Un lundi sur deux, la rédaction te propose dans le format Revue de mode un condensé d’inspirations pour bien démarrer la semaine : des marques, des artistes, artisans, actualités ou événements… En bref, des gens et des choses que nous aimons et que nous partageons ici car nous pensons qu’elles méritent d’être découvertes.
La Revue fait son retour en ce premier jour de printemps après une courte pause. Ce qui n’est pas forcément synonyme de shorts et de chemises à manches courtes, je te rassure. Nous terminerons quand même ce lundi en parlant chanvre, car il n’est jamais bon de vivre dans le déni…
Le style soft-tailoring accessible par Bellief
Passons sur mon désamour pour la chaleur en commençant avec une petite marque en provenance de Corée du Sud, Bellief. Un nom qui ressemble de loin à une faute d’orthographe et qui ne te dis certainement rien du tout, malgré un lancement en 2015. Il faut admettre que les marques coréennes ne bénéficient pas de la même visibilité que les japonaises en France.
Et encore moins dans le milieu du soft tailoring. Ce qui justifie la présence de Bellief ici. Car il ne s’agit pas d’un énième label streetwear aux inspirations 90s à la Thisisneverthat. Pas de military et de l’outdoor à la Eastlogue. Ou du modeux oversize à la Merely Made. Inspiré par le tailoring italien, le fondateur Jung-Ki Park a fait ses armes dans un style très classique. Ce que la marque propose encore aujourd’hui, mais dans un esprit contemporain.
Chinos à pinces, polos et t-shirts en maille, pulls à col « v » varsity, chemises OCBD, manteaux longs… Si tout cela n’a rien de très novateur, les coupes relaxed, les couleurs « terre » et les assemblages minimalistes suffisent à marquer la différence. Et parlons du positionnement : à peine trois cent euros pour un balmacaan en laine. Une centaine d’euros pour un pantalon. C’est simple et honnête. Une alternative, forcément moins créative, à une marque comme Document.
Tu peux retrouver quelques pièces Bellief chez All Blues Co au Royaume-Uni, la boutique à connaitre si tu cherches des marques étrangères abordables. Attention tout de même au sizing, plus proche des normes japonaises (épaules étroites, manches courtes) qu’occidentales. Le compte instagram est à suivre juste ici.
Une veste en denim supplément Gore-tex chez nonnative
Voilà une sortie qui devrait ravir les amateurs de veste en denim. Peut-être même convaincre quelqu’uns de ses détracteurs. Et l’occasion pour moi de répéter ce que j’ai déjà pu dire, en toute honnêteté, sur cette pièce particulière dans notre sélection portant sur ce sujet.
Je pense en effet qu’elle n’est pas exempte de défauts, notamment inhérents aux propriétés du denim. Une matière pratique, cool à porter. Mais pas « performante ». Un compromis que les marques japonaises nonnative et MINEDENIM ont justement refusé en travaillant sur une type II pour leur deuxième collaboration. Au programme : toiles noires et indigos d’Okayama de 12 et 13,5 oz, la Mecque du jean au Japon, et une doublure en Gore-tex INFINIUM.
Un choix inhabituel, sauf pour nonnative, qui vise à combler les lacunes d’un outerwear qui ne protège généralement que très peu des intempéries. La bonne nouvelle étant que cette dimension technique est complètement invisible, là ou une orientation techwear criarde aurait pu transformer le propos esthétique originel. D’apparence, c’est « seulement » une veste boxy rétro au délavage très bien dosé. Et c’est d’abord une vraie réussite sur ce point-là.
La type II nonnative x MINEDENIM est uniquement disponible sur les sites officiels japonais des deux marques. Je te conseille d’intéresser au moins à la première si tu aimes le style japanese americana pointu.
And Austin, c’est étonnamment américain
La « tête d’affiche » de la semaine, intentionnellement et subtilement placée au centre de la Revue, est paradoxalement la plus jeune des marques citées aujourd’hui. Et très subjectivement, la plus prometteuse à mes yeux. Fondée en 2020 à Los Angeles par Reuben Perin et Geoffrey Glenister juste avant le COVID, And Austin n’a rien d’un label américain classique.
