Chaque Top 10 est l’occasion de retrouver une sélection de pièces conseillées par la communauté Borasification (et un peu la rédaction). Cette liste est non exhaustive et constitue une série de coups de cœur qui t’aiguilleront, pour toi aussi trouver les vêtements et chaussures qui te feront vibrer.
C’est tragique, mais il faut se rendre à l’évidence. Le printemps ne dure pas éternellement. Et il est déjà grand temps de penser à l’après. À tout ce qu’il faudra subir (ou aimer, idéalement) sans pouvoir pratiquer le sacro saint layering au quotidien. Une chemise à manches courtes. Ou à manches roulottées, pour les puristes. Un polo. Ou évidemment, un t-shirt. Blanc et uni ? C’est tout de suite beaucoup moins drôle quand il est tout seul, avec pas grand chose pour contraster.
Enfin, ça peut très bien fonctionner quand même. Il suffit de jeter un oeil à notre sélection sortie l’année dernière, proposée par Boras (j’avais lâchement évité la question, tant l’idée me passionnait peu). Dans le cas du t-shirt blanc comme du t-shirt « couleur », le principe reste en tout cas toujours le même : faire sortir cette pièce du registre de la sous-couche. De ses lointaines origines de sous-vêtement.
Une dizaine de marques pour des t-shirts singuliers à porter dès ce printemps
N’envisageant pour l’instant pas l’écriture d’une énième sélection sur le t-shirt dans un futur proche, cet article ne sera pas uniquement consacré aux modèles estivaux. S’il fait froid au moment où tu lis ces lignes, ne t’inquiète donc pas trop en faisant défiler les images. Toutes les marques qui sont évoquées ici proposent naturellement de bonnes options pour l’hiver. Pour la majorité qui découvre cette sélection en plein mois de mai, voici quelques rapides conseils pour bien choisir son t-shirt ce printemps. Mon premier étant : ne pas faire trop simple.
evankinori.com
Un t-shirt uni doit trouver son interêt au-delà de sa couleur. Par sa construction, sa matière, une bête poche poitrine. Si ton style te le permet, pars en quête de teintures travaillées (naturelles, par exemple). De matières chinées. De rayures, de motifs, de texture. Tout ce qui fait qu’un t-shirt peut devenir plus que ce bout de tissu qui dépasse de ton pull. Une épaule tombante. Des manches 3/4. Une coupe boxy… La deuxième chose, surement la plus importante pour beaucoup, est le choix de la matière. Comme d’habitude, le coton est roi. Et pour de bonnes raisons. Pas cher, il prend bien la couleur et est facile d’entretien. Mais quand les températures grimpent, rien ne vaut le lin ou le chanvre.
1. Un t-shirt en coton uni chez Uniqlo U ?
Partons sur de bonnes bases. Qu’est-ce qu’un t-shirt uni de qualité ? Un jersey (tricot) en 100 % coton. Une épaisseur dans la moyenne. Des détails comme une bande de propreté et des coutures régulières. Une bonne tenue dans le temps (pas de col qui vrille ou de rétrécissement scandaleux). Une coupe classique réussie. Un ensemble de paramètres que l’on va considérer comme le « strict minimum ».
Difficile encore aujourd’hui de ne pas citer Uniqlo U comme meilleure option dans cette catégorie. Une recommandation prévisible, néanmoins à nuancer. La qualité est en baisse (contrairement aux prix). Des alternatives comme Proclub et le made in Portugal par Colorful Standard (10% de réduction avec le code BorasificationCS10) sont maintenant viables. Quoi qu’il en soit, tu en auras pour ton argent chez ces marques si tu veux du basique. Pour du plus créatif à porter comme pièce « forte » ce printemps, pense aussi à regarder chez COS.
2. Du simple, mais du tubular et du loopwheel
Miser sur l’épure et la simplicité ne signifie pas obligatoirement tomber dans la case produit générique. Les marques sélectionnées dans les deux prochaines catégories le prouvent, témoignant de deux grandes approches du t-shirt qui s’inscrivent dans des genres distincts : les styles heritage et soft-tailoring.
Pour du simple à la qualité impeccable, Lady White Co. est la marque à connaitre. Et en toute subjectivité, à acheter. Des t-shirts sans coutures latérales aux coloris neutres et polyvalents 100% made in USA (avec Camber en alternative moins « mode » sur ce créneau). Si tu es davantage attiré par le workwear le t-shirt loopwheel est une option onéreuse, mais unique. Des tees tricotés « en tube » sur les quelques machines circulaires vintage encore en activité au Japon et en Europe. Le rendu est incomparable (texture, touché), mais c’est aussi moins stable. À retrouver chez Merz B. Schwanen ou MocT dans un esprit sporstwear des années 50.
