L’achat de vêtements en seconde main s’est démocratisé à vitesse grand V ces dernières années, bien aidé par l’explosion d’un Vinted qui a su profiter à merveille des différents confinements. Impossible de passer outre, même les marques l’intègrent petit à petit dans leur business model au nom de la circularité. Pourtant, ce n’est pas si simple de se mettre à acheter des fringues déjà portés par d’autres. Dans cet article, on va parler de l’état d’esprit à adopter pour devenir une machine à bonnes affaires. Et surtout, continuer à se faire plaisir avec ses fringues, avoir du style, sans se prendre la tête.
Voyons ensemble les 5 piliers de la philosophie du bon chineur pour devenir un pro du shopping sur Vinted, eBay et toutes les friperies de Navarre.
Acheter des vêtements en seconde main, facile? Pas pour tout le monde
Plus que jamais, nous faisons face aux conséquences désastreuses de décennies d’ultra-consommation exacerbée. Et aujourd’hui fast fashion et achat compulsif sont vus comme des parias (bien qu’un H&M fasse toujours autant d’argent). Et c’est comme ça que l’achat en seconde main est devenu peu à peu un truc tendance. Depuis tout gamin, j’achète quasi tout d’occasion (comme on disait à l’époque): jouets, consoles de jeux, fringues, meubles… Merci à mes parents amateurs de brocantes et autres vide-greniers.
Pourtant gamin j’étais raillé par mes copains, j’avais rarement le dernier truc à la mode et je me souviens encore des punchlines incisives du genre « ça va les occasions du lion ».
Et bien aujourd’hui, tu vois, je ne remercierai jamais assez mes parents de m’avoir appris tout ça.
Acheter en seconde main, et l’évolution de nos sociétés le montre, ce n’est pas un achat « de seconde zone ». Il n’y a d’au rabais que le prix et tout le reste devient vite stimulant et excitant.
Et c’est ça le point de départ de la philosophie du bon chineur.
Bref, ce n’est pas parce que c’est à la mode, que l’on devient du jour au lendemain un tueur sur Vinted et en friperie.
Alors bien sûr, il n’y a pas d’écrit scientifique sur le sujet, personne n’est porteur de la sainte parole du dieu de la seconde main. En revanche, ton serviteur d’un jour chine et déniche des fringues depuis bientôt 30 ans (ouais les GI Joe à la bourse aux jouets!) donc autant partager un peu de cette expérience.
C’est déjà le cas depuis les premiers articles de ce site (le premier article publié en 2014 est 100% seconde main). En effet, elle est au cœur de tous les analyses de look. Rares sont les fois où il n’y a pas au moins une pièce chinée.
Mais on va aller plus loin à partir d’aujourd’hui.
Et ça commence avec l’approche à avoir, la manière de penser et d’aborder la seconde main.
5 conseils pour devenir un « serial shopper » sur Vinted et en friperie
Pour écrire cet article, j’ai beaucoup discuté avec nos lecteurs et abonnés, ainsi que mes amis. En effet, avoir le nez dedans depuis toujours n’aide pas à comprendre ce qui peut rebuter. Comprendre les différences de nos approches respectives m’a permis de « schématiser » ma logique quand je me lance dans une recherche. On peut la résumer en 5 grands piliers, des conseils pour accompagner tes premiers achats de vêtements en seconde main.
1 / Être patient: bien chiner prend du temps
La patience et l’abnégation sont des qualités universelles il est vrai, toutefois, elles sont d’autant plus importantes lorsque l’on parle de chiner.
Et ce, à 3 niveaux.
D’une part, il va falloir apprendre à maîtriser chaque plateforme de seconde main. Vinted, eBay et autre LeBonCoin ont chacune leurs subtilités. Idem pour les aventures en friperie, ressourcerie & co. Ça s’apprend et on va t’aider la-dessus dans la rubrique seconde main.
D’autre part, et c’est la plus importante, les trouvailles ne tomberont jamais du ciel. Même si tu es « un expert ». En effet, je te dis que je fais ça depuis mon tout jeune âge mais ce sont aussi des heures et des heures par semaine à fouiner dans les bacs de fringues, retourner les petites annonces ou encore scruter des pages Facebook de revente.
Enfin, avoir une culture du vêtement est un plus quand on chine en ligne. Connaître les marques anciennes, celles qui se trouvent plus facilement, les modèles… Bref, tout un tas de petites choses qui te donneront un avantage certain dans tes recherches. Et ça, pas de miracle, ce sont encore des heures à lire, regarder et manger du contenu mode.
