on a tendance à se vêtir un peu petit.
Héritage de la période Hedi Slimane chez Dior Homme à l’aube des années 2000, le slim et le skinny ont petit à petit contaminé les marques parisiennes. Dans la foulée, les blogs de mode masculines sortaient de terre et allaient progressivement véhiculer cette vérité absolue qu’être bien habillé, c’est porter des jeans bien slim et des chemises cintrées.
Aujourd’hui, beaucoup de nos lecteurs en reviennent et regrettent de ne pas être plutôt tombés ici.
Pas de regret, le tir se corrige.
Il n’y a qu’un objectif à porter choisir des vêtements size-up: se sentir bien dedans.
Le confort est la base de tout.
Tu peux avoir les plus belles fringues du monde, si tu sens à l’étroit, contraint, ça se verra.
Et ton style en pâtira.
Alors que ne plus se prendre la tête sur la « bonne » taille et être à l’aise dans ses fringues, c’est le point de départ pour avoir une bonne dégaine.
En plus des vêtements qui vivent sur le corps, c’est plus joli en mouvement. Et tu l’as surement remarqué, on est rarement immobile dans la vie !
Clé du size-up : une silhouette dynamique
S’habiller loose-fit ne veut pas dire que l’on doit ressembler à un sac à patates.
Même si j’adore en manger, l’esthétique est au centre de la philosophie du size-up.
Et oui, sinon l’article aurait été court : prends les vêtements le plus amples possibles et basta.
Alors qu’il y a un point primordial à ne pas négliger : la silhouette.
En effet, elle doit garder du dynamisme et de la structure.
Comment ?
En veillant à ce que la nonchalance que dégage ce style soit maitrisée.
Avant de tout détailler dans la seconde partie, ce triptyque est à garder en tête :
- Équilibrer les volumes: une silhouette se pense dans son ensemble avec une cohérence haut / bas.
- Étager les couches: le layering est ton ami, jouer avec les longueurs de tes hauts pour structurer ta tenue.
- Raccourcir son jean / pantalon: porter un pantalon trop grand impose de le porter court, au risque d’avoir un rendu « trop grand tout court.
On va maintenant voir comment mettre tout ça en application.
Mes conseils pour bien choisir ses vêtements plus larges
Le size-up est un feeling où il n’y a pas de place pour les sciences exactes et les esprits rigides. Il faut s’exercer et laisser le vêtement venir à soi. Puis quand tout commence à s’imbriquer logiquement, on commence à kiffer. C’est le cas de centaines de lecteurs déjà et ce guide est là pour te donner des pistes afin que tu te fasses ton propre cheminement.
Les pièges quand on débute
Avant même le regard de ton entourage néophyte, ton pire ennemi dans cette quête du vêtement plus large, ce sera toi !
Et ce que te renvoie ton miroir.
En effet, il va falloir que tu luttes contres tes habitudes et tes ressentis car il te mentiront la plupart du temps.
Sortir de sa zone de confort, c’est bousculer beaucoup de choses.
Et ça, quand on débute, c’est un terrain miné.
Il y a 3 pièges majeurs où il te faudra être vigilant :
- L’impression de flotter : ce ressenti est inévitable, tu va avoir la sensation de nager dans tes fringues. Ne t’inquiète pas, c’est normal, et d’autant plus vrai si tu te portais du bien slim avant. Dis-toi que même-moi, alors que ça fait 20 ans que je joue à la poupée sur moi-même, dès que je change de coupe, je ressens ce changement. Tu dois te laisser le temps de digérer tout ça. Le mieux reste de passer plusieurs jours dans tes fringues size-up, tu t’y habitueras vite.
- Le reflet dans le miroir : lui aussi est bien traître et tu sais pourquoi ? Parce qu’il te renvoie forcément une image galvaudée de toi. Et pour cause, on se tient tous bras ballants, les épaules basses devant un miroir. Tu sais, l’air un peu penaud, comme un petit garçon. Essaie de bouger, voir de te filmer en mouvement. Des poses naturelles le plus possible en tout cas. Et si tu n’es pas en cabine mais chez toi, teste dans ta vie en intérieur : assis en lisant, bricole, douche toi (non je plaisante) …
- La tenue bancale à l’essayage : tu seras surement en transition de style et tester un vêtement size-up peut souvent jurer avec le reste. Surtout si tu sors d’une période bien slim. Exemple tout bête avec un jean size-up et un tee bien trop slim => silhouette déséquilibrée => rendu pas fou => tu crois que ça ne va pas. Il faut que tu essaie d’avoir un haut et bas cohérent. Un tee même vilain mais plus long, te permettra de te faire un meilleur avis.
Enfin, si tu te sens démuni, nous sommes là pour t’aider.
Tu peux m’écrire sur Instagram ou par mail, avec des photos.
Plus rapide, tu peux directement faire appel à la communauté Borasification et aller demander des avis sur le forum ici (il faut être inscrit pour accéder à la page).