3. Un t-shirt en coton haut de gamme chez Markaware
La seconde manière de faire du simple sans perdre en singularité est de tout simplement mettre le paquet sur les matières. Faire de cette pièce commune et vendue pour trois fois rien chez la plupart des marques grand public (en excluant le luxe et les acteurs du faux premium qui peuvent se payer des boutiques dans les rues commerçantes) un vêtement luxueux qui remplace la chemise dans un style élégant et décontracté. Coton égyptien « finx », « sea island », « suvin » (mix de coton sea island et de coton sujata indien)… Des matières précieuses et rares aux fibres très longues. Doux et brillants, les jerseys confectionnés avec ces cotons ont presque le lustre d’un vêtement en soie. Sans les inconvénients ! L’entretien reste très facile, et ça ne tient pas aussi chaud.
J’ai choisi la marque japonaise Markaware en tête d’affiche avec du tee oversize, mais tu trouveras des produits similaires (et aussi plus classiques) chez Auralee, Kaptain Sunshine et Comoli. Du coté occidental, tu peux ajouter Stoffa.
4. Jouer avec les textures avec Blurhms
Si tous les t-shirts de la liste peuvent se porter facilement toute l’année (surtout en Bretagne, ce paradis de la sape), certains sont plus utiles que d’autres en cas de fortes chaleurs. Avant de ranger le coton au placard tu peux opter pour une texture belle et rafraîchissante à la fois avec les t-shirts Blurhms. De la sous ligne Rootstock, plus précisément. Un autre label simplewear japonais que je suis de près, méconnu en Europe mais heureusement distribué par les connaisseurs de chez No Man Walks Alone. Shop américain qui possède depuis peu un entrepôt en Europe, pour rappel.
Un tee gaufré dans un mélange de coton Supima (aux fibres extra-longues en provenance des USA) et de polyester pour un séchage rapide et une longévité accrue. La coupe ample et boxy, les épaules tombantes et les manches longues en font un basique avec du caractère. Pour de la texture moins discrète, j’ai un petit faible pour les t-shirts en tricotage jacquard. Vu chez APC cette saison, par le passé chez Beams Plus.
5. Good On pour du pigment dye accessible
Nous avons parlé de matières, de textures et de méthodes de confection. Autant de choses qui aident déjà grandement à s’éloigner du t-shirt uni sans intérêt qui traine au fond d’un placard. Mais oublier de mentionner les marques qui expriment leur créativité par le travail de teinture serait regrettable. Car c’est peut-être le moyen le plus efficace pour transformer une fringue lisse et banale en une pièce qui a quelque chose à dire. Good On est une bonne porte d’entrée, avec des t-shirts qui sont vendus à partir d’une cinquante d’euros, si tu es un amateur d’aspérité.
Production aux États-Unis et teinture pigment dye au Japon (coloration irrégulière qui ne pénètre pas le coeur des fibres). La marque japonaise est l’une des seules à pouvoir proposer autant de couleurs différentes avec ce procédé qui donne au produit fini un aspect vintage et un fort potentiel de délavage. Beaucoup d’alternatives haut de gamme existent. Blue Blue Japan, Kuon et Cottle sont trois pistes à explorer si tu aimes le rendu artisanal.
6. Le t-shirt en lin par Officine Générale
Il y aurait encore un tas de choses à dire, de marques à citer. Mais j’écris ces lignes les fenêtres grandes ouvertes, un bon vingt cinq degrés Celsius au compteur. Tu comprendras alors mon inclination pour la légèreté. Mon envie de passer à autre chose pour la deuxième moitié du top. En commençant par un concurrent sérieux au coton : le lin. Une fibre naturelle qui a eu le droit à son dossier complet dans nos colonnes, où j’ai pu longuement vanter ses mérites. En résumé : c’est aéré, c’est beau et ça t’aide surtout à rester au frais.
