Chaque Top 10 est l’occasion de retrouver une sélection de pièces conseillées par la communauté Borasification (et un peu la rédaction). Cette liste est non exhaustive et constitue une série de coups de cœur qui t’aiguilleront, pour toi aussi trouver les vêtements et chaussures qui te feront vibrer. NB : article publié en 2022 et mis à jour le 5 juin 2024
En réfléchissant aux sujets intéressants à traiter sur le média pour ce printemps, nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que la plupart des pièces « essentielles » du vestiaire masculin avaient déjà eu le droit à leurs sélections. Il était inévitable que l’on finisse un jour ou l’autre par parler de toutes ces petites choses qui relèvent moins de la nécessité que de « l’accessoire ». De ces détails, superflus donc indispensables, qui font la différence dans une tenue (d’autant plus quand empiler les couches n’est plus une stratégie viable). Et quoi de plus naturel que de commencer par les lunettes de soleil ? Un objet de style automatiquement légitimé par sa fonction utilitaire.
Si tu sais à peu près où tu as mis les pieds, inutile de préciser que nous allons aujourd’hui voir un peu plus loin que le strict nécessaire. Parler marques « abordables », mais surtout achat plaisir et (parfois) budget déraisonnable. Tout en gardant à l’esprit que protéger ses yeux devrait rester la préoccupation principale. Et que chaque recommandation de cet article fonctionne également si tu es à la recherche de lunettes de vue, synonyme par nature d’un investissement plus conséquent.
Une dizaine de marques pour des lunettes de soleil qui sortent de l’ordinaire
Comme tout le monde n’est pas forcément familier avec ce qui se cache derrière les plus grosses marques de lunettes « mainstream », je te propose un petit point sur le marché de l’optique avant de rentrer dans le détail. La chose la plus importante à retenir étant que ce marché particulier est sous l’emprise de trois à quatre grands groupes : le tentaculaire EssilorLuxottica, et les (relativement) plus modestes Safilo et Marcolin. Le premier d’entre eux possédant par exemple Ray Ban, Persol et Oliver Peoples. Une liste, non-exhaustive, à laquelle on peut rajouter les lignes eyewear de nombreuses marques du luxe traditionnel : Prada, Burberry, Chanel… Se rendre chez un opticien non-indépendant signifie donc souvent faire l’expérience de l’illusion du choix. Ce serait un peu comme rentrer dans un magasin imaginaire qui vendrait du COS, du Arket et du Weekday au même endroit.
Peu importe le logo, le nom inscrit sur les branches, le packaging : acheter une monture Dior revient donc plus ou moins à acheter du Tommy Hilfiger. De surpayer une monture fabriquée en masse tout en épongeant les frais marketing et dépenses publicitaires d’un grand groupe ravi de pouvoir imposer des prix complètement arbitraires à ses produits de qualité aléatoire. Des lunettes que l’on va éviter comme la peste aujourd’hui. Avec un premier conseil qui sera le suivant : choisis une belle marque dans la liste et cherche un opticien près de chez toi qui la vend. Déjà la garantie de tomber chez un connaisseur ou une bonne chaine. Une fois sur place, essaye absolument tout ce qui te plait visuellement. Et affine ta sélection avec ce qui fonctionne le mieux sur ton visage. Voilà pour le deuxième conseil. Et on oublie les tests de morphologie sur internet.
1. Le style avant tout le reste
Les bases posées, rajoutons-en une couche avec un mantra a graver dans le marbre : fit > all. Une « philosophie » de la prévalence de la forme sur la fiche technique qui est à adopter absolument quand il s’agit de choisir ses lunettes de soleil (et ses fringues aussi, mais c’est un autre débat…). Bien sûr, il y a un seuil de qualité à atteindre. Il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse et se retrouver avec de la daube belle de loin qui casse en deux semaines. Mais le marché a changé. Et de nouveaux acteurs proposent maintenant des lunettes correctes à partir d’une centaine d’euros.
Jimmy Fairly, marque aux tarifs doux qui dessine et assemble ses modèles en France (matières sourcées en Asie), est par exemple une option viable si tu cherches des solaires qui tiennent la route. Je pense également à Sunbuddies dans la même gamme de prix, marque lancée par l’équipe derrière le shop suédois Très Bien. De l’acétate italien, des verres Zeiss, des charnières solides et des designs éprouvés. C’est fait en chine, mais c’est honnête
3. Une paire aux verres teintés chez Universal Surplus
Au-delà de la qualité générale de fabrication de la monture, il faut bien sûr veiller à ne pas trop négliger le niveau de protection offert par les verres qui équipent tes lunettes. En sachant qu’il est ironiquement plus dangereux de porter de mauvaises lunettes que de ne rien porter du tout… Des verres teintés sombres qui ne protègent pas ne feront que dilater tes pupilles. Et exposer davantage tes yeux au soleil. Attention donc à la mode actuelle des verres teintés. Beaucoup de choses un peu cheap sont dispos sur le marché. Si tu veux en essayer une paire, en connaissance de cause, regarde chez Universal Surplus, anciennement Brut Clothing. Du deadstock militaire US des années 70 (guerre du Vietnam).