Oui, acheter des vêtements d’occasion sympas va te demander un investissement en temps conséquent. Beaucoup d’entre-nous y consacrons plusieurs heures par jour.
Mais ce sont les plus passionnés / acharnés. Si tu accordes une petite heure de temps en temps à Vinted, ce sera déjà très bien.
Après faute de temps à investir, tu auras toujours les select stores, des friperies plus « haut de gamme » qui font le travail pour toi.
Le prix s’en ressent mais c’est toujours mieux qu’une fringue neuve pas dingue ou de fast fashion.
2 / Laisser place à la surprise: aller au-delà de la tendance
Alors ce deuxième point, j’y tient tout particulièrement car il est à l’origine de ma passion pour la seconde main, et surtout de mon style.
En fait, mes plus belles prises en seconde main, sont toujours venues de choses que je ne cherchais pas et c’est là que la magie opère.
Début 2000, je me revois taper dans le barre de recherche eBay des marques et scroller pendant des heures les résultats. C’est comme ça que je découvrais des choses et développais aussi ma culture vêtement.
Mes pièces favorites proviennent le plus souvent d’un achat non prévu. Tiens, regarde le jean Hatski que je porte à outrance depuis 3 ans. Personne n’en portait ni n’en parlait en France. Je connaissais vaguement en suivant quelques shops japonais. La coupe ressemblait à celles des jeans que je customisais moi-même (futur jean Borali). Et bien, un jour en me baladant sur Instagram sur un compte où un mec poste souvent des trucs à vendre, je vois ce jean à 75$ dollars, trop grand. Tu connais la suite.
Et c’est la même en friperie, tu peux te balader comme jadis dans un H&M et te laisser aller à un coup de cœur, ça ne te coute rien, ni à la planète, go!
Après bien sûr, tu peux avoir en tête une pièce précise, mais gare à la frustration!
Ne bloque pas sur une marque ou un modèle précis, tout comme une composition moins flatteuse, lâche prise.
Chiner la pièce de ses rêves, c’est un peu comme trouver l’amour, s’acharner ne fera pas taper cupidon à la porte. Et bien c’est pareil avec les fringues. En ne cherchant rien de particulier, c’est souvent là qu’on met la main sur un truc spécial.
(après c’est un célibataire qui te parle, ça vaut que ça vaut!)
Ah et dernier truc, les bonnes affaires, il faut savoir aussi faire abstraction des tendances ou des saisons. Acheter en hiver pour l’été et inversement. En plus, tu t’évites plus facilement un achat compulsif.
3 / Apprendre à aimer et composer avec les imperfections
Avoir du style à mes yeux, c’est rendre harmonieuse une somme d’imperfections. Une des raisons pour lesquelles j’aime autant mélanger les marques, les gammes, les époques et les styles.
L’essence du style street heritage en quelque sorte
Et cet état d’esprit s’applique à la philosophie du bon chineur.
Même si la seconde main ne signifie pas toujours que le vêtement a vécu, plus tu descends dans les prix et remontes dans le temps, plus le vêtement aura été utilisé.
Donc on va retrouver tout ce qui peu « marquer » un vêtement: tâche, trou, déchirure, bouton manquant et que sais-je encore.
Et bien ça n’est pas grave.
Alors bien sûr, je ne te dis pas de porter une chemise blanche avec des auréoles de l’enfer sous les aisselles. En revanche, les petites tâches par-ci par-là, c’est rien. Une déchirure minime? Ça se recoud, un trou ça se patche et des boutons, ça se remplace.
En gros, quand tu paies ton vêtement quelques euros en friperie ou une fraction de son prix sur Vinted, lâche du lest. En plus, tu seras souvent le seul à voir ce petit défaut. Tu sais, bon nombre de mes fringues sont marquées par les années et aucun de vous ne le remarque.
(le repassage en revanche, ça !)
On a beaucoup entendu parler de wabi sabi, une approche japonaise du beau dans les imperfections du temps. Nous voilà en plein dedans (et non la reprise biaisée à des fins marketing pour vendre des fringues toutes neuves comme aiment à le faire certaines marques).
Et aimer l’imperfection, implique aussi la notion de taille.
En seconde main, on fait aussi avec ce que l’on trouve. Dès lors, tant que ça n’est pas trop petit, ça n’est jamais vraiment trop grand. Bon je prêche pour ma paroisse du size-up mais l’idée est là.