À condition bien sûr de mettre de coté les inspirations workwear assumées (en particulier la mode des années 40 aux années 60), et la référence au Texas. Le mot « And » instaurant immédiatement une distance entre l’histoire personnelle du duo de designers et la réalité de leurs créations. Deux hommes qui auraient préféré tout simplement ne pas nommer leur marque, et plutôt laisser parler les matières et les coupes.
Une approche qui se concrétise par des lookbooks épurés et des pièces qui ne demandent qu’a être portées avec du Lemaire, du Polyploid, du Markaware. Les silhouettes sont loose, les tissus sont luxueux et solides (coton égyptien, laine japonaise super 200s…), et les designs se veulent intemporels. Des ingrédients finalement assez rares chez les marques occidentales et qui font de And Austin un ovni sur notre marché. Évidemment, les prix pratiqués reflètent le sourcing des matières et la confection made in LA.
Malgré une poignée de collections au compteur, And Austin est une marque qui compte déjà parmi ses stockists de très belles boutiques : C’H’C’M, Calculus, ou encore Norse et Sportivo en Europe. À suivre de près !
Fêter le cinquantième anniversaire de la Puma Clyde x Noah
Je te propose pour cette seconde et traditionnelle parenthèse de parler sneakers, pour changer un peu. Un écart ponctuel à nos saines habitudes en dehors de ce monde consumériste que je peux toutefois justifier facilement : la Puma « Clyde » n’est pas un modèle qui sort de nulle part.
Une paire d’ailleurs mentionnée récemment dans notre dossier sur l’histoire de la sneakers consacré à la « All Star », introduite au début des années 70 pour chasser sur les terrains monopolisés par Converse. Elle est rendue célèbre après son parrainage par Walt « Clyde » Flazier, légende des New York Knicks au hall of fame de la NBA, qui désirait alors porter des chaussures différentes à chaque match. Un caprice et presque quatre cent colorways plus tard, le profil de la Puma « Suede » est entré dans l’histoire.
Et quoi de mieux qu’une collaboration avec Noah, l’un des pionniers du streewear-chic new-yorkais, pour fêter les cinquante ans de cette icône ? Une remise au goût du jour qui privilégie la qualité avec une fabrication made in japan et du cuir suédé également sourcé au Japon. Certes, c’est deux fois le prix de la paire originale. Mais un tel anniversaire n’arrive pas tous les jours.
Bon, j’arrive malheureusement après la guerre et tout est sold out. Il reste la « Clyde OG » sorti également pour l’occasion par Puma pour se consoler.
Porter les dessins d’Alexis Stietler
Comme je tiens toujours mes promesses, concluons cette série de belles découvertes et d’actualités avec des pièces uniques à même de nous donner envie de doucement oublier l’hiver.
J’ai découvert le travail d’Alexis Stietler, une artiste illustratrice américaine de talent, un peu par hasard sur Instagram. Je me souviens d’un simple sweatshirt couleur « terre » ayant vraisemblablement été teint d’une manière naturelle. Et surtout de ces dessins singuliers. Un assemblage aléatoires d’objets, d’animaux, de plantes, de symboles et de motifs tous dessinés à la main.
Je me suis plus tard rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’un seul projet DIY. Et que d’innombrables chore jackets, chemises, t-shirts et pantalons, étaient autant de support à ces inventaires hétéroclites. Un travail que je trouve visuellement très fort, et intéressant au-delà du simple point de vue esthétique. Alexis Stietler donne ici un intérêt nouveau à des pièces banales et des vêtements upcyclés par sa pratique artistique. Une démarche qui rappelle ce peut faire Bisart via la sérigraphie.
Chaque pièce étant unique, l’artiste vend selon une logique de drop et de collaborations avec des marques sélectionnées avec attention. À l’heure où j’écris ces lignes, le prochain est prévu pour le dimanche 2 avril, si tu veux tenter ta chance. Il faudra être rapide et précis, et ceci en dépit de tarifs qui ne feraient même pas rougir un certain Evan Kinori. Pour suivre Alexis Stietler, c’est par ici.
C’EST TOUT POUR AUJOURD’HUI…
Voila qui conclut cette salve d’inspirations de la semaine. Si tu apprécies le format et qu’il t’a donné envie d’en savoir plus, alors je te dis à lundi prochain !