4. Choisir ses lunettes chez une marque de vêtements ?
Outre les petits acteurs du secteur type DNVB, l’autre option « budget limité » est de tout simplement se fournir chez sa marque de fringues (de niche) préférée. Si ce n’est pas forcément une bonne idée chez un label classique, ajouter une paire de solaires à sa commande Casatlantic ou A Kind of Guise est moins problématique. Tout se joue sur la transparence. C’est le même principe que pour les chaussures et la maroquinerie, avec les mêmes compromis.
Si rapport qualité prix ne fait pas partie de ton vocabulaire, il y a aussi le streetwear. Est-ce que chopper une paire de lunettes Our Legacy, Supreme ou Golf le fleur est une bonne affaire ? Pas forcément. Mais c’est adhérer complètement à un univers de marque. À une proposition parfois introuvable ailleurs.
5. Izipizi x Engineered Garments, du goodies de créateur ?
Le bon plan design, c’est peut-être plutôt de chopper une paire de lunettes chez une marque accessible qui se décide à faire une collab’ avec un label de créateur. Une logique qui n’est pas nouvelle dans le monde de la fast-fashion (Studio Nicholson chez Zara, Margiela chez H&M…), mais plus étonnante dans celui de l’eyewear. Pas de surprise cependant quant à la volonté d’Engineered Garments de s’associer à (presque) n’importe qui ! Daiki Suzuki est friand de collaborations et cette nouvelle itération avec Izipizi, marque française très abordable, mériterait à mon sens la qualification de goodies. Ça ne coute presque rien. C’est cool. C’est fidèle à l’univers de la marque.
6. Une paire de lunettes de soleil en acétate made in France chez Lesca ou Arpenteur
Dernières propositions « entrée de gamme » de la sélection avec deux marques françaises qui font de la lunette en acétate épais made in France : Lesca et Arpenteur. Du style rétro et casual qui passe tout dans tous les registres. Si j’ai une petite préférence personnelle pour le modèle de la marque workwear chic que tu devrais connaitre maintenant assez bien (plus épaisse et avec une affiche dessinée par Régric comme cerise sur le gâteau), je te conseille quand même d’essayer une paire de Lesca « en vrai » au préalable chez un opticien. Les formes sont en effet très similaires.
7. Entrer dans le monde des belles lunettes avec Garrett Leight
Sans vouloir dénigrer les options du début de liste, les marques indépendantes qui vendent leurs modèles à partir de trois cents euros sont bien celles que tu dois viser si tu es à la recherche de belles lunettes. C’est à partir de ce seuil critique que la différence avec une marque de la galaxie Luxottica (ou assimilée) est vraiment flagrante. Et qu’il devient par conséquent très difficile de revenir en arrière. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé quand je suis passé d’une paire de Ray Ban en plastique au modèle Garrett Leight « Wilson », une forme panthos classique, que je possède encore actuellement.
Ma monture est en parfait état après quatre ans de port au quotidien, malgré une mention made in China fièrement gravée sur la branche droite. Il y a toujours des exceptions à la règle. Je pense aussi à Moscot, autre marque référence du milieu de gamme qui fait assembler en Asie.
8. Des lunettes de soleil en titane japonais chez Eyevan
Rajoute une centaine d’euros à ton budget et le made in china (premium) se transforme soudainement en made in japan supplément artisanat. Entre quatre cents et cinq cents euros (un petit peu moins pour les modèles plus simples en acétate, comme mes nouvelles montures), les lunettes de soleil et de vue des lignes Eyevan et Eyevan 7285 sont parfaites pour un avant-goût du meilleur du marché de l’optique japonais. Spécialisée dans les montures en titane, la marque fondée en 1972 s’inspire de modèles rétro pour proposer du contemporain élégant, très léger et incassable.
En alternative, il y a la marque moins connue (et moins distribuée) KameManNen. J’ai pu toucher quelques modèles chez Entre[vues] à Lyon et ça n’a rien à envier aux modèles proposés chez Eyevan.
9. Encore un cran au-dessus avec les lunettes Matsuda
Si tu apprécies le travail d’orfèvre réalisé sur les paires du dessus, alors tu dois absolument t’intéresser de plus près à Matsuda. Le ticket d’entrée est encore un cran au-dessus (de 550 à 600 euros pour commencer) et on est maintenant vraiment très loin de l’achat raisonnable, si l’idée est toujours de se trouver des lunettes de soleil et pas un objet à léguer à ta descendance. Mais c’est tout simplement magnifique. Des matériaux d’exception harmonieusement assemblés (par exemple du titane avec de l’acétate japonais…), des montages complexes, une esthétique néo heritage très bien sentie… Chaque élément de la monture est un support à ornementations. Le moindre détail de chaque petite pièce est travaillé. Et même les modèles les plus chargés restent assez subtils et équilibrés.
Si vraiment tu ressens le besoin d’aller voir ailleurs, Masunaga est un autre grand nom à retenir.