Dans tous les cas, un œil extérieur (aguerri) est très souvent le meilleur moyen de progresser.
Attention : nos proches ne sont pas toujours les meilleurs points de repère lorsque l’on opère des changements de style. Pondère leur avis en connaissance de cause.
Les coupes / vêtements à éviter pour s’habiller plus large et confortable
Alors même si la philosophie du size-up offre une liberté quais totale, il y a tout de même des limites.
D’ailleurs, elles ne seront pas forcément les mêmes pour chacun de nous.
Là encore aucun scoop, nous n’avons pas tous les mêmes morphologies. Et si je prône de ne surtout pas s’imposer d’interdit, bien gérer sa silhouette nécessite de bien se connaître.
Un jean dans lequel tu ne peux pas bouger du tout à ta taille, même size-up d’un ou deux, il n’y aura pas de miracle. La coupe est probablement trop étroite pour tes cuisses.
Il amène du confort mais ne peut faire oublier une forme non adaptée.
Il faut que tu t’écoutes, et te reposes sur ton expérience, peu à peu.
Enfin, sauf gabarit vraiment fin, il y a des vêtements que l’on ne peut pas sauver. Le size-up ne fait pas de miracle non plus.
Donc exit les coupes skinny en pantalon ou encore les chemises trop cintrées.
Dans le premier cas, tu étoufferas toujours dedans et dans le second, l’arrondi du cintrage est un truc que je trouve affreux, même si tout le reste flotte.
Tu te feras ta propre expérience mais prends garde à ces deux points, tu économiseras quelques euros !
L’équilibre de la silhouette et vêtements plus amples
Bien équilibrer sa silhouette, c’est comprendre comment associer ses vêtements et pour ça, il faut savoir comment bien les choisir. Parce qu’une fois les bonnes pièces en main, adaptées à toi et ce que tu comptes en faire, c’est juste du kiff.
Comment choisir et porter un jean ou pantalon plus large
On commence avec le bas car à mes yeux, une bonne silhouette se construit à partir d’un pantalon ou jean bien choisi.
Sans, tu peux faire ce que tu veux, ça sera toujours bancal.
Prendre son jean plus grand, c’est vouloir du confort avant tout. Surtout dans une époque où le slim, souvent petit, prédomine.
Et c’est plutôt simple, voici comment choisir son jean size-up :
- La taille : une fois fermé, il faut que tu puisses glisser ta main dans ton jean (pas en société hein) sans qu’elle finisse bleue par manque d’afflux de sang. En gros, avoir de l’espace à la taille afin de te sentir bien assis, en flexion, debout… bref en toute circonstance.
- L’espace aux cuisses : libère-les, elles n’ont pas à être moulées. Il existe les leggings de sport pour ça. N’hésite pas à choisir bien ample à ce niveau.
- La longueur : raccourcis à tout prix ! idéalement plus ou moins sous la malléole, avec un revers ou non (selon le pantalon ou tes goûts)
Ces trois points valent quelque soit la coupe du jean : slim / tapered / straight.
Et les petites astuces pour que ça se passe bien « mécaniquement » et pour ton ressenti :
- La ceinture : c’est la base, j’en porte depuis 20 ans et je t’assure d’une chose: c’est confortable. Même si tu n’en portes jamais, après une ou 2 journées, tu l’auras oubliée. Elle permet d’avoir un jean relax à la taille, en le maintenant naturellement. Sur les pantalons militaires, les side adjuster font le même job.
- Le porter sur les hanches : c’est la silhouette que je défends moi et que tu retrouveras sur 95% des tenues de ce site. Je porte mon jean bas et la ceinture le maintien. Il tombe naturellement, le confort ultime qui demande de s’y habituer au début, surtout si tu as l’habitude d’être serré « au paquet ».
- Les plis à la taille : s’il y a en a trop, 3 explications:
- tu le portes un peu trop haut
- tu as trop size-up (moi ça ne me dérange pas)
- la coupe ne te va pas, si tu dois trop flotter à la taille pour être à l’aise aux cuisses
- Le jean baille : que ça soit aux fesses ou sur la jambe, on s’en fiche, la dégaine et de l’attitude priment. On l’a vu, la vie n’est pas statique. Et ce qui peut gêner le temps d’une photo est invisible en mouvement. D’ailleurs, ne jamais oublier que même sur les coupes slim portées ajustées, il n’y a jamais zéro pli. J’ai travaillé sur des shooting pro où les marques mettaient des épingles pour rendre la jambe parfaite…
Tous ces éléments sont des conseils pour te guider dans tes choix, écoute-toi également.
Le pantalon / jean reste le plus difficile à appréhender quand on veut aller vers plus de volume. Pense à te trouver un tee assez long avant tes essayages et tout viendra naturellement.
Mes conseils pour porter des chemises, surchemises, sweats et autres manteaux plus larges
Passons aux hauts et tout ce qui est pièce à manches.
