Un lundi sur deux, la rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
Nouvelle semaine, nouvelle Revue avec un cocktail classique et efficace : des marques (plus ou moins inconnues), des news et une bonne adresse pour trouver des fringues japonaises de seconde-main sans même avoir besoin d’utiliser Google traduction.
Aviatic et l’âge d’or du denim français
Et tout est dans le « plus ou moins », car tu as peut-être entendu parler d’Aviatic Jeans si tu es un passionné de jeans vintage ou simplement assez âgé pour avoir connu les expérimentations des années 80 et 90 des français dans le monde du denim. Une marque lancée en 1982 par Michel Faraut à une époque teintée d’influences americana qui voit naitre Chevignon chez nous alors que les japonais s’attachent déjà à reproduire les coupes des Levi’s 501 mythiques de l’après-guerre.
Aviatic Jeans va vendre pendant plus de vingt ans du denim de qualité fabriqué en France et en Italie en utilisant des matières japonaises. Une approche inédite qui fait son succès aux États Unis, au Japon et en Europe. Le départ du fondateur amorce cependant le déclin de la marque qui tombe peu à peu dans l’oubli dans les années 2000, alors que le jean est maintenant pièce de créateur chez Martin Margiela, Dior et tous les autres.
Alors pourquoi revenir sur tout ça en 2023 ? Car la marque connait une vraie renaissance à partir des années 2010 avec l’arrivée d’Alain Knafo aux commandes. Le fondateur de Big Star, du jeans haut de gamme de la fin des années 70, donne en effet une nouvelle impulsion au label sobrement renommé « Aviatic ». Une proposition qui ne trahit pas son histoire singulière avec des pièces d’inspiration heritage fabriquées en France et au Portugal dans des matières de qualité.
Le discret retour d’une marque française milieu de gamme qui mériterait à mon sens plus d’attention de la part des amateurs d’élégance et de décontraction. À découvrir directement sur son e-shop ou chez Elevation Store, son distributeur parisien privilégié (le très sympathique gérant Stan étant le fils d’Alain Knafo).
Passer directement à l’hiver prochain avec Jo Gordon knitwear FW23
Dire que nous sommes de grands amateurs d’écharpe sur Borasification serait mentir. Nous prônons le port de l’intercollar, après tout. Cela n’empêche pas pour autant de garder l’esprit ouvert et de parfois se laisser convaincre par une marque qui fait les choses différemment. Et c’est exactement ce qui s’est passé pour moi quand je suis tombé sur la preview de la collection Jo Gordon knitwear automne / hiver 2023.
Je te prie ainsi d’oublier un instant le concept de mi-saison et te projeter loin dans l’année avec de la maille écossaise qui ne voit dans la sobriété qu’un chemin plus direct vers une certaine forme de maximalisme. Car c’est en choisissant monochromes et volumes comme fondations, avec ici des ensembles semblables à des toiles vierges accueillant aplats de couleurs vives et motifs éclectiques, que Jo Gordon parvient à faire de « l’accessoire » l’élément central de ses compositions.
Une vision qui se concrétise pleinement dans l’absurdité de cette photo où un layering de bonnets semblerait presque naturel. Où les écharpes superposées remodèlent le corps, créent une silhouette artificielle et font finalement oublier les fringues. Et c’est peut-être ce qui me plait le plus dans cette approche. Ce style par contraste et colorblocking très loin d’une vision de l’accessoire qui devrait se fondre et s’accorder parfaitement aux nuances des pièces normalement les plus importantes d’une tenue.
Si le propos « luxe – créatif » de Jo Gordon Knitwear te parle, je te conseille vivement de suivre le compte instagram. J’ai aussi un faible pour le beau site de la marque.
L’excellence du made in China par MotivMFG
La différence, c’est aussi ce que j’apprécie chez MotivMFG. Une très jeune marque chinoise fondée à Pékin en 2016 qui nous donne une raison de plus de nous émanciper des idées préconçues qu’on peut tous avoir sur les vêtements venant d’Asie. Du « mauvais coté » de l’Asie, évidemment, et non pas du Japon ou de la Corée du Sud. En somme, tout ce qui peut donner une couleur oxymorique à l’association des mots « excellence » et « made in China » dans une même phrase.