Et c’est mieux si tu portes un t-shirt en lin assez fin (on évite les variétés irlandaises et les belles fringues SEH Kelly, l’été n’est définitivement pas le même de l’autre coté de la Manche !). La marque française casual-chic Officine Générale, en plus de ses permanents en coton, en fait de beaux chaque saison. C’est par contre assez fragile, et le rendu « froissé » n’est pas apprécié par tous. Je te conseille de cumuler les avantages avec un mélange si tu ne veux pas te prendre la tête, comme avec ce MHL coton-lin qui me fait de l’oeil :
7. Et en chanvre (hemp) chez Jungmaven
Cette phrase est également dans le gros dossier mentionné plus haut, mais la répéter ici ne peut pas faire de mal : « le chanvre, c’est le lin en mieux ». Ai-je vraiment besoin de développer davantage pour te convaincre ? Matière ignorée et produite en faible quantité, elle est pourtant très intéressante pour sa meilleure tenue et sa tendance à peu marquer les plis. On l’utilise néanmoins rarement « pure ». Et on a tendance à considérer les mélanges comme moins nobles. Ce qui est stupide quand on parle matières naturelles et non pas dérivées de l’industrie pétrochimique.
Si tu n’as pas peur de la longueur (ou d’un passage chez ta couturière de quartier), les t-shirts Jungmaven devraient t’aider à survivre aux prochaines canicules. L’ambiance est « hippie-compatible », mais les produits sont cool. Du coté créateur, Jan Jan Van Essche travaille très souvent avec le chanvre.
ateliersolarshop.be
8. Un t-shirt Ikiji pour donner une chance à la laine
Été et laine ne sont pas des mots qui vont ensemble, ça sonne chaud. Il faut a minima accoler l’adjectif « froide » pour s’y risquer. Et « lavable », ça rassure aussi. C’est ce que la marque japonaise Ikiji, à nouveau un label distribué chez NMWA qui mériterait son quart d’heure de gloire dans la Revue de mode, propose avec ses t-shirts en laine mérinos qui ne craignent pas la machine. Une matière qui n’est plus à présenter et dont tu connais très probablement les avantages en hiver. Si la laine fonctionne toujours bien au printemps, ce n’est pas recommandé en été. À réserver aux premiers beaux jours et aux soleils trompeurs.
Quitte à parler matières particulières, je pense également aux mélanges avec du papier japonais (washi) que l’on retrouve parfois au hasard de certaines fiches produits. J’avais abordé le sujet en citant MHL japon, mais tu peux aussi en trouver chez Still by hand. Le résultat : des t-shirts très légers à la main sèche.
9. nanamica, la marque qui te fait aimer le t-shirt avec du synthétique
C’est maintenant presque une habitude, mais je ne pouvais pas m’empêcher de placer nanamica quelque part vers la fin. Sans rentrer dans les détails, car tu commences probablement à bien cerner la marque et à connaitre mon avis (si ce n’est pas le cas, petite fiche à consulter ici), ses produits hybrides sont réputés pour leur technicité invisible. Car du costume à la doudoune jusqu’au t-shirt, aucun vêtement du quotidien n’échappe au traitement Gore-tex, Coolmax et autres joyeusetés aux noms barbares. Si tu penses en tout cas que prononcer le mot « polyester » après mon discours sur le lin, le chanvre et la laine est sacrilège, je te conseille de tester ces fringues qui cachent bien leur jeu.
10. Le t-shirt en maille
Pléonasme, car tout t-shirt est par définition en maille. Mais tout t-shirt ne ressemble pas à tes pulls non plus. Et c’est cela qu’on va évoquer pour terminer en douceur, du t-shirt qui abandonne le jersey pour du knit. Inutile de préciser que c’est à oublier pour l’été français en ce qui concerne les modèles les plus épais. Les t-shirts en maille « Rachel » chez Arpenteur sont probablement ceux qui se rapprochent le plus d’un t-shirt classique, avec un point très serré. Pas un très bon exemple pour illustrer mon propos, mais certainement un bon choix si tu cherches du tee subtilement différent.
arpenteur.fr
Pour le reste, on parlera plutôt de « pull à manches courtes ». Particulièrement intéressant pour le style soft tailoring, au même titre que le polo en maille. Tu peux déjà regarder chez Scaglione, Fujito, De Bonne Facture et A Kind of Guise. La seule chose à savoir avec ce genre de pièce est qu’elle ne pardonne pas les imperfections. Mieux vaut avoir le physique approprié qui apporte la structure manquante. Ou opter pour un upsize aux conséquences aléatoires. Bref, c’est à essayer avant d’acheter !
Le mot de la fin
Si tu as lu ces lignes jusqu’ici, tu n’as officiellement plus d’excuse pour sortir avec un t-shirt banal cet été. De rien ! Pour tout le reste, je te renvoie à nos autres sélections. Dont celle sur les costumes décontractés, si jamais tu ne savais finalement pas trop quoi porter avec ton nouveau t-shirt trop cher.