10. Les lunettes de soleil épurées par Lazare Studio
Mais tout ça est peut être un peu trop « marqué » pour toi. Abuser du guillochage peut en effet rendre une forme originellement épurée assez rapidement ostentatoire aux yeux de certains. Le mix de matériaux et les démonstrations techniques (comme une charnière originale, un verre sans cerclage « rimless »…) peuvent alourdir plus que nécessaire un design pourtant réussi. Et faire de tes lunettes un point d’intérêt qui relègue ton visage au second plan. Bonne nouvelle, Lazare Studio existe depuis 2020. Une marque made in France (dans le Jura, plus exactement) qui réunit le meilleur des mondes en utilisant des matériaux exclusivement japonais.
Tout se passe dans les lignes des ces designs du siècle dernier adaptés aux standards contemporains. Une approche que je retrouve chez Rigards, mais cette fois-ci au service d’un propos très pointu. Une marque franco-coréenne singulière qui collabore régulièrement avec des labels expérimentaux tels que Ziggy Chen et The Viridi Anne. Des matériaux organiques comme le bois, la corne complimentent des inspirations futuristes, presque steampunk.
11. Jacques Marie Mage, pas le temps pour la discrétion
Garde l’idée de différenciation et de créativité et oublie tout ce que j’ai pu dire sur le minimalisme, le less is more et la discrétion : voici Jacques Marie Mage. Des lunettes aussi belles que criardes d’une marque qui organise la rencontre de la France, des États-Unis et du Japon. Des modèles imposants (déconseillées aux petites têtes) en acétate japonais sur des montures en titane inspirées de figures mythiques, d’événements historiques, d’artistes. De véritables bijoux qui frisent avec l’indécence, notamment les lunettes de la gamme « The last frontier » incrustées de turquoises et vendues dans des étuis splendides.
À ce niveau-là, c’est presque s’acheter une personnalité. Il vaut donc mieux en avoir déjà une assez forte de son coté. Des lunettes de soleil qui n’ont vraiment aucun équivalent sur le marché.
12. Les lunettes de soleil « mode » chez Gentle monster
Dernière catégorie avant de parler seconde-main avec Gentle Monster, label eyewear coréen fondé à Séoul en 2011. Une sacrée descente en gamme après cette surenchère de marques hors-catégorie, j’en ai conscience. Mais il me semblait important de finir en mettant l’accent sur toute la dimension créative autour du marché des lunettes de soleil. Cette appropriation « mode » d’un accessoire qui peut prendre toutes les formes, des plus classiques aux plus grotesques. La collection bold de Gentle Monster, inspirée de la sous-culture hardcore techno des années 90, est un exemple très intéressant de ce qu’il est possible de faire en dehors du conventionnel.
Pour du plus haut de gamme, mais toujours de l’expérimental, je pense à la marque allemande Kuboraum . Des lunettes pensées comme des « masques », poussant le concept de personnalité alternative jusqu’au bout.
Bonus. Des lunettes de soleil de seconde-main ?
Dans la continuité de ces marques au propos quasi DIY et Tiktok-compatible, l’achat de lunettes de soleil en seconde-main me semble être une pratique vraiment intéressante. Car ce sont des objets qui restent toujours pertinents, qui gardent une valeur esthétique par un design, des connotations, une histoire. C’est ce qui justifie la démarche d’un opticien comme Optique Durable à Paris, proposant des montures anciennes chinées des années 1920 à 2000. Seuls les verres sont neufs et aux normes, garantissant une protection optimale.
Le vintage n’est pas seulement le propre des opticiens spécialisés, des friperies et des vendeurs sur Vinted ou Etsy. Stoffa a par exemple déterré un dead stock de lunettes F.O.C.A, marque italienne disparue dans les années 90. Des paires datant des années 50 jusqu’aux années 80, réassemblées et dotées de verres Zeiss avant d’être réintégrées dans le vestiaire de la marque soft tailoring contemporaine.
Même démarche à plus grande échelle pour la marque américaine Retrospecs lancée par Jay Owens, collectionneur de lunettes anciennes. Les montures, datant des années 20 aux années 70, sont restaurées, repolies et habillées de nouveaux verres avant d’être vendues comme des pièces uniques à Los Angeles ainsi que chez une poignée de revendeurs internationaux.
Le mot de la fin
Voilà qui met un terme à cette sélection que j’espère inspirante et utile. Je n’ai malheureusement pas pu citer tout ce qui mériterait ton attention, notamment les choses « hors-budget ». Lunettes en argent un chouia bling chez Chrome Hearts. De l’ostentatoire plus discret (mais vraiment pas moins cher) avec du sur-mesure et de l’écaille de tortue chez Atelier Baudoin… Pour plus de références je te renvoie vers le topic dédié sur le forum.
Si tu as eu ta dose, je te conseille plutôt de passer à autre choses avec nos autres sélection. Les sneakers en toile, les pantalons d’été, la chemise à manches courtes… Tu peux également consulter notre guide du style au printemps, si tu as un peu de temps devant toi.