Appliquer l’art du size-up ici, c’est aller chercher plusieurs points :
- Gagner de la longueur en s’habillant plus large en bas, il faut équilibrer le haut
- Du volume en largeur: pour l’équilibre toujours, et le confort
- Le layering: upsize une ou deux pièces en haut te permet de faire des jeux de volume et longueur entre les vêtements que tu portes en haut.
- La respirabilité: quand les températures montent, on est mieux avec une chemise qui ne nous moule pas non ?
Plus tu portes des volumes larges en bas, plus tu es libre en haut.
Il te suffit de prendre une ou deux tailles en plus, et ça équilibre ta silhouette.
Avec les pièces à manches courtes, c’est du pain béni puisqu’il n’y pas de tombé sur le poignet (ça vaut pour les shorts d’ailleurs) donc là tu peux te lâcher.
Pour rappel, seules les pièces cintrées en haut et / ou à l’emmanchure et le bras serrés ne seront pas idéales pour jouer avec le tableau de tailles.
Sinon, tu peux quasi faire ce que tu veux.
En plus, tu as le principe de layering donc les pièces de type surchemise ou veste légère peuvent être prises une taille au-dessus sans soucis.
Par exemple un gilet ou un sweat.
Et portées seules, tu retrousses les manches ou simplement les laisser vivre, sans rester collé aux règles de bienséance sur le port d’une chemise / veste :
- Couture à l’arrête de l’épaule : la règle à faire voler en éclat quand on size-up. Regarde mes surchemises par exemple, la couture tombe et je m’en fous, ça tue !
- L’emmanchure épousant l’aisselle : ça va avec l’épaule, oublie ça, laisse toi respirer dans tes haut.
- Poignet avant la phalange du pouce : moi j’aime avoir les manches pas trop longues donc c’est peut être celle que je respecte le plus et qui peut me faire dire « ah là, j’ai trop size-up ». Pour autant, n’étant pas grand, j’ai rarement les manches nickel alors tant pis : style et confort ne sont pas négativement impactés. Et roulotter ces chemises voire ses vestes, c’est aussi apporter de l’attitude à ton style.
Et c’est en collant à ces « standards » que l’on reste cloisonné dans des tenues lambda et inconfortables.
Une dernière chose : une silhouette s’apprécie en 3D.
Et c’est d’autant plus vrai lorsque l’on parle des hauts choisis amples. Le vêtement n’a pas besoin d’être collé au corps dans le dos, au contraire. Il n’y a rien de plus joli qu’une silhouette où les volumes s’expriment aussi de profil.
C’est visuel et un réel booster pour ta dégaine.
Enfin, en ce qui concerne les choix de manteaux ou parkas, les conseils seront proches.
Déjà bien penser layering donc garde de la place aux épaules et au buste afin de ne pas finir engoncé. Le upsize apportera plus de confort.
Et pour finir sur les pièces à manches longues, un truc bloque beaucoup de monde, surtout les moins grands : le tombé sur le poignet.
Je n’y ai jamais eu recours, par flemme, mais tu peux quasiment faire retoucher en longueur de manche n’importe quelle chemise ou veste.
Perso, je n’en ai pas l’utilité, bien que je porte parfois du L ou XL en ne mesurant que 177cm.
Là encore, c’est ton ressenti et la dégaine que tu souhaites obtenir qui seront les meilleurs arbitres.
Tant que tu prends plaisir à penser tes tenues et les porter.
Size-up et street heritage : la nonchalance maitrisée
En conclusion, on pourrait résumer la philosophie size-up comme la nonchalance maitrisée. C’est ériger l’apparente approximation comme un art plus subtil qu’il n’y parait.
Tu l’as vu, il ne suffit pas de prendre les fringues de la taille du dessus et de les empiler.
Non ça demande de jouer avec ses vêtements, d’apprendre, tester et de construire son propre style petit à petit.
Détail tout bête, au-delà du confort qu’apportent des vêtements portés plus amples, il y a aussi une réponse à une quête. Beaucoup sont à la recherche d’un style plus personnel, peut-être que toi aussi.
Et bien le chemin commence par s’émanciper de toutes règles et contraintes sur la taille. La créativité ne nait pas dans les standards, encore moins en enfilant les uniformes du bon petit vestiaire de l’homme urbain et élégant.
Non pas que ce soit mal, beaucoup s’y retrouvent, peu passionnés ou intéressés par le style et la « mode » mais si tu me lis, c’est que tu as envie d’aller un peu plus loin.
De pousser les curseurs.
Alors « size-up moi tout ça » et plonge dans ce grand jeu qu’est le développement de son style.
+++
N.B: je reste disponible dans les commentaires sous l’article pour répondre aux éventuelles questions. Ainsi, chaque lecteur pourra profiter des retours et remarques.
Pour appronfodir le sujet tu peux lire cet article sur choisir la taille d’un vêtement selon le style souhaité ou encore un focus sur l’up-size des chemises en chambray. Et une série de conseil pour bien gérer le layering.