D’autant plus quand le label en question n’opère pas dans le spectre du style techwear. Car si la Chine est particulièrement renommée dans le domaine du vêtement technique et plus généralement de ce qui nécessite des usines équipées de machines à la pointe de la technologie (comme la maille « 3D » par exemple), on ne peut pas en dire autant pour ce qui relève de la mode heritage. Un courant qui fonde d’abord sa pertinence sur les notions de tradition et de savoir-faire.
MotivMFG se trouve donc dans une position assez particulière, vendant à des prix très élevés des fringues inspirées de la mode européenne des années 20 et 30 qui affichent un made in China un peu « trompeur » sur l’étiquette. Car la qualité est bien là, la marque travaillant artisanalement ses designs en interne de A à Z et faisant appel à des filatures japonaises et fournisseurs historiques britanniques (Fox Brothers, Brisbane Moss…). Un soin apporté à la conception et au sourcing se traduisant dans une approche des styles workwear et military pouvant rappeler des marques comme *A Vontade ou 1STPAT-RN.
Très peu connue (et surtout mal distribuée) en Europe comme aux États-Unis, MotivMFG est tout de même représentée chez Flaneurs en France. Je te laisse également le lien pour le compte Instagram, si tu veux lui donner une chance !
Shinsuke Nakada puise dans les archives de chez Carhartt WIP pour les quinze ans d’INVINCIBLE
Mais c’est qui Shinsuke Nakada, déjà ? Et INVINCIBLE, ce nom inconnu au bataillon ? Je te propose un peu de contexte autour de cette nouvelle collaboration qui sent bon le revival des années 90.
À la tête de Daiwa Pier39, une marque que j’ai déjà pu te présenter rapidement à l’occasion de la sortie de sa collection automne / hiver 2021, le designer Shinsuke Nakada qui a fait ses armes chez Beams Plus est aujourd’hui une figure majeure du techwear japonais. Quant à INVINCIBLE, c’est une boutique taïwanaise de streetwear-luxe et de sneakers qui distribue aussi bien des labels mainstream que très pointus. Un magasin qui fête cette année ses quinze ans d’existence à grands renforts de collaborations prestigieuses, en commençant par The North Face en novembre dernier.
Un court résumé de la situation qui nous amène à une nouvelle collection baptisée « Advanced Exploration » mettant à l’honneur Carhartt WIP, la branche workwear « mode » de la marque emblématique américaine. Une revisite outdoor et street des archives de la ligne lancée en 1994 : chore coat, hoodies et double knee pants dans des volumes très oversize et, osons le dire, à l’esprit « baggy » et streetwear new-yorkais.
Des pièces qui donneront peut-être de l’urticaire à certains ou l’envie de porter du workwear qui n’est définitivement pas recommandé pour le travail manuel à d’autres. Dans tous les cas, je trouve l’initiative personnellement très cool et j’aime ce qui se dégage du shooting photo. Size-up imposé.
(Presque) pas besoin de Mercari avec Gaijin Paris
Ayant été un peu trop bavard aujourd’hui, terminons rapidement la Revue de la semaine avec un petit sujet shopping avec la « découverte » (en tout cas je l’espère, mais ce n’est pas gagné) de la boutique Gaijin Paris. Une adresse ouverte en 2018 à absolument connaitre pour ceux en quête d’une friperie unique avec des fringues rares et triées sur le volet.
Le concept est simple et repose uniquement sur les marques japonaises. De la seconde-main et des designers avant-gardiste. Comme des Garçons, Yohji Yamamoto, Issey Miyake… Parmi quelques noms que tu pourras retrouver dans les rayonnages très régulièrement renouvelés de la boutique du 20 Rue du Pont aux Choux dans le troisième arrondissement. Un choix qui ne se limite évidemment pas à des pièces très cotées, avec par exemple des labels de la même trempe qu’un 45R à des prix plus accessibles.
En résumé : de vraies belles pièces, une sélection cohérente et des tarifs qui ne sont pas absurdes. Et si tu connais déjà un peu la fripe au Japon, pas besoin de préciser que les vêtement sont globalement en très bon état. S’il existe un site internet avec quelques pièces, l’essentiel du stock n’est pas disponible en ligne. Tout l’intérêt reste donc d’aller voir tout ça en vrai, de se faire sa culture et pourquoi pas de s’offrir un coup de cœur.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à lundi prochain !