Ne te prive pas d’une chemise qui te plait car l’épaule ou la longueur de manche ne tombe pas pile poil. Bien se fringuer ne se joue pas à un cm.
En plus, en appliquant tout ça à tes achats vintage ou seconde main, tu verras que ça débordera aussi sur tes achats neufs et tu vas prendre de plus en plus plaisir à te saper!
NB: ça n’est pas sale la seconde main, un passage en machine et on repart de zéro!
4 / Ne pas courir qu’après les plus petits prix
Bon là, c’est une dérive dans laquelle on tombe tous à un moment: le piège du petit prix.
En effet, je n’ai pas lu de papier sur le sujet mais on sait que le cerveau humain a des failles, où le marketing s’engouffre très souvent d’ailleurs.
Sache qu’en chinant des vêtements de seconde main, tu vas toi-même te piéger!
Oui, plus tu vas développer tes connaissances, plus tu vas être à l’aise avec la recherche en seconde main, plus tu vas trouver de bonnes affaires.
Et c’est là où il va falloir se tempérer. Alors il est plus facile de le dire que le faire quand on la tête dans la guidon. Garde à l’esprit que le danger de trop acheter est là!
Dans la même veine, ne fais pas une fixette sur le prix. Les vêtements de seconde main et vintage ne valent pas forcément quelques miettes de pain. Les fringues vraiment chouettes à quelques euros, ce sont des « steals » mais en aucun la norme ou l’argus.
Le bon réflexe est aussi de regarder si des produits similaires sont en vente et à quel prix (ça vaut ce que ça vaut).
Tiens prenons l’exemple de cette surchemise Façonnable achetée 4€:
C’est une affaire en or oui, cependant, même à 30 ou 40€ en état neuf, si tu as le coup de coeur, c’est un super achat.
À chacun son budget et l’arbitrage qu’il en fait, mais ne passe pas à coté d’une pièce qui te fait saliver pour une histoire d’euros. Surtout si on est déjà sur un faible pourcentage du prix neuf.
Enfin, dernier point sur le prix: la négociation.
Aaaaattention! Et ça vaut surtout sur Vinted, il y a des négociation qui ne méritent pas de passer à coté du vêtement. Fais gaffe à ne pas tomber dans le jeu du charognard, on le regrette parfois.
(ça m’est arrivé haha)
Bref, le meilleur prix est celui que l’on est prêt à mettre. Si ton achat te va et que tu le portes, tu auras oublié son prix au bout d’une journée sur le dos.
5 / L’amour du risque: accepter de se tromper
Cinquième et dernier point, il faut accepter de se rater.
Bon, c’est d’autant plus vrai pour les achats en ligne puisque tu ne peux pas essayer. Après même en friperie, on peut se planter.
Et tu veux que je te dise: ça n’est pas grave.
(« rien n’est grave » dirait Jordan)
Parce que oui, comme dans beaucoup de chose dans la vie, qui ne tente rien n’a rien. Bon, j’y vais en adage vintage, mais c’est cohérent avec notre sujet.
En gros, même les plus aguerris se trompent. Une quinzaine d’années que j’achète tous les mois des fringues d’occasion sur Internet et j’ai encore régulièrement des ratés. Alors oui je prends aussi plus de risques, mais chacun à notre échelle nous le faisons pour aller chercher ce truc inattendu.
Et une partie du plaisir est aussi dans la traque, ce booster d’adrénaline quand tu ouvres ton colis et découvre cette nouvelle pièce.
L’avantage d’une fringue en seconde main, c’est que si tu l’as achetée à un prix correct, tu ne perdras pas d’argent à la revente si ça ne convient pas.
Tout de même mieux que la fringue neuve qui a perdu directement 20 à 50% de sa valeur à l’arrachage de l’étiquette.
Il n’y a plus qu’à chiner maintenant
En conclusion, rappelle-toi que ce sont des pistes pour t’aiguiller et te mettre le pied à l’étriller. En aucun cas, tu ne dois te forcer à acheter de la seconde main. Si tu n’es pas du tout à l’aise avec le principe, laisse simplement la porte ouverte et reviens plus tard. Fréquenter des friperies triées, des sites comme Marrkt ou Vestiaire Collective, qui inspectent les vêtements, est un bon point de départ aussi.
Et puis, tu verras, je ne connais pas grand monde qui ne se soit pas pris au jeu.
Acheter en seconde main une partie de ses vêtements, ça fait du bien à la planète et ça sert ton style.
Gagnant gagnant le deal!